Il suffit d'emprunter les petites routes de Saintonge pour découvrir entre marais et forêts des villages clairs et fleuris. Champagne est l'un de ceux-là!
Ses maisons de pierres, ses vieux puits semblent n'avoir pas changé depuis des siècles, comme son église en partie romane.
Il est fait mention du village dès le XI ème siècle quand il passe sous la domination des Dames de Saintes alors que son église est confiée à l'abbaye de Saint-Romain de Blaye.
C'est une époque de développement économique dû en grande partie au sel recueilli dans les marais salants du pays.
L'église Saint-André n'a pas beaucoup changé depuis sa construction.
Elle a été épargnée par les guerres de religion qui ont saccagé tant d'édifices religieux dans la région, à commencer par l'abbaye voisine de Trizay, lieu unique dont les fresques du XVIIème siècle sont étonnantes de charme et de naïveté.
Au XVIIIème siècle le portail nord cesse d'être l'entrée principale. La porte est murée et c'est par la porte ouest que se fait l'entrée.
Le portail nord :
Deux arcs aveugles s'appuient sur des culs de lampe avec griffons (milieu du XIIème).
Les modillons sous la corniche illustrent tout un monde hétéroclite. Les sculpteurs pouvaient donner libre cours à leur imagination...
On y voit des monstres grimaçant, des acrobates, des harpies....
Les vents d'ouest ont pendant des siècles soufflé sur ces figures grimaçantes, les adoucissant peu à peu, les caressant pour les amadouer. Aujourd'hui les monstres cessent d'être menaçants, ils glissent vers l'abstraction, vers le retour au coeur de la pierre où ils sont nés.
Ce qu'il y a de plus beau ce sont les voussures sculptées. La première en partant du bas est une frise de marguerites étoilées.
C'est un des motifs les plus originaux, particuliers à la Saintonge. On retrouve ces fleurs à huit branches sur la frise extérieure.
La deuxième voussure est un entrelac décoratif autour de formes en S.
Palmettes et griffons animent la voussure extérieure : un dragon à queue de serpent, une pécheresse donnant le sein à d'immondes créatures...
L'ensemble est modeste et ne prétend pas rivaliser avec la splendeur décorative des grands édifices romans.
L'entrée se fait aujourd'hui par la façade ouest décorée d'une grande fenêtre en plein cintre qu'encadrent deux arcades aveugles. On y retrouve les motifs courants du roman saintongeais (marguerite à huit branches, palmettes...)
L'intérieur de l'église est à la fois sobre et lumineux. La nef romane est éclairée par le chœur gothique comme c'est souvent le cas dans les églises de la région. C'est un bel exemple d'adaptation d'une architecture à l'autre, d'un Moyen-Âge à l'autre...
On remarquera quelques chapiteaux décorés parmi lesquels les plus étranges sont ceux de droite : un visage épais et barbu, un autre visage dont barbe et moustaches sont formés de végétaux, une femme en coiffe... on ne sait exactement ce que les sculpteurs ont voulu représenter dans ces sculptures qui évoquent un art naïf et libre...
D'autres chapiteaux sont sculptés de têtes grimaçantes. Malgré tous les efforts de ces êtres monstrueux, l'église respire le calme et l'harmonie. Avec ses pierres claires et sa légèreté, elle convient à ce village dont le nom nous invite à la rencontre et au partage...
Liens