Poulbot est notre Montmartrois de cœur, un homme généreux et actif un artiste qui a mis son art au service de son engagement. C'est donc avec plaisir que nous le retrouvons au musée de Montmartre où il occupe avec ses dessins exécutés pendant la guerre, le rez-de-chaussée de l'hôtel qui abrite la remarquable exposition consacrée à Dorignac (courez-y vite! C'est une révélation!)
Poulbot et le chien Tutu en 1916
Poulbot dessine les gosses de la Butte pendant les années terribles de la Grande Guerre. Tout en représentant leur spontanéité et leur fraîcheur enfantines, il leur prête une ironie, une arrogance, une intelligence qui font d'eux des témoins et des critiques.
Lui-même est frustré et amer de ne pouvoir être au front. Il a 35 ans quand la guerre est déclarée. Il est mobilisé mais ses problèmes de santé nécessitent en février 1915 sa réforme. Il vit mal ce retour à l'arrière et c'est avec ses armes de dessinateur qu'il poursuit la lutte.
Il publie ses dessins dans plusieurs journaux et revues, participe à des campagnes pour récolter des fonds (pour les orphelins de guerre, pour les prisonniers…).
Ses dessins et ses affiches des années de combat font partie de ce qu'il a produit de plus engagé et souvent de plus émouvant.
Il observe les enfants qui continuent de jouer malgré le départ des pères et la rude vie des mères. Ils mettent en scène ce qu'ils savent ou perçoivent du conflit et se montrent plus patriotes que les patriotes! Les garçons creusent des tranchées, bricolent des canons et des fusils tandis que les filles, en un temps où le rôle assigné à chaque sexe est sans appel, réconfortent les guerriers ou deviennent infirmières!
Des expositions des dessins de Poulbot sont organisées, comme celle des "Alliés" en décembre 1916. C'est celle que nous propose le musée de Montmartre avec ces 24 lithographies.
Les enfants d'aujourd'hui jouent à d'autres jeux, ils sont souvent avalés par leur tablette ou leur smartphone. Poulbot n'est plus là pour les croquer avec tendresse. Les guerres d'aujourd'hui ne semblent plus les concerner… On ne joue pas au Bataclan ni aux embarcations qui font naufrage…
On ne joue pas avec le dérèglement climatique non plus…
Et pourtant on voit dans les rues défiler en chantant collégiens et lycéens plus conscients que leurs aînés. C'est peut-être là, parmi eux que Poulbot sortirait ses cahiers à dessins.
De nombreux articles sont consacrés à Poulbot sur ce blog.
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