Sur ce montage, Jean-Loup est penché sur le maçon qu'il fait naître et le maçon semble s'approcher avec délicatesse et prudence de cette main qui le crée.
Pourquoi Jean-Loup a-t-il été à ce point fasciné par le monde des travailleurs? Quelle fraternité rêvait-il? Imaginait-il que l'artiste faisait partie de la grande famille du monde ouvrier? Se revendiquait-il simple artisan du quotidien? A-t-il fait semblant d'ignorer que le maçon élève un mur dont il n'a pas fait le plan, alors que l'artiste détruit les murs pour y ouvrir des portes dont il est le seul architecte?
Je crois qu'il était avant tout romantique et passionné. Il rêvait le monde. Il était du côté de ceux qu'on exploite et qui n'ont pour survivre que le strict minimum. Il avait la tête dans les grandes révoltes prolétaires et les pieds sur la panse des bourgeois. Dans sa tête et dans son coeur claquaient les drapeaux rouges et les drapeaux noirs. Les couleurs de la vie et de la mort.
Ses ouvriers sont massifs, comme emmurés en eux-mêmes. Ils n'ont pas de visages. Ils sont leur geste. Ces simples dessins révèlent un grand dessinateur, capable en quelques traits de donner à voir et à sentir la force et la solitude.
Sur ce petit tableau, il a représenté des "passants". Un fond terreux, une palissade de chantier et trois hommes qui semblent faits de glaise. Ceux de gauche paraissent imbriqués l'un dans l'autre, comme les pièces d'un puzzle. Celui de droite, plus léger, s'est détaché et "passe", déjà courbé et fatigué. Pas de regard, pas une attention pour celui qui les observe et les peint. Je ne sais pas quelle tristesse et quelle résignation sont les plus profondes. Celles des passants ou celles du passeur?
Lien : Jean-Loup Wacrenier. Dernières lithos.
Je lance un appel à ceux qui me liraient et posséderaient une toile ou plusieurs de Jean-Loup, de me contacter sur le blog ou de m'envoyer des photos. Le temps est venu de rassembler une oeuvre qui a été trop longtemps méconnue et de lui rendre un hommage mérité.
Mon adresse : chris.wac@orange.fr
Lien : Jean Loup Wacrenier. Le crucifié.