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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

montmartre. rues et places.

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places., #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

     La rue de Douai court entre la rue Jean-Baptiste Pigalle et le boulevard de Clichy. Elle s'est formée en plusieurs fois, reliant entre eux trois tronçons distincts.

Rue de Douai (à droite rue Fontaine)

Rue de Douai (à droite rue Fontaine)

Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

    En janvier 1841 elle est ouverte sur 124 mètres entre les rues Fontaine et Blanche et s'appelle rue de l'Aqueduc (allusion aux canalisations qui couraient sous le sol et acheminaient les eaux venues du canal de l'Ourcq vers l'est et le centre de Paris).

Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

     La 2ème partie est ouverte en juin 1841 entre la rue Blanche et le boulevard de Clichy sur une partie des jardins du Nouveau Tivoli, détruits sans état d'âme au profit des spéculateurs. Rappelons que ce nouveau Tivoli s'étendait sur les terrains d'une folie du XVIIIème siècle qui s'était spécialisée dans un sport (!) venu d'Angleterre, le tir aux pigeons vivants. cette activité ravissait le bourgeois qui après avoir tué quelques volatiles, se sentait d'autant plus viril pour se livrer au libertinage dans le parc où les jolies dames attendaient leur pigeon à plumer.

 

En 1846 les deux tronçons sont baptisés d'un nom commun : rue de Douai.

Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....
Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

     Mais là ne s'arrête pas l'histoire de cette rue qui ne choisit pas la facilité! En effet, dix ans plus tard, elle est prolongée entre la rue Pigalle et la rue de la Fontaine St-Georges (ancien nom de la rue Fontaine). Mais elle s'appelle alors dans cette partie rue Pierre Lebrun.

                                          Eglise et léproserie St Lazare

     Les travaux de creusement tombent sur un os. En effet ils mettent au jour des centaines de squelettes, ceux du cimetière d'une ancienne léproserie établie en ces lieux. Les ossements sont emportés, comme ceux de nombreux cimetières parisiens dans les catacombes où ils sont artistiquement disposés pour le plus grand bonheur à venir des touristes et des amateurs de têtes de mort.

 

     La rue Pierre Lebrun nettoyée de ses osseux habitants, étant dans le prolongement de la rue de Douai, prit le même nom et donna à cette artère les 605 mètres qu'elle a toujours aujourd'hui.

Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

     Nous remontons donc la rue en commençant par cette ancienne rue Pierre Lebrun où se trouvent les premiers numéros de la rue de Douai. Inutile de rappeler que le nom lui vient de la ville du Nord de la France célèbre, entre autres, pour ses géants : Gayant, Marie Cagenon et leurs enfants Jacquot, Fillon et Binbin.

                                         Gayant et sa femme.

   

     Côté pair la brasserie "Le sans Souci" fait l'angle avec la rue Jean-Baptiste Pigalle. C'est là que Kessel situe l'action de son roman "La passante du sans Souci". On ne sait pourquoi le réalisateur Jacques Rouffio lui préféra pour cadre de son film, une brasserie du XVème arrondissement!

 

Le 3

Le 3

     Si le 3 est aujourd'hui à l'enseigne de Vénus, il n'en fut pas toujours ainsi. Pendant la Commune, les Versaillais afin de tenter de corrompre les révolutionnaire avaient confié à un triste personnage le soin d'organiser tout un réseau. L'homme s'appelait Georges Vaysset et il s'acquitta de son délicat boulot en louant 7 appartements dans le quartier (rue Frochot, rue Pigalle…) pour y loger ses barbouzes.

                                    Le Général Dombrowski

    Il échoua dans sa noble tache car le Général Dombrowski qu'il devait corrompre, resta fidèle à ses idéaux et finit par mourir sur la barricade de la rue Myrrha.

Dans les derniers jours de la Commune, Vaysset fut arrêté et fusillé sur le Pont Neuf. Son cadavre fut jeté à la Seine.

Le 6

Le 6

   Sur la façade du 6, une plaque rappelle le nom de deux gloires françaises. L'écrivain Edmond About (1828-1885) tout d'abord :

Grand voyageur, il se nourrit de son amour de la Grèce pour écrire "Le Roi de la Montagne", un de ses grands succès.

                   Illustration pour "L'homme à l'oreille cassée".

"L'homme à l'oreille cassée" en fut un autre, porté au cinéma.

Edmond About fut encore journaliste, critique d'art (assez peu clairvoyant pour dénigrer Courbet) et finit académicien, ou presque, puisqu'il mourut à 56 ans quelques jours avant de prononcer son discours devant la docte assemblée!

                  Marthe Gautier (à son côté le professeur Debré)

     L'autre habitant célèbre fut une habitante : Marthe Gautier, principale découvreuse du chromosome de la trisomie 21. Comme souvent, c'est un homme qui faisait partie de l'équipe, Jérôme Lejeune, qui prétendit en être l'inventeur! Mais justice est aujourd'hui rendue à la scientifique….

Le 9

Le 9

   Le 9 garde peut-être le souvenir du peintre le plus emblématique de Montmartre : Toulouse Lautrec. Il est alors, à 33 ans, usé par ses abus d'absinthe mélangée au cognac, cocktail mortifère. Il l'est aussi par la syphilis. Sa mère accourt à Paris où elle loue un appartement dans cet immeuble afin de s'occuper de lui en 1898-1899. Nous sommes alors à deux ans de sa mort. 

Le 15

Le 15

     Le 15 est un immeuble classé. Il a en effet été construit par Violet le Duc en personne!

Le grand architecte, restaurateur un peu vigoureux de Notre-Dame de Paris (entre autres) donne ici un aperçu de son art à la fois simple et soucieux de rendre hommage au passé par des détails ornementaux. 

Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

     Le 16 est un petit hôtel harmonieux. qui a séduit Julien Duvivier puisqu'il y fait habiter la vedette féminine de son film de mâles : "La Belle Equipe" avec Jean Gabin et Charles Vanel. Un film très Front Populaire malgré sa fin remaniée pour éviter trop de pessimisme dans une époque où on ne voulait pas voir monter l'orage.

Jeannot et Gina (Jean Gabin et Viviane Romance) La Belle Equipe de Julien Duvivier.

Le 19 en 1905
Le 19 en 1905

Le 19 en 1905

     La grande teinturerie du 19 a cédé la place aux guitares (la rue de Douai est connue de tous les amateurs de cet instrument).

Le 22

Le 22

     22 v'là le 22! Le plus bel hôtel de la rue, riche de souvenirs et de fantômes vivants.

     Nous l'avons présenté en arpentant la rue Fontaine et donné l'essentiel de son histoire. Rappelons que c'est dans cet hôtel Halévy que Bizet vint, à trente ans, vivre avec son épouse Geneviève Halévy. C'est là, au 2ème étage qu'il composa l'essentiel de Carmen. Il y vécut six ans avant de mourir épuisé et déprimé par l'échec de son œuvre. qui est aujourd'hui l'opéra le plus joué au monde.

 

40 bis

40 bis

42-44

42-44

     Au 40 bis (aujourd'hui 42) ouvrit en 1896 un cabaret qu'apprécièrent Jehan Rictuss, Emile Goudeau et Marcel Legay. Il s'agit de La Roulotte.

 

     Il tiendra la route, bien que, si l'on en croit le carton d'invitation dessiné par Willette, il eût été traîné par un cheval éthique, jusqu'en 1900. Il s'appellera alors Cabaret de la Trique!

                 Carton d'invitation dessiné par Willette. (1896)

     Si le nom de ce cabaret est resté célèbre, ce n'est pas à la rue de Douai mais à la rue Jean-Baptiste Pigalle qu'il le doit, car c'est là au 62 qu'il déménagea pour devenir un bar à prostituées où se produisit un illustre guitariste entre les deux guerres et qui le racheta à Lulu de Montmartre. Il s'agit de Django Reinhardt!

 

Le 45
Le 45

Le 45

     Au 45, le tapissier a disparu au profit d'un commerce mystérieux puisque son rideau baissé m'a empêché de le qualifier! Mais vérification faite, il a plié bagages et c'est dommage car il s'agissait d'un institut de beauté!

50 (bis)

50 (bis)

     Au 50 bis vécut pendant douze ans un des plus grands écrivains russes, Ivan Tourgueniev.

 

 

     Il y était hébergé par ses amis, Louis Viardot et sa femme Pauline.

La passion qu'il eut pour la mezzo soprano Pauline Viardot, sœur de la Malibran, est une des plus grandes passions qui se puisse imaginer. Maupassant n'hésite pas à écrire que ce fut "la plus belle histoire d'amour du XIXème siècle".

 

     Peut-on imaginer qu'il la suivit pendant quarante ans?

     Après le coup de foudre de sa découverte en 1843 à Saint Petersbourg, il n'eut de cesse de vivre aussi près que possible d'elle. A Paris, à Baden Baden où elle vécut en exil après le coup d'état, et enfin rue de Douai dans l'hôtel particulier des Viardot.

 

     Il occupait le 2ème étage et avait fait aménager un passage qui le conduisait au salon de musique de Pauline.

Il s'y rendait et ne se lassait pas de l'entendre répéter.

Cette femme remarquable avait de multiples dons et composait elle-même. Si elle n'avait pas la beauté de sa sœur aînée, la Malibran, morte en 1836, elle ne manquait pas de charme et Saint-Saëns prétend qu'elle était "une irrésistible laide".

Croquis de Georges Sand

Croquis de Georges Sand

Elle plut à Musset et Georges Sand qui fit d'elle un croquis sut mettre fin à cette attirance. 

Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

     Tourgueniev se fit construire également une "datcha" sur le terrain de Bougival où ses amis possédaient une résidence. C'est dans cette datcha qu'il passa les derniers mois de sa vie, avec pour confidente Pauline à qui il dicta sa dernière œuvre prophétique "Un incendie sur la mer".

                                            Pauline Viardot

     On s'étonne presque de ne pas voir le nom d'Ivan Tourgueniev sur le menhir de la tombe de Pauline Viardot au cimetière de Montmartre

 

Le 57

Le 57

     Au 57, dans un hôtel remplacé aujourd'hui par un petit immeuble ingrat, a vécu une partie de sa vie, le peintre Hippolyte Bellangé (1800-1866).

 

     Il fut formé à bonne école, celle de Gros, et il fut fervent admirateur de Géricault, peintre majeur dont il aurait dû s'inspirer! Il se spécialisa dans les scènes militaires et illustra de nombreuses batailles du 2nd Empire avant de se consacrer dans les dernières années à l'épopée napoléonienne.

 

Sa dernière œuvre "La garde meurt" (1866) connut un grand succès. Elle fut prémonitoire car il l'acheva quelques jours avant de mourir.

Fin de la rue vers le boulevard de Clichy.

Fin de la rue vers le boulevard de Clichy.

Le 65

Le 65

     Le 65 a été l'adresse de Pierre Bonnard en 1899. Il avait alors son atelier aux Batignolles.

 

67-69

67-69

     A cette adresse se trouvait le studio Wacker qui fut pendant des années, si l'on en croit Dirk Sanders "la Mecque des danseurs".

Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

     C'est après la révolution russe de 1917 que de nombreux danseurs russes en exil éprouvent le besoin d'avoir un lieu à eux pour se former. L'école ouvre en 1923 au-dessus du magasin de vente de Pianos de Mr Wacker. Elle ne fermera qu'en 1974.

Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

     Dans les premières années c'est une des plus célèbres danseuses russes qui y enseigne. Il s'agit d'Olga Preobrajenska, prima ballerina au théâtre Marinsky en 1900.

Elle marque par sa science et sa pédagogie de nombreux élèves comme Margot Fonteyn ou Nina Vyroubova qui sera danseuse étoile à l'opéra de Paris.

 

                                                 Nina Vyroubova

     Une autre grande danseuse y enseignera, Nora Kiss. Beaucoup ne l'ont jamais oubliée comme Roland Petit, Jean Babilée, Maurice Béjart, Ludmila Tchérina!

                       Nora Kiss et Béjart au studio Wacker

     Après la fermeture de l'école, le conservatoire du 9ème arrondissement occupe les locaux avant d'être délogé par une école de commerce-gestion et une supérette où ce sont les prix qui valsent...

Lycée Jules Ferry

Lycée Jules Ferry

     Bien qu'il ait son adresse principale sur le boulevard, il faut dire quelques mots du lycée Jules Ferry construit en 1914 avec des préoccupations hygiénistes qui privilégiaient les larges baies vitrées, les terrasses et les cours.

Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

    Il fut élevé sur un terrain vague où subsistaient quelques vestiges d'un vieux couvent. En 1934 les derniers murs et salles qui subsistaient furent rasés.

                                                   Paul Birault

C'est ainsi que disparut le local, rue de Douai, qui servait d'imprimerie à un éditeur avant-gardiste passionné de poésie et de peinture: Paul Birault, connu également pour un célèbre canular très montmartrois qui trompa bon nombre de membres de l'Assemblée. (Nous lui consacrerons un article)

Apollinaire (Metzinger)

Apollinaire (Metzinger)

     Apollinaire qui était son ami lui confia l'impression de sa première œuvre "l'Enchanteur pourrissant" et plus tard ses Calligrammes.

 

Paul Birault mourut pendant la guerre en 1918, quelques mois avant le poète, rescapé mais victime de la grippe espagnole.

 

La rue de Douai s'arrête là et se jette dans le boulevard de Clichy comme rivière dans un fleuve. Apollinaire aura le dernier mot, lui qui aima cette ville plus que tout autre.

Lui qui, dans son plus beau poème écrivit :

"Juin ton soleil ardente lyre

Brûle mes doigts endoloris

Triste et mélodieux délire

J'erre à travers mon beau Paris

Sans avoir le cœur d'y mourir"

Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #MONTMARTRE. Rues et places.
Autoportrait (Carjat)

Autoportrait (Carjat)

Victor Hugo (Carjat)

Victor Hugo (Carjat)

     Etienne Carjat est avec Nadar le plus connu des photographes de la deuxième moitié du XIXème siècle…

                                                    Etienne Carjat (autoportrait)

     Indépendamment de son talent ce sont les hommes et les femmes qu'il a photographiés qui assurent sa célébrité!

                                                              Baudelaire (Carjat)

     Certains des plus grands écrivains, peintres, acteurs, politiciens de ses contemporains figurent sur ses clichés et illustrent nombre de livres, recueils, études…

                                                         Verdi (Carjat)

     Et que dire du plus célèbre et peut-être du plus beau, Arthur Rimbaud dont le visage d'ange et de démon est devenu une icône, à l'égal de Che Guevara de Korda. 

                                                        Rimbaud (Carjat)

Etienne Carjat n'est pas seulement photographe et son arc possède plusieurs cordes, celle de caricaturiste, de journaliste et de poète.

                                                   Berlioz. Caricature de Carjat

Victor Hugo, caricature de Carjat.

Victor Hugo, caricature de Carjat.

     L'homme est né dans l'Ain en 1828, dans un milieu des plus modestes, il "monte" à Paris avec ses parents. Sa mère y est concierge.

Daudet (Carjat)

Daudet (Carjat)

     Il travaille dès l'âge de 13 ans comme dessinateur sur soie et il prend le goût qu'il ne perdra jamais de tout ce qui touche à la production artistique.

Monet (Carjat)

Monet (Carjat)

Ce n'est qu'à 30 ans qu'il découvre la photographie, art alors à la mode et en plein essor. Il apprend le métier dans l'atelier de Pierre Petit.

                                                     Pierre Petit (autoportrait)

     Pierre Petit est un photographe bien en cour qui s'est fait une clientèle en or, celle des prélats catholiques, modestement soucieux d'immortaliser leur dignité. Il est surnommé "le photographe de l'épiscopat"!

                                       Monseigneur Freppel évêque d'Angers (Pierre Petit)

     Il est surtout LE photographe officiel de l'exposition universelle de 1867 dont il tire plus de 12 000 clichés et de celle de 1889.

                                             Nain tartare expo 1867 (Pierre Petit)

 

     Enfin il a pu photographier le chantier de la statue de la Liberté alors que les plaques de cuivre de Bartholdi étaient assemblées sur la structure de Eiffel, dans le XVIIème arrondissement.

Etienne Carjat. Artiste et photographe de Montmartre. Rimbaud.

    Très vite Etienne Carjat égale son maître dont il retient la leçon, notamment pour l'éclairage et la mise en valeur du modèle qu'il fait poser le plus naturellement possible sur un fond neutre et sans décor qui éparpillerait l'attention.

                                                   Sarah Bernhardt (Carjat) 

 

     Il installe son atelier rue Lafitte (56) où il rencontre le succès. Il est lié au monde des arts et ses convictions politiques le rapprochent d'écrivains et de peintres soucieux de justice sociale.

   Le 56 rue Lafitte aujourd'hui. L'immeuble d'assurances construit en 1914 a supprimé l'immeuble où Carjat avait ouvert son atelier.

 

Emile Zola (Carjat)

Emile Zola (Carjat)

     Son amitié avec Courbet  traversera les années. Il partage avec lui le même enthousiasme pendant la Commune et le soutient dans les poursuites injustes qu'il subit après l'écrasement.

Courbet (Carjat)

 

     Il prend plus de dix photos de son ami et dessine plusieurs caricatures qui laissent percevoir son affection admirative

 

                  Courbet (Carjat)

Courbet (Carjat)

En 1866, Etienne Carjat déménage et installe son atelier rue Pigalle (62). 

62 rue Pigalle aujourd'hui. Là encore l'immeuble où Carjat avait ouvert son atelier a disparu au profit de ce vilain bâtiment.

     Il y restera quelques années avant de déménager une dernière fois, toujours dans le quartier de la Nouvelle Athènes, rue Notre-Dame de Lorette (10)

10 rue Notre-Dame de Lorette. Le seul immeuble qui soit toujours tel que Carjat l'a connu.

 

     Parmi les écrivains qu'il fréquente et considère comme des amis figure évidemment Victor Hugo.

                                                            Hugo (Carjat)

Il lui dédie le premier poème de son recueil "Artiste et citoyen".

 

A Victor Hugo

 

Des champs de la pensée, auguste moissonneur,

Quand ta faucille d'or a nivelé les plaines,

A peine reste-t-il pour le pauvre glaneur

Quelques uns des épis dont tes granges sont pleines;

 

Il faut chercher longtemps dans le creux du sillon,

Pour trouver quelque grain oublié sur la terre,

Mais si petit qu'il soit, ce grain est l'embryon

D'où peut jaillir demain le froment salutaire.

Baudelaire (Carjat)

Baudelaire (Carjat)

    Baudelaire fait aussi partie des admirations de Carjat qui le fréquente en voisin de la rue Pigalle où le poète vit avec Jeanne Duval.

Grâce à cette amitié, nous possédons quelques unes des plus belles photos de Baudelaire. 

Etienne Carjat. Artiste et photographe de Montmartre. Rimbaud.

     Mais il est inévitable d'en arriver au plus célèbre des portraits, celui qui a donné de Rimbaud l'image d'un ange inquiétant et fascinant...

 

Rimbaud (Carjat)

Rimbaud (Carjat)

     Etienne Carjat connaît bien Rimbaud car il fait partie avec lui et Verlaine du Club des Vilains bonshommes.

verlaine (Carjat)

verlaine (Carjat)

     Ce club d'inspiration parnassienne compte dans ses rangs Verlaine, Fantin Latour, André Gill, Banville, Mallarmé… et bien d'autres .

"Un coin de table" (Fantin Latour). Une réunion des Vilains Bonshommes. A gauche Verlaine et Rimbaud.

     C'est Verlaine qui y convie  en 1871 Rimbaud qui lit son fameux  Bateau Ivre.

 

     Carjat fait partie de l'assemblée et participe au repas mensuel des bonshommes qui aiment la poésie, le bon vin et l'absinthe!

Place Pigalle. Le Rat Mort (droite) et l'Abbaye de Thélème.

Place Pigalle. Le Rat Mort (droite) et l'Abbaye de Thélème.

     Les repas se terminent souvent sur le trottoir en de mémorables bagarres. C'est au cours de l'une d'elles, devant l'Abbaye de Thélème, place Pigalle, que le jeune Rimbaud blesse à la jambe Etienne Carjat avec une canne-épée.

Pochoir sur une palissade de Raspail (Pedro)

Pochoir sur une palissade de Raspail (Pedro)

     Rimbaud ne reviendra plus dans le club, mais ce qui est regrettable, c'est que Carjat qui avait pris de nombreuses photos du jeune poète, de retour dans son atelier, les eût détruites une à une. Il ne reste par miracle que celle que nous connaissons et qui suffit à la gloire de son auteur.

Etienne Carjat. Artiste et photographe de Montmartre. Rimbaud.

     Nous ne sommes pas certains de l'origine d'une autre photo qui représente Rimbaud plus jeune, bien que des exemplaires aient été publiés sur des cartons signés de Carjat.

Etienne Carjat. Artiste et photographe de Montmartre. Rimbaud.
Etienne Carjat. Artiste et photographe de Montmartre. Rimbaud.

     Les rimbaldiens ont plusieurs hypothèses à ce sujet. La plus vraisemblable serait que Verlaine aurait confié une photo de Rimbaud adolescent à Carjat afin qu'il la restaure.

Etienne Carjat. Artiste et photographe de Montmartre. Rimbaud.

     Il nous reste l'extraordinaire regard de Rimbaud sur la photo dont Carjat est assurément l'auteur. Cette photo est sa Joconde, son chef d'œuvre, dû en grande partie au charisme de son modèle.

 

Caricature de Gounod (Carjat)

Caricature de Gounod (Carjat)

     Quatre ans après cette photo, Carjat privilégiera la caricature en fondant la revue "Boulevard"

                                                    Daumier (Carjat)

     Il est marié et a deux enfants mais ce qui compte le plus pour lui c'est la fréquentation des artiste qu'il admire.

    Il est fidèle à ses idées généreuses et utopistes et garde au cœur "le temps des cerises".

Etienne Carjat. Artiste et photographe de Montmartre. Rimbaud.

     Il meurt le 9 mars 1906, dans la maison Dubois, (Xème arrondissement) l'ancien établissement fondé par Vincent de Paul et qui en 1953 prendra le nom d'hôpital Fernand Widal.

 

    Sans doute ne connaîtrons-nous jamais l'étendue de son génie de photographe, car la plus grande partie de son œuvre a disparu après avoir été vendue à un certain Mr Roth.

Le mime Debureau (Carjat)

Le mime Debureau (Carjat)

     Peut-être un jour réapparaîtra-t-elle, découverte dans un grenier ou dans une cave…

    Peut-être alors découvrirons nous d'autres clichés uniques et connaîtrons-nous d'autres illuminations!

Whistler (Carjat)

Whistler (Carjat)

Le mime Debureau

Le mime Debureau

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Rue Bochart de Saron. Montmartre.

     C'est une rue modeste qui sans se faire remarquer relie la rue Condorcet au boulevard Rochechouart...

Rue Bochart de Saron. Montmartre.

   Elle étonne par son nom que l'on a du mal à mémoriser : Bochart de Saron.

Mais de qui s'agit-il donc?

Guillotine. Robespierre.

Guillotine. Robespierre.

    Un homme né en 1730 dont la tête était bien faite puisqu'il fut un grand mathématicien mais pas assez solide pour résister au couperet de la guillotine qui l'envoya dans la sciure d'un panier d'osier le 20 avril 1794.

Hôtel Bochart de Saron rue de l'Université (aujourd'hui sège des éditions Gallimard)

Hôtel Bochart de Saron rue de l'Université (aujourd'hui sège des éditions Gallimard)

     Il avait le tort d'être riche, de posséder deux châteaux (dont celui de Saron) et surtout d'être le Premier Président du Parlement de Paris, une des plus hautes fonctions sous l'Ancien Régime!

Entre l'avenue Trudaine et le boulevard de Rochechouart

Entre l'avenue Trudaine et le boulevard de Rochechouart

     C'est en 1821, après la tourmente révolutionnaire et l'Empire que la rue fut ouverte entre l'avenue Trudaine et le boulevard de Rochechouart. 

Entre la rue Condorcet et l'avenue Trudaine

Entre la rue Condorcet et l'avenue Trudaine

     Et ce n'est qu'en 1860 que la partie entre la rue Condorcet et l'avenue Trudaine le fut. 

Premiers immeubles sur la rue Condorcet.

Premiers immeubles sur la rue Condorcet.

Rue Bochart de Saron. Montmartre.

     Nous commençons la remontée de la rue à partir de la rue Condorcet. Le côté impair est entièrement occupé par les bâtiments sans grand intérêt d'une école dont  l'adresse est avenue Trudaine .

Rue Bochart de Saron. Montmartre.

     Il s'agit d'une extension construite à la fin du XIXème siécle. Seule la façade mérite d'être mentionnée. Elle est due à l'architecte Juste Lisch qui s'est illustré par ses travaux de restauration de bâtiments célèbres comme le Palais de l'Elysée ou la cathédrale d'Amiens.

L'école côté Bochart de Saron et façade avenue Trudaine.

L'école côté Bochart de Saron et façade avenue Trudaine.

     L'école a été construite à l'emplacement de la première usine à gaz parisienne, "la fabrique pour le gaz hydrogène" créée en 1819.

Rue Bochart de Saron. Montmartre.

     Côté pair, des immeubles  harmonieux se succèdent. Hormis le 12, ils n'ont pas grand chose à nous raconter.

                                                                  Le 2

Le 4

Le 4

Le 6

Le 6

Le 8

Le 8

Le 10

Le 10

Le 12

Le 12

     Le 12 a en effet abrité dans sa cave en 1891 les réunions de l'équipe de rédaction du journal libertaire l'Endehors.

 

     Zo d'Axa (1860-1930) anarchiste, en était l'initiateur et le chef d'orchestre. 

     Cet homme intègre, passionné de justice, s'appelait en réalité Alphonse Gaillaud de la Pérouse. Il avait pour ancêtre le célèbre navigateur. Mais il navigua sur les vagues de la révolte et combattit pour l'abolition des bagnes d'enfants. Il fut dreyfusard par exigence de justice mais devait faire un effort considérable pour défendre un homme qui faisait partie d'une armée qu'il abhorrait comme tout ce qui touchait de près ou de loin au pouvoir militaire. 

 

     Aux élections de 1899, il présenta pour candidat un âne blanc.

     Il était en avance sur les provocations salutaires de Coluche mais il était bien dans l'esprit des canulars montmartrois.

 

     Parmi les collaborateurs de l'Endehors on trouve Octave Mirbeau,Sébastien Faure, Emile Henry, Louise Michel...

Rue Bochart de Saron. Montmartre.

     Le journal continuera plus tard sous la direction d'E. Armand.

     Il existe toujours et il est diffusé en ligne, attaché à ses thèmes de prédilection : l'altermondialisme, l'amour libre et l'anarchie...

Rue Bochart de Saron. Montmartre.

     Il est loin le temps de la cave du 12! Assez confortable si l'on en juge par cette gravure qui nous montre debout Zo d'Axa, Jean Grave, Octave Mirbeau et Bernard Lazare...

Le 14

Le 14

Rue Bochart de Saron. Montmartre.

     Nous traversons l'avenue Trudaine pour rejoindre l'autre partie de la rue. Côté pair les bâtiments austères, du type caserne du 2nd Empire, sont ceux qui ferment à l'ouest le lycée Jacques Decour, ancien collège Rollin.

 

     Ils marquent la limite des abattoirs, sans doute moins effroyables que ceux que nous ont révélés les vidéos pirates mais tout aussi cruels. Ils furent en leur temps (1818) conçus pour remplacer les "tueries" nombreuses dans la ville.

                          Abattoirs de Montmartre peu avant leur destruction

    Ils sont détruits après la création des abattoirs de la Villette. 

    Leur emplacement entre la place d'Anvers et la rue Bochart voient s'élever le collège Rollin.

 

      Il est édifié entre 1867 et 1876 sur les plans de l'architecte Napoléon Alexandre Roger (quels prénoms conquérants!)  dont c'est là la principale réalisation!

L'intérieur soigné et les cours lumineuses atténuent quelque peu l'aspect austère de ce bâtiment typique de la seconde moitié du XIXème siècle.

     En 1944 il change de nom pour rendre hommage à Jacques Decour, le professeur d'allemand qui y enseigna et fut un résistant qui lutta jusqu'à la mort, en 1942, contre le mur des fusillés du Mont-Valérien.

 

    Côté pair, la rue est occupée tout d'abord par un hôtel particulier dont l'adresse est sur l'avenue Trudaine au 14.

 

Rue Bochart de Saron. Montmartre.

     De belle apparence, il fut construit pour lui-même par l'architecte Léon Ohnet (1813-1874). L'homme est connu pour avoir participé avec Violet le Duc à la restauration de monuments en péril et plus encore peut-être pour avoir épousé Claire Blanche (quel joli nom!), fille du psychiatre Esprit Blanche dont les théories et les pratiques rendirent barbares les anciens traitements des "aliénés". Il eut pour patient Gérard de Nerval.

 

     Georges Ohnet (1848-1918) fils de Léon et de Claire, occupa quelques années l'hôtel familial. Cet écrivain à succès est peu lu aujourd'hui bien que son roman le plus célèbre  "le Maître de Forges" ait été adapté au cinéma dans un film dont Gaby Morlay fut l'interprète principale.

 

     Le 3 n'a aucune entrée sur la rue! Ou peut-être faut-il passer par la fenêtre, comme Fantomas dont le créateur vivait à deux cents mètres de là!

 

Rue Bochart de Saron. Montmartre.

    Le 5 est plus traditionnel puisqu'il ouvre sur la rue et fait l'angle avec la rue Cretet.

 

Rue Bochart de Saron. Montmartre.
Rue Bochart de Saron. Montmartre.

     Le dernier immeuble côté impair est le 9. Sa façade principale avec ses ateliers d'artistes donne sur le boulevard de Rochechouart (47)

 

Eugène Lavieille

Eugène Lavieille

     Un numéro qui donne à la rue son âme artistique montmartroise!  C'est ici, en effet que le peintre Eugène Lavieille (1820-1889) eut son atelier.

                                                 Eugène Lavieille. Photo de Carjat.

 

Paysage aux vaches (Eugène Lavieille)

Paysage aux vaches (Eugène Lavieille)

   Oublié aujourd'hui, il fut reconnu en son temps comme virtuose des paysages, surtout hivernaux. Elève de Corot, il était amoureux de la nature et plantait son chevalet dans la campagne ou sur les chemins de douanier le long des côtes.

                                    Dans les champs (Eugène Lavieille)

     Il n'est pas étonnant de le retrouver à Barbizon où il vécut pendant quatre ans. Mais il aimait Montmartre sans éprouver le désir de le peindre et c'est là qu'il vint se fixer. Dans la même quartier vécurent Gautier et Baudelaire qui s'intéressèrent à lui et apprécièrent ses paysages hivernaux qui lui valurent d'être qualifié de "peintre des cieux tristes et de la neige."

                                Barbizon sous la neige (Eugène Lavieille)

     Grâce à ses amis photographes Nadar et Carjat (le photographe de Rimbaud) nous avons gardé son image.

                                                  Eugène Lavieille (Nadar)

Adrien Lavieille

Adrien Lavieille

    Il communiqua sa passion à ses enfants puisque son fils Adrien fut peintre ainsi que sa fille Marie qui occupa le même atelier de la rue Bochart…

              Porte sur jardin (Marie Lavieille). Je n'ai pas trouvé d'autres œuvres d'elle!

     Et comme les chats ne font pas de chiens (et vice versa) sa petite fille Andrée reprit le flambeau, ou plus exactement le pinceau.

Le port de Doelan par Andrée Lavieille

Le port de Doelan par Andrée Lavieille

     Nous quittons la rue en beauté avec ces artistes de talent qui ne demandent qu'à être redécouverts!

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places., #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Place Gustave Toudouze. Ancienne place Bréda. Montmartre.
Place Gustave Toudouze. Ancienne place Bréda. Montmartre.

     C'est un des endroits de Paris qui a retrouvé son charme depuis que la place a été agrandie avec la disparition d'une voie le long des immeubles qui ne laissait aux piétons qu'un terre-plein triangulaire, une île entre les voitures!

    Partout où l'on rend la ville aux piétons, la vie revient avec l'envie de flâner ….

Place Gustave Toudouze. Ancienne place Bréda. Montmartre.

     Comme la rue de Navarin, la rue Henry Monnier et la rue Clauzel qui l'encadrent, la place date de l'époque romantique, 1830, quand le "Sieur Bréda" obtint la permission de lotir les terrains qu'il possédait. La place s'appela alors Place Bréda.

Place Gustave Toudouze. Ancienne place Bréda. Montmartre.

    En 1905, elle "disparut" pour faire partie de la rue Henry Monnier. Ce n'est qu'en 1954 qu'elle redevint "place" et qu'elle prit le nom de Gustave Toudouze.

Gustave Toudouze

Gustave Toudouze

Place Gustave Toudouze. Ancienne place Bréda. Montmartre.

     Le prénom "Gustave" a été précisé afin d'éviter la confusion avec un autre Toudouze, Georges, fils du premier, écrivain lui aussi qui a mis de la Bretagne dans de nombreux romans et qui était atteint de bretonite aigue, au point de militer dans le "Framm Ketiek Breizh" mouvement indépendantiste soutenu pendant la guerre par les nazis.

Maison des Goncourt à Auteuil.

Maison des Goncourt à Auteuil.

      Gustave, lui, était très parisien; il avait pour amis Zola et Alexandre Dumas fils et il était assidu aux "dimanches" de Flaubert comme il aimait participer au "grenier" des frères Goncourt après qu'ils eurent quitté la rue Saint-Georges voisine pour s'installer à Auteuil. On sait que dans ce "grenier" aménagé pour recevoir les amis écrivains, est née la future Académie qui porte leur nom.

      

Camaret. Quai Gustave Toudouze.

Camaret. Quai Gustave Toudouze.

… Gustave quittait parfois Paris pour passer des vacances à Camaret, charmant port de pêche dont le curé est resté fort célèbre .

Place Gustave Toudouze. Ancienne place Bréda. Montmartre.

     La numérotation de la place comptait 4 numéros, du 2 au 8. On constate qu'elle s'est inversée, le 8 faisant aujourd'hui partie du 2 comme on peut le voir sur cette photo de bougnat. Le commerce faisait transition sur un pan coupé, entre la rue Clauzel et la place.

 

     Aujourd'hui, le no stress l'a remplacé et a effacé le petit Africain de ses panneaux qui n'est pas sans rappeler le "Y'a bon Banania" de la publicité de l'époque.

 

Le 2.

Le 2.

     Le 4, seul immeuble classé, représentatif de la belle architecture de la première moitié du XIXème siècle (1839) est aussi le seul à nous raconter une histoire.

 

     Celle  des 400 coups, le film de Truffaut où le jeune Antoine vit chez sa mère et son beau père dans cet immeuble.

 

     Les liens de Truffaut avec le quartier sont étroits. Il passa une partie de sa jeunesse, à 50 mètres de la place, 33 rue de Navarin.

                                                      33 rue de Navarin  

         Ses grands- parents Jean et Geneviève de Montferrand habitaient rue Henry Monnier… au 21

                                                 21 rue Henry Monnier

Le jeune Antoine (Léaud) et sa mère (Claire Maurier). Les 400 coups.

Le jeune Antoine (Léaud) et sa mère (Claire Maurier). Les 400 coups.

     Le dernier immeuble qui a pour adresse la place Toudouze est le 6.

 

     Il n'y a, du 2 au 6 que des restaurants adaptés à ce quartier recherché pour son image culturelle et branchée…

Place Gustave Toudouze. Ancienne place Bréda. Montmartre.

      Il convient de mentionner la fontaine Wallace et son filet d'eau fraîche qui coule entre les cariatides de bronze. On sait que ces fontaines sont un don de Richard Wallace, Anglais amoureux de Paris, horrifié par la condition des habitants de Montmartre privés d'eau pendant le siège de Paris et la Commune.

                                       Richard Wallace en fontaine. Caricature de Lafosse.

Place Gustave Toudouze. Ancienne place Bréda. Montmartre.

     D'autres enfants jouent sur la place comme le fit sans doute le jeune François Truffaut. Souhaitons qu'il y ait parmi eux un futur cinéaste de son acabit!

Liens

La rue Henry Monnier

La rue de Navarin

La rue Clauzel

Liste des rues de Montmartre

                                                       

 

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Gustave Guillaumet photographié en bédouin.

Gustave Guillaumet photographié en bédouin.

     Le montmartrois que je suis ne peut ignorer ce peintre orientaliste (1840-1887) qui est enterré au cimetière de Montmartre et dont la tombe s'orne d'une belle statue de Louis Barrias qui s'inspire de ses tableaux de fileuses.

 

     Guillaumet découvre l'Algérie par hasard et non par désir de connaître cette terre colonisée brutalement. Il est aussitôt séduit par la beauté du pays et surtout par la simplicité et l'authenticité de ses habitants.

               Campement dans la forêt de cèdres de Teniet el Had dans le massif de l'Ouarsenis

    On peut dire qu'il lui consacre toute sa vie de peintre. S'il a un atelier à Sèvres (puis Cité Pigalle) et un appartement dans le quartier de la Nouvelle Athènes au pied de la Butte, c'est à l'Algérie qu'il pense en terminant les tableaux esquissés pendant ses voyages. Pas moins de dix longs séjours pendant sa courte vie d'artiste!

                                                          Portrait d'homme

    Les villes de la colonisation ne l'intéressent pas et s'il a besoin d'être protégé lors de ses périples, c'est avec regret. La seule fois où il assiste à une razzia, expédition punitive, il est bouleversé. 

                                                           Aveugle mendiant

     Il s'attache d'abord à l'Oranie avant de descendre vers le sud, le désert, les oasis. A la fin de sa courte carrière, il ne peindra que le sud où il trouve une réponse à ses questions existentielles.

L'Algérie de Gustave Guillaumet. Musée des Beaux Arts de La Rochelle. Exposition.

La veillée (1866).

    Il ne représente pas les troupes françaises qui l'escortent. Il préfère montrer les Algériens faisant partie des unités supplétives. Le paysage nocturne est quasi onirique et empreint d'une atmosphère quasi mystique.

L'Algérie de Gustave Guillaumet. Musée des Beaux Arts de La Rochelle. Exposition.

  Campement d'un goum à la frontière du Maroc (1869)

     Même atmosphère avec ce bivouac dans ce paysage qu'affectionne Guillaumet sous un ciel gris où semble planer une sourde menace.

(Le Goum est une unité de combattants marocains faisant partie des troupes supplétives.)

L'Algérie de Gustave Guillaumet. Musée des Beaux Arts de La Rochelle. Exposition.

Le Labour (1869)

    Toile qui montre la pauvreté des paysans, la femme conduisant l'attelage, un bébé sur le dos. Ce n'est pas une représentation pittoresque mais au contraire une "rencontre" en sympathie avec de simples gens du peuple qui peinent pour survivre.

Une fois encore la dimension contrastée avec cette ligne de fuite et ce ciel tourmenté participent au romantisme (réalité tragique de la destinée humaine) de l'œuvre. 

L'Algérie de Gustave Guillaumet. Musée des Beaux Arts de La Rochelle. Exposition.

Le Labour (1882)

    Il est intéressant de retrouver une scène de labour peinte plusieurs années plus tard. L'aspect tragique, à la Delacroix, a disparu. Le ciel s'est apaisé et le soleil couchant éclaire d'une lumière dorée l'homme au travail.

La brochure de l'exposition compare cette métamorphose à celle que l'on retrouve chez Millet dont les paysans sont sublimés. 

L'Algérie de Gustave Guillaumet. Musée des Beaux Arts de La Rochelle. Exposition.

La Famine (1869)

     C'est un des rares tableaux historiques de Guillaumet. La famine régnait en Algérie, aggravée par des épidémies peut-être liées à l'arrivée des occidentaux et par le manque de réserves de céréales. Entre 1866 et 1869, elle va faire des ravages et on estime qu'un tiers de la population fut décimée.

     Le tableau est une violente critique envoyée à la face de ceux qui affirmaient que la conquête était une œuvre émancipatrice et ne voulaient voir que "l'Algérie heureuse". Elle déplut au public et fut critiquée sans mesure.  Guillaumet abandonnera dès lors les représentations historiques comme il se libérera de l'influence trop manifeste de Delacroix (on pense ici aux Massacres de Scio).

                                        Détails de Guillaumet et de Delacroix (en-dessous)

     D'autres tableaux évoquent la rudesse de l'existence et la  misère d'une façon plus symbolique.

Comme ce désert avec une charogne au premier plan, peint en 1868 pendant la famine. Au loin apparaît comme un mirage une oasis ou une caravane, perdue dans l'immensité incandescente. 

 

    Peint quinze ans plus tard, avec pour décor les falaises des grottes d'El Kantara, le cheval blanc dévoré par les chiens, est comme une allégorie du pays. Le cheval fier a tenté de lutter et puis il est tombé, épuisé. Guillaumet raconte cette agonie dans son texte "Une razzia dans le djebel Nador".

 

     Le peintre ayant besoin pour voyager d'une protection militaire aura l'occasion de visiter des lieux habités par les supplétifs, c'est à dire les populations qui se sont ralliées à la France.

Il visite des villages de spahis et a l'occasion d'y peindre des femmes.

L'Algérie de Gustave Guillaumet. Musée des Beaux Arts de La Rochelle. Exposition.

La source du figuier à Aïn Kerma, smala de Tiaret.

    Scène paisible qui évoque un paysage biblique. L'ombre y protège les villageois de la chaleur qui règne dans l'azur du ciel et la blancheur aveuglante des murs. Les femmes se penchent vers la source dont on imagine la fraîcheur...

 

 

L'Algérie de Gustave Guillaumet. Musée des Beaux Arts de La Rochelle. Exposition.

Marché arabe dans la plaine de Tocria (1865)

     Ici Guillaumet joue avec les couleurs ocres et les blancs pour donner cette impression de vie dans un décor immuable. Il aime peindre les populations nomades qui continuent de vivre comme elles l'ont toujours fait.

L'Algérie de Gustave Guillaumet. Musée des Beaux Arts de La Rochelle. Exposition.

Guerriers arabes au repos (1886)

Etude pour un grand tableau représentant une noce arabe qui ne sera jamais peint, interrompu par la mort de Guillaumet.

L'Algérie de Gustave Guillaumet. Musée des Beaux Arts de La Rochelle. Exposition.

     Bivouac des chameliers (1875)

L'Algérie de Gustave Guillaumet. Musée des Beaux Arts de La Rochelle. Exposition.

L'inspecteur des moissons (non daté)

 

Tisseuses à Bou Saâda

Tisseuses à Bou Saâda

     Dans les villages, le peintre peut entrer dans les maisons, occasion pour lui de montrer la pauvreté certes, mais surtout la dignité des femmes qui travaillent. Les femmes qu'il peint n'ont rien à voir avec celles de Delacroix qui sont telles que les imaginent les occidentaux, plus proches de courtisanes que de paysannes.

                                     Scène de gourbi à Biskra (1882)

     C'est au cours des derniers voyages qu'il entre ainsi dans l'intimité de ces maisons de terre. 

 

 

L'Algérie de Gustave Guillaumet. Musée des Beaux Arts de La Rochelle. Exposition.

Fileuse (1874)

     Il s'agit d'une étude pour un tableau plus important représentant une famille arabe nomade sous une tente. Les fileuses de Guillaumet auront l'heur de plaire et c'est à l'une d'elles que Louis Barrias confiera de jeter des fleurs sur la tombe du peintre au cimetière Montmartre.

L'Algérie de Gustave Guillaumet. Musée des Beaux Arts de La Rochelle. Exposition.

La nativité de Bou Saâda.

     Une des plus étonnantes scènes d'intérieur nous donne à voir une nativité. Nous sommes ici devant le mystère de l'interprétation que nous nous faisons des autres cultures.  "On se figure parfois entrer dans une étable" écrit Guillaumet.

  Le chrétien qu'il est voit  dans la pauvreté et la simplicité une image qui le renvoie à sa foi.  De nos jours, il s'expose à la critique de ceux qui considéreraient cette "interprétation" comme non respectueuse de la foi des indigènes. L'interprétation des œuvres peut ainsi changer avec le temps alors que dans ce cas précis on ne peut soupçonner Guillaumet de quelque sentiment de supériorité… Au contraire.

L'Algérie de Gustave Guillaumet. Musée des Beaux Arts de La Rochelle. Exposition.

Laghouat (1879)

     C'est peut-être la plus belle œuvre de l'exposition. Elle est l'aboutissement des tentatives du peintre pour rendre la lumière du sud, si difficile à saisir. Ici hommes et paysages sont liés comme embarqués sur le pont d'un immense navire qui naviguerait sur les sables. A la proue apparaît un minaret. Les habitants sont paisibles dans le soir qui tombe et apporte un peu de fraîcheur. Ils semblent être là depuis des siècles. 

On voit ici tout ce qu'une grande œuvre peut suggérer. Elle s'inscrit dans une lignée de peintres qui saisissent la magie surréelle de l'univers. On pense à certains Dali et surtout à Chirico. Mais chez Chirico, c'est l'architecture qui semble l'emporter et éliminer les vivants. Ici tout le monde est embarqué dans le même mystère

La toile eut un grand succès et fut tout de suite considérée comme un chef d'œuvre..

L'Algérie de Gustave Guillaumet. Musée des Beaux Arts de La Rochelle. Exposition.

Autre chef d'œuvre: La Séguia, près de Biskra (1885)

     Le tableau est peint deux ans avant la mort de Guillaumet. Il est l'image même qu'emporte avec lui le peintre de ce pays. La paix, la beauté des habitants et particulièrement des femmes. L'eau, les murs de terre, le ciel se partagent sans se heurter l'espace. Vision idéale d'un monde antique et pourtant actuel.  

D'autres œuvres nous montrent ces paysages du sud  avec des laveuses.

L'Algérie de Gustave Guillaumet. Musée des Beaux Arts de La Rochelle. Exposition.

L'oued à Bou Saâda. Trois laveuses.

L'Algérie de Gustave Guillaumet. Musée des Beaux Arts de La Rochelle. Exposition.

Laveuses dans l'oued de Bou Saâda. 1882

L'Algérie de Gustave Guillaumet. Musée des Beaux Arts de La Rochelle. Exposition.

Jeunes filles dans l'oued de Bou Saâda. 1882

L'Algérie de Gustave Guillaumet. Musée des Beaux Arts de La Rochelle. Exposition.

L'oued Mzi, Laghouat.

Mais je termine aves deux de mes tableaux préférés : l'oued de Mzi avec ce paysage épuré, en lignes de fuite vers un horizon vers lequel se tournent les deux silhouettes… Le symbolisme est présent dans cette œuvre du silence ainsi que l'épure et la simplification quasi abstraite.  La touche picturale y est déjà impressionniste.

L'Algérie de Gustave Guillaumet. Musée des Beaux Arts de La Rochelle. Exposition.

Femmes dans une oasis.

     Comme dans ce dernier tableau des femmes dans une oasis. L'eau est miroir où se reflète l'argent du ciel gris. Le silence, la paix du soir envahissent le paysage. Tous les détails ont disparu. Ces femmes sont là, immuables et fragiles dans un monde sans brutalité.

Elles sont ce pays qu'aime Guillaumet et dont il emporte l'image dans son dernier voyage lorsqu'il meurt en 1887.

L'Algérie de Gustave Guillaumet. Musée des Beaux Arts de La Rochelle. Exposition.

     Cette belle exposition est présentée au musée des Beaux Arts de La Rochelle jusqu'au 17 septembre 2018. Elle le sera ensuite au musée des Beaux Arts de Limoges du 19 octobre au 4 février 2019, puis à la Piscine-musée d'Art et d'industrie André Diligent de Roubaix du 8 mars au 2 juin 2019.

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Rue Henry-Monnier

Rue Henry-Monnier

     Nous retrouvons ici un riche propriétaire dont nous avons déjà cité le nom, le sieur Bréda qui possédait les terrains où sont construites les actuelles rue Clauzel et Henry-Monnier, reliées par la place Toudouze.

                                                 La rue prise de la rue Massé

                                                       La même aujourd'hui

La même aujourd'hui

     En 1830 notre homme retira une somme considérable du lotissement de son terrain et non content de la bonne opération financière, voulut que son nom fût immortalisé en rue Bréda, place Bréda et rue Neuve Bréda! 

Rue Monnier, à droite la rue Clauzel et la place Toudouze (anciennes rue Neuve Bréda et place Bréda)

Rue Monnier, à droite la rue Clauzel et la place Toudouze (anciennes rue Neuve Bréda et place Bréda)

     Cette immortalité fut provisoire puisque la rue Neuve Bréda devint Clauzel en 1864, la place Bréda devint Toudouze en 1954 et la rue Bréda devint Henri Monnier en 1905 puis Henry Monnier avec un "y" en 2003.

Henry Bonaventure Monnier

Henry Bonaventure Monnier

     Henry Monnier (1799-1877) est un caricaturiste et illustrateur qui marqua son époque en dessinant pour les plus grands écrivains, notamment Balzac, et en créant un personnage qui n'a pas fini d'être actuel : Mr Prud'homme.

                                Mr Prud'homme  peint par Henry Monnier

Mr Prud'homme peint par Henry Monnier

     Mr Prud'homme! Un gros bonhomme bourgeois, aisé, sûr de lui, conformiste et pour tout dire stupide, de cette stupidité vaniteuse et satisfaite. Je ne sais pourquoi je pense à Trump, Mr Prud'homme américain, désarmant de certitudes qui vient de déclarer que pour éviter les incendies monstrueux de Californie, qui selon lui n'étaient pas dus à un réchauffement climatique bidon, il fallait déforester!

 

     Balzac dit de ce personnage qu'il est "l'illustre type des bourgeois de Paris". 

Monnier (et non Prud'homme) a servi de modèle à l'auteur de la Comédie Humaine pour un personnage récurrent, Jean-Jacques Bixiou qui fait sa première apparition dans "les Employés". Il est dépeint avec sympathie comme un fonctionnaire caricaturiste, amateur de bons mots.

"Bixiou croquait la femme appuyée sur un parapluie".  (Un Ménage de Garçons. Balzac) dessin de Monnier.

     Notons que Monnier a influencé de nombreux créateurs. Il suffit de citer Sacha Guitry et sa pièce : "Mr Prud'homme a t-il vécu?" ou Franquin, le créateur de Gaston Lagaffe, qui donne au maire de Champignac les traits de Mr Prud'homme.

 

Quelques citations de Monnier-Prud'homme que Coluche aurait pu revendiquer :

"C'est mon opinion et je la partage."

""Je ne connais pas d'endroits où il se passe plus de choses que dans le monde."

"La mer : une telle quantité d'eau frise le ridicule… et encore on n'en voit que le dessus."

"La nature est prévoyante, elle a fait pousser la pomme en Normandie, sachant que c'est dans cette région qu'on boit le plus de cidre."

"Je l'ai toujours dit, les hommes sont égaux. Il n'y a de véritable distinction que la différence qui peut exister entre eux."

                                                         Le 2.

Le 2.

     Le 2 est un des plus anciens immeubles et date du début du lotissement. C'est là que vécut la poétesse, la grande amoureuse Louise Colet (1810-1876).

                                                  Louise Colet (Courbet)          

 

 

     Reconnue en son temps puisqu'elle reçut plusieurs fois le prix de l'Académie, elle tenait un salon littéraire fréquenté par quelques uns des plus grands écrivains de la première moitié du XIXème siècle : Victor Hugo, Vigny, Musset, Baudelaire.

 

     On lui prête beaucoup d'amants parmi cette élite des lettres. Ce qui est sûr c'est que sa fille Henriette n'a pas eu de père officiel puisque le mari de Louise ne l'a pas reconnu, pas plus que son amant Victor Cousin.

                                                           Victor Cousin

     Parmi ses amoureux les plus célèbres figure le jeune Flaubert qui est en train d'écrire l'Education Sentimentale et dont on peut lire les lettres, nombreuses qu'il écrivit à son amante :

"Ne m'aime pas tant, ne m'aime pas tant, tu me fais mal! Laisse-moi t'aimer, moi; tu ne sais donc pas qu'aimer trop, ça porte malheur à tous deux; c'est comme les enfants que l'on a trop caressés étant petits, ils meurent jeunes; La vie n'est pas faite pour cela; le bonheur est une monstruosité! Punis sont ceux qui le cherchent." (8 août 1846)

 

       C'est dans l'atelier de Pradier non loin de chez elle, rue Bréda qu'elle a fait sa rencontre.

     Après la fin de leur liaison, il ne fut pas très gentleman et dit beaucoup de mal des "qualités" littéraires de celle qu'il avait encensée du temps de ses jeunes amours.

                                                  Louise Colet (Pradier)

    Celle qui reçut au contraire des compliments du premier des poètes, Victor Hugo, eut des années difficiles et fut heureusement aidée par Victor Cousin. Aujourd'hui, après des décennies pendant lesquelles elle fut ignorée, elle connaît un renouveau avec la réédition de certains de ses romans et recueils.

 

  Elle ne devrait plus être oubliée dans les anthologies de la poésie romantique.

"Qui n'a pas un amour sans limites n'aime point" (Lui 1859)

………….

"Ton amour m'a donné comme un second baptême. Ton amour c'est ma foi." (Corinne et Oswald 1829)

…………..

"Le malheur m'a jeté son souffle desséchant

De mes doux sentiments la source s'est tarie

Et mon âme incomprise avant l'heure flétrie

En perdant tout espoir perd tout penser touchant."

Rue Henry-Monnier. Paris. Montmartre.

Le 3. Bel immeuble 1830

                                                              Le 4

Le 4

     Le 4 fut en son temps une adresse bien connue et très fréquentée. C'était le bordel de Louise Brémont dont un des visiteurs les plus illustres fut Emile Zola.

En tout bien tout honneur pourrait-on dire puisque le romancier qui avait besoin de documentation sur le fonctionnement d'une maison close avait jeté son dévolu sur celle-là, dans la quartier que sa Nana sillonne le soir venu.. 

Rue Henry-Monnier. Paris. Montmartre.
7

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9

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Le 16

Le 16

     Le 16 fut l'adresse d'un restaurant qui avait ses fidèles parmi lesquels Henry Monnier lui-même, Nadar, Mürger, Baudelaire qui habitait le quartier et venait souvent accompagné de Jeanne Duval.

                                           Jeanne Duval (Manet)

     Le restaurant était minuscule et dans son unique pièce tendue de papier rouge velouté recevait une douzaine de personnes autour d'une table unique en fer à cheval où l'on servait une excellente cuisine traditionnelle concoctée par la mère Dinochau.

Les Goncourt

Les Goncourt

     Les Goncourt, toujours vipérins, décrivent les propriétaires : " Le père Dinochau un vieil abruti, la mère Dinochau qui avait de gros yeux saillants comme des tampons de locomotive et le fils devenu célèbre plus tard en voyoucrate intelligent".

Le 20

Le 20

Le 21

Le 21

     Le 21 est un opulent immeuble construit en 1907 par les architectes Guyon et fils et orné de sculptures réalisées par Ardouin. Malgré son harmonie et le sourire des visages de pierre, il écrase un peu les immeubles plus modestes de la première moitié du XIXème siècle.

 

   Il  a été édifié à l'emplacement du premier immeuble qui abritait l'externat de Perot, instituteur socialiste qui habitait à la même adresse et qui reçut Gustave Lefrançais et Pauline Roland avec lesquels il créa l'Association fraternelle des instituteurs socialistes.

Rue Henry-Monnier. Paris. Montmartre.

    On est étonné en lisant aujourd'hui le programme d'enseignement rédigé par Pérot de constater à quel point il était moderne et respectait les enfants. Pauline Roland bien sûr y avait contribué et en féministe convaincue, insisté sur l'importance de l'égalité des sexes et la mise en cause des clichés et des habitudes culturelles concernant les genres.

     Gustave Lefrançais sera un des acteurs de la Commune, ce qui ne sera pas le cas de Pauline Roland, morte trop tôt, en 1851, après un emprisonnement et un exil dans la prison de Bône (Algérie) qui mina sa santé.

                                                              Pauline Roland

Victor Hugo lui a consacré un des beaux poèmes des Châtiments, écrit à Jersey :

"Elle ne connaissait ni l'orgueil ni la haine

Elle aimait, elle était pauvre, simple et sereine."

(…) Tendre, elle visitait, sous leur toit de misère,

Tous ceux que la famine ou la douleur abat,

Les malades pensifs, gisant sur leur grabat,

La mansarde où languit l'indigence morose;

Quand par hasard, moins pauvre, elle avait quelque chose,

Elle le partageait à tous comme une sœur;

Quand elle n'avait rien, elle donnait son coeur." (…)

Rue Henry-Monnier. Paris. Montmartre.

     Toujours au 21, vivaient les grands-parents de François Truffaut, Jean et Geneviève de Monferrand. On sait que le jeune François vint au monde (1932) après la grossesse cachée de sa mère et qu'il fut d'abord confié à une nourrice avant de vivre chez ses grands parents jusqu'en 1942, année de la mort de sa grand-mère. 

Antoine Doisnel entre rue Monnier et place Toudouze.

Antoine Doisnel entre rue Monnier et place Toudouze.

     Ce quartier est vraiment celui du réalisateur puisque c'est l'école de la rue Clauzel qu'il fréquenta, c'est, après la rue Monnier, rue de Navarin qu'il habita, chez sa mère et son père adoptif, c'est au collège Rollin (Jacques Decour) qu'il fut élève …. et ce sont ces lieux et ces rues qu'il filma dans les 400 coups, Antoine Doisnel habitant place Toudouze, à quelques dizaines de mètres de la rue Monnier et de la rue de Navarin!

Le 25

Le 25

Le bel immeuble restauration du 25 a été détruit et à sa place a été édifié le jumeau somptueux du 21, dû aux architectes Guyon et fils et au statuaire Ardouin.

 

     Dans l'immeuble d'origine vécut une grande amoureuse des femmes qui pourtant suscita bien des émotions chez les mâles.

   Elle est la femme nue du déjeuner sur l'herbe de Manet, elle est l'Olympia étendue sur son sofa...

Le déjeuner sur l'herbe

Le déjeuner sur l'herbe

Olympia

Olympia

    Victorine Meurent (1844-1921) qui posa pour Degas et Stevens, fut le modèle favori de Manet pendant presque dix ans. Parmi les chefs d'œuvre qui la représentent, outre les toiles déjà nommées, on peut citer la femme au perroquet, portrait en pied à la fois sensuel et hiératique, l'Espada, le Chemin de fer...

 

   Avant d'aller habiter avec son amie Marie Dufour à Colombes, elle voulut peindre à son tour et obtint un certain succès.

                                                         La femme au perroquet

 

Le 28

Le 28

     Au 28 se trouvait l'atelier de Jules Dupré (1821-1889), peintre de l'école de Barbizon qui en fut l'un des chefs de file et qui partageait avec Théodore Rousseau une grande amitié faite de beau fixe et de tempêtes.

Rue Henry-Monnier. Paris. Montmartre.

     Il donna à ses paysages et à ses marines un relief sombre, quelque chose de tourmenté et pour tout dire romantique. Son admiration pour Courbet qui fit son portrait se ressent dans ses toiles.

                                                     Jules Dupré (Courbet)

     Van Gogh qui le cite plus de dix fois dans ses lettres à Théo le tenait en grande estime et le considérait comme le grand peintre romantique français.

 

     Son premier atelier se situait rue Frochot avant de migrer deux cents mètres plus bas, 28 rue Bréda (Henry Monnier). Il le quitta pour s'installer dans sa ville natale de l'Isle Adam.

Le 30

Le 30

     Un compositeur basque espagnol vécut de 1855 à 1857 dans cet immeuble. Son nom Sebastian Iradier n'est peut-être pas connu de tous mais deux de ses œuvres le sont assurément!

 

     Il s'agit de "La Paloma", un des plus grands tubes internationaux et bien que la paternité ne lui en fût pas attribuée, de la habanera de Carmen : "l'amour est un oiseau rebelle"!

Rue Henry-Monnier. Paris. Montmartre.

     Bizet lorsqu'il reprit cet air au premier acte de son opéra était persuadé qu'il ne pillait personne et reprenait une très ancienne chanson folklorique. En réalité, il s'agissait de "El Arreglito", chanté en 1863 au théâtre italien de Paris et composé par Iradier. C'est aujourd'hui un air mondialement connu.

Le 34

Le 34

     La rue se termine en apothéose avec le magnifiques immeuble du 34 dont l'entrée principale est 27 rue Victor Massé et qui est classé comme ses voisins du 23 et 25.

    Ils ont été construits par Davrange et Durupt entre 1847 et 1850 dans le style Louis-Philippe néo Renaissance. Ils sont parmi les plus "souriants", les plus mélodieux du quartier... 

 

     Au 34 le peintre Théodore Chassériau (1819-1856) eut un atelier dans les dernières années de sa vie qui fut courte.

                                                          Autoportrait

Il habitait alors rue Fléchier, un peu plus bas, dans un immeuble qui donnait sur l'église Notre-Dame de Lorette.

Alice Ozy (Chassériau)

Alice Ozy (Chassériau)

    Il eut pour maîtresse Alice Ozy, célèbre comédienne qui fut courtisée en vain par Victor Hugo à qui pourtant peu de femmes résistaient. Le poète en garda un fort ressentiment envers son rival heureux.

Les deux soeurs (Chassériau 1843)

Les deux soeurs (Chassériau 1843)

Odalisque couchée (Chassériau)

Odalisque couchée (Chassériau)

     Chassériau dont le maître, Ingres, disait qu'il serait "le Napoléon de la peinture" est influencé pour la forme par son professeur et pour la tonalité intense et contrastée par Delacroix. On peut dire qu'il est un romantique classique!

                                         Hero et Léandre (la Poésie et la Sirène)

     C'est avec lui que nous quittons cette courte rue qui n'en finit pas de nous raconter des histoires de poésie, de peinture, d'amour, d'utopie, dans un quartier qui fut une pépinière de création et de rêve.

Fin de la rue Henry Monnier

Fin de la rue Henry Monnier

Place Kaspereit depuis la rue Henry Monnier

Place Kaspereit depuis la rue Henry Monnier

Liens :

Liste des rues de Montmartre

Artistes et célébrités de Montmartre

Vitrail art déco place Kaspereit. Ancien cabaret chinois le Shangaï.

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Rue Fromentin. Montmartre.

     C'est une courte rue étroite (100 mètres de long et 12 de large qui va de la rue Duperré au boulevard de Clichy.

Elle ne paie pas de mine et pourtant comme tant de rues parisiennes, elle nous réserve bien des surprises.

Rue Fromentin. Montmartre.

     Elle a été ouverte en 1850 et portait à son baptême le nom de rue Neuve Fontaine Saint Georges. Un nom un peu longuet qui se simplifia en Neuve Fontaine.

Eugène Fromentin. Autoportrait.

Eugène Fromentin. Autoportrait.

    En 1870, elle cessa d'être Neuve-Fontaine pour rendre hommage au peintre-écrivain Eugène Fromentin.

Rue Fromentin. Montmartre.

    Je connais cet artiste pour avoir vu le monument à sa gloire érigé au centre de la Rochelle (sa ville natale) et  le musée qui présente une trentaine de toiles peintes en Algérie, pays qu'il aima et dont il admira les fiers cavaliers.

                                                        Le Simoun (Fromentin)

     La rue commence au 1 avec une façade du somptueux Hôtel Halévy dont l'entrée se situe rue de Douai.

     L'immeuble a été construit sous le 2nd Empire pour la famille Halévy.

Rue Fromentin. Montmartre.
Rue Fromentin. Montmartre.Rue Fromentin. Montmartre.Rue Fromentin. Montmartre.

     Parmi ses plus célèbres occupants figure Georges Bizet qui s'y installa après son mariage avec Geneviève Halévy en 1869.

Il y travaille à la composition de Carmen. Il y accueille aussi la naissance de son fils, Jacques qui sera le grand ami de Proust

                                              Jacques Bizet par Elie Delaunay 1878

      Il meurt d'un infarctus en 1875, après les représentations catastrophiques de son œuvre, atteint par l'échec de cet opéra qui est aujourd'hui le plus représenté dans le monde!

Rue Fromentin. Montmartre.

     Le 5 est aujourd'hui l'atelier d'arts plastiques Rrose Sélavy.  Pas étonnant qu'il s'appelle ainsi puisque c'est là que le créateur de ce personnage, Marcel Duchamp eut son atelier.

                                      Marcel Duchamp en Rrose Sélavy par Man Ray

     Ce nom avec lequel il signa certaines de ses œuvres, notamment des "ready-made" a pour homophone, sa signification réelle : "Eros c'est la vie".

   On sait l'importance que le nom de Rrose Sélavy  eut chez les surréalistes et les dadaïstes, Desnos le reprenant à son compte.

                                                    Desnos par Man Ray

 

Rue Fromentin. Montmartre.

     Au 7, vécut pendant deux années, de 1899 à 1900, Maurice Ravel adolescent. Il connaissait déjà le 9ème arrondissement puisque sa famille avait habité six ans rue Victor Massé, l'ancienne rue du Chat Noir.

 

Rue Fromentin. Montmartre.

     Le 8 vit pendant quelques années s'ouvrir les portes d'un cabaret, le Monte Cristo qui abrita les rendez-vous clandestins des membres du groupe de résistants l'OCM (Organisation Civile et Militaire) dirigée par Jacques Arthuys et dont Vicky (la princesse russe Véra Obolensky) fut une des figures les plus héroïques. La plupart des membres de ce groupe furent arrêtés et exécutés. Vicky fut guillotinée en 1943 dans les prisons nazies.

                                                       Véra Obolensky (Vicky)    

 

Rue Fromentin. Montmartre.

     Au 10, il y eut le laboratoire pharmaceutique "Scientia" dirigé par un certain Perraudin, pharmacien de 1ère classe!

 

Rue Fromentin. Montmartre.

     Le 11 fut fréquenté par de joyeux noctambules au temps où il était cabaret et s'appelait "le Don Juan"! Nous sommes à deux pas de la place Blanche où l'on ne compte plus le nombre de cabarets qui apparurent, disparurent, ressuscitèrent, moururent à nouveau… comme autant de phénix!

 

     Le Don Juan naquit en 1891 et devint très vite un des hauts lieux où l'on vénérait la Fée Verte, quitte à lui offrir en sacrifice son foie, son cerveau et sa raison! L'absinthe y était dégustée selon le rituel immuable avec cuillère-passoire et sucre.

                                                         L'absinthe (Degas)

 

Rue Fromentin. Montmartre.

     Le cabaret garda la même adresse après la destruction du premier immeuble et l'érection (terme adapté au Don Juan!) du nouvel immeuble des années 30.

Rue Fromentin. Montmartre.

     Aujourd'hui l'hôtel Royal Fromentin garde mémoire du cabaret dont il a conservé le grand salon avec ses poutres et sa cheminée.

 

Rue Fromentin. Montmartre.

     Le 12 malgré son apparence bourgeoise a abrité dans ses murs un auteur prolifique de pièces sanglantes et terrifiantes : André de Lorde.

 

Rue Fromentin. Montmartre.

    Ce bibliothécaire débonnaire se transformait quand il rentrait chez lui en écrivain à l'esprit torturé. Il a écrit 150 pièces pour le Grand Guignol, théâtre voisin, rue Chaptal.

 

Rue Fromentin. Montmartre.

    Le 14 est le dernier immeuble qui ait quelque chose à nous raconter. C'est là que le peintre Giuseppe Palizzi (1812-1888) eut son premier atelier parisien.

Forêt de Fontainebleau (Palizzi)

Forêt de Fontainebleau (Palizzi)

     Ce romantique qui aimait les paysages napolitains, vint à Paris où il fréquenta Corot et Courbet. Il avait besoin de grand air et de nature et il fut un des premiers à apprécier la forêt de Fontainebleau et à s'y rendre avec Millet.

Retour de noce. (Palizzi)

Retour de noce. (Palizzi)

     Il s'installa à Grez sur loing et se fit construire une maison, "la villa Palizzi".  Il ne fréquenta donc la rue Fromentin que quelques années, à l'époque où elle s'appelait Neuve-Fontaine.

     C'est avec lui que l'on surnomma parfois le "peintre des ânes et des chèvres" tant il aimait les représenter, que nous quittons la rue Fromentin, peintre des chevaux arabes….

Rue Fromentin. Montmartre.

     Mais avant d'atteindre le boulevard de Clichy, nous passons entre les deux derniers immeubles : un Sex Shop et Jésus Maria!

 

Rue Fromentin. Montmartre.Rue Fromentin. Montmartre.

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Rue Clauzel (1902) début à partir de la rue des Martyrs.

Rue Clauzel (1902) début à partir de la rue des Martyrs.

Rue Clauzel (juin 2018)

Rue Clauzel (juin 2018)

...La rue Clauzel, comme les rues de Navarin et Henry Monnier voisines, a été tracée en 1830 sur les terrains qui appartenaient au "sieur Bréda".

   Elle s'appelait à l'origine rue Neuve Bréda.

Rue Clauzel. Fin. Rue Henry Monnier et place Toudouze (à gauche)

Rue Clauzel. Fin. Rue Henry Monnier et place Toudouze (à gauche)

     Longue de 184 mètre et large de 9,75, elle change de nom en 1864 pour rendre hommage à un chef de guerre, le maréchal de France Bertrand Clauzel.

Bertrand (de) Clauzel.

Bertrand (de) Clauzel.

     Ce guerrier qui vécut de 1772 à 1842 a eu une carrière qui l'a mené de la Révolution à l'Empire en passant par Napoléon et Louis Philippe! De campagne d'Italie, en expédition de Saint-Domingue et en conquête de l'Algérie, il est de toutes les guerres coloniales. Il s'illustre au point d'être anobli par Napoléon et d'être nommé Maréchal de France par Louis-Philippe.

 

3 rue Clauzel.

3 rue Clauzel.

4 rue Clauzel. Un arbre! un arbre!

4 rue Clauzel. Un arbre! un arbre!

     Dans la Nouvelle Athènes, on aimerait que les rues évoquent plutôt les peintres, les poètes, les philosophes qui ne manquaient pas dans ce quartier.

Le 6

Le 6

    Le 6 a été l'adresse de Léon Roger-Milès (1859-1928) professeur au collège Rollin (aujourd'hui Jacques Decour) et homme aux multiples talents : journaliste, poète, critique d'art, écrivain….

           Salon de vente de Madeleine Chéruit, place Vendôme (Léon Roger-Milès)

      Il s'est intéressé à Rosa Bonheur à qui il a consacré une étude, à Millet et à l'histoire de l'art.

Rue Clauzel. Paris 9ème.

     C'est à la même adresse que vécurent, à partir de 1972, Jean Toussaint Desanti (1914-2002) et Dominique Desanti (1914-2011).

Rue Clauzel. Paris 9ème.

       Ces deux figures marquantes de la résistance et de la vie intellectuelle ont comme Sartre et Beauvoir vécu leur vie commune dans le respect de la liberté de l'autre. Leur livre le plus émouvant et le plus éclairant est sans doute "la liberté nous aime encore" dialogues (à trois!) avec Michel Droit.

   

Le 7

Le 7

     Le magasins du 7, les P'tits Bo' Bo, est bien adapté à ce quartier aimé des jeunes cadres dynamiques et néanmoins cultivés ! La rue des Martyrs et la rue des Abbesses répondent à leurs goûts: commerces de bouche luxueux, salons de coiffure branchés, magasins bio, boutiques pour les enfants et restaurants exotiques.

    L'architecte post haussmannien J. Biehler en est l'auteur comme de plusieurs autres immeubles un peu plus haut, rue Ordener ou rue des Cloys. 

Le 7 bis

Le 7 bis

Le 7 bis

Le 7 bis

    Le 7 bis est un bel immeuble aux proportions harmonieuses. Il a été transformé en résidence-autonomie, EHPAD sans le "D" de dépendance!

7ter rue Clauzel

7ter rue Clauzel

     Le 7ter, classé au plan de protection patrimoniale est un hôtel particulier construit en 1897 dans un style néo Renaissance. Il a été l'adresse pendant les quatorze dernières années de sa vie de  François Châtelet (1925-1985) plus historien de la philosophie que philosophe lui-même. Il est connu aussi par sa femme, Noëlle, sœur de Lionel Jospin.

 

7ter rue Clauzel

7ter rue Clauzel

  On sait qu'il a été l'initiateur avec Deleuze et Foucault (qui fut élève de Desanti)  du département de philo de l'Université de Vincennes.

Le 9

Le 9

    Au 9 a vécu un acteur à la filmographie impressionnante et à l'activité théâtrale foisonnante, parfaitement oublié aujourd'hui : Jules Mondos.

 

 

     

     Voici la une de Comoedia du 24 septembre 1832 qui relate les circonstances de la découverte de son cadavre.

Documents transmis par M.B. alors que je ne trouvais rien sur cet acteur. Merci à lui !

Documents transmis par M.B. alors que je ne trouvais rien sur cet acteur. Merci à lui !

         L'acteur  (1867-1932) qu'un critique vipérin surnomma "l'homme à la tête en caoutchouc" connut des difficultés après la première guerre pour trouver des engagements.

     Ses dernières années furent difficiles et il ne survécut pauvrement que grâce à ses économies. Quand, n'ayant plus de nouvelles de lui depuis cinq mois, des parents (pas si proches j'imagine) prévinrent la police, la porte de son appartement 9 rue Clauzel fut forcée. On découvrit son corps en décomposition dans son lit où sans doute il avait été victime d'une crise cardiaque.

    Parmi ses films, deux sont de Maurice Tourneur : Monsieur Lecoq et Maison de danse avec Charles Vanel et Gaby Morlay.

     On rencontre, toujours à cette adresse un personnage qui a son importance dans l'aventure artistique du XIXème siècle, le Père Tanguy. Nous le retrouverons un peu plus loin dans la rue, au 14 mais, commençons par la fin, c'est en 1891 que sa boutique est transférée pour les trois dernières année de sa vie, au 9.

                                                 Père Tanguy (Emile Bernard. 1887)

     Extrait du Mercure de France : "La maison Tanguy dépositaire des tableaux des principaux impressionnistes est transférée 9 rue Clauzel. Elle possède en ce moment une merveilleuse collection de toiles de Vincent Van Gogh (…"

Le 11

Le 11

     Le petit immeuble du 11 a été celui d'Alphonse Boudard (1925-2000), ancien résistant tombé dans la délinquance et qui grâce à la prison découvrit dans la bibliothèque de Fresnes, le goût de la littérature.

 

     Il écrit dans un langage naturel, direct, sans fioritures, brut et souvent argotique. Son premier succès est "La métamorphose des cloportes" adapté au cinéma par Granier-Deferre.

 

     Pour le plaisir quelques citations de Boudard qui ne sont pas exactement proustiennes mais sentent le vécu :

"Je pense qu'il faut se conduire en homme du monde avec les putes et en julot avec les bourgeoises"

"Un psychanalyste est un hommes qui va au Crazy Horse Saloon et qui regarde les spectateurs." 

Rue Clauzel. Paris 9ème.

     Au 14 nous retrouvons le Père Tanguy qui y eut sa boutique avant de déménager au 9. C'est un endroit historique dont l'importance n'est pas assez soulignée (sauf par le site de Bernard Vassor "Autour du Père Tanguy"). 

 

Rue Clauzel. Paris 9ème.
Rue Clauzel. Paris 9ème.

     Tanguy, communard, anarchiste, ami des peintres recevait là quelques uns des plus importants créateurs de son époque. La liste est impressionnante : Van Gogh, Monet, Pissarro, Renoir!

Le père Tanguy par Van Gogh.

Le père Tanguy par Van Gogh.

     Il avait été broyeur de couleurs avant de s'installer à son compte pour les vendre et exposer dans son arrière boutique les toiles des peintres qu'il aimait et qui lui confiaient des toiles en espérant qu'elles trouverait acquéreurs.

   Il avait, avant bien d'autres, aimé les peintres japonais dont il possédait des estampes  qu'il présentait rue Clauzel...

Le 15

Le 15

Le 16

Le 16

     Qui connaît aujourd'hui Arsène de Cey (1803-1887) romancier, auteur de vaudevilles qui vécut au 16. Parmi ses romans qui dépeignent les mœurs de son temps, on retiendra "La fille du curé" ou "La jolie fille de Paris".

 

Le 19

Le 19

     Il y eut longtemps une plaque commémorative sur l'immeuble du 19 qui prétendait que Maupassant y avait vécu pendant 5 ans.

   Grâce à la perspicacité de Bernard Vassor (site Autour de Tanguy) on sait qu'il s'agissait d'une erreur.

Le 17

Le 17

     C'est au 17 que Maupassant vécut, au 2ème étage et demi côté rue Clauzel et, à cause de la déclivité, au 4ème sur la rue Laferrière, à l'arrière de l'immeuble.

Bernard Vassor a consulté les Archives et a eu confirmation de ce qu'il pressentait. Une lettre de Maupassant à un ami lui avait mis "la puce à l'oreille".

Maupassant

Maupassant

       L'auteur de Bel Ami écrivait en effet qu'il était souvent importuné par des coups de sonnette intempestifs et insistants de gens qui croyant aller au Lupanar, se trompaient d'étage ! Or le lupanar avait pour adresse ce fameux 17!

   Un seul regret: la plaque enlevée du 19 n'a pas migré sur le 17!

   Amis de Maupassant, mobilisez-vous!

Rue Clauzel. Paris 9ème.

     Si nous revenons au 19, nous trouvons un autre artiste que nulle plaque ne commémore. Il s'agit d'Achille Mélandri (1845-1905), lié à l'histoire montmartroise puisqu'il fit partie des hydropathes d'Emile Goudeau et publia plusieurs poèmes dans leur journal.

Photo de Melandri

Photo de Melandri

     Il avait son appartement et son atelier photographique au 19. C'était un lieu de rencontres et de joyeuses soirées avec, entre autres, André Gill et Jules Jouy.

Des gloires de l'époque venaient se faire tirer le portrait, parmi lesquelles Sarah Bernhardt ou Victor Hugo.

                                            Sarah Bernhardt par Melandri

    Nous pourrions quitter la rue sur ce beau cliché de la star posant pour l'éternité s'il n'y avait encore une curiosité à mentionner, dix numéros plus loin, au 29.

                                                                        Le 29

 

     Un peintre allemand bien oublié y habitait : A. F. Korner (1815-1859).

Son titre de gloire est d'avoir proposé à Engels lors de son séjour à Paris en 1846, alors qu'il était étroitement surveillé, de lui servir de boîte aux lettres. C'est donc au 29 qu'Engels recevait le courrier de Karl Marx!

Rue Clauzel. Paris 9ème.

     Engels bien que pris en filature fréquentait les bals parisiens dont il garda un bon souvenir puisqu'il écrivit à Marx :

"Si les Françaises n'existaient pas, la vie ne vaudrait même pas la peine d'être vécue."

La lutte des classes oui, la lutte des genres non!

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Les escaliers de Montmartre en couleurs...
Les escaliers de Montmartre en couleurs...

Rue du Mont-Cenis

     Chaque année, au troisième trimestre, peu avant les vacances, les écoliers de Montmartre investissent les escaliers avec des craies de toutes les couleurs. Chaque école réalise son projet de décoration  avec plus ou moins de bonheur mais avec des rires et des sourires à foison!

Les escaliers de Montmartre en couleurs...
Les escaliers de Montmartre en couleurs...

Rue du Chevalier de La Barre

Les escaliers de Montmartre en couleurs...
Les escaliers de Montmartre en couleurs...
Les escaliers de Montmartre en couleurs...

Rue Utrillo

     Comme une nuée de moineaux, les petits s'envolent après avoir usé leurs craies. Ils rendent les escaliers aux passants dont les semelles peu à peu effacent les traces fragiles, aussi vulnérables que les irisations sur les ailes des papillons...

Les escaliers de Montmartre en couleurs...
Les escaliers de Montmartre en couleurs...

Rue du Mont-Cenis

Les escaliers de Montmartre en couleurs...
Les escaliers de Montmartre en couleurs...

Rue Foyatier

Les escaliers de Montmartre en couleurs...
Les escaliers de Montmartre en couleurs...

Rue Foyatier

Les escaliers de Montmartre en couleurs...
Les escaliers de Montmartre en couleurs...

Rue Chappe

Les escaliers de Montmartre en couleurs...
Les escaliers de Montmartre en couleurs...

Mont-Cenis

Les escaliers de Montmartre en couleurs...
Les escaliers de Montmartre en couleurs...

Chevalier de La Barre

Les escaliers de Montmartre en couleurs...

     Parmi ces artistes de craie, il y aura peut-être, un jour, un peintre, un chanteur, un poète... un de ces aventuriers qui sans être un premier de cordée, nous ouvrira des horizons nouveaux et mettra des couleurs sur les pavés!

 

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Rue de Navarin. Montmartre. Truffaut. Gautier.
Rue de Navarin. Montmartre. Truffaut. Gautier.

    Voilà une rue dont j'ai longtemps hésité à parler tant sont lourds les souvenirs qui m'y attachent. Le temps a passé et je me résous à y revenir et à la revoir, changée et semblable...

    Elle a vu le jour en en 1830, en pleine époque romantique et elle porte le nom d'une victoire de la coalition franco-anglo-russe sur la flotte turco-égyptienne pendant la guerre d'indépendance grecque.

 

    

    Les massacres perpétrés par les Ottomans, grands experts en boucherie et futurs génocidaires du peuple arménien avaient bouleversé l'Europe qui décida d'intervenir

Chios. Un lieu de mémoire que l'on n'oublie pas l'avoir visité.

Chios. Un lieu de mémoire que l'on n'oublie pas l'avoir visité.

   Hugo qui habitera plus tard ce quartier avait écrit dans les Orientales quelques poèmes engagés dont le célèbre " Enfant ":

"Les Turcs ont passé par là. Tout est ruine et deuil.

Chio, l'île des vins, n'est plus qu'un sombre écueil (…)"

Rue de Navarin. Montmartre. Truffaut. Gautier.

     La rue commence côté pair avec un opulent immeuble de pierres qui donne également sur la rue des Martyrs, construit en 1903 et signé des architectes Elie Charlet et Henri Michel.

    Le maître boulanger qui y fait son pain est tellement apprécié des habitants du quartier qu'il n'a aucun mal à les faire marcher à la baguette.

 

Le 3

Le 3

Le 4. Une "dent creuse".

Le 4. Une "dent creuse".

                  Au 4, une vieille photo garde mémoire du bougnat qui y tenait boutique.

                      Aujourd'hui le bougnat a cédé la place au restaurant "Belle Maison".

 

Le 5

Le 5

Le 7 aujourd'hui

Le 7 aujourd'hui

Le 7 en 1906

Le 7 en 1906

    Le 7 a plus fière allure aujourd'hui qu'au début du XXème siècle mais il est resté comme à ses origines un hôtel. Il a seulement accroché quatre étoiles à son ciel.

    Il rend hommage à Sacha Guitry et joue sur une décoration théâtrale qui vous donnera l'illusion, une fois couché, d'être regardé par des spectateurs attentifs, dans les loges et les balcons du  papier peint !

Le 9

Le 9

     Le 9 est un petit hôtel particulier  de style troubadour qui portait en façade, dans la niche, une statue de la Vierge à l'enfant. Quand l'hôtel fut racheté pour devenir une maison close spécialisée dans les pratiques sado-maso, les habitants du quartier pétitionnèrent pour que fût enlevée la Vierge. Elle le fut et disparut corps et âme. Nul ne sait ce qu'elle est devenue. A moins que… l'Assomption l'ait ravie comme son illustre modèle.

 

     La dame de cérémonie s'appelait Christiane. Il y avait encore lorsque j'y ai vécu quelques chaînes et quelques instruments dentés fixés dans les murs du dernier étage. 

Pendant la deuxième guerre, les nazis le fréquentèrent, ce qui n'étonnera personne, le sadisme étant leur spécialité!

Le 11

Le 11

    Le 11 est l'un des rares immeubles à être inscrit au PLU (plan local d'urbanisme). Il a abrité le peintre Hébert de 1850 à 1880. Les deux premiers étages servaient d'habitation et les étages supérieurs d'atelier.

                                              Ernest Hébert. Autoportrait.

     Ernest Hébert (1817-1908) est un grand peintre injustement oublié bien qu'il eût son musée à La Tronche et dans le VIème arrondissement, dans l'hôtel de Montmorency-Bours. Ce dernier est fermé car l'immeuble classé a la tremblote et nécessite des consolidations. Il dépend du musée d'Orsay, où par chance quelques toiles de Hébert peuvent être vues.

                             La malaria. Ernest Hébert. (musée d'Orsay)

     Ce cousin de Stendhal, amoureux comme lui de l'Italie où il vécut après son prix de Rome, fut très apprécié pendant le 2nd Empire. On aimait alors ses portraits dont le réalisme se teintait souvent d'une atmosphère onirique qui permet d'y voir les prémices du symbolisme.

              Le baiser de Judas. Hébert. Prêt du musée d'Orsay au musée de La Tronche.

     L'immeuble sert de siège aujourd'hui au Conseil International de la Langue Française chargée de favoriser le rayonnement du français dans un monde presque entièrement contaminé par le globish!

 

Le 12

Le 12

     Le 12, petit immeuble anodin et sans charme a été le siège de nombreuses associations culturelles liées au Parti Communiste au temps où il existait vraiment!

                                                                  Aragon

     Parmi ces associations on peut retenir:

-la Maison de la Culture (1934) présidée par Aragon.

-"Ciné-Liberté" (Front Populaire) qui regroupait de nombreux techniciens et d'artistes engagés.

-L'Union des Théâtres indépendants" présidée par Charles Vildrac (plus de 300 troupes indépendantes).

Le 14

Le 14

     Le 14 (qui  serait aujourd'hui les 18-20) fut le domicile d'un écrivain, homme d'esprit, utopiste et combattant pour la liberté de penser: Louis Desnoyers (1802-1869)

    La plaque commémorative devrait être apposée sur  l'immeuble de briques des PTT au 20. Mais puisqu'elle est là, rappelons qui est ce Desnoyers.

Rue de Navarin. Montmartre. Truffaut. Gautier.

    Ses romans pour la jeunesse eurent un grand succès mais c'est surtout pour son engagement dans la création de la Société des Gens de Lettres qu'il est aujourd'hui connu. C'est lui qui rédigea les statuts de cet organisme chargé de protéger les auteurs et de prévoir un fonds de solidarité.

Rue de Navarin. Montmartre. Truffaut. Gautier.

     Une plaque rappelle que furent approuvés les statuts de cette Société, par près de 50 écrivains dont Dumas, Hugo, Lamennais...

Desnoyers en fut élu Président, battant son concurrent Victor Hugo de huit voix.

Le 16

Le 16

     Au 16, Paul Vayson, peintre provençal qui se fit édifier un hôtel particulier en 1879 rue Fortuny, eut son atelier. Quand il était au travail, des bêlements devaient retentir dans la rue car on ne compte pas le nombre de toiles qu'il exécuta avec bergères, bergers, moutons, brebis, béliers, agneaux! Son monument à Avignon représente comme il se doit, une bergère et son troupeau!

 

 

  Il a également participé au décor d'un des plus beaux restaurants de Paris, le Train Bleu de la Gare de Lyon où il a peint la ville d'Hyères.

 

Le 17

Le 17

   Le 17 fut jadis un hôtel dont les fenêtres donnaient sur le parc Botherel en face. Il portait le nom du grand collège de l'avenue Trudaine voisine, le collège Rollin aujourd'hui Jacques Decour.

 

Les 18-20

Les 18-20

Rue de Navarin. Montmartre. Truffaut. Gautier.

     Les 18-20 (jadis le 14, l'immeuble du début de la rue, à l'angle avec la rue des Martyrs ayant fait disparaître deux numéros) sont un pesant ensemble dont la masse écrase la rue. Ils occupent pourtant ce qui était le plus bel endroit du quartier : l'hôtel Botherel et son parc .

 

 

     L'endroit fut un vivier intellectuel et de nombreux écrivains ou artistes y vécurent. L'hôtel  construit vers 1830 par le Baron Botherel, ami des arts et des lettres, eut pour habitants : Amédée Achard, Louis Desnoyers, Anaïs Fargueil, Théophile Gautier, Nerval, Auguste Vacquerie, Fortunata Tedesco…. et j'en oublie!

 

    Le plus célèbre d'entre eux fut Théophile Gautier qui collectionna les adresses parisiennes. C'est pendant les années 1840-1841 qu'il prend possession des 1er et 2ème étages. En bon sportif, il aime grimper aux arbres, faire sa gymnastique dans le parc et dit-on pratiquer la pêche en faisant jeter chaque dimanche des poissons vivants dans le bassin. (information sur le site du Père Tanguy).

                                                          Théophile Gautier

     Il héberga son ami, condisciple du lycée Charlemagne et ancien voisin de la rue du Doyenné, Gérard de Nerval qui commence en 1841 à fréquenter la maison de santé du Docteur Blanche rue Norvins.

                                                           Gérard de Nerval

     Parmi les autres habitants :

                                             Anaïs Fargueil (1819-1896) fut une comédienne qui eut un certain renom dans le théâtre de vaudeville.

                                          Caricature d'Anaïs Fargueil par Marcelin

                                                Auguste Vacquerie (1819-1895) poète et dramaturge qui eut des liens étroits avec Hugo. Cette amitié fut à l'origine de la rencontre de son frère Charles avec Léopoldine Hugo, de son mariage en 1843 et la fin tragique des deux époux.

                                         Victor Hugo et auguste Vacquerie

 

 

 

Le 19

Le 19

Le 22

Le 22

Rue de Navarin. Montmartre. Truffaut. Gautier.

     Le 22 hébergea pendant la 2ème guerre mondiale la famille Aznavourian, Micha et Knar ainsi que leur fils et leur fille.

                                                         La mère d'Aznavour

     Charles Aznavour évoquera ses souvenirs de la rue de Navarin :

"Au rez-de-chaussée vivait un couple d'homosexuels juifs. Ma sœur jouait des morceaux de musique juive pour eux."

     La relation la plus marquante fut celle du père et de la mère d'Aznavour avec le couple Manouchian, Missak et Mélinée qu'ils hébergèrent. On sait que le groupe Manouchian fut exécuté et que la célèbre affiche rouge présenta ses membres comme des criminels et des étrangers.

 

Le 23

Le 23

     Le 23 est l'inévitable catastrophe architecturale que l'on trouve dans chaque rue (ou presque de Paris). Arrière d'un garage-parking du 20 rue Clauzel, il illustre bien l'indigence et le radinisme de constructions faites pour le profit et rien d'autre!

Le 24

Le 24

     Pour le 24, juste un petit signe à Etienne Daho qui, débarqué de sa Bretagne, y vécut à son arrivée à Paris. Notons qu'aujourd'hui il se partage entre Londres et Montmartre, rue Durantin.

 

Fin de la rue vers la rue Henry  Monnier

Fin de la rue vers la rue Henry Monnier

Le 33

Le 33

     Le 33 est le dernier immeuble de la rue qui soit digne d'intérêt. Une plaque y est apposée qui rappelle qu'un des plus grands cinéastes français y vécut pendant son enfance…

 

    On sait que le petit François était né sous de mauvais auspices, sa mère Janine l'ayant mis au monde "clandestinement" pour éviter la "honte" à sa famille bourgeoise de donner vie à un enfant dont le père était inconnu. Le petit fut placé en nourrice et il fallut attendre le mariage de sa mère avec Roland Truffaut pour qu'il retrouve une vie familiale.

 

    Plus tard Truffaut recherchera l'identité de son père et découvrira qu'il s'agissait de Roland Lévy, un Juif qui du fait de son origine aurait été rejeté par une famille traditionnelle au catholicisme teinté d'antisémitisme.

 

    Quand il tourne les 400 Coups, film en partie autobiographique Truffaut situe le logement de la famille du petit Antoine à deux pas de la rue de Navarin, place Toudouze.

 

     On retrouve Montmartre à plusieurs reprises dans ses films. C'est rue de Steinkerque, au pied du Sacré-Coeur qu'habite Antoine Doinel, c'est à l'hôtel du 39 avenue Junot qu'il est veilleur de nuit dans  Baisers Volés.

 

    La rue de Navarin s'achève rue Henry Monnier (où vivaient les grands-parents de Truffaut). Le cinéaste a vécu des années difficiles dans ce quartier et il n'est pas étonnant qu'il ait pu écrire :

"L'adolescence ne laisse un bon souvenir qu'aux adultes ayant mauvaise mémoire"

Rue de Navarin. Montmartre. Truffaut. Gautier.

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