Elle semble avoir l'âge des pierres qui la composent. Elle aligne ses vestiges, ses arcs, ses tours comme une Palmyre néanderthalienne dans le désert.
Elle émerge au pied des dunes, le plus loin possible d'un océan qui la guette.
C'est une ville brute, comme on parle d'art brut.
Un facteur cheval sans marteau ni ciseau est passé par là.
Il a ramassé des pierres venues de la nuit des temps géologiques, façonnées par les vents et les marées.
Il les a assemblées en utilisant leur compatibilité pour former une arche, comme faisaient les premiers bâtisseurs, en confiant à l'une de ces pierres le rôle de clé de voûte.
Il a disposé ces arches en cercles autour d'un obélisque lui même entouré de cailloux blancs.
Autour du cercle principal, Stonehenge mystérieux, peut-être voué au culte solaire, d'autres cercles gravitent avec leurs arches autour d'un lingam.
Parfois les arches se croisent en ogives trapues et vulnérables malgré leur allure de cage thoracique de dinosaure.
De loin on pourrait croire que la ville est un cimetière d'animaux préhistoriques. L'illusion disparaît quand on s'approche. Un artiste est passé par là.
Il s'appelle Jochen, Joe pour les intimes...
Il est capable de s'envoler avec les goélands
Comme les enfants, comme les poètes, il porte avec lui un monde, il crée sur le sable des villes mystérieuses, offertes à tous ceux qui savent rêver.