Si le mot "deuil" vient du bas-latin "dolus", alors n'hésitons pas à faire une petite visite, le Jour de la Toussaint, veille du jour des Morts, au cimetière de Dolus d'Oléron, même si les vieux habitants vous affirment qu'en réalité, ce n'est pas Dolus, mais Dolut que l'on devrait dire!
C'est un cimetière qui ne frime pas et n'essaie pas d'en imposer avec des chapelles funéraires et des monuments imposants.
Les statues y sont rares...
Celle-ci ressemble à un Bouddha de Charente, sourire léger, douceur... Les mains presque jointes semblent protéger et libérer à la fois un oiseau fragile...
Une pierre ramassée sur la plage.
Un coeur de pierre qui jour après jour redevient sable...
Sur une tombe, se dresse une lanterne des morts, modèle réduit de celle qui s'éleve depuis neuf siècles sur l'ancien cimetière de Saint-Pierre d'Oléron.
En se promenant dans les allées et en lisant le nom des habitants du lieu, on est frappé de voir que quelques familles occupent la moitié de l'espace! Les Normandin, les Chailloleau, les Patoiseau, les Neron et autres Joyeau...
Comme ici... sous cette colonne tronquée..
Un jeune William Joyeau mort à 16 ans, en 1923, "victime de la catastrophe de Boyardville".
Parfois, des photos redonnent leur visage aux disparus...
Un jeune marin...
Des couples unis pour le meilleur et pour le pire.
Un homme et son compagnon fidèle qui veille à ses côtés pour l'éternité...
Une jeune femme qui n'a pas eu le loisir de vieillir....
Sur de nombreuses tombes, des bateaux continuent de naviguer...
Il est difficile d'imaginer des marins dans la terre...
Leurs rêves font tanguer les tombes de pierres...
Les allées du cimetière portent des noms de poètes : Ronsard, Rimbaud, Baudelaire, Valéry, Brassens...
Des jardins y sont aménagés: Jardin du Souvenir, Jardin des Anglais, Jardin des Anges...
Cet ange n'a vécu que deux jours sur la terre...
Deux statuettes, deux fleurs pour ces anges jumeaux...
La nature reprend ses droits. La tombe sort de ses grilles et fait le mur...
Un Christ noir, un Christ blanc... comme des oiseaux qui s'envolent... comme des ballerines sur leurs pointes...
La famille Lee.
Ils étaient Américains peut-être... Ils avaient choisi de vivre sous le ciel charentais. Deux drapeaux sur leur tombe disaient leur double attachement à leurs deux patries...
Quelqu'un a cassé le drapeau "étranger"...
Je préfère imaginer que c'est un enfant qui l'a "volé" sans malice pour en décorer sa chambre.
Quel âge a-t-on quand on perd sa mère centenaire?
On a l'âge d'un enfant qui garde en lui les souvenirs d'une maison chaude où il était heureux.
Le Jardin des Anglais avec les coquelicots qui pâlissent.
Sur certaines pierres aucun nom n'est gravé. Le corps n'a pas été identifié.
En France, on parle de "soldat inconnu". Les Anglais disent : "known unto God" (Connu de Dieu).
Il y a dans le cimetière beaucoup de plaques représentant des chasseurs, harnachés, le fusil braqué sur des canards ou autres oiseaux de passage.
Je n'ai pas eu envie de photographier cet étrange désir de continuer au-delà de la mort à donner la mort.
J'ai souri en voyant à côté d'une de ces plaques, une autre, en porcelaine, avec ces mots : "Papy, que la fauvette vienne chanter sur ta tombe."
... et je suis sûr qu'elle vient la fauvette... et pas seulement à la Toussaint!
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La lanterne des morts. Saint Pierre.
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