Dans le hall du cinéma Eldorado de Saint-Pierre d'Oléron, de grands animaux et de petits bonshommes ont pris possession des murs le temps d'une exposition estivale qui s'est prolongée ensuite dans la citadelle du Château...
Ce qui frappe au premier coup d'œil c'est la couleur qui chante, comme les cabanes de l'île, des couleurs franches... des couleurs de chalutiers...
Et puis on voit les animaux qui se détachent comme sur le désert, la forêt ou le ciel.
Des animaux stylisés, des archétypes, des formes simples comme les figures de bois des jeux d'enfants, comme les silhouettes des publicités des années 3O...
Enfin on reconnaît les humains, souvent sous dimensionnés, les dominateurs dominés, les prédateurs neutralisés...
Petit bonhomme rose et nu dans la poche marsupiale, protégé par le regard d'une mère qui n'a pas l'air accommodante!
Gros bébé aux allures de Bouddha porté par un panda comme par une grande peluche qui éloigne les peurs de la nuit...
Parfois l'entente se manifeste par un compagnonnage harmonieux. Il y a un pacte entre animaux et humains, quelque chose qui ne ressemble pas à la soumission du plus faible mais à la commune union des êtres qui partagent le mystère d'exister...
L'humain et l'animal sont complices, peau contre peau. Le temps de la grande complicité entre les espèces annoncé par Isaïe est arrivé... enfin!
Le contact charnel entre les créatures se fait d'autant plus sensuel que l'humain est nu. Dans l'étrange recouvrement du lézard, inévitablement la figure érotique s'impose. Marylène, qui a choisi pour nom d'artiste Mary m'a confié qu'elle préparait une série érotique. Je lui fais confiance que la couleur et la poésie seront au rendez-vous et que nous resterons avec elle dans le royaume des contes (érotiques)!
D'autres fois la ressemblance est une métaphore.... l'homme ou la femme-chrysalide qui attend dans le sommeil paisible la métamorphose en papillon... La femme qui danse et ouvre les ailes...
... Celle qui se coiffe en coccinelle et se recueille sous ses élytres...
... L'homme qui se replie dans sa coquille et lentement, dans le sens inverse des aiguilles, redevient fœtus...
La femme "médusée" qui monte dans les eaux en parachute ascensionnel...
Mais la communion peut être aussi dévoration et capture.
L'animal trop averti de la prédation humaine ne se laisse pas faire et prend le dessus...
Dans ces représentations "carnivores", nulle complaisance, nulle hémorragie... tout se passe naturellement, avec douceur et sensualité pourrait-on dire!
Aucun animal n'aura la perversité ni le sadisme du torero charcutant le taureau... cette perversion est l'apanage des humains...
... Quand l'humain et l'animal sont de même taille, à égalité, alors il n'y a plus qu'à vivre pleinement la plénitude de la relation...
Comme avec le hibou qui a, grâce à son aile posée sur l'épaule de la femme, communiqué à cette dernière la sagesse qui lui manquait peut-être!
Et... le fantasme des amoureux des chats se réalise...
Le chat prend taille humaine...
Il nous donne son regard de magicien...
Imaginez les roulades joyeuses, les ronrons assourdissants, les concours de sommeil l'un contre l'autre!
Mais... non!
Mary! Soyez raisonnable!
Taille humaine avons-nous dit!
Pas plus!
Le chat n'a pas besoin d'être surdimensionné pour nous obliger à faire tous ses caprices! Le plus minuscule des chats y parvient ans peine!
L'expo de Mary ne dure que quelques jours (jusqu'au 13 août).
Exposition généreuse puisque non commerciale. Mary ne vend pas ses toiles. Elle crée pour elle et pour la joie des autres, dans son village oléronais sous le ciel immense et la lumière.
Nulle prétention chez elle, nulle quête de reconnaissance....
Seulement la respiration en couleurs et l'imagination, la folle du logis, toujours en éveil...
Moi je lui dis merci. Simplement merci.