Boulevard de Rochechouart (3). Deuxième partie n° impairs.

                                                                            Le 23 

    Nous reprenons notre balade sur le Rochechouart...après l'ancienne barrière et la place que les Montmartrois appellent "Place du Delta".

                                                 Le petit Jean et ses parents;

Le premier immeuble qui retient notre attention est le 23.

Il n'a rien d'exceptionnel sinon qu'il fut celui où naquit et grandit, entouré de ses six frère et soeurs, le petit Jean Alexis Gabin de Moncorgé, futur Jean Gabin.

Il fréquenta l'école du 63 rue de Clignancourt, aujourd'hui collège Dorgelès.. établissement qui compta parmi ses élèves Paul Doumer, futur Président de la République, Marcel Bleustein Blanchet et Pierre Lazareff.

                                                                     Le 29

Au 29 le peintre Gustave Caillebotte qui habitait boulevard Hausmann eut un pied à terre pendant quelques années non loin de son demi-frère qui était le curé de la proche paroisse de Notre-Dame de Lorette...

                                             Toits sous la neige (Caillebotte)

                                                                            Le 35 

C'est un autre peintre, Auguste Renoir qui eut un pied à terre occasionnel dans cet immeuble alors qu'à partir de 1912, sept ans avant sa mort, il partageait ses saisons entre Cagnes-sur- Mer et Essoye. Lorsqu'il habitait Paris, le peintre restait attaché à ce quartier où il eut pour adresses successives le Château des Brouillards, la rue La Rochefoucauld, la rue Caulaincourt et le boulevard de Rochechouart.

Henri Pille vécut également dans cet immeuble, comme le rappelle la plaque apposée sur la façade...

"Henri Pille, peintre illustrateur né en 1844, Président des dessinateurs français, habita cette maison de 1874 à 1897"

Cet artiste, lié à l'histoire artistique de Montmartre, était apprécié surtout pour ses dessins à la plume. Il a participé à la revue du Chat Noir et il a créé, avec Caran d'Ache, des silhouettes pour le fameux théâtre d'ombres. Van Gogh le tenait en grande estime.

Le lycée Jacques Decour montre son derrière au boulevard où il développe sa longue muraille de caserne...

Le lycée a pris le nom du résistant fusillé par les nazis en 1944. Il s'appelait auparavant lycée Rollin (1830).

                                                                  Le collège Rollin 1908

Il est bâti sur les anciens abattoirs de Montmartre...

Espérons que l'on n'y fait pas un élevage de veaux !

Apparemment nous pouvons être rassurés en consultant la liste des profs et des élèves qui y passèrent.

Parmi les profs : Mallarmé, Jules Michelet, Jules Romain, Bergson...

Parmi les élèves : Manet, Gustave Moreau, Signac, Utrillo, Poulbot,Barbusse, Courteline, Lucie Aubrac, François Truffaut, Edgar Morin, Boris Cyrulnik... 

Cette petite fille qui parle aux pigeons allongera peut-être un jour la liste prestigieuse!

                                                                          le 51

                                    Atelier d'Ernest Hébert, 55 boulevard de Rochechouart                                                                          

Il y avait au 55 l'hôtel particulier du peintre Ernest Hébert (1817-1908)

                                                     Femme dans un sous-bois (Hébert)

L'hôtel de Montmorency dans le VIème arrondissement abrite un musée qui lui est consacré et qui dépend du musée d'Orsay.

Malheureusement, Hébert n'a pas, comme Gustave Moreau, prévu de léguer son hôtel et son oeuvre à la ville. Son hôtel fut détruit.

Un hôtel d'un autre genre fut construit à son emplacement.

Il s'agit du "Charleston" édifié en 1928 sur les plans de l'architecte Jean Dechelette. De nombreux artistes de music-hall en appréciaient le luxe ainsi que la proximité des salles de concert. Parmi eux, Maurice Chevalier, Joséphine Baker, Mistinguett...

Pendant l'occupation, les nazis l'investirent et c'est sans doute pour effacer ce mauvais souvenir que l'hôtel fut rebaptisé en 1950 "Carlton".

Il a, par chance, gardé son décor de mosaïques, de fresques et de verrières. La salle de dancing, rebaptisée Mikado a conservé son décor japonisant d'origine.

                                                   Les 57 et 57bis.

Les deux immeubles du 57 et du 57bis ont une entrée commune. A cent mètres de son pied à terre, Renoir y eut quelques années après 1912 un atelier. Une artiste populaire y vécut également : Eugénie Buffet...

                                                      Eugénie Buffet (Lautrec)

Elle a chanté dans la plupart des music-halls du quartier et elle est celle que la jeune Edith Piaf admirait le plus quand elle commençait une carrière de chanteuse des rues. Une femme exceptionnelle, une vie exceptionnelle :  Eugénie Buffet.

Le dernier immeuble devant lequel nous passons aujourd'hui donne en partie sur la rue des Martyrs. C'est un des plus laids immeubles de Paris. Il date de la grande époque pompidolienne où les élus votaient la destruction du patrimoine parisien. Le vandalisme le plus stupide et le plus mercantile mit à bas, entre autres, les Halles de Baltard et le cirque Médrano...

C'était à l'origine le cirque Fernando, un lieu à la mode souvent représenté par les peintres (Seurat, Lautrec, Signac, Renoir)... le clown Boum Boum, alias Gérôme Médrano reprit le cirque et lui donna son nom quand Fernando fit faillite.

Dans les années 60, les Médrano le vendirent à leur tour à une autre famille de cirque : les Bouglione. En 1973, un siècle tout juste après son inauguration, il fut de nouveau vendu, rasé, remplacé par ce que vous savez...

Si vous voulez connaître l'histoire glorieuse et tragique du cirque, vous pouvez lire l'article qui lui est consacré sur ce blog : Le cirque Médrano. 

A l'angle du boulevard, rue des Martyrs, en 1823, Géricault qui avait son atelier plus bas dans la rue, fut renversé par un cheval. Il mourut un an après, à 33 ans. Lui qui aimait tant les chevaux et ne cessait de les peindre, avait déjà été blessé en Angleterre en tombant de sa monture. On dit qu'une lésion causée par cette chute à sa colonne vertébrale n'avait pas été détectée et que le nouvel accident avait aggravé la blessure. C'est la version officielle. Mais il s'est murmuré que le peintre génial et passionné était mort d'une maladie vénérienne. Comme l'a écrit Elie Faure : "Géricault est mort d'avoir trop fait l'amour".

Il est mort quelques années avant que le cirque Fernando n'ouvre ses portes.

Il est certain qu'il l'aurait fréquenté et se serait intéressé aux chevaux et à leurs cavalières....

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Liens : Rochechouart

Boulevard de Rochechouart (1) première partie

Boulevard de Rochechouart (2) Deuxième partie, numéros pairs.

Rues de Montmartre. Classement alphabétique.Tous les articles      

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