Il y a des Parisiens qui, pour trouver un peu de fraîcheur grimpent sur la Butte. Mais sans compter l'effort de se hisser jusqu'au sommet, la désillusion sera au rendez-vous. La Butte n'évite pas la fournaise....
Mon poète préféré, Apollinaire, un habitué de Montmartre et de ses ruelles, écrit à propos du mois de juin :
"Juin ton soleil ardente lyre
Brûle mes doigts endoloris
Triste et mélodieux délire
J'erre à travers mon beau Paris
Sans avoir le cœur d'y mourir "
Belle image du poète qui, en ce jour de fête de la musique, joue avec les rayons du soleil comme avec les cordes d'une lyre. Nouvel Orphée qui joue avec le feu du ciel.
Mais il n'y a plus de soleil, plus de lyre... Il n'y a qu'une incandescence sans rayons, un smog torride sans consistance...
Les pigeons ne marchent plus sur les toits de zinc chauffés à blanc
Les chats ne jouent plus dans l'herbe asséchée du jardin
On s'attend à ce que le Sacré Cœur fonde comme une glace à la vanille
A ce que la Tour Eiffel au loin pique du nez et plonge la tête dans la Seine
Je voudrais couper tous les liens qui ancrent Montmartre à Paris
M'envoler avec la Butte comme Gambetta dans son ballon
Me poser sur la banquise
Et faire du toboggan avec les manchots
Entre la place du Tertre et le boulevard Rochechouart