Elles sont de loin les plus grande des tortues terrestres et elles mènent leur vie lente et paisible sur l'île Silhouette où elles ont été introduites alors que celles de l'île de Mahé avaient quasiment disparu.
Aujourd'hui, en partie grâce à la fascination qu'elles provoquent chez les touristes, protégées et veillées, elles refont leur vie sur Mahé, Praslin, La Digue et Silhouette sans avoir la prétention de devenir aussi nombreuses que leurs frangines de l'atoll d'Aldabra où elle forment un population (une surpopulation plutôt) de 150 000 individus!
Sur l'île Silhouette, elles ont leur sanctuaire dans l'anse Grand Barbe où l'on peut se rendre soit à pied par la montagne (10 km) soit par bateau depuis la jetée de l'hôtel Labriz. Quelques unes sont là depuis des dizaines d'années, rejointes par leurs consoeurs d'Aldabra.
Arrivés sur cette plage qui évoque un début du monde édénique, il nous faut marcher vers l'intérieur pour les rencontrer...
Malgré leur taille considérable (jusqu'à 1m20) on ne les voit pas tout de suite. Elles ressemblent aux rochers de granit qui sont l'originalité et la beauté des Seychelles. En s'habituant à la pénombre sous les feuillages, on les voit enfin, immobiles et paisibles, nullement effrayées par nous.
Elles évoquent par leur masse et leur placidité, une permanence de la création après la traversée des millénaires. Elles sont pourtant fragiles et leur environnement est entre les mains des hommes.
Elles peuvent vivre jusqu'à 150 ans et ont quelques particularités comme l'impossibilité de nager (elles se laissent flotter si nécessaire), le fait de boire par les narines...
Elles ont des amis près de chez elles, un vieux couple de Seychellois qui a choisi de vivre depuis un demi siècle dans cette anse si difficile d'accès.
Ils connaissent les plus jeunes, nées en 2017, Ludivine, Samali, Daniel et Stella. Stella est un nom qui va bien aux tortues; l'étoile installée dans le ciel, fidèle, toujours présente… la tortue installée sur la terre, immuable, presque éternelle!
Quelques tortues géantes des Seychelles sont devenues célèbres. Parmi elles on trouve Kiki qui fut longtemps une des vedettes de la ménagerie du Jardin des Plantes à Paris.
Kiki est mort en 2009 à l'âge de 149 ans. Un espace dans la galerie du Museum lui est dédié.
Mais plus célèbre que Kiki, il y a Mzee, au Kénya. Son histoire est touchante et a fait l'objet d'un livre et d'un documentaire. Tout commence en 2004 avec un tsunami qui atteint les côtes kényanes. Un petit hippopotame est entraîné dans la boue où il s'enlise tandis que sa mère qui a tenté en vain de le sauver est entraînée au loin où elle se noie.
Le petit hippopotame est arraché à la boue et il reçoit le nom d'Owen, nom d'un de ses sauveteurs. Il est emmené dans un parc animalier où les animaux vivent en liberté. Désemparé, il se rapproche de Mzee qu'il considère comme une mère. Mzee s'attache à lui, mange avec lui, dort avec lui. Ils deviennent inséparables.
Mzee est en réalité un mâle qui accepte le rôle de mère pour un petit étranger ! Que vont dire les tenants de la morale dite naturelle? Vont-ils manifester en réclamant une maman et un papa hippopotames pour les petits hippos?
Espérons qu'un jour, échappant à leurs prédateurs, oiseaux, crabes qui guettent l'éclosion des œufs sur la plage et se précipitent à la curée, de nouvelles petites tortues, tendres et désireuses de vivre, parviendront à échapper à la mort pour revenir, comme des rochers vivants assurer à l'île Silhouette son éternité menacée.