Elle est l'un des plus beaux personnages romantiques.
Elle a inspiré à Alexandre Dumas fils, son ancien amant, l'œuvre qui lui a assuré la survie littéraire : La Dame aux Camélias. g>
Elle a inspiré à Verdi l'un de ses plus beaux opéras : La Traviata.
Elle avait choisi de s'appeler Marie Duplessis bien que son véritable nom, celui qui est gravé sur sa tombe, fût Alphonsine Plessis.
L'histoire de sa vie trop brève est connue et elle suffit à lui assurer le statut d'héroïne romantique emblématique...
Née dans un milieu modeste, elle décide, après avoir exercé des petits métiers, après avoir pour survivre accepté d'être la maîtresse d'un riche commerçant, de venir à Paris, la ville de tous les possibles.
Elle a 16 ans, elle est belle d'une beauté originale, faite de fragilité et de volonté.
Ceux qui l'ont décrite insistent sur cette apparence à la fois délicate et décidée.
Alexandre Dumas fils qui est son amant en 1844-45, la décrit ainsi :
"Elle était grande, très mince, noire de cheveux, rose et blanche de visage. elle avait la tête petite, de longs yeux d'émail comme une japonaise, mais vifs et fins, les lèvres du rouge des cerises, les dents les plus belles du monde, on eût dit une figurine de Saxe."
L'écrivain est fier comme un coq d'avoir séduit la courtisane la plus recherchée de Paris. Pour qu'il n'y ait pas d'ambigüité, afin que toutes ses lectrices le reconnaissent, il donnera à l'homme aimé par son héroïne le nom d'Armand Duval dont les initiales sont les siennes!
Marie Duplessis séduit. Les hommes riches la convoitent.
Elle décide de rattraper les années perdues de son enfance pendant lesquelles elle n'avait pu s'instruire, obligée par un père ivrogne de mendier ou de travailler. Elle lit, apprend le chant, dessine. Passionnée et volontaire, elle devient une des courtisanes les plus cultivées de son époque.
Elle ouvre un salon que fréquentent Balzac (qui s'y connaît en courtisanes), Gautier, Musset...
Franz Liszt lui propose de vivre avec lui. On cite dans les articles qui évoquent l'attirance qu'il eut pour elle, ces mots qui me paraissent artificiels :
"Lorsque je pense à la pauvre Marie Duplessis, la corde mystérieuse d'une élégie antique, résonne dans mon cœur."
Marie Duplessis recherchait le grand amour, celui qui transfigure et permet d'échapper à son destin.
Elle le trouva! Il s'appelait Edmond de Perregaux, il était riche, beau et comte de surcroît!
Le comte fit d'elle une comtesse puisqu'il l'épousa à Londres où ils vécurent quelques mois de bonheur.
Mais le père est furieux. Lui qui attendait une belle fille issue de la meilleure société ne décolère pas de voir entrer une courtisane dans sa famille. Il menace, il tempête. Plus d'héritage, plus d'argent pour ce fils indigne!
Bref on connaît l'histoire.
Edmond de Perregaux, malgré son amour, laisse partir Marie Duplessis qui regagne Paris, blessée mais décidée à survivre.
Dans son hôtel du boulevard de la Madeleine, elle donne fête sur fête pour s'étourdir. Sa fortune n'y résiste pas... la phtisie dont elle souffre fait le reste.
Peu à peu les pique-assiettes noceurs l'abandonnent. Elle se retrouve seule et ruinée dans son grand logement où elle agonise et assiste au pillage de ses biens.
Les derniers jours, Edmond de Perregaux la rejoint. Elle meurt dans ses bras le 3 février 1847. Elle a 23 ans.
Ses obsèques ont lieu dans l'église voisine de la Madeleine, la sainte patronne des courtisanes.
Il paraît qu'il y avait peu de monde, un document mentionne qu'une vingtaine de chaises seulement furent réservées pour l'office.
Au cimetière Montmartre, elle est jetée dans une fosse anonyme avant qu'Edmond de Perregaux ne fasse transporter son corps dans le tombeau que nous voyons aujourd'hui.
Elle serait sans doute oubliée si Dumas fils et Verdi ne l'avaient immortalisée.
Dumas fils qui lui doit tant est enterré dans le même cimetière sous un monument de marbre. Un gisant le représente en chemise de nuit sur son lit de mort, les pieds à l'air. Certains visiteurs, sans doute fétichistes lui ont volé des orteils.
C'est lui qui a inventé la légende de la courtisane aux camélias car Marie Duplessis n'avait aucun goût particulier pour cette fleur.
Elle aimait les roses et les violettes (Verdi l'a nommée Violetta).
Plus que le roman qui a vieilli, ce sont les notes sublimes de Verdi que l'on entend quand on s'approche du tombeau de pierre blonde .... les dernières paroles qu'elle chante avant de mourir transfigurée :
Folie! Folie! Joie! Joie! Libre pour toujours!