Seule carte postale (à ma connaissance) de l'impasse du Cadran.
A peine visible depuis le boulevard de Rochechouart, l'impasse du Cadran est si modeste que bien des Montmartrois ne connaissent pas son existence!
Longue de 42 mètres et large de 7, elle doit son nom au cadran solaire qui au début du XIXème siècle avait été peint sur le mur qui la fermait et la séparait de la rue d'Orsel qui s'appelait alors rue des Acacias.
Le nom choisi remplaçait le nom originel : Impasse Danger. Non pas qu'il y eût des risques à s'y aventurer mais parce qu'un des propriétaires portait ce nom!
Est-ce cet nom qui a inspiré l'autrice de roman policier Claude Izner pour son "Minuit Impasse du Cadran"?
Avant le rattachement de Montmartre à Paris, l'impasse était composée de modestes maisons et de remises.
Plusieurs clubs révolutionnaires comme il y en eut tant dans la première moitié du XIXème siècle y tinrent leurs réunions.
Le Club de la Vengeance la choisit pour élaborer son programme révolutionnaire sous le Second Empire
La Garde Nationale en 1871 y réunit son Comité Central qui prit la décision d'enlever les canons de la place Wagram et de Neuilly pour les concentrer sur la Butte
La même année, au mois de mai, y fut organisé le recrutement d'un corps de Francs Tireurs : Les Lascars de Montmartre.
Un roman d'Yves Carcenac raconte la vie de l'un d'entre eux, plus flamboyant que les autres : Ferdinand Janssoulé.
Comment imaginer aujourd'hui devant cette impasse banale et sans intérêt qu'elle connut un tel bouillonnement d'idées, une telle activité révolutionnaire, une telle fabrique de rêves?
Le lieu fait partie de l'histoire montmartroise pour une autre raison : il y eut à cet endroit un bal fameux : le bal des Folies Robert.
C'était "une immense baraque de plâtre et de bois" dont le décor intérieur était un pastiche de palais mauresque. Il était dirigé par Gilles Robert qui y donnait des démonstrations de danses nouvelles.
Quelques danseuses y éveillèrent bien des désirs : Elisa Belles Jambes, Bertha le Zouzou, Chicardinette...
Journalistes et écrivains appréciaient leurs talents divers et variés! Ils venaient s'encanailler dans ce bal mal famé qui ne prenait des airs décents que le dimanche quand la clientèle était composée de familles qui, sous le second Empire, passaient la barrière (avant 1860) comme on passe une frontière, pour s'aventurer à Montmartre!
L'orchestre était dirigé par un jeune homme de 19 ans, Olivier Emart.
Plus tard, pendant la Commune, il sera Garde National au fameux 67ème bataillon de la rue des Rosiers (rue Chevalier de la Barre actuelle).
Le nom d'Olivier Emart ne dit rien à personne mais son anagramme, Olivier Métra est beaucoup plus célèbre!
C'est celui que choisit le musicien lorsqu'il dirigea l'orchestre du bal Mabille.
Il fut l'auteur d'œuvres très populaires, valses, quadrilles, polkas....
Il composa des ballets pour les Folies Bergères et pour l'Opéra...
Le bal des Folies Robert, après avoir été dirigé par son créateur, le fut par Gilles Jacquet.
Mais d'autres bals, trop nombreux, lui faisaient concurrence et il ferma ses portes en 1870.
Le bâtiment, transformé un temps en usine pour ballons dirigeables, périclita peu à peu et c'est en 1912 qu'il connut une nouvelle carrière.
Une salle de cinéma fut édifiée à son emplacement : le Palais Rochechouart-Aubert.
La salle était immense et accueillait plus de 1600 spectateurs...
Elle faisait partie de la chaîne des cinémas Aubert.
Elle était de style art nouveau et fut hélas détruite pour adopter une architecture dépouillée et fonctionnelle en 1931.
Elle fut rachetée par Gaumont et après des années de succès, subit la concurrence de la télévision, se dégrada, devint un lieu de drague.
Sa programmation faisait la part belle aux films de Kung Fu que peu de spectateurs regardaient!
Bruce Lee ne put en empêcher la fermeture en 1969, année pourtant érotique si l'on en croit Serge Gainsbourg.
Elle céda la place à un ensemble commercial assez foutraque avant d'être détruite et remplacée par un magasin Darty (aujourd'hui Boulanger).
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Côté impair de l'impasse, un immeuble de belle architecture, abrite au Rez de chaussée un magasin de "mode" barbésienne : "La Rose d'Orient".
Il y avait au 8 un immeuble qui fut détruit au profit du magasin qui de ce fait réduisit l'impasse de plusieurs mètres.
Nous avons gardé quelques traces de l'existence de ce 8 disparu où l'entreprise Vigron se spécialisait dans le "brossage, grattage, silicatisation, badigeon à la chaux....
Au fond de l'impasse s'élève sur plusieurs niveaux un magasin spécialisé dans le "bizness" du mariage....
Faut-il en conclure que le Mariage est aujourd'hui dans l'impasse car le grand magasin est aujourd'hui fermé et se dégrade.
Il y avait vers 1960 plus de 40 cinémas entre la place de Clichy et le boulevard Barbès. La plupart ont disparu. Le Louxor, le plus somptueux et le plus surprenant des rescapés les évoque dans une exposition exhaustive qu'il propose aux cinéphiles aux 2ème et 3ème étage.
Commençons par sortir de l'oubli les 16 cinémas qui donnaient sur le boulevard de Clichy, sur la place et l'avenue éponymes entre la place Pigalle et la Place de Clichy.
11 place Pigalle
Le premier, Les Folies Pigalle, 11 place Pigalle, mérite tout un article tant son histoire est riche. Ne rappelons que son avatar cinématographique.
Entre 1908 et 1956, il fut tour à tour "Folie Pigalle", "Cinéma Odéon", "Pigalle-Studio", "Pigalle Palace" et enfin "Cinéma Pigalle" pour la dernière séance le 31 décembre 1956.
En 1950
Aujourd'hui :
6 boulevard de Clichy : Le Ritz.
Peu avant sa destruction (photo "Nos cinémas de quartier")
En 1937 s'ouvre "Ce soir Pigalle" qui devient rapidement "le Ritz". Malgré son nom évocateur de luxe capitaliste, il projette des films militants du PCF.
La cause des peuples attirant de moins en moins le chaland, il se reconvertit dans le Kung-Fu, le western spaghetti puis le porno jusqu'en 1992.
Le voilà aujourd'hui (2024). Une plaque rappelle que ce fut la dernière adresse de Degas mort en 1917.
20 boulevard de Clichy
Un des rares cinémas qui n'ait pas disparu, l'Atlas, face à la place Pigalle. Il ouvre en 1959 et se spécialise dans un porno bas de gamme. Il faut dire que ses pratiquants ne viennent pas vraiment pour les films! Il est fréquenté par une population plutôt gay et par des travestis de toutes plumes. Il mériterait une bonne restauration tant il donne dans le déglingué et le glauque!
Aujourd'hui :
23 boulevard de Clichy: Le Lynx.
Un cinéma créé en 1911 sous le nom d'"American Théâtre" qui comptait plus de mille places! Il avait pour architecte Marcel Oudin celui-là même qui conçut le "cinéma de la Madeleine". Il devient l'"American Cinéma" avant de se métamorphoser en "Lynx" et de voir sa façade modifiée. Le pauvre lynx va peu à peu péricliter, devenir une salle sordide qui disparaît en 1970 au profit d'un immense super marché du sexe.
34 boulevard de Clichy: Scarlett
Ouvert en 1938 sous le nom de "Vox Pigalle", il remplaçait "le Cabaret du Néant" (un des deux qui portait ce nom).
Alors que le film "Autant en emporte le vent" connaît un immense succès, le "Vox Pigalle" choisit de s'appeler "Scarlett" en 1951. Il tiendra contre vents et marées en proposant des films érotiques jusqu'en 1989. Il y a désormais à sa place un hammam-spa érotique, "Moon City".
43 boulevard de Clichy: Le Jean Renoir
Un cabaret ouvert en 1913 devient cinéma en 1935 en gardant son nom de "Moulin de la Chanson."
En 1962, il devient le "Candide" mais se mue très vite en "Cinéchoc". En 1966, il choisit, ce qui est exceptionnel sinon unique dans ce quartier, de devenir salle d'Art et Essai. Il prend le nom de Jean Renoir en hommage au cinéaste et passe des films en V.O.
Hélas le quartier n'attire pas les cinéphiles! Le "Jean Renoir" comme les autres se spécialise dans le porno avant de devenir un peep show
Aujourd'hui il a laissé place à un magasin bio qui cible la clientèle de plus en plus bio bio du quartier.
47 boulevard de Clichy : Comoedia
Le "Casino de Montmartre" se transforme en cinéma en 1933. Il se nomme successivement "Nouveau Comoedia", "Comoedia Ciné", "Comoedia Clichy". Il ferme en 1966.
Pendant les années 60, indigence architecturale oblige, il est anéanti par un gros et laid immeuble.
64 boulevard de Clichy. L'Agora.
Le cinéma ouvre ses portes en 1932 et il est racheté deux ans après par un des frères Fratellini qui travaille non loin de là au célèbre cirque Medrano sauvagement détruit sous le règne d'un vandale très cultivé, Georges Pompidou!
En 1978 la salle est vendue et se spécialise dans le karaté, offrant à ses clients deux films pour le prix d'une séance. Elle ferme en 1995 et reste murée pendant une quinzaine d'années.
Elle sera intégrée dans le music-hall des 3 Baudets qui sur une bonne initiative de la Ville devient un établissement culturel avec salle et restaurant. Etablissement qui ressuscite un lieu célèbre créé par Canetti où se produisirent entre autres Brassens, Brel, Greco, Vian, Devos, Gainsbourg, Anne Sylvestre.... (nostalgie, nostalgie!)
80 boulevard de Clichy : le Colorado.
Il voit le jour en 1959 et se spécialise dans les films comiques.
Comme le public n'était pas très amateur malgré l'intérêt que Prévert, voisin de la Cité Véron semble lui porter, il préféra se spécialiser dans les films d'horreur et devenir un des cinémas connus et reconnus des amateurs de frissons. Sa façade s'ornait d'un décor macabre et dans l'entrée trônait un cercueil de bois blanc.
Quand l'horreur fut moins rentable, il tenta le karaté devenu à la mode. En 1977 il changea de propriétaire et comme de nombreux cinémas encore actifs à Pigalle, il se convertit au porno sous le nouveau nom d'"Alpha-Blanche".
En 1982 il préféra l'érotisme partagé en devenant un club-vidéo gay.
En 1990 il eut pour dernier avatar ce qu'il est aujourd'hui : "La Diva-Mirliton-Café de Cuba!" Dancing, boîte de nuit, strip-club qui est à sa place à Pigalle!
Le Moulin Rouge. 82 boulevard de Clichy.
La transformation du Moulin Rouge en cinéma est un triste évènement pour les amoureux de Montmartre et de ses lieux mythiques. En 1929, la Goulue est morte et enterrée, le french-cancan ne fait plus recette, le célèbre music-hall devient une salle de cinéma.
Une des plus grandes de Paris non loin du formidable Gaumont Palace. Elle propose 2400 places dans une salle tendue de rouge. Les grandes productions françaises et internationales y sont projetées.
Il ferme ses portes en 1980 pour devenir une discothèque avant que ne renaisse le cabaret célèbre malgré la perte de l'essentiel de ce qui était son architecture fin de siècle, si on excepte "le Bal du Moulin Rouge" qui, lui, a connu une résurrection dès 1951.
Le boulevard de Clichy fait un coude à angle presque droit vers la place de Clichy. Nous ne parlerons pas de l'extraordinaire Gaumont, rue de Caulaincourt, ancien hippodrome, joyau art déco dans les grandes années avant la destruction et le remplacement par le hideux immeuble de banlieue qui abrite hôtels et Castorama. Nous lui avons consacré un article. complet.
Nous nous en tiendrons strictement aux salles qui ont pour adresse le boulevard de Clichy, la place et l'avenue.
Les Images. 132 boulevard de Clichy.
Le cinéma situé à proximité du Gaumont est ouvert en 1938 sous le nom de "Paris Soir Clichy".
Il le gardera jusqu'n 1947 où il devient "Les Images"
Dans les années 1980 il compte quatre salles. Mais en 1990 il est avalé par le "Pathé Wepler" dont il fait partie maintenant. Complexe moderne et de haute qualité son et images,
Pathé Wepler. 140 boulevard de Clichy.
C'est l'histoire d'un cinéma d'abord modeste, créé en 1956, qui de dédoubla puis devint boulimique en avalant ses voisins, en 1889 "Les Images" au 138 boulevard de Clichy comme nous l'avons vu puis en 1994 sur l'avenue de Clichy le "Pathé Clichy".
Le plus vieux cinéma qu'il ait digéré se situe sur l'avenue de Clichy, il s'appelait "Le Métropole" lors de sa création en 1919. Dès l'année suivante il devint le "Le Select". Nous pouvons apprécier la belle façade de cette époque, complètement détruite aujourd'hui.
En 1952
En 1930 il devient le "Select Pathé" puis en 1971 le "Pathé Clichy"avant d'être intégré à son voisin boulimique le "Pathé Wepler".
Aujourd'hui
Les Mirages. 7 avenue de Clichy
Puisque nous sommes sur l'avenue, restons-y un instant, le temps de tirer notre chapeau devant une des salles les plus dynamiques, les plus cinéphiles de Paris. C'est un lieu historique puisqu'il y avait à cette adresse en 1765 le Cabaret du Père Lathuile auquel nous avons consacré un article.
En 1906 y est ouverte une salle de music hall, le "Café Concert Kursaal". De cette époque date la magnifique charpente de Gustave Eiffel que nous pouvons voir dans la salle principale.
En 1930 le cinéma fait son apparition, d'abord "Eden" puis "Les Mirages". Après la 2nde guerre le cinéma est laissé à l'abandon et se dégrade jusqu'à ce qu'n 1973 il soit récupéré par Pathé pour devenir le "Pathé Clichy".
En 1996 il lui arrive ce qu'on pouvait rêver de mieux pour Paris, il devient avec l'appui de la Mairie et sous l'impulsion de l'ARP (Association des Réalisateurs et Producteurs) un cinéma d'Art et Essai dynamique, lieu de rencontres, de débats, de festivals. Rappelons que sa marraine est Fanny Ardant.
Il est devenu avec le "Louxor" un temple pour les cinéphiles! J'y ai par ailleurs vu et entendu Godard himself sous la charpente d'Eiffel.
Fresque dans l'escalier
Charpente Eiffel salle Jules Marey
Pour la troisième année, à chaque séance dans chaque salle le drapeau ukrainien est projeté.
Il ne nous reste plus maintenant qu'à évoquer les deux cinémas qui ont la place de Clichy pour adresse.
Le Mery. 7 place de Clichy.
La salle ouvre en 1935 sous le nom de "Clichy", à la fois théâtre et cinéma. Il est rénové en 1963 et se transforme en "Méry" prénom de la femme du propriétaire. Comme nombre de ses congénères qui avec la concurrence de la télévision et des video-clubs périclitent, il se spécialise dans le porno dans les années 70. Il subsiste jusqu'en 1995 année où il éteint définitivement son écran.
Plus tard, en 2003, sans changer d'aspect extérieur, il retrouve sa vocation première de théâtre. C'est le théâtre "Le Méry"
Aujourd'hui à son emplacement nous trouvons des studios d'entraînement sportifs, Episod.
Mais constatons qu'heureusement la librairie qui a la même adresse et qui est une des meilleures de Paris a cru et embelli!
L'Atomic. 10 place de Clichy.
Voilà le dernier des 16 cinémas qui participèrent aux écrans noirs de nos nuits blanches entre Pigalle, Blanche et Clichy.
Il nous permet de terminer la balade avec panache nucléaire! "L'Atomic"!
Il apparaît en 1948 sous le nom d'"Amsterdam Clichy" (la rue d'Amsterdam étant proche) avant de choisir un nom plus éclatant! Il dérivera vers le porno et reprendra son nom de baptême "Amsterdam-Clichy" avant de disparaître au profit de la malbouffe. Le burger à la barre!
Les cinémas nombreux dans notre quartier sont à l'image de l'évolution de cet art populaire qui provoqua l'enthousiasme avant de se banaliser et de se trouver en concurrence avec la télévision.
Ils tentèrent de survivre grâce au porno puis disparurent pour la plupart. Aujourd'hui nous avons la chance, nous les cinéphiles de trouver très proches les unes des autres quelques salles vivantes, curieuses des cinémas du monde.
Le Louxor
Pas sûr que l'on puisse dire comme le font tant de gens "C'était mieux avant"! Exception faite pour le Gaumont dont les vandales qui souvent nous gouvernent n'empêchèrent pas la destruction pour y planter une verrue architecturale qui défigure à jamais le quartier.
. 1er mars. Mars commence comme a fini Février, sous la flotte! crue du Calvaire)
2 mars. Tous aux abris! (arrêt du Montmartrobus place du Tertre)
3 mars. Les militaires n'ont pas de parapluie! (Rue du Chevalier de La Barre)
4 mars. Enfin du soleil au "Soleil de la Butte"!
5 mars. La 1ère photo date de 2015. Le chat roux aimé de tous rue Durantin et qui a été volé peu après cette photo. La 2ème photo date d'aujourd'hui, un nouveau petit chaton roux est apparu. Longue vie à lui!
6 mars. Printemps quand même square Nadar.
7 mars. La cour aux Juifs rue Durantin. Ainsi nommée par les riverains après la rafle du Vel d'Hiv qui emporta de nombreux habitants de cet immeuble.
8 mars. Etrange passante.
9 mars. Un chien de gouttière! (rue du Chevalier de La Barre.
10 mars; Mais ils se prennent pour des chiens!
11 mars. Les grilles de Montmartre supporteront-elles tant de serments d'amour éternel?
12 mars. Passage Cottin.
13 mars. Compagnons de galère.
14 mars. Les tables sur les trottoirs rue des Abbesses. A peine un passage pour la rue Antoine.
15 mars. Lecteur chapeauté jardins Renoir.
16 mars. Guitariste sans public à la basilique.
17 mars. Père et fils dans le carrousel du square Louise Michel.
18 mars. Montmartre de carte postale! Chanteuse et peintre. Ne manquent qu'un chat noir et un poulbot.
19 mars. Pèlerinage pour Saint-Joseph.
20 mars. C'est moi qui domine! Chien et enfant rue André Del Sarte.
21 mars. Quatuor assis. (Square Louise Michel)
22 mars. Quatre pattes et huit pattes.
23 mars. Pigalle. Entrée furtive.
24 mars. Printemps impressionniste boulevard de Clichy
25 mars. Le panda complice.
26 mars. La robe de Cendrillon?
27 mars. Voyage scolaire à Montmartre. Mais que dit-on à ces jeunes quand ils passent sans lever la tête devant le Lapin?
28 mars. Baiser sous les cadenas des amoureux.
29 mars. Vendredi Saint; le Chemin de Croix.
30 mars. Soeur Sourire.
31 mars jour de Pâques! Finir ce mois qui fut si dur avec des fleurs!
Depuis le 15 mars, le musée de Montmartre propose une nouvelle exposition. J'avoue que je ne connaissais rien d'Auguste Herbin (1882-1960), un peintre qui eut pourtant un vrai rayonnement et fut apprécié par certains de ses contemporains et dénigré par d'autres.
Nature morte aux grenades (1904)
Autoportrait 1903
Homme du nord, il est fasciné par les couleurs. Pas étonnant qu'il soit lié comme Matisse à la ville du Cateau-Cambrésis où il s'initie au dessin et à la peinture.
Il fréquente ensuite l'école des beaux Arts de Lille où il est attiré par l'Impressionnisme et le pointillisme.
Toits de Paris sous la neige (1901)
Il arrive à Paris en 1901. Il est influencé par Cézanne et Van Gogh. C'est sous leur influence qu'il ose les couleurs franches de l'un et la composition plus géométrique de l'autre.
Les trois vases
Portrait de jeune fille 1907
Autoportrait 1906
Il est alors considéré par la critique comme un Fauve. "La marque du Fauve est partout" écrit à propos de son œuvre un critique américain.
C'est le début pour Herbin d'une longue vie d'artiste faite de métamorphoses qui désorientent et, selon moi, expliquent en partie l'oubli dans lequel il est tombé
Après la période fauve, il se convertit au cubisme.
Il expose avec Braque, Picasso, Metzinger, non pas en suiveur mais en artisan majeur de ce mouvement. S'il ne noue pas de véritable amitié avec ces peintres, il les côtoie cependant et c'est à Picasso qu'il succède dans l'atelier que le Catalan louait au Bateau-Lavoir. Il y restera dix-huit ans.
Famille femme et enfant (1914)
Il se distingue par sa palette colorée et contrastée.
La majeure partie de l'exposition est consacrée, à juste titre, à cette période créatrice.
Paysage à Hardicourt (1911)
Jardin devant une maison (1914)
Le tableau "Jardin devant une maison" est surprenant. Il est à la fois réaliste avec ses maisons en arrière plan et déjà abstrait avec cet arbre-jardin qui gravite sur lui-même comme une planète.
Après guerre, Herbin quitte ses années cubistes comme on se défait d'une mue pour s'intéresser à l'Art Monumental que défendent le Bauhaus en Allemagne ou le Constructivisme en Russie.
Composition 1,2 et 3 (1919)
J'avoue que cette partie de son œuvre ne me touche pas beaucoup. J'y vois un exercice intellectuel, une composition théorique dont la qualité principale cependant reste la franchise des couleurs.
Devant l'échec commercial de ses compositions et l'impasse où il s'est engagé, Herbin change du tout au tout.
Nature morte à la nappe (1937)
Il revient à la figuration, période qui correspond à son adhésion temporaire au Parti Communiste.
Joueurs de boules 2 (1923)
Nous pourrions croire devant l'aspect monumental un peu figé de ses personnages qu'il se rapproche de l'esthétisme du réalisme socialiste. En réalité, il n'en est rien car Herbin insuffle dans ses compositions une atmosphère étrange, quasi surréaliste.
Ses natures mortes semblent s'animer et devenir animales comme ces concombres, nœud de serpents!
Les concombres 1926
Un critique parle de "réalisme magique" pour définir cette période qui à mon goût est, avec la période cubiste, la plus intéressante et la plus originale.
La fabrique 1925
Mais Herbin ne se satisfait pas de son nouveau travail. Lui qui avait déjà été tenté par l'abstraction retrouve son attirance pour les lignes et les couleurs qui ne cherchent pas à dessiner une réalité.
L'homme oiseau 1926
Et maintenant l'abstraction devient la règle.
Synchronie en jaune 1940
Nous ne trouverons plus de tentation figurative. Herbin devient et restera jusqu'à sa mort en 1960, un peintre abstrait.
Fasciné par les formes et les couleurs capables de tout exprimer sans avoir besoin de figurer la réalité, comme le Rimbaud des Voyelles, il met au point un alphabet plastique. Chaque lettre correspond à une figure géométrique, chaque couleur est évocatrice de sentiment ou d'atmosphère.
Par exemple dans le tableau intitulé "Lune", nous allons trouver le triangle jaune du L, la forme hémisphérique bleue du U, le triangle blanc du N, la forme sphérique rouge du E :
Lune 1945
Je reconnais que je reste un peu hermétique à cette "écriture" qui pour être comprise exige que nous soyons francophone!
Parfum 2. 1954
Herbin ne cessera dans les dernières années de sa vie de jouer avec son alphabet.
Plutôt que d'essayer de traduire ses formes et ses couleurs, mieux vaut les recevoir telles qu'elles s'offrent à nous et nous touchent selon notre sensibilité.
Herbin et sa femme
L'exposition se termine avec les tableaux alphabétiques. Ils sont la dernière mutation, la dernière métamorphose d'un peintre toujours en recherche.
Impressionniste, fauve, cubiste, Monumentaliste, réaliste, abstrait. C'est beaucoup pour un seul homme!
Dieu 1957
Nous pouvons admirer cette disponibilité d'un explorateur de nouveaux chemins, comme nous pouvons nous demander pourquoi cet explorateur n'est jamais allé au bout de ces chemins.
Les uns admireront son "évolution" et son dernier travail qui ouvre sur l'art cinétique et l'art optique, les autres regretteront qu'il n'ait pas exploré plus longuement les territoires successifs qu'il découvrait.
Génération 1959
Mais tous les visiteurs auront l'occasion de rencontrer les différents avatars d'Auguste Herbin et d'accueillir ce qui reste une constante de son art : le goût des couleurs de plus en plus franches, hymne à la vie et à sa diversité.
jour d’été où il est apparu dans la famille, septième d’une fratrie où les aînés étaient déjà dans leur adolescence tourmentée, il a apporté la joie, le soleil de ses cheveux blonds et bouclés. Je ne me lassais pas de le promener sur mes épaules jusqu’au jour où sa tête a cogné au-dessus du chambranle. J’avais oublié qu’il grandissait.
Il a grandi, il a rencontré l’amour, il a eu des fils dont les noms sont inséparables. Nos vies ont suivi leur cours plus ou moins capricieux. Nous nous sommes éloignés, nous sommes devenus des frères inconnus mais quand je l’ai revu, je l’ai retrouvé parce que je reconnais toujours les chats même quand ils ont apparence humaine. Il fallait voir comment il frottait la tête contre le pelage de Charly, comment il était resté un enfant assoiffé de tendresse et de caresses.
Ces derniers mois il a beaucoup voyagé et bien sûr il a remonté le Nil dans le pays où les chats sont des dieux. Avec sa femme et ses fils il est allé dans ce pays d’éternité. Ils étaient tous les quatre, inséparables, devant le temple d’Horus, au pied de la statue de Bastet, solides, soudés, ensoleillés comme les pierres.
Aujourd’hui Vincent monte sur la barque solaire, la barque de feu. Le Livre sacré des Egyptiens, "le Livre des Morts" dont le vrai nom est : "Le Livre du Retour à la Vie", s’ouvre à la page où il parle : Je suis reconstitué, je suis rajeuni, je suis revigoré. Je peux sortir au jour et me promener parmi les vivants
Comme les morts que nous chérissons, Vincent va se promener parmi les vivants. Nul doute qu’il viendra frotter sa tête dans votre cou. Nul doute que vous le reconnaitrez.
Du 2 au 5 Norvins, voilà un début de rue qui a connu bien des métamorphoses. Aujourd'hui il est entièrement occupé par "La Bohème", de la place du Tertre à la rue Saint-Rustique!
Cette gravure nous permet de voir le lieu déjà occupé par "la Bohème" à l'exception du dernier numéro où résiste encore, pour peu d'années, le restaurant du "Moulin Joyeux". Le nom du propriétaire sur la façade de l'Hôtel nous permet de dater la gravure entre 1930, année de son rachat par Beynat et 1938 année de sa destruction et de l'édification de l'immeuble actuel, trop lourd, trop haut, qui rompt l'harmonie des vieilles maisons et enlaidit ce lieu historique.
L'immeuble de 1938 comme une verrue sur un beau visage!
De vieilles photos et cartes postales nous permettent de garder souvenir de ce qu'était ce début de rue avant que Beynat n'en fasse son domaine et ne dévore un à un ses voisins.
Nous voyons sur ce cliché l'Hôtel du Tertre qui porte encore le nom de Bouscarat, "Le Rendez-vous des cochers" (maison Poncier) et avant la rue Saint-Rustique "Le Rendez-vous des Amis".
Nous avons déjà rencontré le "Rendez-vous des Cochers" en écrivant l'histoire de l'Hôtel du Tertre. Nous savons qu'il appartenait au Père Poncier et qu'il abrita au rez-de-chaussée une mercerie-librairie-papeterie qui délaissa les livres pour devenir débit de boissons.
Nous pouvons constater que "le Rendez-vous des cochers" a fini par abandonner les cochers pour attirer le chaland en se targuant d'être "le Sommet de la Capitale".
Les deux immeubles mitoyens "Sommet de la capitale" et voisin, ne faisaient qu'un seul numéro, le 3, malgré leurs différences (fenêtres, toiture).
Aujourd'hui ils forment un seul bloc dont les volets ont disparu et dont le pittoresque a été malmené.
Le 5 enfin est rentré dans l'alignement bohémien. Il faut de très bons yeux pour dénicher la plaque qui nous rappelle qu'il fut honoré de la visite régulière pendant une quinzaine d'années de Valadon et Utrillo venus en voisins de la rue Cortot.
Les dates paraissent un peu fantaisistes, à la mode montmartroise,
Ce qui est avéré, c'est que le restaurant faisait également office (comme de nombreux restaurants montmartrois) de débit de boissons.
Le Rendez-vous des amis devint "Le Moulin Joyeux" puis "Les Coulisses" jusqu'au jour de 1968 où il ne sut résister à la boulimie de La Bohème qui l'engloba tout entier!
Le Moulin Joyeux
Les Coulisses
Maintenant, tout le début de rue est uniformisé par La Bohème.
Pour nous consoler, réjouissons-nous que les petits immeubles des 3 et 5 n'aient pas été rasés pour s'aligner sur le vilain 2!
La mode moche (et paraît-il efficace pour attirer le chaland) n'épargne pas la Bohême. Actuellement, elle croule sous des fleurs en plastique et des nounours.
Et pour parachever le vandalisme, des fresques écrasantes assombrissent de leurs couleurs sinistres, prétendu hommage à Lautrec, tout le début de la rue St Rustique sur les murs latéraux de la Bohême. Elles consternent les habitants qui n'ont pas été consultés et font du cœur de Montmartre un disneyland prétentieux et épais.
La Bohême!
Destin hégémonique que celui de cet établissement dont le nom évocateur de pauvreté et d'artistes fauchés ferait sourire Aznavour qui vécut rue St Rustique....
Les nuages passent au loin avec les draps blancs et les airs de guitare. Le nom de ceux que nous aimons se dévoile en lettres mauves sur nos bras. Il y a sur tes genoux bien résolue à n’en jamais partir celle qui prend les couleurs dans tes yeux et qui se fait légère comme une plume pour que le temps l’oublie là où elle était heureuse. Il y a le dernier chat, celui de la septième vie, gris comme les cendres qui gardent la chaleur du feu.
Tu es l’amour qui me fait vivre. Tu es mon désir et ma peur. Le désir de vivre avec toi aussi longtemps que nous vivrons, de savoir dans la nuit ton corps contre mon corps, d’accueillir le matin avec reconnaissance. La peur de deviner les larmes dans ta voix, de voir neiger sur tes souvenirs, de ne pouvoir casser en deux dans mon poing levé les éclairs de douleur qui parfois te transpercent.
Je t’aime pour le soleil qui se lève et s’endort. Je t’aime pour le passé sans toi qui me suit et me mord. Je t'aime pour les stalactites en cristal du Balzac. Je t'aime pour l’alcool couleur d’orange et l’ange bleu de Chagall à l’Opéra. Je t'aime pour le quai des Schiavoni et les fenêtres ouvertes sur San Giorgio. Je t'aime pour le piano de Satie dans les rues de Montmartre.
Je t’aime et t’aimerai jusqu’au jour où la mort nous fermera les yeux entre les anneaux d’or.
1er février. A l'abri. Un parapluie pour commencer un mois pluvieux comme jamais, plus vieux aussi du jour supplémentaire de l'année bissextile.
2 février. Le marchand de cadenas devant le Sacré-Coeur. Les cadenas rouillent sous la pluie!
3 février. Rue Ronsard. "Vivez si m'en croyez, n'attendez à demain". Vite s'embrasser dans un rayon de soleil!
4 février. Elégante sans parapluie.
5 février. Même pas peur! (square Nadar)
6 février. Et s'il n'en reste qu'un ce sera celui-là!
7 février. Les parapluies à l'assaut de la Butte.
8 février. Parapluies rue Norvins.
9 février. Les vrais et les faux parapluies se confondent (rue Norvins)
10 février. Un peu de soleil entre deux averses.
11 février. Avant l'averse.
12 février. Petits égyptiens... du pays du Dieu Soleil.
13 février. La statue met la main à la poche.
14 février. Religieuses rue du Calvaire.
15 février. Un vieux Montmartrois rue du Chevalier de La Barre.
16 février. Comme des hirondelles sur un fil!
17 février, devant la Basilique. Un enchanteur.
18 février. Les amoureux de la Turlure.
19 février. Pour toujours. (Square Nadar).
20 février. Gros chien, petit chien, jeune fille, vieil homme..... une rencontre qui raconte la vie. Rue du Chevalier de La Barre.
21 février. On est toujours amoureux à Montmartre.
22 février. Oreilles droites, oreilles tombantes.
23 février. Saupoudrage de printemps. Miracle, il fait beau!
24 février. Seuls au monde.
25 février. Rose c'est rose!
26 février. Les parapluies avancent comme les légions romaines en formation de tortue, les boucliers sur la tête!
27 février. Des os pour le chien?
28 février. Rue Antoine.
29 février. Le mois se termine comme il a commencé sous la pluie-pluie-pluie! Jamais autant de parapluies ne se sont vendus sur la Butte, concurrençant les cadenas des amoureux!
Mars va prendre la relève, lui qui paraît-il "rit malgré les averses". Souhaitons qu'il rie beaucoup et se passe des averses!