C'est un des endroits les plus poétiques de Paris et il se situe à Montmartre (évidemment), rue Cortot!
Les jardins Renoir ont été reconstitués tels qu'ils étaient, grâce aux dessins et aux toiles que les peintres qui ont habité ou fréquenté ces lieux ont faits...
Renoir loua en 1875-1876 un appartement de deux pièces dans l'aile gauche, à la fois sur rue et sur jardin, avant de s'installer au château des Brouillards.
Ces jardins l'ont inspiré et quelques unes de ses toiles célèbres y ont été peintes.
Un jour de mai ensoleillé, ils nous ouvrent leur porte et nous entrons dans ce domaine hors du temps...
"Passé le porche, les fantômes vinrent à leur rencontre"
La présence y est presque palpable de ces artistes qui aujourd'hui sont à la fois l'histoire et la légende de Montmartre.
Le petit bâtiment où se trouvait l'atelier du peintre nous accueille dès l'entrée.
C'est là que l'un de ses chefs d'œuvres fut peint : "Bal au Moulin de la Galette".
Dans la partie du jardin qui s'étend devant l'hôtel Demarne, la balançoire a été replacée où Renoir a peint une jeune femme dans la lumière de l'été.
Séparé des jardins par un grillage infranchissable, un espace sauvage descend jusqu'à la rue Saint-Vincent.
Ce "bois" appartenait aux Abbesses de Montmartre. Il fut confisqué à la révolution et transformé en jardin d'agrément. C'est lui que peint Renoir sous le nom de "Conversation dans un jardin", aujourd'hui au musée de Pittsburgh.
Il a été racheté par la ville de Paris et transformé en réserve écologique qui rappelle ce qu'était la Butte avant le lotissement brutal du XIXème siècle.
Il est planté d'érables, de sycomores, de marronniers blancs, de robiniers et comme l'indique le panneau informatif, "seuls les chats peuvent y pénétrer"!
Les chats ... et les abeilles!
L'atelier et l'appartement de Suzanne Valadon donnent sur le jardin du 12 rue Cortot. Elle y a vécu avec son fils Maurice Utrillo et son mari André Utter. Tous les trois y ont peint...
Suzanne Valadon, certainement la plus douée du trio, a aimé ce jardin qui a inspiré quelques unes de ses oeuvres.
De l'autre côté de la vieille maison qui appartint à Roze de Rosimond, un acteur de la troupe de Molière, le jardin se prolonge vers la rue Saint-Vincent en contrebas.
La gloriette a été reconstituée, telle qu'elle était quand Suzanne Valadon y peignit André Utter en train de lire...
Un chemin descend vers les vignes, mieux protégées que les joyaux de la Couronne dans la Tour de Londres!
Les grappes se préparent pour la vendange 2016 et l'élaboration de la plus célèbre piquette de France et de Navarre!
La partie la plus "civilisée" du jardin s'étend devant l'hôtel Demarne où sont proposées les expositions thématiques.
Les enfants jouent autour du bassin, les touristes s'attardent devant un thé ou un café. Pas d'alcool en ce lieu ! Utrillo qui n'a que deux cents mètres à parcourir depuis le cimetière Saint-Vincent ne peut cacher sa déception!
Sur la droite de l'hôtel, une autre surprise nous attend.
C'est là que se trouvait la loge du concierge. La loge fut habitée (de 1866 à 1871) par un marchand de couleurs que Van Gogh immortalisa : le Père Tanguy!
Cet utopiste engagé, fervent communard, condamné au bagne, se consacra à son retour à aider les artistes dans la misère. Van Gogh l'aima "d'une douce amitié".
Impossible d'évoquer tous les peintres qui passèrent dans ces jardins, le cœur vivant de Montmartre dont l'atmosphère et l'âme flottent dans l'air.
Ils sont vibrants de souvenirs qui reprennent vigueur à chaque printemps avec les floraisons, les jeunes feuilles et le bourdonnement des abeilles.
Quelques photos d'un jour ensoleillé de mai dans les jardins Renoir.