A l'angle de la rue Nicolet, l'Atelier, un restaurant sympathique et branché a remplacé l'ancien café.
Les 25 et 27 sont des immeubles classés. Le dernier révèle, une fois franchi son portail, un petit hôtel Louis Philippe sur cour avec escalier à double volée.
Le 29 qui a été ravagé par un incendie en 2005 en causant la mort d'un de ses habitants a été restauré avec une façade plate et sans style. Des anges bleus y sont accrochés. Ils sont l'œuvre de deux artistes, Ange et Dam, qui ont pignon sur la rue Labat.
L'immeuble est le siège d'une association qui jette un pont entre les cultures et favorise la créativité des jeunes ; La soupape ailée.
L'imagination et la créativité caractérisent l'oeuvre de ces deux artistes que nous rencontrerons moins succinctement quand nous flânerons dans la rue Labat.
Dans le hall d'entrée du 29, elles ont peint le ciel. Le plafonnier en profite pour se prendre pour le soleil!
Le 31 fait l'angle avec la rue Custine. Un "mini market" comme on dit en bon français, et une agence bancaire ont remplacé grand café fin de siècle.
Tous les Montmartrois vous le diront, il y a une frontière qui sépare la Butte du reste de la ville. Du côté nord la rue Custine en fait office.
De l'autre côté c'est le 18ème arrondissement plus que Montmartre!
Pourtant nous aurions tort de ne pas nous aventurer sur cette "terra incognita"!
Au 30, les jolies crémières ont disparu. La boutique est transformée en pizzeria.
Grâce aux photographies du début du siècle, nous pouvons avoir une idée de ce qu'étaient les commerces du quartier, essentiellement de grandes épiceries, des crémeries et des débits de vins!
Au 38, le peintre Edmond Heuzé (1884-1967) posséda un appartement. Ce peintre est lié à l'histoire de Montmartre puisqu'il fut ami de Valadon et d'Utrillo. Ses parents habitaient rue Custine où lui même vivra plus tard, après avoir connu des années de bohême qui lui laissèrent un souvenir amer. Il partagea en effet une minuscule pièce rue Cortot, pas plus grande que le fameux placard de Satie. Il avait alors pour compagnon de misère le sculpteur russe Laxine qui se suicida en sautant dans la Seine.
Après avoir exercé, pour survivre, différents métiers, il devint danseur au Moulin Rouge avec La Goulue. Il fut ensuite danseur de claquettes chez Maxim's avant d'épouser la directrice de Médrano et se spécialiser dans la peinture des gens de cirque.
En 1918, il dirigea une galerie rue Laffitte où il vendait les œuvres de ses amis (Valadon, Utrillo, Rouault) et les siennes.
Il resta fidèle à Montmartre jusqu'à sa mort...
Au 43 il y avait une épicerie. Un traiteur asiatique a pris la place de la maison Chapeau!
Au 3 et 4 impasse Pers, au niveau du 47 rue Ramey, fut créée en 1891 une des premières maisons du peuple, sur l'initiative des Socialistes. Elle entendit résonner quelques unes des grandes voix anarchistes. Notamment celle de Joseph Tortelier, engagé dans la ligue des anti-patriotes et des anti-propriétaires!
Les auditeurs de ses discours enflammés étaient marqués par son lyrisme et son charisme. Ce menuisier, ami de Louise Michel avec qui il milita au cours des grèves de 1888, était un artiste à part. En effet, il n'écrivait rien, ne gardait aucune trace de ses envolées... Il improvisait devant un public qu'il subjuguait et auquel il offrait sa création unique et éphémère! Voilà un homme qu'on évoque encore aujourd'hui alors qu'il est impossible de lire une seule ligne de lui!
Un poète l'accompagnait parfois. Il s'agit de Gaston Couté, venu de sa Beauce natale offrir à Montmartre sa poésie si particulière à la fois amère et tendre, écrite dans un patois sans afféterie.
Un vers de lui parmi mes préférés :
"Le souleil est doux comm' les yeux des bêtes"
L'impasse Pers résonne encore de ses vers qui devaient charmer les oreilles des habitants du 47, jolie demeure au charme discret et romantique, construite vers 1820 et qui fait penser aux hôtels construits à la même époque dans la Nouvelle Athènes (IXème arrondissement).
Au 51 une ancienne poissonnerie a gardé son décor de mosaïques qui lentement perd ses écailles! Un marin breton continue de sortir de l'eau des poissons qui n'iront sur aucun étal.
Ils ne seront pas dérobés par les chats sertis de cabochons de verre qui se sont installés dans la vieille poissonnerie...
C'est Agathe qui leur a donné vie, à eux et à d'autres animaux fabuleux. Entrer dans la poissonnerie, ce n'est pas comme par le passé découvrir des poissons morts mais un monde vivant, joyeux et fantastique...
Nous nous arrêtons rue du Baigneur... Une ancienne impasse qui doit son nom aux établissements de bains qui y étaient établis avant que la voie ne soit prolongée jusqu'à la rue du Mont-Cenis.
Il n'y a plus de baigneurs. Des tagueurs plus ou moins doués s'y sont donné rendez-vous pour décorer les camionnettes garées devant les murs peints!
Mais les murs pignons qui se délavent peu à peu ont été confiés à un peintre argentin, Ricardo Mosner. C'est une réussite qui mériterait qu'on la rafraîchisse!
Avant de remonter vers Montmartre, un coup d'œil au 61 devant une crémerie où posent des marchandes des 4 saisons. Une photo qui évoque un Paris modeste et convivial où la rue était lieu de rencontre.
La rue Ramey croise la rue Marcadet avant de terminer sa course rue Hermel.
C'est une rue vivante et variée.
Elle devient à la mode et est recherchée par les amoureux d'un Montmartre devenu inaccessible autour des Abbesses. De plus en plus d'artistes y habitent et y perpétuent l'esprit authentique de la Butte.