Il y avait peu d'arbres au XIXème siècle sur la Butte battue par les vents.
/image%2F0931735%2F20250516%2Fob_23d93f_ballon-square.jpeg)
Quand fut créée la place Saint Pierre et le jardin, le terrain était nu, prêt à recevoir pour leur envol par-dessus les lignes prussiennes les ballons dirigeables porteurs de messages et de résistants dont le plus célèbre est Gambetta à bord de l'Armand Barbès.
Il y avait malgré tout quelques jeunes arbres plantés au milieu du XIXème siècle, dont le plus majestueux d'entre eux que j'appelle l'Arbre de Louise Michel car il a été planté en 1857, quelques mois après l'arrivée de Louise Michel à Paris. Il avait 24 ans quand en mai 1871 commença la Semaine Sanglante.
/image%2F0931735%2F20250526%2Fob_fe592e_a-26-mai-sqyare-avec-jeune-arbre.jpg)
On peut le voir sur cette photo du début de la construction du Sacré Cœur, encore jeune et déjà plein de vitalité.
Il s'élève au-dessus de l'allée de l'Île des Pins, ainsi nommée en souvenir de la Nouvelle Calédonie où furent déportés des milliers de communards et où certains moururent. L'Allée a reçu ce nom en 2021 lors de l'anniversaire des 150 ans de la Commune.
Au-dessus de l'Allée de l'île des Pins
Le feuillage vers le sud, la place Saint-Pierre et la rue Seveste.
Ce platane d'Orient est le plus haut des arbres du jardin (30 mètres) Sa circonférence de 525 cm est impressionnante comme l'est la rude écorce et les nœuds qui s'y développent, stigmates de son âge vénérable.
Son espèce fut très prisée pour ses qualités ornementale avant que ne lui fût préférée le platane commun qui devint sous Haussmann l'arbre parisien type.
Cinquante mètres vers l'ouest du jardin, se dresse un bel arbre qui fait le beau au printemps et qui rêve de dépasser son voisin.
Il s'agit d'un marronnier d'Inde, planté en 1902. Il atteint 22 mètres de hauteur pour une circonférence de 365 cm.
Son nom botanique est hippocastanum, châtaignier des chevaux. En effet son fruit, toxique pour les hommes, n'est comestible que pour les chevaux.
Un peu plus haut à flanc de butte, un arbre majestueux lance ses branches couvertes de fruits vers les pelouses.
C'est un noyer du Caucase qui atteint une hauteur exceptionnelle de presque 29 mètres. Son tronc a une circonférence de 420 cm. Il a été planté en 1900.
Son nom botanique est pterocarya fraxinifola. Il est parfois appelé pterocaryer mais franchement ce n'est pas très facile à prononcer! Il porte de nombreux fruits, de petites noix entourée de deux ailes qui leur permettent de jouer les hélicoptères pour se poser sur la terre. Elles sont regroupées en grappes très décoratives.
Les autres arbres particuliers du jardin, s'ils ne sont pas tous classés comme remarquables méritent pourtant notre attention. Malheureusement des travaux annoncés pour consolider le sous sol et les rocailles, depuis six ans (!!!!) interdisent l'accès de la partie orientale du jardin, la partie la plus pittoresque et la plus appréciée en temps normal!
Je constate qu'il n'y a depuis six ans aucune velléité de début de commencement de travaux!
Parmi les arbres rares figure un araucaria, ou "désespoir du singe" à cause de ses écailles agressives. Pour l'anniversaire des 150 ans de la Commune, en 2021, une plaque posée par la maire de Paris, le jour où elle inaugurait dans le jardin l'allée de l'île des Pins, rend hommage à notre grande figure montmartroise, jamais oubliée, Louise Michel ainsi qu'aux "Parisiens et Parisiennes engagés dans la Commune du 18 mars au 28 mai 1871".
/image%2F0931735%2F20250524%2Fob_53b300_araucaria-square.jpg)
C'est à Paris un arbre rare puisqu'on n'en compte qu'une trentaine, pour la plupart à Bagatelle dans le bois de Boulogne.
J'aurais préféré pour exprimer notre peine un saule pleureur ou peut-être, à la mémoire de Jean Baptiste Clément, un cerisier.
"Cerises d'amour aux robes pareilles, tombant sur les feuilles en gouttes de sang..."
D'autres arbres, parmi les plus beaux sont visibles depuis les escaliers d'accès à la fontaine de Gasq.
Tout d'abord le très beau gingko Biloba qui se couvre d'or un peu plus tardivement que ses semblables de Bagatelle ou du parc Monceau
Il révèle sa splendeur vers la fin novembre alors que son rival du parc Monceau a depuis longtemps perdu sa parure.
/image%2F0931735%2F20250525%2Fob_61eb82_gingko-ensemble.jpg)
/image%2F0931735%2F20250525%2Fob_a4cd20_gingko-novembre.jpeg)
/image%2F0931735%2F20250525%2Fob_badd07_gingko-feuillage.jpg)
Un peu plus haut, interdit d'accès par des grillages, un superbe grenadier s'élève entre les rocailles.
Il fleurit au printemps à côté de son voisin, un figuier opulent dont les fruits à la fin de l'été sont appréciés des chapardeurs.
/image%2F0931735%2F20250526%2Fob_688813_grenadier.jpg)
Il a été planté en 1952 et atteint une hauteur de 3,50 mètres.
Il est classé arbre remarquable.
Il faut mentionner encore un févier d'Amérique (Gleditsia triacanthos) de 3 mètres de circonférence, planté en 1914.
/image%2F0931735%2F20250526%2Fob_9886d1_gleditsia-triacanthos-elegantissima-v.jpg)
Un arbre rare puisqu'il ne représente que 1% des arbres parisiens.
/image%2F0931735%2F20250526%2Fob_86dcba_a-26-feuillage-fevier.jpg)
Son feuillage comme celui du gingko s'ensoleille en automne.
Toujours dans la zone interdite, quelques orangers des Osages ombragent les allées. Le plus ancien a été planté en 1922 et son tronc a une circonférence de 217cm pour une hauteur de 17 mètres.
/image%2F0931735%2F20250526%2Fob_77f57e_oranger-des-osages-arboretum-48-82082.jpg)
Le talus Ronsard
Il se trouve sur le talus Ronsard, qui donne comme son nom l'indique sur la rue qui longe le square sur son côté oriental.
/image%2F0931735%2F20250526%2Fob_1b34fd_a-26-mai-oranges-des-osages.jpg)
Il est originaire de l'Amérique du Nord et prend son nom des Indiens qui vivaient en Louisiane là où on le trouvait en abondance. Il n'a rien d'un agrume si ce n'est la ressemblance de ses fruits avec des oranges vertes.
/image%2F0931735%2F20250526%2Fob_d39892_boule-osage.jpg)
Ses fruits restent sur l'arbre en hiver comme des décorations de Noël!
D'autres arbres et arbustes décoratifs vivent heureux dans le square Louise Michel. Certains sont plus anciens que la basilique.
Un poète y verra de "vivants piliers" et il sentira confusément en touchant leur tronc "quelqu'un de grand qui l'écoute et qui l'aime".
Ma petite âme n'est pas assez mystique. Juste assez pour penser à Louise Michel fuyant Montmartre en mai 1871 et jetant un dernier regard sur les jeunes feuillages impassibles.
L'Arbre de Louise Michel