Il faut beaucoup d'attention pour discerner sur les murs sombres de l'église les fresques qui ornent le choeur et
les bas-côtés. De loin, on a l'impression que des fantômes s'agitent dans la pénombre. Il faut dire que le programme pictural ambitieux des origines n'a jamais été parachevé. Ainsi les peintures
du choeur dues à un certain Planzeau (dont j'avoue ne rien connaître) n'ont été que partiellement réalisées. Il s'agit en fait de toiles marouflées qui représentent à droite les Noces de Cana et
à gauche la Cène.
Un christ très conventionnel emplit miraculeusement les jarres d'un vin délicieux. Les invités s'étonnent qu'on ait gardé le meilleur cru pour la fin des noces.
En dehors de la symbolique de l'eau changée en vin, lui-même appelé à devenir sang,ce miracle me plaît. Il aurait dû convertir ma femme qui se damnerait pour un petit rosé bien frais.
A gauche, la Cène. Jésus y apparaît plus électrifié que jamais.
Saint-Jean s'appuie contre lui amoureusement.
Je ne sais si l'on doit regretter de n'avoir pas laissé le loisir au sieur Planzeau de peindre le fond du choeur où a été badigeonné un rideau beigeasse.
Les fresques des deux chapelles me semblent plus intéressantes bien que dans un piètre état. Paroissiens de Saint-Jean, à vos porte-monnaie !
Marie qui pour une fois a un teint de Palestine
intercède pour ceux qui souffrent (c'est un sacré boulot, avouez-le !)
Pour ces blessés soutenus par des religieuses ou pour ce soldat juste marié et qui part pour les tranchées.
Les fresques sont d'Eugène Thiéry, prix de Rome. Je m'inquiète quand on précise ainsi. Vous imaginez : fresques de Van Gogh, prix de Rome ! Impossible me direz-vous puisque le Van Gogh en
question n'a jamais reçu de prix. En admettant qu'il eût été décoré, son génie n'aurait certes pas besoin pour éclater au grand jour de cette rosette minuscule à sa boutonnière. Bon !
En fait, il ne manque pas de talent Thiery même si son nom n'est guère passé à la postérité...
De l'autre côté, un barbu. C'est Joseph le menuisier, patron des artisans. Il accueille la foule des travailleurs parmi lesquels l'artiste a eu la modestie de représenter les peintres :
Et les musiciens... Le violoniste n'est autre que l'organiste de l'époque, Vadon :
Les autres fresques représentent 4 stations du Chemin de Croix. Elles ne sont pas terribles terribles.Mais je ne peux m'empêcher de
regarder le visage du Christ tombé. Il me rappelle un ami qui avait les yeux bleus et qui maltraité par la vie se relevait toujours, jusqu'au jour où...