A l'extrémité du grand dortoir du prieuré de Trizay, la chambre du prieur a conservé sa cheminée et ses fresques.
Alors que les moines vivaient à la spartiate, le prieur jouissait d'un confort bien peu conforme à la loi de Saint-Benoît!
Les dortoirs
Le dernier prieur régulier de Saint Jean l'Evangéliste fut Jacques de Saint Nectaire, élu en 1491 et mort en 1518. Après lui, les prieurs furent des abbés commanditaires laïques, séculiers non soumis à la règle et donc soucieux de leur confort!
Aussi avaient-ils le loisir de décorer leur chambre à la mode de leur temps.
Après avoir enlevé une quinzaine de couches de badigeon de chaux, les restaurateurs virent apparaître des fresques du XVIIème siècle quasi intactes...
Elles sont sans doute l'oeuvre d'un peintre local resté anonyme. Elles sont à la fois maladroites et touchantes. Leur fraîcheur, leur naïveté leur confèrent un charme qui traverse les siècles.
Le sujet n'est pas toujours religieux! Pas de Christ souffrant, ni de Vierge des douleurs!
Le prieur, au moment de se mettre au lit, préférait poser les yeux sur cette scène champêtre. Une jeune femme coiffée d'un diadème est étendue comme une belle au bois dormant à l'ombre d'un arbre.
Deux jeunes femmes et un jeune homme porteurs d'une banderole sur laquelle sont écrits à l'envers des mots latins, s'approchent de la belle endormie.
Le jeune homme coiffé de plumes à la mode des acteurs du Grand Siècle porte une baguette sur l'épaule...
Boucher (l'Astrée)
Il est difficile de donner une interprétation incontestable de cette fresque. Peut-être s'agit-il d'une illustration de l'Astrée qui était le roman à la mode. La princesse endormie serait Galathée, les deux jeunes femmes, ses suivantes Sylvie et Léonide, le jeune homme à la beauté féminine, Céladon. Mais ce n'est qu'une supposition...
Plus facile à identifier cette scène tirée de la Bible : David le jeune berger, futur roi d'Israël, décapite après l'avoir vaincu Goliath, champion des Philistins.
A noter une certaine ressemblance entre David et le jeune homme de la fresque voisine, tous deux féminins malgré le symbole phallique du bâton et du glaive.
Le Caravage.
Une troisième fresque moins bien conservée représente également une scène biblique. Tobie guidé par un ange qui n'est autre que Raphaël, vient de pêcher un poisson qu'il tient dans sa main droite.
Raphaël lui explique comment avec le fiel, le foie et le coeur du poisson il pourra guérir la cécité de son père.
Il lui désigne celle qui sera sa femme, Sara, prisonnière du démon Asmodée dont Tobie la délivrera.
L'ange qui volète sensuellement dans le ciel ressemble à Cupidon... Rencontre de la mythologie classique et de la Bible!
Tobie et l'Ange (Rosa Salvatore)
La dernière fresque représente Zeus dans son char tiré par un aigle. C'est la fresque la mieux conservée.
Le dieu brandit le foudre qui n'effraie personne. Il est assis dans son char comme dans une baignoire-sabot. Il est presque nu et prêt à veiller avec bienveillance sur les nuits du Prieur!
L'iconographie représente rarement le char du dieu tiré par un aigle. Ce sont les chevaux qui se chargent du travail!
châpiteau réemployé dans le mur qui ferme l'abside.
Mais n'oublions pas que le prieuré porte le nom de Saint Jean dont le symbole est l'aigle!
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Liens : Trizay :
Trizay. Abbaye. Fresques. Le refectoire. 17.
Trizay. Abbaye Saint Jean l'Evangéliste. 17.
Richar Texier. Abbaye de Trizay. Vitraux
Modernes. 17
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