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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Monuments. Cabarets. Lieux
















  Une deuxième visite de cette église qui pour moi est la plus belle de Paris (je ne cherche pas à être objectif puisque je suis montmartrois). Avant de quitter le XVIème siècle, mentionnons la rumeur qui n'a cessé de ronronner sur la butte. Lorsque Henri IV fit le siège de Paris et campait avec ses troupes sur les hauteurs de Montmartre, il aurait fréquenté assidument l'abbesse dont la beaut était de notoriété publique. Elle était la petite nièce de Catherine de Clermont et n'avait que dix-huit ans lorsqu'elle devint abbesse. Le Vert Galant aurait obtenu ses faveurs et aurait avec ses hommes transformé le couvent en maison de plaisirs. Il est vrai qu'à l'époque toutes les vocations n'étaient pas de bon aloi et pour ne parler que des moines, Rabelais n'écrit-il pas qu'il suffisait à une femme de passer à l'ombre d'un monastère pour tomber illico enceinte!
Au début du XVIIème Une abbesse de grand renom dirige l'abbaye. C'est Marie de Beauvilliers qui restaure la discipline et redonne à l'institution un grand rayonnement. La chapelle des martyrs devient un lieu très achalandé. Les pèlerins s'y précipitent depuis que des ouvriers en y faisant des travaux ont découvert une crypte qui aurait été une chapelle des premiers chrétiens de la région et où Saint Denis en personne aurait dit la messe. Un prieuré est construit. La partie haute de l'abbaye qui commençait à se délabrer est abandonnée au profit de la partie basse. Entre les deux partie fut construite une allée couverte qui dévalait la butte sur plus de 400mètres ! C'est la princesse Françoise de Lorraine de Guise qui est alors abbesse. Citons parmi les abbesses qui se succéderont, Marguerite de Rochechouart, grande érudite qui parle le latin, le grec et qui est rrès versée en philosophie. N'oublions pas Emilie de la Tour d'Auvergne et Catherine de la Rochefoucauld. Les piétons de Paris retrouveront leur nom en arpentant les rues depuis la place des Abbesses jusqu'au IXème arrondissemrnt un peu plus bas, en traversant le boulevard de Rochechouart.











Pierre tombale dans l'absidiole du baptistère


 











La façade de l'église rue du Mont Cenis, face à la place du Tertre. Cette façade un peu plate est sans inspiration date de la fin du XVIIIème siècle





Mentionnons enfin la dernière abbesse de Montmartre : Marie-Louise de Montmorency-Laval. En 1789, les révolutionnaires pensant qu'il y avait des armes dans l'abbaye projettent de l'attaquer. Après quelques péripéties, l'abbesse qui s'est enfuie et se cache à Bondy est dénoncée (tradition bien française) arrêtée et transférée à la Conciergerie. L'abbesse, vieillie est devenue sourde et aveugle. Elle est jugée par le tribunal révolutionnaire. Fouquier-Tinville ne pouvant recevoir aucune réponse de cette femme dictera au greffier une phrase devenue célèbre et qui n'honore pas son auteur :" C'est bon, c'est bon, écrivez qu'elle a conspiré aveuglément et sourdement." Elle est conduite place du Trône (aujourd'hui place de la Nation) où  elle est guillotinée avec quinze autres religieuses. Elles chanteront jusqu'à ce que tombe la dernière tête. Elles sont enterrées au proche cimetière de Picpus où vous pouvez voir leurs tombes.
L'abbaye est vendue comme bien national; elle est complètement détruite et démontée pierre à pierre; Il ne subsiste que l'église paroissiale qui devient pour quelques année "Temple de la Raison" et qui lorqu'elle retrouvera son usage cultuel gardera le nom de Saint Pierre aux dépens de Saint Denis qui était pourtant le saint patron de la paroisse de Montmartre.

















Franchissez la grille et découvrez la façade assez banale, ornée de portes de bronze qui ont été offertes en 1980 par le sculoteur Tomasso Gismondi. Vous voyez sur la photo la porte Notre-Dame. La porte centrale est consacrée à Saint Pierre et la porte de gauche à Saint Denis. Les vantaux sont à lire comme des vitraux. Le premier en bas à gauche représente l'annonciation, le deuxième en bas à droite : la nativité. Il suffit de les regarder en montant : le 3ème représente les noce de Cana, puis  Jésus rencontrant sa mère; le 5ème : Jésus en croix puis la déposition de croix. Le 7ème la Pentrecôtre et le dernier l'Ascension. Chacun appréciera selon son goût et sa sensibilité ces sculptures modernes qui semblent avoir connu l'usure du temps et font penser à des figures de glaise mal dégrossies.




Le dernier vantail de la porte de Saint Pierre (le martyre)


















Le troisième vantail de la porte de Saint Denis (Denis arrive à Paris).








  
A gauche de la cour d'entrée s'étend le cimetière du Calvaire où sont enterrées quelques personnalités comme Pigalle ou Bougainville. On ne peut visiter le cimetière qu'une fois par an à la Toussaint. La grille de Gismondi qui le sépare de la cour ne manque pas de force. Elle représente la Resurrection.
















Les vitraux ont été réalisés par Max Ingrand dans les années 50. Ils représentent le Christ, St Pierre, St Denis ainsi que d'autres saints vénérés sur la butte. Quelques uns (dans les absidioles ont un décor végétal). Ils sont de couleurs vives avec des rouges  vibrants.











Chapelle du Saint Sacrement.












Saint Benoît, Saint Ignace. Transept sud.

















Saint Pierre et le coq (choeur)






Parmi les assez belles réussites dans le mobilier contemporain religieux, on peut citer l'autel de cuivre émaillé de Froidevaux consacré en 1977. Pour une fois, la tendance minimaliste et misérabiliste a été abandonnée au profit d'une oeuvre qui puise son inspiration à la fois dans un passé médiéval où l'on réservait l'or et les pierreries aux objets liturgiques les plus sacrés et aux formes contemporaines stylisées et dynamiques.















La face principale représente la vigne de Montmartre, les maisons et les moulins. Le symbolisme y est clair et inclut Montmartre dans le mystère eucharistique du pain et du vin.

















Sur une des faces St Pierre est représenté avec ses inévitables clefs mais sans son gallinacé chanteur. St Dominique a lui aussi l'honneur d'un côté de l'autel pour des raisons familiales... Une tante des donateurs, soeur Marie Solange était en effet dominicaine.
 Dans le choeur vous pourrez découvrir plusieurs toiles de valeur. Un tableau assez impressionnant dû à José Ribera (début du XVIIème). C'est une descente de croix très sombre où le visage douloureux de la mère apparaît au dessus du corps supplicié du fils qui semble appuyé contre elle et dont les bras sont comme les ailes d'un oiseau blessé mais tentent de s'ouvrir encore pour accueillir les hommes.
 Un immense tableau de Parrocel (1750) représente Jésus au jardin des oliviers. Il est composé de trois parties : en bas, dans l'ombre les disciples endormis; au centre le Christ face à un ange qui lui tend les bras et au-dessus, dans la lumière la croix du supplice portée par des angelots.



















                                                                          











 Une autre toile représente le reniement de Saint Pierre par le Guerchin (début XVIIème). Pierre se chauffe les mains à un brasero et refuse de suivre la direction indiquée par le doigt de celle qui l'accuse, tandis qu'un soldat  pose la main sur son épaule. Cette attitude du saint qui semble préférer le confort de cette chaleur à l'héroïsme auquel l'invite l'homme en armes, attitude bien compréhensible et humaine nous interpelle aujourd'hui où tout engagement pour plus de justice et de fraternité implique que l'on abandonne ses pantoufles et son brasero! Et pourtant nous ne risquons pas d'être crucifiés la tête en bas...

















Une dernière toile de moindre facture, d'un artiste anonyme représente une flagellation. Elle est un peu gesticulatoire; seule la tunique rouge qui annonce le supplice donne un peu de force à l'ensemble et au Christ qui jette un regard de côté et se demande ce qu'il fait dans ce mauvais film.
 

Lien : le cimetière saint Vincent fin d'annee

















     Et maintenant  à vous de découvrir cette église à l'histoire mouvementée mais qui reste imprégnée de prières et de chants. Il est agréable de quitter l'agitation touristique du quartier pour s'y asseoir un moment et écouter le murmure des pierres.
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M
bravo pour votre page sur Saint Pierre de montmartre que j'aai déjà visitée à deux reprise; j'y ai fait des photos de vitraux, car je fais une étude sur Max Ingrand, auteur des vitraux de l'eglise de Fraize dans les Vosges;Vos photos sont superbes et je vais sûrement m'en servir pour ma causerie d'octobre.<br /> cordialement<br /> F Maubré
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