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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

Publié le par chriswac
Publié dans : #VOYAGES...

 

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                                Panorama de Trinidad du haut du Palacio Cantero

C'est sans doute la plus belle ville de Cuba et il n'est pas étonnant que l'UNESCO l'ait déclarée en 1988 patrimoine mondial de l'humanité.

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                                                 Diego Vélasquez de Cuellar

Elle a été fondée au XVIème siècle par Diego Velasquez(1465-1524), non pas le peintre génial, mais le compagnon de Christophe Colomb, infatigable conquérant et massacreur sans état d'âme, qui gouverna Cuba de 1511 à sa mort.

C'est lui qui trouvant les Indiens rescapés trop indolents et trop peu productifs, commença à importer des esclaves d'Afrique.

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                                               Eglise de la Santisima Trinidad

La ville rayonne autour de la Plaza Mayor, dominée par l'église de la Très-Sainte-Trinité construite au XIXème siècle sur les débris de l'ancienne, ravagée par un ouragan.

Le Saint-Esprit avait sans doute soufflé un peu trop fort!

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L'architecture extérieure comme intérieure n'est pas d'un intérêt bouleversant. Néanmoins une belle toile expressive et naïve (début du XIXème) représente la fameuse Trinité accueillant les élus guidés par les anges.

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L'ange aux ailes de cendre a-t-il saisi Diego Velasquez par la main, ou ne l'a t-il pas plutôt précipité dans les flammes en lui rappelant les paroles du Christ :

"Ce que vous avez fait aux plus petits d'entre vous, c'est à moi que vous l'avez fait..."

 

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                 La Sainte-Trinité, le Palacio Brunet et le clocher de l'église Saint-François

La rue Hernandez Echerri conduit à ce qui subsiste de l'église et du couvent de Saint-François dont la majeure partie a été démolie en 1930.

Aujourd'hui le couvent abrite le musée de "la Lutte contre les Bandits" qui n'intéressera que les fanas de la Révolution cubaine (et encore). Les bandits sont les cubains contre-révolutionnaires qui après 1959, cherchèrent à se réfugier dans la sierra del Escambray.

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C'est sur la placette devant le musée que nous nous sommes reposés. Un jeune artiste s'est assis à côté de nous et nous a croqués. Mais à la différence des portraitistes montmartrois, il nous a offert son croquis en refusant de recevoir autre chose que notre sourire!

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                                          Une quinceanera sur la Plaza Mayor

Sur la place, une jeune cubaine sourit au soleil.

Aujourd'hui pour elle c'est une grande fête et sa famille n'a pas hésité à s'endetter. Selon la tradition cubaine, les quinze ans (los quince) d'une fille marquent le passage à l'âge adulte et doivent être fêtés dignement. La jeune "quinceanera" se promène comme une mariée dans la ville avant d'avoir droit à une randonnée motorisée, sous les applaudissements de toute la famille.

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Un des charmes de la ville réside dans la simplicité et l'élégance de ses demeures coloniales, souvent habitées par des descendants des premières familles.

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Une des caractéristiques de ces maisons, ce sont les fers forgés peints en blanc...

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Les grandes fenêtres, parfois décorées de vitraux...

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Les hautes portes dans lesquelles s'ouvre une autre porte plus petite...

Les fenêtres protégées par les "barrotes", petites pièces en bois tourné...

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Le palacio Brunet domine les toits des maisons qui pour la plupart n'ont pas d'étage. Il abrite aujourd'hui le musée romantique (un point commun avec Montmartre et son musée de la Vie Romantique de la rue Chaptal).  

 

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                                                Le Palacio Cantero

Le plus opulent palais est le palacio Cantero, du début du XIXème siècle.

Il a été édifié par don Borrel y Padron, un magnat de la production sucrière et esclavagiste.

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                              Le Palacio Cantero. façade sur la rue Simon Bolivar.

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                                               Intérieur du Palacio Cantero

Il abrite un musée historique un peu succinct.

Son principal intérêt réside dans sa riche décoration, son mobilier et la grimpette qu'il permet jusqu'au sommet de sa tour d'où la vue sur la vieille ville est somptueuse.

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Il y a bien des endroits intéressants dans la ville, des palais, des musées... mais le véritable charme est celui des ruelles pavées de cailloux de rivières, des petites maisons, des habitants qui vous sourient...


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                                                        Rues de la vieille ville

Il faut prendre le temps de se promener dans les rues, de visiter ou non les nombreux musées, de siroter un mojito ou une pina colada à la Casa de la Trova...

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...De regarder passer les filles...

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...De saluer l'homme au coq de la rue Simon Bolivar

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...Et de recevoir le regard doré du chat de la plazuela de Segarte  comme un dernier cadeau de cette ville de couleur et de soleil...

 

Liens. Cuba:

Cuba.Hemingway. Hôtel Ambos Mundos. Chambre 511.

Cuba. Cienfuegos. Théâtre Tomas Terry.

Cuba. Vallée de Vinales. Le Mur de la Préhistoire sur un mogote.

Cuba. Quelques images...

Cuba. Parc Guanayara.

Cuba. Sancti Spiritus. Eglise.

 

...



 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places.

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                           Carte postale 1901. L'escalier du passage Cottin.

C'est une rue qui naît rue Ramey (au 17) et rejoint par un escalier raide et étroit la rue du Chevalier de la Barre (au 18).

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                                     Utrillo. l'escalier du passage Cottin.

Une rue qui ressemble à une rue dans sa première partie pour n'être plus qu'un escalier avant de déboucher sur le ciel et le campanile du Sacré-Coeur.

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Aussi n'a t-elle pas eu l'honneur d'être appelée "rue" mais simplement "passage".

Il est vrai que Montmartre aime brouiller les pistes. L'impasse, près de chez Michou, se nomme sans complexe "rue" André Gill et l'artère étroite qui se termine en boyau  et qui donne dans le passage Cottin, se prétend également "rue" Falconet!

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                     rue Falconet. entre le Passage Cottin et la rue du Chevalier de la Barre.

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                Rue du Chevalier, à l'endroit où aboutit la rue Falconet (devant le "Montmartrois Hôtel")

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                                                      Carte postale 1902

      Mais... qui était ce Cottin ? Un artiste? Un poète? Un peintre?

Que nenni!

Il n'est même pas le Cottin frères qui en bourgogne produit de bonnes bouteilles... non... Monsieur Cottin n'a pour seul mérite que d'être le propriétaire des terrains sur lesquels l'artère montmartroise a poussé, vaille que vaille avec ses petits immeubles crayeux.

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                      Utrillo. Le passage cottin. Une de ses plus belles toiles.

Et si l'endroit qui porte son nom connaît aujourd'hui l'éternité temporaire montmartroise, c'est qu'il a été peint par de nombreux artistes et notamment Utrillo.

Encore lui me direz-vous! Il est vrai que comme le furet de la chanson, il court il court, Utrillo, de tous les côtés de la Butte. Il est passé par ici, il repassera par là! 

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Mais il a vraiment aimé cet endroit, au point de délaisser les cartes postales qu'il aimait copier pour venir y poser son chevalet et le reproduire attentivement. Sans doute appréciait-il ce quartier nord-est de la Butte, resté un peu plus longtemps que les autres à l'abri de la voracité des promoteurs.

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                                           Utrillo. l'escalier du passage Cottin.

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                                         Le passage Cottin. Renoux.

D'autres peintres ont suivi son exemple. Comme Renoux dont la toile fait penser à un décor de théâtre, une ville silencieuse presque inquiétante, désertée par ses habitants.

Renoux (1939-2002), né dans la lumière de l'Algérie, avait choisi en arrivant à Paris, de s'installer à Montmartre, à l'hôtel de la rue du Chevalier de la Barre, non loin de l'escalier qu'il a peint...

 

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                          Escalier du Passage Cottin arrivant dans la rue de la Barre.

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                                                    Gazi. Le Passage Cottin.

Un autre peintre de Montmartre, Gazi le Tatar (1900-1975) l'a représenté, sous un angle plus original.

Gazi le Tatar, né en Crimée et descendant de Gengis Khan (vraie ou fausse l'histoire est belle!) a habité rue Lepic, chez Suzanne Valadon qu'il considérait comme une mère tandis qu'Utrillo était son frère!

Il a beaucoup peint les rues de la Butte et aujourd'hui, il passe son éternité, à quelques mètres d'Utrillo, dans le cimetière Saint-Vincent.

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                                           Gazi. La maison de Mimi Pinson.

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Le passage est plus rarement peint ou photographié dans le sens descendant. C'est pourtant dans cette partie qu'on peut voir les maisons les plus champêtres, celles qui au printemps disparaissent sous les feuilles...

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                                   Passage Cottin. petit immeuble caché par les feuillages...

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Reprenant la tradition des cartes postales anciennes, les habitants du passage ont voulu que de nouvelles photos soient faites, comme jadis... 

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                                                             Carte postale de 1902...

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                                                                     Carte postale 1904...

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Photo récente du Passage et de ses habitants... avec le soleil, les fenêtres ouvertes... et le bonheur d'être Montmartrois!

 

Liens :

Rues de Montmartre. Classement alphabétique.

Montmartre. Adolphe Willette.

Montmartre. André Gill. Le Lapin agile.

Montmartre. Eugénie Buffet.

Montmartre. Le Bal Tabarin.

Montmartre. Marcel Legay. Ecoute ô mon coeur.

Montmartre. Cabaret. L'Enfer.

Montmartre. Rue du Mont Cenis. Maison de Mimi Pinson.

Montmartre. Cabaret Le Ciel.

Montmartre. Neige. cartes postales anciennes.

Montmartre. Rue Saint Rustique.

Montmartre. Musée de l'Erotisme. Jean-Marc Laroche.

Montmartre. Réservoir et fontaine rue Lepic


 

 

 

 

 

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #VOYAGES...

 

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                                        L'hôtel Ambos Mundos. La Havane.

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                                           Hall Art Déco de l'Ambos Mundos.

Nous arrivons le soir à La Havane. Un bus nous attend pour nous déposer à l'entrée de la vieille ville et nous laisser rejoindre à pied, par les rues piétonnes, l'hôtel Ambos Mundos où nous devons passer trois nuits.

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                                                              Entrée de l'hôtel.

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                                                  Ascenseur capricieux de l'hôtel.

Un ascenseur poussif et aléatoire nous hisse au 5ème étage.

Surprise!

Notre chambre est mitoyenne de celle où Hemingway, personnage mythique à Cuba, presque autant que le Che, a passé plusieurs années et où il a écrit quelques uns de ses bouquins.

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                                              Photos d'Hemingway dans le Hall.

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                                    Fresque "Vieil Homme et la Mer" au 1er étage.

Tout l'hôtel est transformé en sanctuaire... photos dans le hall, photos dans les chambres, fresques...

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Notre chambre 515 à côté de celle d'Hemingway 511. La 513 n'existe pas pour cause de superstition. 

Evidemment, ce voisinage inattendu rendait inévitable la visite de cette chambre sacralisée, transformée en musée et mitraillée à longueur de journée par des appareils numériques!

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                Le Palais des Capitaines Généraux (XVIIIème siècle). Vu de la chambre d'Hemingway.

Hemingway a donc vécu ici de 1932 à 1939, avec vue sur le Palais des Capitaines Généraux et sur les toits de la ville.

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                                          Touristes russes chez Hemingway.

J'avoue que si le hasard ne nous avait conduits à côté de son repaire, nous ne l'aurions pas visité, n'ayant pas pour ce grand écrivain une admiration forcenée et le trouvant décalé de nos jours par rapport au respect des animaux et n'ayant aucune sympathie pour son machisme perturbé d'amateur de corridas.

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                            Table, lunettes, Remington, manuscrits... reliques, reliques...

Oublions un instant et jetons un oeil sur sa table. Une table dont la hauteur pouvait se régler afin de lui permettre d'écrire debout quand la position assise le faisait souffrir à cause des blessures que sa jambe avait subies pendant la 1ère guerre.

On peut voir la Remington sur laquelle il aurait commencé à écrire "Pour qui sonne le glas" et un manuscrit où on peut déchiffrer quelques phrases en français.

 

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Le mobilier est celui qui se trouvait dans toutes les chambres de même standing. Lit d'acajou, fauteuil d'osier, table, miroir.

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Pour étoffer le lieu, des cannes à pêche, des sagaies, des bottes ayant appartenu à l'écrivain chéri de Poivre d'Arvor, ont été exposées.

Ce qui me rappelle ma lecture du Vieil Homme et la Mer et, je dois l'avouer, ma grande compassion pour le magnifique poisson innocent que le vieux était allé emmerder et massacrer, afin de se prouver à lui-même qu'il était encore vivant et valeureux! 

Les espadons, eux, ne connaissent pas ce genre de problème existentiel!

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                                                  Nini dans le miroir d'Ernest...

L'écrivain, grand chasseur, grand pêcheur, grand massacreur, a contribué à sa manière à l'appauvrissement de notre planète, avant de terminer ses jours dans la belle villa qu'il s'était fait construire, toujours à La Havane et qui porte le beau nom de La Vigia.

En espérant que ce nom n'est pas le rappel du cri poussé par les Espagnols du haut de leur vigie, pour annoncer l'apparition d'une nouvelle terre dont ils allaient exterminer la population.

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Sur le lit du héros, sont disposés des livres et des revues qu'il lisait alors. Beaucoup de revues de sexe.

Il n'était pas net le bonhomme quant à sa sexualité. Ni avec les femmes, ni avec les hommes...

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Allons! C'est le lot presque commun de tous les grands auteurs, d'avoir un inconscient tourmenté qui leur donne une partie de leur talent!

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                                           Toits vus de la chambre sacrée...

Avant de quitter cette chambre-musée, jetez un oeil sur les toits de La Havane et perdez-vous dans les ruelles où vous trouverez la Bodeguita del Medio où Hemingway sirotait ses mojitos...

 

Vous en boirez un à la santé des animaux libres qui survivent malgré trafiquants et chasseurs...

A la santé des espadons que de riches touristes croyant imiter Hemingway vont traquer et tuer pour se donner l'illusion d'être vivants et virils!


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Liens : Cuba

Cuba. Cienfuegos. Théâtre Tomas Terry.

Cuba. Vallée de Vinales. Le Mur de la Préhistoire sur un mogote.

Cuba. Quelques images...

Cuba. Trinidad. Eglises, palais...

Cuba. Parc Guanayara.

Cuba. Sancti Spiritus. Eglise.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #POEMES. AMOUR.

 

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                                        7 mars 2011. Anniversaire de Nicole.

 

Amour brûlant.    

 

Petits sillons     un an de vie

Je les caresse et je les lis

Comme un pianiste à son clavier

Comme un aveugle à son cahier


Petits sillons     sentiers de vie

Je les effleure et je les suis

Si ma main jamais ne dévie

C'est que ton corps est mon pays

 

Dans ton corps est la guérison

D'un faux amour qui fut prison

Qui fut mensonge et fut poison

De mes années de déraison

 

Ton corps et mon corps sont alliage

Lancé au devant du sillage

Que laisse au Cap Canavéral

La fusée intersidérale

 

Un matin nous arriverons

Au coeur du soleil en fusion

Où tous les deux nous brûlerons

Quelques années et des millions

 

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Liens : poèmes d'amour de Christian Wacrenier.

..........................................................................................................

Poème d'amour. Amants éternels.

Poème. Amour Nâga.

Poème. Amour. Attente.

poème. Amour. Soleil.

Poème. Amour Eternité.

Poème . Amour plus fort que la mort.

Poème d'amour. La nuit à côté de toi.

Poème érotique. Amour debout.

poème: Amour Flamme.

Avant la nuit. Poème. Amour.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #Peintres

 

 

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Quand on s'appelle Adolphe, il vaut mieux ne pas faire de politique. C'est un prénom dangereux.

Willette (1857-1926) n'a pas écouté ce conseil et sa candidature aux élections législatives de 1889  comme unique candidat sur la liste antisémite a jeté une ombre sur toute son oeuvre et a conduit le Conseil de Paris à débaptiser en 2004 le square du Sacré Coeur qui portait son nom pour le remplacer par celui de la Vierge Rouge, l'héroïne montmartroise de la Commune : Louise Michel.

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Ce seul tract explique pourquoi Willette mérite le désamour que Montmartre lui porte. Montmartre c'est la liberté, la générosité, les bras ouverts. Tant d'artistes ici sont venus chercher la tolérance et l'inspiration, tant d'artistes venus de divers horizons que le racisme y semble plus qu'ailleurs insupportable....

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Et poutant Sans oublier ce triste aspect du personnage, aspect si répandu dans notre beau pays dans les années qui précèdent l'Affaire Dreyfus, il est normal de s'intéresser un peu à ce personnage qui laissa son empreinte dans notre quartier et décora quelques uns des cabarets les plus prestigieux.

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                         Le petit immeuble du 20 rue Véron, à côté de l'hôtel de Clermont. 

C'est en 1882 qu'il s'installe à Montmartre, au 20 rue Véron. Au temps de l'impressionnisme, il ne montre aucun goût pour ce courant qu'il juge vulgaire et il peint de façon très classique avec une palette sans éclats.

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                                  Willette vu par marcellin Desboutin (avec allusion au Chat Noir).

Il obtient cependant un franc succès avec son Pierrot et sa Colombine, au point qu'on le représentera lui-même dans ce costume et qu'il écrira ses mémoires sous le titre de Feu Pierrot.

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        Willette . Parce Domine (1884). Peint pour le Chat Noir et aujourd'hui au Musée de Montmartre.

Il participe avec Salis et Goudeau à la création du Chat Noir, boulevard de Rochechouart. C'est pour ce cabaret qu'il peint son oeuvre la plus célèbre : Parce Domine.

L'immense toile qu'on peut admirer dans la première salle du Musée du Vieux montmartre, rue Cortot, reprend les premiers mots d'un cantique qui énumère les péchés humains et la luxure avant d'implorer le pardon divin. Et c'est cette toile qui orna le Cabaret où le tout Paris venait boire et s'amuser!

Alors que le moulin tourne avec ses ailes transformées en portées musicales, la  foule frénétique des vices accompagne Pierrot vers la mort...

Bloy écrit à propos de cette oeuvre :

"Une nuit claire et neigeuse. Un moulin aux ailes immenses, le moulin solitaire et mélancolique de l'espérance des poètes, qui tourne toujours à vide et qui n'a jamais le plus petit grain de bonheur à moudre pour les affamés..."

Willette décore de nombreux cabarets de la Butte comme La Cigale, le hall du Bal Tabarin et Le Moulin Rouge dont il dessine le célèbre moulin.

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Il dessine également des vitraux...

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Il crée une revue : Le Pierrot (1888-1891)

La page de couverture ci-dessus illustre une chanson de Béranger, misogyne et assez lourde :

          Gai! gai! De profundis.                                                                                                           Ma femme a rendu l'âme!                                                                                                   Faut-il la pleurer?                                                                                                                 Non, non, j'aime mieux la suivre                                                                     Pour la voir enterrer!

 

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Il crée également La Vache Enragée (1896-1897) et il participe à l'organisation du 1er défilé carnavalesque de Montmartre en 1896 : La promenade de la Vache Enragée dont il sera l'organisateur l'année suivante et qui deviendra la Vachalcade...

Quand en 1891, Jean-Baptiste Clément, l'auteur du Temps des Cerises, délégué du parti ouvrier socialiste révolutionnaire, est condamné à deux ans de prison et cinq ans d'interdiction de séjour, Willette prend parti pour son ami et publie un dessin où l'on voit la Liberté sous les traits d'une jeune fille, encadrée par des gendarmes qui ont confisqué son panier de cerises.

Willette ajoute un couplet à la chanson :

Quand il reviendra le temps des cerises                                                               Pandores idiots, magistrats moqueurs                                                                 Seront tous en fête                                                                                                            Les bourgeois auront la folie en tête                                                                                  A l'ombre seront poètes chanteurs                                                                           Mais quand reviendra le temps des cerises                                                         Siffleront plus haut chassepots vengeurs

 

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                          Affiche pour l'arbre de Noël au dispensaire des Petits Poulbots.

En 1920, avec Forain et Poulbot, Willette fait partie des fondateurs de la République de Montmartre dont il sera le premier président.

Il participe activement avec son ami Poulbot à la création du dispensaire des Petits Poulbots dont il pose la première pierre en 1923, rue Lepic, à l'emplacement d'un ancien poulailler...

 

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Evidemment on peut penser à Louis Ferdinand Céline, écrivain génial et antisémite déchaîné dont on cite le dévouement auprès des malades sans argent...

Willette, le génie en moins, a lui aussi donné de son temps et de son argent à l'assistance des malheureux... mais cette "charité" ne saurait absoudre ni l'écrivain ni le dessinateur.

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Willette a été fêté et reconnu. La République qu'il avait si souvent caricaturée lui a accordé la légion d'honneur...

Mais aujourd'hui pèse sur cet homme qui se revendiquait chrétien la tache ineffaçable du racisme, cette tache qui allait recouvrir la France de lèpre, quelques années plus tard. 

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                               Couverture de Willette pour le Rire Rouge (nom que prend l'hebdomadaire humoristique le Rire  pendant la guerre, pour montrer la determination des combattants prêts à verser leur sang ou à faire couler celui des ennemis!)

      Son oeuvre, si l'on excepte ses affiches, est plus noire que rouge. Pierrot y est souvent associé à la mort; le pouvoir y est dénoncé pour ses exactions et ses injustices... Elle est sous son apparente légèreté, annonciatrices de temps tragiques. 

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                               Square Louise Michel. Ancien Square Willette.

 Willette meurt en 1926. Le jardin du Sacré Coeur lui rend hommage en portant son nom... jusqu'en 2004 où le nom s'efface...

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                                                     Square Louise Michel...

Et pourtant Willette a participé à la légende de la Butte en dessinant au clair de lune des personnages simples et poétiques, des pierrots sans le sou, des midinettes...  

Son engagement politique criminel fait oublier ses qualités et j'espère que mon poète préféré, mon grand homme, Guillaume Apollinaire, ignorait cet aspect de Willette lorsqu'il écrivait à son sujet :

"L'on devrait donner le prix Nobel de la paix à cet artiste qui a fait presque autant de dessins contre la guerre que contre l'hypocrisie de ceux qui détestent la beauté."

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       Couverture de La Baïonnette (hebdomadaire satirique qui paraît pendant la guerre), illustrée par Willette.

 

Liens

Liste et liens: Peintres et personnages de Montmartre. Classement alphabetique.

Montmartre. Eugénie Buffet.

Montmartre. Le Bal Tabarin.

Montmartre. Marcel Legay. Ecoute ô mon coeur

Montmartre. Cabaret. L'Enfer.

Montmartre. Cabaret Le Ciel.

Montmartre. Le cabaret du Néant.

Montmartre. Rue du Mont Cenis. Maison de Berlioz.

Le cirque Médrano. Boulevard de Rochechouart.

Montmartre. Musée de l'Erotisme. Jean-Marc Laroche.

Poulbot. Panneaux de Faïence. Rue Damrémont. Montmartre.

Montmartre. Moulin de la Galette. Histoire. peintres.

Montmartre. La Goulue et Toulouse Lautrec.

Montmartre: Jane Avril, Toulouse Lautrec.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #POEMES Chats.. photos..articles

 

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On ne voit plus Pietro dans les rues de Montmartre. Les chats, le soir venu l'attendent devant le rocher où il venait les nourrir.

A 87 ans Pietro, après la fermeture du square Louise Michel, passait par-dessus les grilles avec son sac et ses gamelles. Il avait toujours avec lui une petite pharmacie pour soigner les bobos des félins.

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J'ai commencé à le connaître en janvier quand je me suis inscrit au Chat SDF et j'ai rejoint l'équipe des nourrisseurs.

Homme secret, discret, aussi fuyant qu'un chat....

Il m'a fallu quelques jours pour l'apprivoiser. Quand il m'a souri, je me suis dit que j'avais trouvé un nouvel ami.

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Pietro était venu d'Italie, de la campagne milanaise, il y a plus de soixante ans. Il vivait à Montmartre, rue Muller où il était si modeste et si léger qu'il ignorait la pesanteur de l'âge. Toujours droit et sec, comme un François d'Assise de la Butte.

Avant de partir en voyage, je l'ai rencontré dans le Super marché de la rue de Clignancourt. Il était un peu plus maigre, un peu plus tremblant. Il m'a dit qu'il avait été malade mais qu'il allait un peu mieux et qu'il se préparait à aller deux semaines en Italie.

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Je lui ai donné quelques boîtes pour les chats. J'ai écrit mon nom et mon numéro de téléphone sur une feuille. Nous nous sommes serrés la main. Son regard était profond et bleu.

De retour de Cuba, j'entends sur mon répondeur, un court message, laissé une dizaine de jours plus tôt. La voix à peine audible de Pietro : "S'il vous plaît...S'il vous plaît."

Au même moment, Catherine qui supervise notre équipe, m'appelle.

Pietro est mort.

Des voisins s'inquiétant de ne plus le voir avaient appelé les pompiers. Ce n'est que cinq jours après sa mort que la vitre de son appartement avait été brisée et qu'il avait été retrouvé.

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Pietro est à l'Institut médico légal depuis deux semaines. Des recherches sont entreprises en vain pour joindre quelqu'un de sa famille.

Après des démarches à la mairie, il a été possible, exceptionnellement, d'ouvrir les scellés et de fouiller l'appartement pour retrouver son chat.

En vain, le chat de Pietro a disparu.

Nul doute qu'il a rejoint la petite bande au pied des rochers et qu'il attend avec elle...

La patience des chats fait toujours des miracles.

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Liens. Les chats.

Chats et cinéma. Susan Herbert.  

Chats et grands peintres. Susan Herbert. (1)

Chats: Calendrier. Cartes postales de Marc Boulanger.

Chats de Dordogne. Petits poèmes.

poèmes pour mon chat. Mort.

 

Liens: Chats. Poèmes, Art, photos....

 

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A Cienfuegos sur le "Parque Marti", s'élève le Teatro Tomas Terry, témoin de l'époque opulente où la bourgeoisie esclavagiste de Cuba, suivant les modes occidentales et notamment parisiennes, construisait d'élégantes salles de spectacle où étaient invités les plus grands artistes de la fin du XIXème.

Sarah Bernhardt et Caruso furent de ce voyage et apprécièrent l'accueil enthousiaste qui leur fut réservé!

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                                       Statue de Tomas Ferry dans le Hall du théâtre (marbre de Carrare)

Un grand propriétaire de plantations de cannes à sucre, enrichi par l'exploitation inhumaine des esclaves venus d'Afrique, Tomas Terry Adams, maire de la ville, a voulu par testament que fût édifié ce théâtre, au coeur de la ville.

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                         Musee de la centrale sucrière Marcelo. Mémoire de l'esclavage.

 Il le dédia à la mémoire de son père et désira, sans doute pour se donner bonne conscience, qu'une partie de la recette des spectacles fût consacrée aux oeuvres caritatives.

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Le bâtiment classé Monument National,  a été conçu par l'architecte militaire, Lino Sanchez Marmol.

Il fallut presque trois ans pour le réaliser (1887-1889).

Il fut inauguré le 8 février 1890.

Il développe une façade harmonieuse et sans surcharge, ce qui n'est pas pour étonner, venant d'un architecte habitué aux casernes et autres bâtiments virils et utilitaires. 

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Le fronton est orné de mosaïques de l'atelier Salviati de Venise. Les masques de la tragédie et de la comédie encadrent la muse de la danse, Terpsichore.

Ne croyez pas le guide Hachette qui y voit les trois Grâces!!!

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Le hall avec ses peintures et ses candélabres fin de siècle, contraste avec la simplicité de la façade. Il est dans le plus pur style 1900 "rococo", inspiré par le dix-huitième français qu'appréciait Tomas Terry qui séjournait parfois dans le Paris des années folles (où d'ailleurs il mourut en 1886!) 

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Au plafond, dans un ciel turquoise où volètent de blancs oiseaux, les muses accompagnées d'angelots rebondis, jettent des fleurs sur le public qui entre dans le théâtre.

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On les retrouve dans la grande salle.

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Elles sont emportées dans un tourbillon de nuées, enlevées vers les cimes par la musique qui s'élève de la fosse. Leur auteur est un peintre hispano-philippin du nom de Camilo Salaya. La chair rose, les poitrines sensuelles, les bras potelés évoquent Mignard mais aussi les décors des music-halls parisiens de la fin du siècle.

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Deux médaillons entourés de fleurs les accompagnent.

L'un d'eux est le portrait d'une poétesse cubaine très appréciée au XIXème : Gertrude Gomez de Avellaneda, plus connue sous le nom de "La Avellaneda", malheureuse en amour, comme toutes les poétesses qui se respectent...

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L'autre médaillon n'est pas malgré les apparences, le portrait de Trotsky. Il s'agit de Gaspar Villate (1851-1891) compositeur cubain qui connut Verdi et fut influencé par lui, écrivit quelques opéras avant de mourir, comme Tomas Terry à Paris...

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Le Théâtre ne manque pas de charme avec ses portes à claires-voies qui évoquent les maisons créoles.

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La structure est légère, sans cloisons inutiles. L'air y circule pour atténuer la moiteur tropicale...

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Les deux étages sans surcharge sont légers et ouverts comme les terrasses des grandes maisons de bois.

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Les plafonds des loges, peints de feuillages, de fleurs et d'oiseaux se dégradent doucement et s'assombrissent... 

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Sous le bienveillant regard de cette divinité de Théâtre... 

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En sortant du théâtre, sur la place, on peut voir le Palaccio Ferrer, édifié lui aussi par un magnat du sucre et où, parait-il, logèrent Sarah Bernhard et Caruso lorsqu'ils se produisirent à Cienfuegos.

Sarah Bernhardt joua Cléopâtre et Caruso chanta Aïda. Il aurait pu chanter Nabucco dans ce théâtre construit avec l'argent de l'esclavage. Le choeur des esclaves y aurait résonné avec plus d'ampleur et de vérité...

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Liens :

Cuba. Vallée de Vinales. Le Mur de la Préhistoire sur un mogote.

Cuba. Quelques images...

Cuba. Trinidad. Eglises, palais...

Cuba.Hemingway. Hôtel Ambos Mundos. Chambre 511.

Cuba. Parc Guanayara.

Cuba. Sancti Spiritus. Eglise.

Buddha. Les statues du musée Cernushi.

Masques funéraires. Cernushi

Palestine. Le mur. Deheishe. Bethleem.

bronze Edo. Art japonais. cerf. biche. grues.

paravent Japon. Les grues. Edo.

Paravent Corée. Epoque Choson.

Mains de Bouddha. les mudras.

 

 

 

 

 

 

 


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Publié le par chriswac
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                        Enseigne : le Lapin à Gill au cabaret du Lapin Agile, rue des Saules.

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                         Le Lapin Agile. A gauche, le mur du cimetière Saint-Vincent.

André Gill pouvait-il imaginer en peignant la fameuse toile du Lapin, qu'elle serait reproduite sur un panneau de bois par Osterling pour le cabaret de la rue des Saules et que cette oeuvre serait photographiée par des millions de touristes?

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Lorsque l'enseigne fut installée sur la façade de la petite maison en 1881,  André Gill sortait de Charenton où il avait été interné. Il connaissait alors une courte rémission avant d'être interné de nouveau pour ne plus sortir et mourir en 1885.

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                                                              André Gill.

Il fut cependant bien plus que l'auteur de ce lapin qui sort de sa casserole en brandissant une bonne bouteille!

Il fut le caricaturiste dont les lecteurs guettaient les dessins, à l'affût de l'hebdomadaire La Lune qui était à la fois le Charlie Hebdo et Le Canard Enchaîné de l'époque.

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                                               La Lune. Caricature de Thérésa.

André Gill est le fils d'un aristocrate peu recommandable, le Comte de Guines qui ne reconnaît pas ce garçon né le 17 octobre 1840 d'une aventure avec une femme du peuple, une couturière qui en meurt de chagrin. De son vrai nom André Gosset, il choisira de signer ses dessins sous le nom de Gill.

Il se montre très précoce dans l'art du portrait et après les Beaux-Arts, il est remarqué par Nadar qui détecte en lui un caricaturiste de génie.

André Gill publie ses premiers dessins alors qu'il a à peine 19 ans, dans Le Journal Amusant.

Il mène alors la vie de Bohême dont parle Murger (dont il illustrera La Vie de Bohême) et ne parvient à survivre qu'en jouant les croque-morts, c'est à dire en "croquant" les morts dont les familles veulent garder un souvenir vivant!

Grâce à l'épidémie de choléra de 1865, il peut mettre un peu de beurre dans ses épinards!

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                                   André Gill. Victor Noir sur son lit de mort.

Sa caricature de Thérésa (Emma Valadon de son vrai nom) spécialiste des refrains drôlatiques et des effets de voix tyroliennistes, connaît un franc succès.

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                                        André Gill. Caricatures de Thérésa.

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                                         André Gill. Ferdinand de Lesseps

Ses "grosses têtes" assurent le succès de l'hebdomadaire dont les accros guettent chaque parution! Jusqu'au jour où la censure que Gill dessine sous les traits de Madame Anasthasie, s'intéresse à lui...

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                                          André Gill: Madame Anasthasie. La censure.

D'autant plus qu'il s'attaque à Napoléon III que chacun reconnaît dans Le portrait authentique de Rocambole...

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                                  André Gill. Portrait authentique de Rocambole.

La Lune est interdite le 17 janvier 1866 mais renaît le 26 janvier, après une courte interruption, sous le nom provocateur de L'Eclipse

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                                              André Gill. L'Eclipse. Courbet.

Quand éclatent les évènements de la Commune qui ont tant marqué Montmartre, André Gill, bien qu'ami des Communards et proche de Vallès et de Rochefort, se tient courageusement à l'écart! Il ne s'expose pas, ne participe à rien... ce que lui reprocheront ses amis après le désastre...

Après la Commune, l'Eclipse qui s'était éclipsée, paraît de nouveau malgré de nombreux numéros censurés.

En 1876, Gill crée La Lune Rousse.

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                           André Gill. La Lune Rousse. Clémenceau.

La Lune Rousse est à son tour la cible des censeurs et en 1879, andré Gill la laisse disparaître non sans avoir auparavant créé La Petite Lune!

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                                                 La Petite Lune. Victor Hugo au Sénat.

Il représente ici Victor Hugo qui malgré son âge, lutte sans faiblir pour la justice et la liberté et réclame au Sénat l'amnistie pour les Communards     exilés.

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                          André Gill. Emile Zola (qui salue Balzac et est salué par lui!)

De censure en censure, André Gill voit ses maigres revenus devenir étiques et il se transforme pour survivre en illustrateur des romans de certains de ses amis comme Zola ou Murger.

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             Emile Cohl. Elève et ami de Gill. Il est considéré comme le créateur du dessin animé français.

Il se lie alors avec Emile Cohl, jeune artiste qui lui voue une grande admiration et restera jusqu'aux derniers jours un ami fidèle et attentif.

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                                      André Gill. La Naissance. Petit Palais.

Le 21 mai 1880, il devient père d'un petit garçon qui ne survivra que quelques mois. Est-ce à la suite de ce traumatisme qu'il perd peu à peu la raison? Ou est-ce d'avoir été trop exposé aux rayons maléfiques de la lune?

Il est interné à Charenton où il meurt en 1885.

Une décision de justice ordonne la vente de tous ses biens pour payer les frais d'internement. Son atelier est vendu aux enchères, ses oeuvres sont dispersées. Emile Cohl organise une exposition à la Galerie Vivienne pour récolter quelques fonds, sans grand succès.

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                                         Tombe d'André Gill au Père Lachaise.

André Gill est enterré loin de Montmartre, au Père Lachaise.

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                                  Rue André Gill (entre le 76 et 78 de la rue des Martyrs)

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                                           Buste de Gill (par M. Rouillière) 

Une rue de Montmartre, à deux pas de Chez Michou, porte son nom. Une rue aux immeubles bourgeois qui se termine en cul de sac avec quatre arbres et le buste peu inspiré de l'artiste bohême...

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Mais c'est son lapin qui lui confère sa part d'éternité montmartroise!

 C'est lui qui vous invite à boire un petit coup et à vous intéresser peut-être aux caricatures brillantes et drôles de son créateur!

N'hésitez pas! Ne sommes-nous pas entrés avec les Chinois dans l'année du lapin?

Et n'oubliez pas d'aller rendre visite au musée de Montmartre où vous rencontrerez le lapin à Gill en chair et en os....enfin, je veux dire le lapin original et non la copie installée sur le cabaret de la rue des Saules!

 

Liens

Liste et liens: Peintres et personnages de Montmartre. Classement alphabetique.

Montmartre. Eugénie Buffet.

Montmartre. Le Bal Tabarin.

Montmartre. Marcel Legay. Ecoute ô mon coeur.

Montmartre. Cabaret. L'Enfer.

Montmartre. Rue du Mont Cenis. Maison de Mimi Pinson.

Montmartre. Cabaret Le Ciel.

Montmartre. Le cabaret du Néant.

Montmartre. Rue du Mont Cenis. Maison de Berlioz.

Le cirque Médrano. Boulevard de Rochechouart.

Cimetière Montmartre. Henry Murger.

Montmartre. Musée de l'Erotisme. Jean-Marc Laroche.

etc..

 

 

Voici un texte fort qui concerne Gill et que m'envoie un ami lecteur. Il complétera et approfondira l'article sur cet artiste. Il donnera une vision terrible de la folie qui enferma vivant cet homme charmant.

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CHOSES VUES

     André Gill. Une petite rue de Montmartre garde son nom. J'y suis passé hier, par hasard. Un rayon de soleil frappait la plaque bleue où ce nom brillant, resté jeune, semblait sourire. Plus haut, sur le clair du ciel, se profilait le moulin de la Galette où nous déjeunâmes, cinq, six, voilà tantôt quinze ans — je me rappelle — et d'où nous partîmes tout d'une traite pour Sceaux, conduits par un cocher romantique. C'était le printemps. Dans la voiture chargée à couler et si joyeuse : André Gill, Daubray, Gil-Naza, Sapeck... Tous disparus ! Gill sombra le premier. Quelques mois après cette promenade, j'allais le voir à l'hospice de Charenton où la folie venait de le murer. Oh ! cette visite ! 

C'était par une après-midi brumeuse et froide de novembre. J'étais venu à pied, à travers le bois de Vincennes. Après que j'eus gravi de nombreux escaliers, traversé d'interminables et sombres corridors, le gardien me dit, à l'entrée d'une petite cour : 

  • Restez-là ; je vais vous l'amener. 

Je m'effaçai derrière un pilier et j'attendis. 

Le gardien ignorait mon nom. Gill n'était pas prévenu. C'était « quelqu'un » qui venait le voir. 

Au bout d'un instant, je le vis apparaître au fond de la cour, précédé du gardien, se dirigeant de mon côte. Il .marchait la tête baissée, les deux mains dans les poches de son pantalon, la chemise ouverte, sans gilet et la cravate dénouée, vêtu d'un simple veston.

Il était nu-tète et, malgré sa mise défaite, abandonnée, il ne me parut pas trop changé, si ce n'est que son visage était plus pale et que ses cheveux, toujours abondants, avaient sensiblement grisonné.

Je le regardais venir, très ému . 

  • Tiens ! c'est vous, me dit-il, souriant et me tendant la main.

Je lui pris le bras, et, comme il bruinait légèrement, je l’entraînai dans le corridor. 

  • C'est une plaisanterie, me dit-il : vous voyez bien que je ne suis pas fou. 

Et de fait, pendant près d'une demi-heure, il me parla fort tranquillement et fort raisonnablement, me racontant son équipée en Belgique, « une toquade », s'informant de ses amis, de ce qu'ils disaient, de ce que disaient les journaux.

Tout à coup, il se redressa, puis me lâchant le bras :

  • Ah ! ça, me dit-il, comment êtes-vous venu ici ?

  • Mais à pied, à travers le bois. 

  • Ah ! oui, vous allez à pied, vous; mais moi, j'ai un coupé, je vais vous reconduire. Vous avez vu, mon coupé ? Il est en bas, un coupé « jaune comme un citron » et un cheval « noir comme l'Érèbe !

Il me regardait, la prunelle agrandie, le cou gonflé, la moustache retroussée. Puis, s'exaltant et haussant la voix :

  • Et mon château ! mon château de Saint-Germain ! Vous y êtes allé, je pense ? Hein ? Est-ce assez Louis XIII ? Soixante- quinze mille livres de rentes et des filles « fraîches comme de l'herbe » ! Venez, je vais vous faire atteler !

Et comme nous étions arrivés, tout en marchant, au fond du corridor, il détacha un violent coup de pied dans la porte. 

  • Mais je suis enfermé ! S'écria-t-il ; oh ! ils m'ont enfermé !

À ce moment, des fous hurlèrent à l'étage au-dessus de nous .

  • Attendez, vous, là-haut, que je sois rentré dans ma cellule, nous allons bien voir celui qui criera le plus fort !

Et il cria !

Cette crise l'avait abattu. Le gardien, qui ne nous perdait pas de vue, me fit signe qu'il était temps de me retirer.

J'embrassai Gill : «  Allons ! adieu ! » 

Il suivit le gardien, sans rien dire, déjà soumis. 

D'autres fous allaient et venaient dans la cour. 

Gill resta au milieu d'eux. 

Je demeurai quelque temps à le regarder par la baie d'une fenêtre grillée.

Il avait l'allure de ses malheureux compagnons, marchant droit devant lui, et vite, la tête baissée, les deux mains dans les poches de son pantalon. La nuit tombait. Gill marchait toujours. Sa silhouette puissante se dessinait plus haute, en passant dans le jour des arcades ouvertes sur la vallée de la Marne. 
CHARLES FRÉMINE. 

Gill par Nadar.

Gill par Nadar.

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