En cet été 2021, je recherche en vain la ville de pierres qui s'étendait année après année sur le rivage de Chassiron.
Sur la route qui va du phare à la plage des Huttes, elle apparaissait soudain comme un mirage...
Une Cappadoce de galets qui semblait venir de la nuit des temps géologiques, un monde onirique par où le facteur Cheval serait passé...
Des amas de pierres dominés par des cheminées de fées, des tours incertaines que le vent déséquilibrait parfois...
Le vieil Océan, les jours où il est bien luné, les caressait du bout des vagues, faisant mousser une caresse d'écume à leur pied....
Quand soufflaient les tempêtes des mois noirs, il changeait d'humeur et renversait les édifices les plus fragiles ...
Mais les bâtisseurs revenaient aux beaux jours et la ville blanche retrouvait ses gratte-ciel, un peu plus nombreux chaque année.
Les passants du hasard, fascinés par ce paysage à la fois figé et tremblant, se prenaient au jeu et devenaient poètes en élevant une tour où chaque caillou était comme un mot dans un alexandrin, un octosyllabe.... parfois un peu boîteux.
Ici ou là, une arche dessinait un cercle de ciel....
Bleu ou gris... La nuit, les étoiles y scintillaient entre les galets...
Ville de rêveurs et d'architectes de l'inutile....
Ville dont chaque pierre avait une histoire qui remontait à la création du monde...
Une histoire de séismes, de falaises, d'arrachement
Une histoire de tangage et de roulis
De lente métamorphose
Et de caresses
Aujourd'hui la ville de pierres a disparu et pas une seule colonne de galets ne reste debout.
Elle a été engloutie et nul n'a songé à la rebâtir avec les galets de la falaise.
La commune de Saint-Denis a jugé dangereux ce rêve de pierres et en a ordonné la destruction.
Est-ce qu'on peut tuer un rêve?
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