La tour de la Lanterne est la plus élégante des trois tours de La Rochelle qui ont été épargnées lors de la destruction des fortifications ordonnées par Louis XIII après le Grand Siège de la ville.
On la rejoint par la rue "Sur les murs" construite entre 1352 et 1387 sur le chemin de ronde qui la relie à la Tour de la Chaîne. La mer venait battre la muraille là où aujourd'hui s'étend un immense parking sur l'Esplanade Saint-Jean d'Acre. A la Rochelle comme ailleurs, et malgré l'image écolo de la ville, on peut sacrifier sans état d'âme un site historique à la rentabilité!
Au Moyen-Âge, la tour avait un rôle précis, elle contrôlait les bateaux qui voulaient entrer dans le port et elle les désarmait.
Elle servait de résidence au "désarmeur de nefs", officier municipal nommé chaque année. Elle s'appelait, dans ses jeunes années, "Tour de la Chaîne" (à ne pas confondre avec celle qui est aujourd'hui nommée ainsi et que l'on voit sur la photo, à droite, avec sa voisine, la "Tour Saint-Nicolas").
Au milieu du XIVème, elle devient "Tour du Garrot" du nom de l'appareil de levage utilisé pour le désarmement des bateaux.
Ce n'est qu'à la fin du XVème qu'elle prend son nom définitif : "Tour de la Lanterne".
On voit ici sa base puissante (15m de diamètre) telle qu'elle a été renforcée au XVème siècle, entourant la tour primitive qui ne faisait que 10m de diamètre!
La tour est achevée en 1468 grâce à la volonté et à la participation financière du maire de la ville Jean Mérichon.
C'est alors que la lanterne édifiée contre la flèche et servant de phare lui donne son nom.
Les siècles suivants, la tour devient une prison sinistre. Toutes les occasions sont bonnes pour y jeter des ennemis réels ou imaginaires !
Les catholiques (13 prêtres y sont massacrés et jetés aux poissons), les protestants ensuite, les Anglais, ennemis héréditaires, capturés sur leurs vaisseaux, les Vendéens victimes de ce qu'on appellerait aujourd'hui un génocide...
En 1820, la tour fidèle à sa vocation devient prison militaire. Elle aurait alors "accueilli" les quatre sergents de la fameuse conspiration de La Rochelle.
Elle cesse enfin d'être prison et est classée monument historique en 1874. Elle est alors restaurée et reçoit une nouvelle lanterne néo gothique, l'originale s'étant écroulée depuis belle lurette. L'architecte Abert Ballu crée également une galerie à mi-hauteur de la flèche et un imposant parapet crénelé.
Sur cette photo, on voit un accès à la tour auquel menait un tunnel ménagé sous la terre d'une plate forme d'artillerie construite en 1651 par Daugnon (de son vrai nom Louis de Foucault de Saint-Germain Beaupré, comte du Daugnon) qui était gouverneur et frondeur et avait dirigé ses canons contre la ville.
Le parapet reconstitué par Ballu et une gargouille qui ne crache plus son eau dans la mer mais qui avec un peu d'effort pourrait atteindre les voitures serrées sur leur vilain parking.
On voit ici la lanterne, à gauche et la flèche de 34 mètres posée sur le cylindre de pierres de 21m.
La lanterne néo gothique vitrée.
Les fenêtres de la salle dite du "Guet de la mer". Elles sont au nombre de quatre et chacune est tournée vers un des points cardinaux
La flèche est ornée de "crochets" en bulbes (crosses) typiques du gothique du XIIIème.
L'intérieur de la flèche. La construction est une prouesse. Pour peser le moins possible, les pierres font moins de 20 centimètres d'épaisseur!
Vue sur la ville, côté sud...
Vue côté nord...
La première salle que vous découvrez à côté de la billetterie est couverte par cette magnifique voûte d'ogives à sept branches du début du XIIIème. Elle fait partie de la tour primitive englobée par la nouvelle au XVème.
L'escalier à vis qui vous entraîne vers les hauteurs et par lequel passèrent tant de prisonniers. Soyez attentifs, les pierres ont beaucoup à vous raconter. Plus de six cents graffitis y ont été gravés qui font du monument un livre ouvert.
La salle des gardes, au premier niveau, ouvre sur une petite pièce voûtée d'ogives dont on ignore la destination exacte. Elle pouvait être une chambre ou une chapelle. Sur la clef de voûte sont sculptées les armes du généreux maire, le sieur Mérichon!
Aux niveaux supérieurs, vous verrez le grand dortoir où les graffitis les plus nombreux peuvent être déchiffrés...
Les cellules à peine éclairées où étaient entassés les prisonniers...
On comprend qu'ils aient eu besoin de matérialiser leur rêve d'évasion en gravant des navires sur les pierres!
Ils sont la mémoire douloureuse de cette tour : Tour de la Lanterne. Les graffitis.
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Liens : La Rochelle:
La Rochelle. Monument Eugène Fromentin. Ernest Dubois.
Omer Charlet. La Rochelle. Saint Barthélémy.
Art forain (IV). Le manège de Bayol. La Rochelle.
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Lien : tous les articles "Charente Maritime :
Charente Maritime. Classement alphabétique. Liens.
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