1 rue de la Barralerie, une petite foule se presse. Elle s'apprête à descendre dans le passé de Montpellier, à entrer dans un lieu sacré, un des plus anciens et des plus beaux bains-rituels juif.
Impossible de le découvrir autrement qu'en s'agrégeant à un groupe et en avalant avant d'y parvenir un cours de deux heures sur l'histoire de la ville! Si vous ne vous inscrivez pas pour cette visite guidée et scolaire au syndicat d'initiative, vous ne pourrez pas y entrer!
Il y avait à Montpellier une communauté juive bien implantée dès le XIIème siècle. Elle était composée de familles venues d'Andalousie, chassées par les persécutions des Almohades.
Jusqu'au XIVème siècle, les Juifs de Montpellier menèrent une existence normale, avant que Philippe le Bel ne s'avisât de les expulser et que Charles VI en 1394 ne mît un terme définitif à leur présence.
Vers 1300 donc, une communauté d'un peu moins d'un millier d'individus croit avoir trouvé un hâvre d'accueil dans la bonne ville. Ils construisent leur synagogue et le Mikvé attenant...
Des fouilles sont en cours pour dégager la vieille synagogue, quant au Mikvé, il a été restauré et a retrouvé son aspect médiéval intact.
Son architecture pure et harmonieuse est romane. On y accède par un long couloir voûté, une plongée dans le temps...
On fait halte dans le vestiaire ou déshabilloir. Il y fait frais et le groupe de touristes serré comme un troupeau, écoute sagement...
Dans cette ville qui a détruit la majeure partie de son passé médiéval et dont les églises ont allègrement brûlé pendant les joyeusetés des guerres de religion, ce lieu est rare et précieux. On peut y voir des niches dans les murs épais et tout autour de la pièce une banquette de pierre.
Du côté du bassin s'ouvre une belle baie géminée à colonette dont le chapiteau est décoré d'un motif floral...
On voit ici la colonette blanche qui avec le temps s'est légèrement inclinée vers le bassin comme pour mieux garder en mémoire toutes les femmes qui se sont plongées devant elle dans les eaux transparentes...
Côté couloir, le mur est percé d'ouvertures simples...
Au-dessus du bain se déploie une belle voûte romane en plein-cintre.
Nous arrivons au bain lui-même, à la piscine où mène l'escalier et les marches immergées.
C'est un lieu émouvant qui invite au silence.
Selon les préceptes, une femme ne peut avoir de relation sexuelle que 7 jours après ses règles et après s'être plongée dans les eaux purificatrices.
Pour être un peu moins misogyne, notons que certains hommes s'immergent également après toute éjaculation, voulue ou non.
Ce n'est pas une règle imposée mais elle est suivie par de nombreux Hassidim...
L'eau doit être "naturelle", c'est à dire qu'elle doit provenir directement d'une source ou de la pluie.
On ferme les yeux pour ne pas être indiscret et ne pas surprendre, le mur du temps aboli, les corps blancs des baigneuses...
... et l'on pense à Apollinaire
"Voie lactée ô soeur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des corps blancs des amoureuses
Nageurs morts suivrons-nous d'ahan
Ton cours vers d'autres nébuleuses"
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Liens : Montpellier et région:
Les cariatides et les atlantes de Montpellier. (1)
Cariatides et atlantes de Montpellier (2)
Alexandre Cabanel. L'ange déchu. Musée Fabre Montpellier.
Jean Cousin. La Charité. Musée Fabre. Montpellier.
Aigues Mortes. La Chapelle des Pénitents Gris. (1)
Aigues Mortes. La Chapelle des Pénitents Gris. (2)
Trompe l'oeil. place Saint Roch. Montpellier
Karl Lehmann. Sainte Catherine d'Alexandrie. Musée Fabre. Montpellier.
Arc de Triomphe du Peyrou. Montpellier.
Cathédrale de Maguelone. Les vitraux. (1) extérieur. Bleu. Robert Morris.
Cathédrale de Maguelone. Vitraux (2) Intérieur. Bleu. Robert Morris.
Cathédrale de Maguelone. (3) Vitraux. Intérieur. Jaune. Robert Morris.
Jean jacques Henner. Le bon
Samaritain. Musée Fabre Montpellier.
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