C'est un musée à part, à quelques centaines de mètres du port des Minimes, un musée magique, hors du temps, où de petits personnages costumés s'animent à votre passage, avec des mouvements lents et saccadés comme si la vie leur revenait par pulsions.
Quelle ne fut pas ma surprise de me retrouver soudain, passées les premières salles, dans un Montmartre naïf de dessin animé ou de fête foraine!
...dans un décor hésitant entre kitsch et théâtre, peuplé d'automates exposés dans les vitrines ou installés sur les trottoirs, comme ce peintre, figure emblématique d'un Montmartre de chromo.
Une plaque au-dessus de sa tête indique le nom de la rue : 18ème arrdt, rue Philippe Rabanit.
Voilà une rue qui a échappé à ma sagacité de Montmartrois ! Porte t-elle le nom d'un artiste inconnu de moi ?
Il s'agit en réalité du maquettiste qui a conçu le décor et qui est présenté comme "le plus parisien des Rochelais"!
Encore un qui loin de sa butte en a gardé la nostalgie malgré les charmes de la cité charentaise!
Les autres plaques portent des noms réellement montmartrois : Lepic, Poulbot, Rochechouart, Utrillo.... sans aucun souci d'un réalisme qui n'a rien à faire dans cet univers de cartoon !
Un métro aérien tel qu'il n'existe pas à Pigalle (puisqu'il rentre sous terre à Barbès) passe devant le Moulin Rouge et les cabarets qui firent la renommée sulfureuse de l'endroit : L'Enfer,le Paradis, l'Abbaye de Thélème...aujourd'hui disparus.
Dans la rue Lepic on trouve comme il se doit des commerces et surtout une épicerie qui expose dans ses vitrines des automates. L'un d'eux genre Banania est caractéristique du début du XXème siècle et l'autre, un groom, est tout aussi représentatif d'une belle époque qui ne l'était pas pour tous et véhiculait bien des clichés ...
En revanche,sur la façade, les inscriptions publicitaires sont bien dans le goût potache des chansonniers!
Autre singularité, d'un côté nous sommes rue Lepic et de l'autre boulevard Rochechouart!
Sur la place Utrillo une colonne Morris fait la publicité pour les Grands Magasins Dufayel de la rue de Clignancourt...
On ne peut manquer de tomber sur un bougnat qui s'appelle Lenoir tandis que la laverie est tenue par Madame Leblanc!
....Enfin les bistros sont bien là, puisque paraît-il le mot est né à Montmartre pendant l'occupation russe de Paris et la hâte des Cosaques qui réclamaient à boire avec cette injonction "bistro" qui signifie "vite" en russe. Etymologie discutée puisque le mot serait une abréviation du provençal "bistroquet".
Peu importe nous restons dans la légende et la fantaisie!
Des automates grandeur nature sont à l'intérieur. Un Normand amateur de calva et un garçon, noir et rieur.
Ce boulevard de Clichy devrait s'appeler boulevard des clichés!
La balade s'achève avec les Caves de Montmartre, histoire de rappelr la tradition pinardière de la Butte et les défilés folkloriques qui chaque année parcourent les rues avec leurs confréries de buveurs au nez rouge.
Avant de quitter le musée nous rendons visite au Pierrot qui lui aussi est un personnage montmartrois qui donna son nom à un journal et à un personnage célèbre créés par Willette (artiste de talent mais antisémite notoire) : le Pierrot de Montmartre.