Cimetière Montmartre, division 19, au bord de l'Avenue de la Croix, un beau jeune-homme de bronze marche d'un pas résolu vers l'avenir. La statue remarquable de force et de mouvement est due à Paul Landowski et prend son élan sur la tombe d'Otto Klaus Preis (1936-2003)
Il s'agit d'une réplique en bronze du premier personnage du groupe "Les enfants de Caïn" installé sur la terrasse des Tuileries. Le sculpteur y a représenté Jabel le berger, Jubal le poète et Tubalcaïn le forgeron. C'est le berger, l'homme de la nature que nous voyons ici.
La réplique a été acquise par Otto Preis de son vivant et c'est par sa volonté qu'elle fut placée sur sa tombe.
Cet amoureux de Paris et de l'art français, vint vivre dans la capitale alors qu'il n'avait que 24 ans. Il était doué pour le dessin comme le montrent les cartons qu'il réalisa pour Nina Ricci chez qui il travailla jusqu'à la fin de sa vie.
Il choisit d'habiter dans le quartier qu'il aimait entre tous, le quartier des artistes, créateurs et comédiens des années romantiques et de celles plus bourgeoises du Second empire, "la Nouvelle Athènes" dont les rues débouchent non loin du cimetière, sur le boulevard et la place de Clichy.
Il investit un grand appartement, rue Ballu, dans l'hôtel particulier qui fut habité par Anna Judic, chanteuse au répertoire varié, du grivois à l'opérette, qui connut un grand succès dans la deuxième moitié du XIXème siècle.
Il trouva en cet endroit assez d'espace pour exposer les oeuvres qu'il collectionnait amoureusement avec une prédilection marquée pour la sculpture française du XIXème siècle.
Il possédait également de nombreux tableaux et dessins "d'académies masculines" qui furent dispersées dans la vente qui suivit sa mort. Mais Otto Klaus Preis fit don d'oeuvres uniques à divers musées.
Antonio de La Gandara. (Livre de Xavier Mathieu).
Un ensemble exceptionnel d'oeuvres d'Antonio de La Gandara fut ainsi légué au musée de Beauvais.
Connu pour sa générosité et pour l'accueil qu'il réservait à ses hôtes, Otto Klaus Preis était en plein XXème siècle, un grand Européen, un humaniste, un honnête homme.
Pas étonnant qu'il ait choisi cet éphèbe plein de vie pour accueillir ceux qui viendraient lui rendre visite au cimetière.
Le jeune homme nous rappelle par ses formes et la plénitude de son corps que la vie est une fête charnelle...
Qu'il faut profiter de tout ce qui l'exalte et notamment la sensualité, la sexualité...
Parce que nous sommes en marche vers un horizon que la main levée salue déjà... et que le chemin lui-même est le but...
Ce Corps puissant qui découvre l'infini nous invite à la fois à l'étreinte charnelle et à l'espérance. C'est une oeuvre remarquable et c'est un cadeau, un de plus, que fait otto Klaus Preis à ses frères humains.
(Parmi les oeuvres de Landowski, le Christ de Corcovado est sans doute la plus célèbre. Il domine la baie de Rio et veille en souriant, les bras ouverts sur la ville qui danse et qui aime...)
Liens : Cimetière Montmartre.
Cimetière Montmartre. Classement alphabétique. Calvaire et Saint-Vincent.
Pour complément deux photos du groupe des Tuileries : Les Fils de Caïn
Les photos sont de Véronique Meflah (la parisienne et ses photos eklablog;com)