Parmi les sept chapelles qui rayonnent autour du chœur, la plus belle assurément est celle de la Vierge. La richesse de son décor nous laisse imaginer ce qu'aurait pu être la splendeur des mosaïques si, conformément au projet initial, tous les culs-de-four des chapelles avaient reçu leur parure.
Pour rappel, une seule chapelle, celle de Saint-Ignace de Loyola a vu cette partie richement décorée.
La chapelle de la Vierge est située au milieu du déambulatoire. Elle est différente des autres par son plan carré.
L'ornementation est d'inspiration byzantine caractérisée par les fonds dorés. On est frappé par la lumière profonde et chaude qui en émane.
D'où vient cette vibration des fonds dorés? C'est que les tesselles utilisées pour ces ciels mystiques ne sont pas semblables. Elles ont des tons différents et sont de tailles variées, ce qui au lieu de donner un fond uni et plat, le transforme en surface vivante comme un pointillisme d'or. Voilà qui contredira ceux qui ne veulent voir que l'académisme dans cette basilique.
Avant de revenir à la coupole, nous voyons sur les murs latéraux, entre les arcatures, les médaillons de vierges vénérées dans le monde chrétien.
mur est
On y reconnaît quelques Vierges célèbres :
N. D. du Mont Carmel
Au-dessus des portes, deux médaillons, toujours en mosaïques : Mère des douleurs et Mère des bons conseils :
Les mosaïques reproduisent des cartons qui eux-mêmes reproduisent des représentations connues de la vierge et vénérées dans des sanctuaires. Pas d'innovation, une copie aussi fidèle que possible... le grand art des mosaïstes reste cependant admirable.
L'autel est dominée par une statue de la vierge et son enfant, devant des vitraux qui remplacent ceux que le bombardement de 1944 a détruits. On peut le regretter car ils étaient l'œuvre de Henri Marcel Magne qui en a réalisé dans différentes églises où on peut admirer leurs teintes profondes et leur sty art-déco.
Et maintenant, il faut lever la tête pour découvrir la fameuse coupole, œuvre elle aussi de H.M. Magne.
Les écoinçons représentent quatre saints qui ont privilégié la place de Marie dans leur spiritualité :
Saint-Bernard qui porte le livre "Missus est" de ses homélies à la gloire de Marie
Saint-Dominique qui serait l'initiateur du rosaire, prière qui s'égrène avec le chapelet.
Louis Marie Grignon de Montfort ne sera proclamé "saint" qu'en 1925. Il fonda la Compagnie de Marie et il expose grand ouvert son "Traité de la vraie dévotion à la très Sainte Vierge."
Jean Eudes qui au XVIIème siècle, bien avant Marguerite-Marie, est un ardent propagandiste du culte du Sacré-cœur.
Il ne sera proclamé "saint" qu'en 1947.
La coupole représente l'assomption de la vierge qui bien que fêtée depuis Byzance n'est devenue dogme qu'en 1950 sous le pontificat de Pie XII.
La base de la mosaïque représente le tombeau de la Vierge avec, constatant le miracle : Jean, Marie-Madeleine, Thomas, Pierre...
Tout autour se développe une procession de saints telle qu'on peut en voir dans l'église Saint-Apollinaire de Ravenne ou, au XIXème siècle dans l'église Saint-Vincent de Paul (œuvre de Flandrin)
La grande réussite de la coupole est assurément la ronde des anges autour de Marie, dans cette vibration des ailes blanches sur un fond qui scintille comme sable au soleil!
L'ensemble a été réalisé d'après les cartons de Henri Marcel Magne (1877-1944). Il était bien placé pour participer à l'immense chantier de la basilique, étant arrière-petit fils, petit-fils et fils d'architecte! Son père Lucien Magne fut choisi pour être architecte du Sacré-Cœur en 1905.
Peut-être est-ce la troupe de ces anges qui sont légion dans la basilique qui lui permet de s'élever comme une montgolfière dans le ciel de Montmartre!
Liens : quelques articles sur le Sacré-Coeur dans mon blog :
La crypte du Sacré-Coeur la chapelle funèbre (2)
Statues équestres Saint Louis et Jeanne d'Arc Sacré-Coeur