Une des premières oeuvres de Jean Loup Wacrenier fut cet homme crucifié dont la bouche a cherché jusqu'à l'ultime seconde un peu d'air et de vie. La croix ne se limite pas à deux poutres ajustées mais divise la toile et l'espace sans permettre au regard d'errer au-delà, d'échapper à ce cloisonnement. Elle se soulève sur la droite, du côté de ce bras qui fait signe peut-être et qui bien que cloué appelle à l'aide. "Frères humains". En vain
L'ocre rouge de la terre atteint avec l'ombre du bois noir une partie du ciel alors que le blanc du ciel descend vers la terre, vers ceux qui regardent et lisent le nom en lettres noires, la signature qui semble être celle-là même de l'homme supplicié.
Comme elle est rude la matière de ce bois, ce dernier contact du mourant avec la réalité du monde !
Le visage ne se penche pas vers le sol, il se disloque et cherche l'épaule où se reposer. Le regard blanc a perdu son iris. Il est le ciel sans couleur, il est l'interrogation douloureuse. Il est l'espoir peut-être comme dans nos nuits, la lueur familière qui passe sous la porte.
Il est l'invitation muette à la fraternité et le silence de notre refus.
Lien Jean-Loup Wacrenier poème et dessins de Masques