C'est un petit immeuble de 1850 typique du Montmartre populaire du XIXème siècle. Son charme tient à sa situation de navire dont la proue se dirige vers le haut de la Butte et le Sacré Coeur...
Récemment ravalé et restauré, ses volets peints en bleu villageois, il a oublié les heures tragiques des bombardements d'avril 1940 qui ont fait exploser quelques immeubles voisins, parmi lesquels, juste en face, celui de l'UGIF (Union Générale des Israélites de France).
Les enfants qui y avaient été recueillis parce que leurs parents avaient été arrêtés ou avaient dû se cacher, furent transférés avenue Secrétan où la Gestapo vint les rafler trois mois plus tard pour leur offrir un voyage sans retour pour Auschwitz.
On imagine que les enfants ont joué dans ces rues en pente et ont couru devant le 18...
On voit sur cette toile de Lucien Génin le 18 dont le rez de chaussée était occupé par un bougnat et à droite, l'immeuble de l'UGIF.
Longtemps après que le bougnat eut disparu, il y eut au même endroit un restaurant au nom parisien "Atmosphère". Le portrait d'Arletty ornait le pan coupé.
Si celle qui fut l'inoubliable Garance avait assisté à la rafle, peut-être aurait-elle laissé parler son coeur?
Elle qui déclara après la guerre, après avoir été arrêtée : "Si mon coeur est français, mon cul, lui, est international" peut-être aurait-elle sollicité ce cul, en l'occurence plus allemand qu'international, pour sauver les enfants. Il est permis de l'espérer.
Le 18 avant la restauration.....
Le restaurant ''Atmosphère" disparu, le décor du pan coupé ne représente plus Arletty mais fait la publicité pour un restaurant situé un peu plus bas : "L'Eté en pente Douce" installé dans la vieille boulangerie du quartier. Décidément on reste dans le cinéma !
Un des charmes du petit immeuble tient à ses décors de récupération.
Des plaques de grès qui étaient auparavant barbouillées de peinture blanche leur donnant l'aspect de stucs, ont été décapées et restaurées.
Plaque en 2010...
La même aujourd'hui...
Ces carreaux inégaux faisaient partie d'une frise à l'antique avec rinceaux et personnages buccoliques dansant parmi les plantes et les grappes de raisin.
L'origine de ces carreaux m'est inconnue.
Peut-être proviennent-ils d'une guinguette disparue, de la Tour Solférino par exemple qui connaissait un grand succès et qui était située un peu plus haut, sur la rue Lamarck actuelle.
Renoux qui a habité rue du Chevalier de la Barre a peint le tournant de la rue dans les années 1960.
Il est intéressant de voir que les volets étaient bleus... comme ils le sont redevenus...
Un côté de l'immeuble donne sur le passage Cottin...
maintes fois peint par Utrillo .....
...par Renoux... et quelques autres.
Nul doute, nous sommes bien à Montmartre !
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Liens : rue du Chevalier de la Barre:
Rue du chevalier de la Barre. (I). De Ramey à Lamarck.
Rue du Chevalier de la Barre. (2) De Lamarck à La Bonne.
Rue du Chevalier de la Barre.(3) La Bonne au
Mont-Cenis.
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Rues de Montmartre. Classement alphabétique.
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