C'est une courte rue (60 mètres) qui va du boulevard Rochechouart à la place Charles Dullin.
Elle reçoit son nom en 1868. Elle s'appelait auparavant rue du Théâtre. Elle avait été ouverte pour faciliter l'accès au théâtre de Montmartre, aujourd'hui théâtre de l'Atelier.
Ce théâtre, un de plus anciens de Paris fut construit en 1822 par Seveste et c'est un siècle plus tard en 1922 qu'il fut repris par Charles Dullin et baptisé théâtre de l'Atelier.
Le nom de la rue est celui d'un comédien-auteur qui connut la gloire en son temps : Florent Carton, dit Dancourt (1661-1725).
Sociétaire de la Comédie Française, il écrivit des dizaines de comédies dont certaines furent de grands succès. Il est aujourd'hui tombé dans l'oubli bien que quelques spécialistes voient en lui un des inspirateurs du vaudeville. Ses contemporains indulgents ou flatteurs en firent le successeur de Molière!
Côté pair après le café Jin Yi Fa, s'ouvre un petit restaurant qui malgré sa modestie est le plus intéressant de la rue.
Il s'agit du Bon Bock ouvert en 1879 et qui n'a presque pas bougé depuis. Toulouse Lautrec le fréquenta ainsi que Picasso et Apollinaire qui appréciaient son absinthe.
Les peintres sans argent laissaient pour payer l'addition, des croquis ou des toiles. Certains sont restés accrochés aux murs. Hélas ni Picasso ni Lautrec n'en font partie!
Un détail amusant que vous trouverez sur certains sites "spécialisés": Manet aurait peint dans ce café, son homme à la pipe intitulé "le bon bock".
L'ennui, c'est que la toile de Manet a été peinte six ans avant l'ouverture de cet établissement. Son titre a suffi pour créer un amalgame!
Nous passerons vite devant les autres immeubles qui à l'exception du 8 ne présentent guère d'intérêt architectural.
Le côté impair est un peu triste et tente avec "la Madrague" d'appeler à son aide l'azur méditerranéen....
Après le garage s'ouvre sur la rue Dancourt la villa du même nom.
Un mini supermarché donne quelques couleurs à l'ensemble austère et gris construit en 1933.
Les bâtiments ont écrasé plusieurs allées anciennes bordées de petites maisons et un établissement de bains datant du vieux village (1853).
Une plaque rappelle l'existence de la "Cité des Bains" dont rien ne subsiste...
On peut voir sur cette carte postale, à droite, après l'immeuble de pierre, l'entrée de la Cité des Bains au début du XXème siècle.
La Cité des Bains en 1902.
Le charme du vieux village et sa guitariste ont été enfouis sous les lourds immeubles de briques grises.
Les constructions costaudes et sans grâce ont hélas fait beaucoup de "petits" sur la Butte aux dépens de l'habitat villageois.
Pour se faire pardonner, elles ont a abrité entre leurs murs, pendant la guerre, la rayonnante Joséphine Baker, alors mariée à Jo Bouillon.
Michou qui est, bien que Picard d'origine, le Montmartrois par excellence, artiste, fantaisiste, un peu fou dans sa veste bleue et ses lunettes de soleil, aimé de tous sur la Butte, y a vécu un temps lui aussi, non loin de son cabaret de la rue des Martyrs.
La rue s'arrête au croisement avec la rue d'Orsel.
De l'autre côté commence la rue des Trois Frères qui a trois fois plus d'histoires à raconter que notre courte rue Dancourt!
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