Steinlen, grand amoureux des chats, a su leur rendre hommage par ses peintures,
ses affiches et ses dessins connus de tous. Son Chat Noir est devenu aujourd'hui la Joconde de Montmartre!
Il a été aussi un homme généreux, sensible à la condition misérable du prolétariat. Proche des communistes et des anarchistes, il a participé activement à deux
publications : Le Flambard Socialiste et L'Assiette au Beurre.
Je signale aux bonnes
consciences qui méprisent l'attachement viscéral de certains à la cause animale en les accusant d'indifférence à la misère humaine que Steinlen comme des milliers d'autres vient les contredire et
leur montrer que souvent l'amour des humains et l'amour des animaux sont liés. Notre amie Louise Michel en est un autre exemple.
Pendant la boucherie de la guerre,
Steinlen publiera de nombreuses affiches (entre 1913 et 1919) dénonçant l'horreur des tranchées et l'inanité de la guerre.
Il a illustré des chansons de Bruant qu'il a rencontré dans son cabaret. En voici une, tirée du recueil : Dans la Rue.
Malgré que j' soye un roturier
Le dernier des fils d'un Poirier
D' la rue Berthe,
Depuis les temps les plus anciens
Nous habitons moi-z-et les miens
A Montmerte.
L'an mil-hui-cent-soixante et dix
Mon papa qu'adorait l' trois-six
Et la verte
Est mort à quarante et sept ans
C' qui fait qu' i r'pose d'puis longtemps,
A Montmerte.
Deux ou trois ans après je fis
C' qui peut s'app'ler pour un bon fils
Eun' rud' perte :
Un soir, su' l' boul'vard Rochechouart
Ma pauv' maman se laissait choir,
A Montmerte.
Je n' fus pas très heureux depuis,
J'ai ben souvent passé mes nuits
Sans couverte,
Et ben souvent, quand j'avais faim,
J'ai pas toujours mangé du pain,
A Montmerte.
Mais on était chouette, en c' temps-là,
On n' sacrécoeurait pas sur la
Butt' déserte,
Et j' faisais la cour à Nini,
Nini qui voulait fair' son nid,
A Montmerte.
Un soir d'automne, à c' qu'i' paraît
Pendant qu' la vieill' butte retirait
Sa rob' verte
Nous nous épousions dans les foins
Sans mair' , sans noce et sans témoins,
A Montmerte.
depuis nous avons des marmots :
Des p'tit's jumell's, des p'tits jumeaux
Qui f'ront, certes,
Des p'tits Poirier qui grandiront,
Qui produiront et qui mourront
A Montmerte.
(Le trois six est une eau de vie normande dont le nom vient du dosage : trois mesures d'alcool et trois mesures d'eau. La verte est évidemment l'herbe sainte,
c'est-à-dire l'absinthe.)
Liens : Liste
et liens: Peintres et personnages de Montmartre. Classement alphabetique.