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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places.



 Avant de partir pour les vacances de printemps pour aller explorer les îles charentaises (sans doute moins aventureuses que Bornéo ou Sumatra) je m'offre une petite balade dans le marché Saint Pierre au pied de la butte. Cette photo est prise du 4ème étage du magasin Dreyfus. Elle permet de voir le toit de la halle, les jardins, le clocher de St Pierre qui paraît minuscule à côté de l'opulente basilique.




 
Un petit rappel historique afin de mieux connaître cet endroit où se côtoient femmes d'intérieurs (ou hommes) soucieux de rénover leur home, sweet home, costumiers de théâtre, créateurs de revues et amateurs de carnavals. A l'origine, il y a cette halle de fonte et de briques qui sert de marché à tout le quartier. Marché traditionnel où l'on trouve fruits et légumes, viande et fromages. Deux commerçants, Armand Moline et Edmond Dreyfus venaient vendre des tissus sur les trottoirs à proximité de la halle.




 
Les deux homme arrivaient de Levallois avec leur charrette surchargée de coupons. Leur commerce marchait assez bien et lorsqu'une loge de concierge fut à louer à proximité, ils eurent l'idée d'y stocker leurs tissus.



 
Quand des terrains furent à vendre dans les années 20, Dreyfus est acheteur et fonde la célèbre enseigne en accaparant le nom même de marché Saint Pierre. Aujourd'hui la famille n'est plus propriétaire mais le nom est comme un label et reste fiérement accroché à la façade. C'est un beau nom de France dont les lettres se détachent sur le ciel du Sacré Coeur et rappellent une époque que l'on espère tout à fait révolue où des catholiques français s'acharnèrent, au nom de l'honneur de l'armée nationale contre ce capitaine homonyme qui incarne aujourd'hui la probité et l'innocence bafouée.


Assez rapidement, d'autre marchands vinrent s'installer. Le succès fut considérable car les prix étaient plus qu'avantageux. En effet, la plupart des tissus provenaient de fins de série ou de surstockage d'usine.



 
Aujourd'hui vous jouirez d'une promenade colorée entre strass, paillettes et rideaux en arpentant les quelques rues qui composent le marché. Vous descendez au métro Anvers et prenez la rue de Steinkerque qui monte vers le square Louise Michel, au pied du Sacré Coeur. La 1ère rue à droite est la rue d'Orsel où vous trouverez de nombreuse boutiques de taille assez modeste.


 
Vous arriverez rue Livingstone,  Place Saint Pierre, avec la plupart des enseignes célèbres : Reine, Moline, Dreyfus.


  
Vous découvrirez d'autres enseignes qui pourront vous faire sourire, comme celle-ci qui fait allusion peut-être à un certain Arsène et qui rappelle en jouant sur les mots la proximité de la Basilique!


Si vous voulez participer au Carnaval de Rio, poussez la porte de cette boutique rue Picard. Vous y serez accueilli par un sourire qui vous donnera envie de tout dévaliser !
 
 Et maintenant bonnes vacances à tous et bonne balade dans le marché des couleurs !

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Monuments. Cabarets. Lieux
















  Une deuxième visite de cette église qui pour moi est la plus belle de Paris (je ne cherche pas à être objectif puisque je suis montmartrois). Avant de quitter le XVIème siècle, mentionnons la rumeur qui n'a cessé de ronronner sur la butte. Lorsque Henri IV fit le siège de Paris et campait avec ses troupes sur les hauteurs de Montmartre, il aurait fréquenté assidument l'abbesse dont la beaut était de notoriété publique. Elle était la petite nièce de Catherine de Clermont et n'avait que dix-huit ans lorsqu'elle devint abbesse. Le Vert Galant aurait obtenu ses faveurs et aurait avec ses hommes transformé le couvent en maison de plaisirs. Il est vrai qu'à l'époque toutes les vocations n'étaient pas de bon aloi et pour ne parler que des moines, Rabelais n'écrit-il pas qu'il suffisait à une femme de passer à l'ombre d'un monastère pour tomber illico enceinte!
Au début du XVIIème Une abbesse de grand renom dirige l'abbaye. C'est Marie de Beauvilliers qui restaure la discipline et redonne à l'institution un grand rayonnement. La chapelle des martyrs devient un lieu très achalandé. Les pèlerins s'y précipitent depuis que des ouvriers en y faisant des travaux ont découvert une crypte qui aurait été une chapelle des premiers chrétiens de la région et où Saint Denis en personne aurait dit la messe. Un prieuré est construit. La partie haute de l'abbaye qui commençait à se délabrer est abandonnée au profit de la partie basse. Entre les deux partie fut construite une allée couverte qui dévalait la butte sur plus de 400mètres ! C'est la princesse Françoise de Lorraine de Guise qui est alors abbesse. Citons parmi les abbesses qui se succéderont, Marguerite de Rochechouart, grande érudite qui parle le latin, le grec et qui est rrès versée en philosophie. N'oublions pas Emilie de la Tour d'Auvergne et Catherine de la Rochefoucauld. Les piétons de Paris retrouveront leur nom en arpentant les rues depuis la place des Abbesses jusqu'au IXème arrondissemrnt un peu plus bas, en traversant le boulevard de Rochechouart.











Pierre tombale dans l'absidiole du baptistère


 











La façade de l'église rue du Mont Cenis, face à la place du Tertre. Cette façade un peu plate est sans inspiration date de la fin du XVIIIème siècle





Mentionnons enfin la dernière abbesse de Montmartre : Marie-Louise de Montmorency-Laval. En 1789, les révolutionnaires pensant qu'il y avait des armes dans l'abbaye projettent de l'attaquer. Après quelques péripéties, l'abbesse qui s'est enfuie et se cache à Bondy est dénoncée (tradition bien française) arrêtée et transférée à la Conciergerie. L'abbesse, vieillie est devenue sourde et aveugle. Elle est jugée par le tribunal révolutionnaire. Fouquier-Tinville ne pouvant recevoir aucune réponse de cette femme dictera au greffier une phrase devenue célèbre et qui n'honore pas son auteur :" C'est bon, c'est bon, écrivez qu'elle a conspiré aveuglément et sourdement." Elle est conduite place du Trône (aujourd'hui place de la Nation) où  elle est guillotinée avec quinze autres religieuses. Elles chanteront jusqu'à ce que tombe la dernière tête. Elles sont enterrées au proche cimetière de Picpus où vous pouvez voir leurs tombes.
L'abbaye est vendue comme bien national; elle est complètement détruite et démontée pierre à pierre; Il ne subsiste que l'église paroissiale qui devient pour quelques année "Temple de la Raison" et qui lorqu'elle retrouvera son usage cultuel gardera le nom de Saint Pierre aux dépens de Saint Denis qui était pourtant le saint patron de la paroisse de Montmartre.

















Franchissez la grille et découvrez la façade assez banale, ornée de portes de bronze qui ont été offertes en 1980 par le sculoteur Tomasso Gismondi. Vous voyez sur la photo la porte Notre-Dame. La porte centrale est consacrée à Saint Pierre et la porte de gauche à Saint Denis. Les vantaux sont à lire comme des vitraux. Le premier en bas à gauche représente l'annonciation, le deuxième en bas à droite : la nativité. Il suffit de les regarder en montant : le 3ème représente les noce de Cana, puis  Jésus rencontrant sa mère; le 5ème : Jésus en croix puis la déposition de croix. Le 7ème la Pentrecôtre et le dernier l'Ascension. Chacun appréciera selon son goût et sa sensibilité ces sculptures modernes qui semblent avoir connu l'usure du temps et font penser à des figures de glaise mal dégrossies.




Le dernier vantail de la porte de Saint Pierre (le martyre)


















Le troisième vantail de la porte de Saint Denis (Denis arrive à Paris).








  
A gauche de la cour d'entrée s'étend le cimetière du Calvaire où sont enterrées quelques personnalités comme Pigalle ou Bougainville. On ne peut visiter le cimetière qu'une fois par an à la Toussaint. La grille de Gismondi qui le sépare de la cour ne manque pas de force. Elle représente la Resurrection.
















Les vitraux ont été réalisés par Max Ingrand dans les années 50. Ils représentent le Christ, St Pierre, St Denis ainsi que d'autres saints vénérés sur la butte. Quelques uns (dans les absidioles ont un décor végétal). Ils sont de couleurs vives avec des rouges  vibrants.











Chapelle du Saint Sacrement.












Saint Benoît, Saint Ignace. Transept sud.

















Saint Pierre et le coq (choeur)






Parmi les assez belles réussites dans le mobilier contemporain religieux, on peut citer l'autel de cuivre émaillé de Froidevaux consacré en 1977. Pour une fois, la tendance minimaliste et misérabiliste a été abandonnée au profit d'une oeuvre qui puise son inspiration à la fois dans un passé médiéval où l'on réservait l'or et les pierreries aux objets liturgiques les plus sacrés et aux formes contemporaines stylisées et dynamiques.















La face principale représente la vigne de Montmartre, les maisons et les moulins. Le symbolisme y est clair et inclut Montmartre dans le mystère eucharistique du pain et du vin.

















Sur une des faces St Pierre est représenté avec ses inévitables clefs mais sans son gallinacé chanteur. St Dominique a lui aussi l'honneur d'un côté de l'autel pour des raisons familiales... Une tante des donateurs, soeur Marie Solange était en effet dominicaine.
 Dans le choeur vous pourrez découvrir plusieurs toiles de valeur. Un tableau assez impressionnant dû à José Ribera (début du XVIIème). C'est une descente de croix très sombre où le visage douloureux de la mère apparaît au dessus du corps supplicié du fils qui semble appuyé contre elle et dont les bras sont comme les ailes d'un oiseau blessé mais tentent de s'ouvrir encore pour accueillir les hommes.
 Un immense tableau de Parrocel (1750) représente Jésus au jardin des oliviers. Il est composé de trois parties : en bas, dans l'ombre les disciples endormis; au centre le Christ face à un ange qui lui tend les bras et au-dessus, dans la lumière la croix du supplice portée par des angelots.



















                                                                          











 Une autre toile représente le reniement de Saint Pierre par le Guerchin (début XVIIème). Pierre se chauffe les mains à un brasero et refuse de suivre la direction indiquée par le doigt de celle qui l'accuse, tandis qu'un soldat  pose la main sur son épaule. Cette attitude du saint qui semble préférer le confort de cette chaleur à l'héroïsme auquel l'invite l'homme en armes, attitude bien compréhensible et humaine nous interpelle aujourd'hui où tout engagement pour plus de justice et de fraternité implique que l'on abandonne ses pantoufles et son brasero! Et pourtant nous ne risquons pas d'être crucifiés la tête en bas...

















Une dernière toile de moindre facture, d'un artiste anonyme représente une flagellation. Elle est un peu gesticulatoire; seule la tunique rouge qui annonce le supplice donne un peu de force à l'ensemble et au Christ qui jette un regard de côté et se demande ce qu'il fait dans ce mauvais film.
 

Lien : le cimetière saint Vincent fin d'annee

















     Et maintenant  à vous de découvrir cette église à l'histoire mouvementée mais qui reste imprégnée de prières et de chants. Il est agréable de quitter l'agitation touristique du quartier pour s'y asseoir un moment et écouter le murmure des pierres.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Monuments. Cabarets. Lieux
Le mot de cliché convient tout à fait au Sacré Coeur. Clichés les photos obligées et stéréotypées que tous les touristes se doivent d'enregistrer, clichés les appréciations négatives sur le monument, clichés les jugements sans appel : c'est une horreur, c'est du plus parfait mauvais goût, c'est plouc et archi plouc.                    
 

     Il y a toujours eu de tels jugements sans appel sur les monuments parisiens. Sans remonter au Moyen Âge, il suffit d'évoquer la Tour Eiffel par exemple qui fit hurler les gens de goût qui n'avaient qu'une hâte : voir venir la fin de l'exposition universelle et le démontage du mécano. Il fallait un poète comme Apollinaire pour écrire : "Bergère, ô Tour Eiffel, Le troupeau des ponts bêle cfe matin..."

L'Opéra Garnier connut le même dédain et fut longtemps considéré comme archétype du clinquant et de l'esbrouffe du style Napoléon III. Plus près de nous Beaubourg déchaîna des torrents d'hostilité et de dénigrement; torrents qui ne sont toujours pas taris. Le Sacré Coeur, lui, fut dès sa construction considéré comme un gros tas, une laiterie, une hideuse verrue sur le ciel de Paris. L'engouement populaire donnait raison aux gens de goût qui ne pouvaient qu'être une élite.


Effectivement le monument inspira une surproduction de cartes postales d'une esthétique discutable mais qui avec le temps prennent une petite saveur kitch et rétro que quelques branchés appelleront "vintage"! L'origine même de la basilique reste un peu glauque. Nous sommes après la guerre de 1870, la défaite très lourde devant les Prussiens; nous sommes surtout après la grande révolte de la Commune et l'écrasement sanguinaire du mouvement populaire. Une institutrice de Montmartre en fut une figure héroïque, Louise Michel, dont le nom a été donné au square qui s'étend au pied du Sacré Coeur.



 Tous les malheurs de la France viendraient selon certains de la désaffection religieuse, des errements philosophiques et moraux. Nous serions punis parce que licencieux et amoraux! Vite il fallait se repentir, construire un monument expiatoire pour bien montrer que nous désirions retrouver notre statut de "Fille Aînée de l'Eglise". On cite parmi les initiateurs du projet Alexandre Legentil et Hubert Rohault de Fleury.



L'historique de la construction n'a que peu d'intérêt, signalons seulement que l'Assemblée Nationale en personne vote une loi qui déclare la Basilique d'utilité publique! Signalons aussi qu'une vaste collecte est organisée dans toute la France et qu'en fonction du don que vous aviez consenti, vous aviez votre nom gravé sur les pierres blanches de l'édifice. Il faut croire que les paroles évangéliques "que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite" (citation approximative?) n'avait pas cours en cette fin de siècle.

En tout cas, la construction est lancée dès 1875 et commence par les travaux de consolidation du sous sol. Le terrain est en effet instable et il faut creuser des puits que l'on comblera et qui serviront de piliers d'assise au monument.  Tout est terminé avant la guerre de 1914 mais la consécration ne pourra avoir lieu qu'après cette dernière. Lors des bombardements de 1944, les vitraux exploseront et devront être refaits. Je pense à une vieille amie arménienne qui habitait rue Müller avec toute sa famille, enfin ceux de sa famille qui avaient échappé au génocide perpétré par l'armée turque et qui par miracle vit atterrir sur son lit une bombe qui resta intacte, peut-être émue par les malheurs qu'avait déja subis ces Arméniens...
La carte postale ci dessus est une "vision" de l'église, alors que l'érection n'a pas commencé. Elle donne une image étrange et peu fidèle de ce que sera en réalité le monument.


La basilique est aujourd'hui incontournable et fait partie du circuit touristique obligatoire qui passe par la place du Tertre et les vignes. Peu de visiteurs ont l'idée d'entrer dans la petite église paroissiale de St Pierre qui recèle des trésors et que je vous inviterai à visiter prochainement. Rien ne vous empêche cependant de déambuler à l'intérieur de la basilique, de scruter l'immense mosaïque dont certains détails sont assez beaux et représentent les saints de France. Vous aurez aussi l'occasion d'entendre le déluge du grand orgue qui est un Cavaillé-Coll.


Cette carte postale montre à quel point le réalisme n'était pas de mise! Elle est colorisée n'importe comment et ne rend en rien le chatoiement de la mosaïque qui est bleue et dorée. Les pierres elles mêmes n'ont pas ce jaune douteux mais elles sont blanches et nettes lorqu'elles ont été débarrassée de la fumée des cierges qui brûlent par milliers.

Et pour revenir à notre début sur les clichés, je dois avouer que pour moi le Sacré Coeur est plus qu'une grosse église. Il a un côté naïf qui plaît aux peintres du dimanche et
qui me touche  lorsqu'on le découvre avec ses jardins qui semblent défier la perspective et s'élever à l'horizontale avec ses petits personnages accrochés aux pelouses. On se croirait dans un tableau qui ignorerait la perspective.


Enfin, quand vous déambulez dans les ruelles de Montmartre, il surgit soudain, dans la lumière bleue du matin ou la lumière rose des soirs de vent comme un mirage, une ville byzantine venue des rives du Bosphore pour faire tourner ses coupoles dans le ciel parisien. Sur cette photo, à gauche vous voyez les galeries Dufayel (aujourd'hui la toiture a été rasée mais il reste heureusement le porche monumental surmonté des sculptures de Dalou) et à droite le campanile en construction.



Et pour terminer quelques photos prises aujourd'hui de mes fenêtres, avec un rayon de soleil sur les coupoles, et pour la dernière photo une partie de l'immeuble des galeries Dufayel, l'angle sur la rue de Clignancourt et la rue Christiani. C'est là qu'habita Aristide Bruant jusqu'à sa mort, lui qui déplorait la construction de grands immeuble sur les contreforts de la butte. On pense à Frehel : Des m'aisons d'six étages, ascenseur et chauffage ont couvert les anciens talus, le  P'tit Louis réaliste, est dev'nu garagiste et Bruant a maint'nant sa rue...






Mais laissons le dernier mot à Bruant qui avait l'art des mots et qui dans sa chanson "Ma Rosse de Gosse" écrit :


Ma Rosse de Gosse
Y a déjà pas mal de temps
Quand alle avait sept ou huit ans
A d'meurait su' la plac' du Tertre
Tout là haut, à Montmertre
A s'épanouissait, en sautant
Au pied du Sacré-Palpitant...








Je vous envoie un grand bonjour depuis le Sacré Palpitant!

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités


Aujourd'hui, il fait un temps gris hivernal sur la butte où je décide d'aller saluer un vieux copain, le chevalier de la Barre, installé depuis quelques années à deux pas du Sacré Coeur.














Non, ce n'est pas lui. Enfin, ce n'est plus lui. Cette statue a été déboulonnée et fondue. Elle avait pris place presque en face du Sacré Coeur, comme une réponse laïque à l'érection de l'énorme basilique payée en partie par la bourgeoisie que l'écrasement de la Commune avait rassurée. Notre pays restera formidable tant qu'il sera possible de faire cohabiter de tels symboles et de donner à la rue qui contourne la basilique le nom d'un jeune homme torturé pour sa libre pensée et son impertinence. Imaginez qu'on donne aux rues qui mènent aux mosquées le nom des caricaturistes!!!











 Sur le chemin, je rencontre cet étrange personnage transformé en statue pour intriguer les touristes mais dont la fleur offerte est bien vivante.













 A l'entrée du petit square, une fontaine Wallace semble tourner comme un manège. Une des cariatides s'est peint le visage pour jouer les Pierrot le Fou. Notre chevalier est à deux pas de là sur son socle de pierre, il nous tourne le dos, le visage vers l'église blanche. Remarquez sur la droite, une cabane pour les oiseaux. Ainsi, notre chevalier est-il environné d'oiseaux parisiens, comme autant de saints-esprits laïcs.

 

 














   Bon d'accord, ce sont plutôt des pigeons dodus qui auraient tendance à laisser tomber quelques décorations sur les pierres immaculées.



















Et le voilà, celui que je suis venu voir aujourd'hui. Il a retrouvé une statue, placée un peu plus en retrait que l'ancienne mais qui rend justice à sa jeunesse et à son assurance. Son histoire est bien connue et tient une place de choix dans le florilège de la bêtise et de l'intolérance. En ces jours où les intégrismes de tout poil s'ébrouent dans notre démocatie, elle résonne comme un avertissement. Nous sommes en Picardie, en 1765, le crucifix ornant le Pont-Neuf d'Abbeville a été tailladé. Scandale chez les bonnes gens. On ne s'interroge pas pour savoir si des ivrognes en goguette, ou simplement les montants d'une charrette ont pu être cause de la dégradation. On cherche un coupable. En chaire, les curés appellent à la délation.











     Et comme toujours, ces appels ne restent pas sans réponses. Il y a de braves gens pour écrire, dénoncer, faire oeuvre de salubrité publique. On se rappelle que trois jeunes hommes, un certain jour de juillet, ont refusé de saluer une procession du Saint Sacrement. L'un d'eux a gardé son chapeau vissé sur la tête alors que la foule alentour était agenouillée, tête découverte, en signe de respect et d'adoration. Ils furent donc recherchés. L'un d'eux s'enfuit, l'autre était trop jeune, le troisième fut arrêté. Il avait 19 ans et s'appelait chevalier de la Barre.

















    Il possédait en outre des livres interdits comme le Dictionnaire Philosophique de Voltaire. Un procès inique eut lieu qui ne respectait même pas les lois en vigueur. Le jeune homme fut torturé, soumis à la question. le 1er juillet 1766 il eut le poing coupé, puis la langue arrachée. On le décapita. Il ne ramassa pas sa tête comme l'aurait fait St Denis pour dévaler les pentes de la butte. Non. Il fut jeté au feu avec elle. On n'oublia pas de précipiter dans le bûcher les livres interdits.
Il est vivant aujourd'hui notre chevalier. Il a la jeunesse et la liberté que n'auront jamais ceux qui veulent imposer leur doctrine au mépris de la pensée, du plaisir, de la vie.












   Salut l'ami !
  Et maintenant je rentre chez moi par cette rue qui contourne la basilique et qui s'appelle : rue du Chevalier de la Barre.
..............;

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Monuments. Cabarets. Lieux

                En ce jour gris d'un printemps hivernal, pourquoi ne pas se réfugier tout en haut de la butte et ne pas s'attarder dans la très belle église du vieux village de Montmartre? Sur ce mont dont on discute toujours l'origine du patronyme :  mont de Mars,  mont de Mercure, mont des Martyrs... le sacré est présent depuis les origines. Imaginez Saint Denis et ses copains Rustique et Eleuthère, décapités devant les paysans de la contrée, tous trois prêts à perdre la tête pour sauver leur âme. Saint Denis d'ailleurs ne se console pas de la voir rouler cette tête sur la terre épaisse de la butte; il la saisit, la porte comme le saint sacrement, tout contre lui et dévale la pente pour s'arrêter à deux ou trois kilomètres de là, pile poil où sera édifiée la basilique qui portera son nom et où seront inhumés les rois de France. Légende ou réalité, c'est en tout cas à l'endroit où Saint Denis perdit la tête qu'une première église fut édifiée à l'époque mérovingienne. Des fouilles ont permis de trouver dans l'église et dans les jardins qui l'entourent d'importants vestiges d'une nécropole mérovingienne.



Les chapiteaux de marbre et ces colonnes proviendraient de la première église du VIème siècle qui les aurait récupérés dans les vestiges des temples antiques de la butte. Ils sont donc à Paris des vestiges parmi les plus anciens qu'on puisse trouver
 
Deux colonnes sont situées dans le choeur et deux autres sous l'orgue.











Une photo de l'église prise de la rue du Chevalier de la Barre.




Ne nous attardons pas sur l'église et la chapelle du martyr dont on ne sait presque rien et sautons à pieds joints dans le XIIème siécle, et plus exactement en l'an de grâce 1133 où le roi Louis VI et la reine Adélaïde en deviennent propriétaires. Ils décident de fonder une abbaye sur ce lieu sacré et choisissent de la confier aux bénédictines de l'abbaye Saint Pierre de Reims.

L'église sera consacrée en 1147 (elle est donc une des trois plus anciennes églises du Paris d'aujourd'hui) par le pape Eugène III accompagné de Saint Bernard et de l'abbé de Cluny, Pierre le Vénérable.  Louis VII et sa mère Adélaïde qui lui ont donné le titre d'abbaye royale de Montmartre assistent à la cérémonie. Plus tard, la reine Adélaïde, très attachée à cette abbaye s'y retirera et y mourra. Elle tiendra à être inhumée dans le choeur. Il ne reste presqu'aucune trace du dallage royal, sinon cette pierre martelée pour servir de marche à l'autel et qui fut retrouvée en 1901. Vous pourrez voir à l'entrée de la sacristie.C'est un vestige émouvant, un fantôme de pierre, la mystérieuse présence d'une reine du Moyen Âge qui continue de veiller sur son église


L'abbaye devient vite célèbre et sert de halte aux pélerins qui se rendent jusqu'à Saint Denis et tiennent à s'arrêter sur le lieu même où le Saint aurait subi son martyre, où il aurait perdu la tête (ce qui lui fit les pieds puisqu'il crapahuta comme vous le savez sur plusieurs kilomètres. Aujourd'hui vous avez le choix entre bus, métro et vélib pour parcourir cette distance avec plus de facilité).
On dit que Thomas Becket voulant échapper à l'ire royale d' Henri II aurait trouvé asile et refuge dans cette abbaye.En tout cas les religieuses y sont nombreuses et l'on dut lorsque le cimetière fut plein comme un oeuf, ramasser les os et les crânes et les disposer dans les galeries du triforium.




 

L'église de l'abbaye a une double vocation; elle est à la fois le lieu de culte réservé aux religieuses et une église paroissiale. Les bénédictines de Saint Pierre de Reims disposent du choeur et de la dernière travée de la nef. La partie conventuelle était dédiée à Saint Pierre et la partie paroissiale à la Vierge et à Saint Denis. Une cloture les séparait On voit sur la 1ère photo le pilier entre la 1ère et la 2ème travée où venait se fixer la grille de séparation. Sur la 2ème photo correspondant au 1er pilier, l'endroit où la grille fut fixée quand on décida de donner plus de place à l'église paroissiale.
















     Le plan de l'église est typiquement roman : une nef et des bas-cotés simples, un transept peu développé avec deux chapelles en absidiole et un choeur en hémicycle.
La nef était recouverte d'une voute de pierres si lourde qu'elle menaçait tout l'édifice, les contreforts ne pouvant supporter une poussée excessive. Elle fut donc démontée avant la fin du XIIème siècle et remplacée par un plafond de bois. Sans doute était-il temps car l'écartement des murs est bien visible et frappe aujourd'hui le touriste qui entre dans l'édifice. Le plafond sera remplacé à la fin du XVème siècle par une voute d'arête sur croisée d'ogive. La plupart des chapiteaux romans furent massacrés à l'occasion de cette "amélioration" dans le goût de l'époque.



Parmi les chapiteaux rescapés, celui de la luxure! On y voit un brave homme à tête de porc qui chevauche à l'envers un cheval qu'il tient par la queue.









Dans le choeur, la voûte de la 1ère travée est romane; elle permet de comprendre pourquoi l'église qui était tout entière recouverte à l'origine risquait de s'écrouler sous le poids de ces pierres à boudin.










Voici une photo de cette voûte, la plus ancienne de l'édifice.
Revenons à l'histoire de l'église qui pendant la guerre de cent ans aurait reçu la visite de Jeanne d'Arc. Il est vrai que les lieux ayant eu l'honneur d'une telle visite sont si nombreux dans notre pays qu'il faut croire que Jeanne avait un véhicule d'au moins 18 chevaux! C'est en tout cas à la fin du XVème siècle, alors que l'église est en partie délabrée que les voûtes de la nef  remplacent le plafond de bois.




Au XVIème siècle, l'abbaye est le théâtre d'un événement de grande importance : Saint Ignace de Loyola, Saint François Xavier et leurs compagnons prononcent les voeux de la fondation de la Compagnie de Jésus. Précisons cependant que ce n'est pas l'église qui accueillit ces aventuriers de l'âme mais la chapelle du martyrium dont il ne subsiste presque rien, un peu plus bas, rue Yvonne le Tac, à côté du collège. De cette époque date la très belle cuve baptismale dans l'absidiole à droite du choeur.



Cette cuve veut rappeler le berceau dans lequel Moïse vogua sur les eaux du Nil... elle est sculptée de figures et de rinceaux très caractéristiques de la Renaissance.


Quelques mots des abbesses qui se succédèrent jusqu'à la Renaissance. L'une d'elle se fit remarquer pour sa clémence et l'intérêt qu'elle portait au confort des religieuses. Enfin, le mot "confort" est tout relatif!  Les hivers étaient très rudes et la butte alors en pleine campagne était exposée à tous les vents (ce qui attirera un peu plus tard les moulins). Les pieds des braves religieuses risquaient de s'ankyloser et la bonne Abbessse ordonna la distribution de bottes fourrées.

Quelques pierres tombales des abbesses du Moyen-Âge et de la Renaissance subsistent dans les absidioles : à gauche du choeur, un fragment de la pierre d'Antoinette Auger, abbesse du XVIème ainsi que la pierre tombale de Catherine de la Rochefoucault (1760) dont nous parlerons dans le prochain article. A droite, la pierre tombale de Mahaut de Fresnoy (1280) et de Marguerite de Minci (1309) cousine de l'abbesse Ade.
Je vous proposerai la prochaine fois la suite de la visite : St Pierre de 1600 à nos jours. Avant de m'éclipser et d'aller avec mon drapeau tibétain acccueillir la triste flamme des Jeux Olympiques de l'Hypocrisie et des faux culs je vous envoie un cliché pris ce matin depuis mon toit et qui nous montre Montmartre sous la neige le 7 avril...

Lien : visite de Saint Pierre de Montmartre 2 (de 1600 à nos jours)

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Publié le par chriswac
Publié dans : #ASIE
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Un aperçu de l'extraordinaire cratère du Kawah Ijen. Les fumeroles causent une légère brume qui n'empêche pas le regard de plonger vers ce lac turquoise dont le bleu varie, s'approfondit ou s'éclaircit selon les caprices des nuages. Il faut une heure trente de marche sur un sentier abrupt pour aller de la base de départ jusqu'au sommet.

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Les fumeroles peuvent s'épaissir soudain et vous environner. Vous vous trouvez alors dans un brouillard acide qui vous brûle la gorge et vous picote les poumons. Il vaut mieux prévoir un masque afin de se protéger et envisager de descendre à l'intérieur du cratère.

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La base de départ se situe à 3 km du cratère. Plusieurs baraques permettent à des jeunes voyageurs de s'installer s'ils ont déja beaucoup marché et de reprendre des forces avant la dernière étape. Ce sont souvent de jeunes indonésiens, étudiants ou scolaires qui les occupent mais rien à voir avec le cirque du Bromo que tous les touristes qui viennent à Java ne manquent de visiter. Il leur suffit de prendre place dans la foule épaisse et de gravir une centaine de marches avant de pouvoir photographier le cratère sec du Bromo. Si vous le pouvez choisissez le Kawah Ijen (Cratère Vert) avant que le tourisme de masse ne vous concocte un télécabine !

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Fière de son exploit, Nicole pose pour l'éternité. Elle qui ne supporte pas les balades dans la forêt d'Ermenonville, elle se retrouve à plus de 2300 mètres, les armes à la main devant ce lac exceptionnel, le plus grand de tous les lacs de cratère : 700 mètres sur 600 et d'une profondeur de 200. Sa température varie entre 20 et 40°C.

bali-110.JPGUne mine fonctionne dans le cratère. Des tuyaux canalisent le souffre qui à la sortie se solidifie en blocs de couleur jaune vif. Des hommes se relaient dans la chaleur, les fumeroles acides pour remonter ces blocs. Ils se chargent le plus possible car ils sont payés au kilo transporté. Leurs paniers portés en balancier sur l'épaule peut peser 90kilos. Nous les croisons ces forçats, et ils trouvent le moyen de nous sourire...sur leur trajet difficile, semé de rocs et de cailloutis glissant par temps de pluie. Le plus souvent ils sont chaussés de bottes de caoutchouc ou de simples tongs rendues moins coupantes par des chiffons entourant les lanières.
bali-111.JPGLe kilo sera payé à peu près 10 centimes d'euro. J'ai lu sur un site que c'était un bon salaire en Indonésie...C'étaient des touristes français qui écrivaient de telles appréciations car je me demande combien d'années on peut vivre à un tel régime, avec dans les poumons ces fumées acides et sur les articulations le poids toujours renouvelé de ces charges excessives.
Pour les touristes le Cratère Vert est un spectacle inoubliable, une attraction forte et pour ces hommes condamnés à ce travail terrible pour pouvoir nourrir leur famille, cest un enfer. Je pense à cette scène de Fellini dans La Nave Va où l'on voit les riches oisifs descendre dans les cales du navire pour admirer les manoeuvres dégoulinant de sueur qui s'occupent des machines brûlantes et bruyantes qui permettent au navire d'emmener ses hôtes privilégiés.
En quittant le volcan pour aller vers Banyuangui, quelques échappées vers les rizières et une rencontre avec des poussins d'une école musulmane....
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Lien Temples à Bali. Ratan. Ulu Watu. Taman Ayun. (1)

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La chance d'être à Bali la semaine de Nyepi, le Nouvel An Hindouiste fêté par tous les Balinais. Cette année Nyepi tombait le 7 mars. Quelques jours avant, toute l'île déjà si habituée aux processions, aux offrandes, aux prières était comme saisie d'une frénésie de cérémonies. Sur la plage de Jimbaran, les habitants des villages environnants se réunissent l'avant veille avec les oriflammes, les gamelans, les offrandes. Les quelques touristes présents sont acceptés comme ils le sont partout dans cette île souriante. Ventre rouge en avant et maillots moule-bite, ils détonent à côté de ces hommes en sarong et vestes immaculées et de ces femmes parées et maquillées.
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Après les processions et les offrandes, la journée du 6 mars commence au ralenti. Beaucoup de commerces sont fermés, les restaurants ont baissé leur rideau, la circulation se fait moins dense. Chacun semble se préparer pour le soir et l'extraordinaire défilé des ogoh ogoh.

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Les ogoh ogoh sont des créatures maléfiques qui représentent le mal. Chaque quartier, chaque rue en confectionne un pendant les jours qui précèdent la grande fête. Pour les enfants, c'est un moment de grande récréation. Ils participent à la confection des monstres et c'est l'occasion pour eux de rires et de jeux.

bali-220.JPGCirculer le 6 mars dans la campagne balinaise est un vrai voyage dans la fantaisie et le baroque. Tout est possible dans l'imagination et la démesure. Tous les personnages les plus grotesques ou les plus grimaçants prennent vie et jouent les gros bras comme ce sinistre ivrogne, cigare entre les doigts, bouteille à la main et dollars dans le slip. Il aimerait bien écraser de sa tong noire la piétaille des gamins du village.

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Celui là a embroché un petit cochon de lait et lève son verre d'arak avant de s'élancer dans les rues cherchant d'autres proies à embrocher. Il ne semble pas impressionner ces petites filles très sages.

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Un monstre un peu plus humain par la taille et l'expression pour ces enfants assis sur le cadre de bambou qui servira le soir à porter et promener l'ogoh ogoh dans les rues. Le sourire et la gentillesse des balinais frappent tout visiteur qui peut s'étonner que le tourisme à outrance n'ait pas atteint l'âme de cette île. Peut-être la représentation du mal, du vice , de la méchanceté  dans les statues de démons qui habitent à profusion les temples et les maisons, permet-elle d'exorciser la violence et la peur.

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Une sorte de méduse prête à vous dévorer plutôt qu'à vous pétrifier.
Ce soir, elle aussi sortira dans les rues mais elle ignore encore quel sera son sort. En effet tous ces monstres vont être anéantis dans des feux de joie. Leur voracité, leur violence, leur désir de meurtre et de viol, tout cela va flamber sur les places et dans les rues. C'est le sens profond de la fête : la possibilité d'anéantir le mal, de croire possible son éradication, ne serait-ce que pour un moment.

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Et après la nuit où l'on fera un maximum de bruits : gamelans, chak a chak des hommes qui imitent les cris de singes, sifflets et cymbales, demain le silence total tombera sur Bali. Après cette nuit où toute la population sera dehors, chantera, mangera et boira, demain il n'y aura plus personne dans les rues; Pas une voiture, pas une moto, pas un vélo... Les fenêtres seront fermées, les volets clos.

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Les touristes n'auront pas le droit de quitter leur hôtel. Ils n'auront pas accès à la plage. Ils resteront confinés dans leur enclos et leurs chambres devront elles aussi avoir leurs volets fermés afin qu'aucune lumière ne puisse filtrer. Les jardins des hôtels ne seront pas éclairés et les restaurants tendront de grandes toiles noires sur leurs vitres.

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Ainsi quand les démons après avoir brûlé voudront revenir à Bali, plus déchaînés que jamais et plus désireux de se venger du honteux traitement qu'on leur a infligé, les démons découvriront une île déserte. Pas un homme, pas une voiture, pas un bruit, pas une lumière. Ils comprendront que l'île est inhabitée et ne présente donc aucun intérêt pour eux qui ne désirent que s'abattre sur des proies humaines. Ils repartiront donc et chercheront d'autres îles à se mettre sous le croc.

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Le jour de l'an à Bali, NYEPI, c'est ce désir de voir triompher le bien mais sans trop d'illusions, c'est ce moment où toute une population joue le jeu de la ruse pour tromper l'adversité. C'est un jour de silence et de prière et c'est aussi un conte dans lequel sont entraînés les visiteurs étrangers, heureux de partager avec les Balinais ce jour hors du temps.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Cimetière.

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Une dernière balade avant l'envol pour l'Indonésie via Singapour. Impossible de ne pas saluer Dalida et son auréole de soleil. Etrange comme le temps lui donne de l'éclat et de la profondeur. Peut-être parce que précisément c'est la chanson de Ferré qui lui ressemble le plus : Avec le temps, va, tout s'en va, même les plus chouettes souvenirs, ça a une de ces gueules, à la galerie j'farfouille dans les rayons d'la mort, le samedi soir quand la tendresse s'en va toute seule.... Peut-être aussi parce que sous le kitch et les plumes, apparaît la véritable élégance d'une femme noble et tourmentée. Un tourment qui prit fin une nuit de mai, par quelques mots griffonnés : La vie est devenue insupportable. Pardonnez-moi.

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Deux allées en contrebas, cette étrange sculpture en partie en relief en partie en creux.  Elle ne fait pas très sérieux et ressemble à un jeu d'optique. Qui représente-t-elle? Vous pouvez le deviner.... Un psychanalyste!!! Un certain Guy Pitchal. Vous pouvez deviner également qui il eut comme patiente célèbre... Une certaine Dalida. Jacqueline Pitchal, femme de Guy écrivit un livre sur son amitié avec la chanteuse : Tu m'appelais petite soeur. Ont ils imaginé, le psy et sa patiente, qu'ils seraient si proches un jour et pour si longtemps ?


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A quelques encablures de là, repose en silence Boum Boum (de son vrai nom Geronimo Medrano).
  Un des derniers clowns solitaires du 19ème avant l'apparition de l'Auguste. Il plaisait beaucoup avec sa gueule enfarinée et ses trois touffes de cheveux. Il s'adressait à l'orchestre par ces seuls mots : Boum boum. Le vieux cirque montmartrois où il officiait, le cirque Fernando fut construit en dur à l'angle de la rue des martyrs et du boulevard de Rochechouart et racheté par les Medrano. Les parisiens qui ont plus de 40 ans se rappellent sans doute ce très beau bâtiment circulaire, de fonte décorée. Ils ont vu, le coeur gros sa destruction dans les années pompidoliennes où il était bon d'adapter Paris à la voiture et où on massacrait sans remords les extraordinaires halles de Baltard. Le cirque a été remplacé par un horrible immeuble de marbre gris, infiniment plus triste que le cimetière vibrant de Montmartre. Cet immeuble sinistre s'appelle ...Le Bouglione!!!

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Encore une artiste. Nous avons du mal à imaginer à quel point elle fut populaire. Elle savait allumer les mâles avec son sourire très affranchi et sa manière de faire voler ses jupons pour laisser entrevoir sa culotte. Son habitude de passer entre les tables et de vider les verres des clients ravis lui valut son surnom de Goulue. Sa gloire fut au zénith à l'époque du Moulin Rouge où elle dansait le chahut avec un pinardier dégingandé surnommé Valentin le Desossé. Une partie du renom dont elle bénéficie encore aujourd'ui, elle le doit à Toulouse Lautrec qui la représenta souvent et qui, lorsqu'elle décida de se mettre à son compte en ouvrant une baraque foraine de danse orientale lui peignit les panneaux de sa roulotte. Vous pouvez les admirer aujourd'huui au musée d'Orsay. 

La Goulue vieillit mal, ne se console pas de la mort de Bouton d'or son fils et va faire de petits boulots pour survivre. Elle reviendra au Moulin Rouge, non pas pour être la reine du Cancan mais pour vendre des sucreries sur le trottoir à l'entrée de l'établissement. Elle est morte à Saint Ouen et ce n'est qu'en 1992 qu'elle fut transférée au cours d'une grande fête montmartroise dans ce cimetière situé à quelques mètres du Moulin Rouge.



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Restons  un peu dans la danse avec Degas.
 Si au début de son oeuvre il va comme Gericault à Longchamp peindre jockeys et courses de chevaux, c'est peu à peu le monde des théâtres et des ballets qui l'attire et le fascine. Il n'est certs pas d'esprit politiquement révolutionnaire, fils de banquier qu'il est , à l'abri de tout souci financier. Mais il sait peindre les femmes du peuple comme les repasseuses qui reviennent comme un thème récurent. Il n'est pas comme les Impressionnistes passionné de nature, de grand air, de lumière naturelle. "Je ne veux pas perdre la tête face à la nature"

Il préfère la lumière artificielle des éclairages au gaz dans les théâtres. Il s'attache de plus en plus à peindre les artistes et il donne consciemment ou nom une image forte de la Société de son temps. D'un côté une classe de bourgeois repus et de l'autre un monde de féérie, d'artifices, de maquillages créé pour leur plaire par tout un petit peuple d'artistes misérables malgré la splendeur de leurs ailes de papillons.

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Salut Georges. Demain je prends l'avion qui me rapprochera un peu, très peu de tes records et j'aurai une pensée pour toi qui as frôlé les étoiles.

 

Lien : Cimetière Montmartre. Classement alphabétique. Calvaire et Saint-Vincent.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places.

Aujourd'hui, je viens dire au revoir aux quelques visiteurs qui sont entrés chez moi  par la porte qui 
reste ouverte et qui ne connaît pas les serrures. Je prépare mon sac de voyage, je plie mes teeshirts et mes futes. Je tasse, j'entasse. A nous deux l'Indonésie, Java et ses volcans, Bali et ses sourires.
Avant de m'évanouir dans les airs, à bord de la Singapour Airline, je suis passé rue Nicolet à deux pas de chez moi et j'ai rencontré Verlaine. L'âme grise de Verlaine comme chante Barbara.
 

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Le petit hôtel est resté tel que Verlaine l'a connu. Il était habité par son ami, Charles de Sivry, musicien au Chat Noir et demi frère de Mathilde Mauté dont Verlaine tombe amoureux et qu'il épouse en 1870 alors qu'elle a à peine 17 ans. Quelques poèmes de la Bonne Chanson lui sont consacrés. 

     ...J'ai presque peur en vérité
     Tant je sens ma vie enlacée
     A la radieuse pensée
     Qui m'a pris l'âme l'autre été...

   
L'irruption de Rimbaud dans la vie de Verlaine va fracasser l'apparent bonheur familial. La naissance d'un fils, Georges, ne change rien au combat impossible du poète fasciné par l'adolescent génial. L'histoire est connue, des départs, des retours, des luttes. Mathilde qui accepte après la Commune de reprendre la vie conjugale mais subit des violences terribles de Verlaine constamment îvre. Mathilde qui ira en Belgique tenter de ramener avec elle un mari qu'elle persiste à aimer. Mathile qui finira par abandonner tout espoir et refusera les repentances et les poèmes...

     ...Ecoutez la chanson bien douce
        Qui ne pleure que pour vous plaire
       Elle est discrète elle est légère
       Un frisson d'eau sur de la mousse...

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Ce matin, j'ai vu passer des ombres derrière cette fenêtre de la chambre. Paul, Mathilde, Georges, ils étaient là tous les trois dans une parenthèse de bonheur.

   

    

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Cimetière.

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Le 7 février, grand soleil sur Montmartre, mes pas me conduisent une nouvelle fois dans ce grand jardin. Sans m'y attendre, je tombe (c'est le mot) sur Fred Chichin, nouvel habitant inattendu du lieu. Il n'y a qu'une chappe de ciment, un petit bouquet et une guitare miniature. Il doit se sentir bien à l'étroit celui qui était énergie et poésie, celui qui avec les Rita Mitsouko mettait le rythme et le rêve dans notre quotidien. Quelques mots ont été écrits sur la guitare : 
<Quelques vents lunaires t'ont emporté gratter sur une étoile>.
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Non loin de lui, un autre guitariste.  Fernando Sor. Artiste espagnol qui dut quitter son pays où il ne remit jamais les pieds après la défaite de Joseph Bonaparte en 1813. Il avait en effet pris parti pour les Français. A paris, il connut un véritable succès et profita de la mode dont jouissait la guitare. Il écrivit une Méthode pour la guitare qui n'est pas démodée aujourd'hui. Sa fin de vie fut une lente descente dans le désespoir et la souffrance. Il perdit sa femme puis sa fille. Il fut atteint d'un cancer de la langue qui le tortura des années. Quand il mourut en 1839, il fut inhumé à Montmartre dans une tombe anonyme. Il fallut attendre 1934 pour qu'elle fût identifiée et qu'un hommage fût rendu au guitariste de génie. 

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Encore un musicien et un créateur. Alors que le saxophone qu'il a inventé déploie ses chants rauques et profonds dans le monde entier, la tombe de Sax est à l'abandon. La croix, comme les branches mortes semble emportée par un vent du grand large... Peut-être le souffle de tous ceux qui lancent vers nous, grâce au saxophone l'ouragan des chants venus du plus secret et du plus chaud du coeur humain. Berlioz n'est pas loin de là, lui qui, curieux de toute nouvelle sonorité, écrivit la première oeuvre pour saxophone : le chant sacré pour sextuor à vent.

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Et il est là Berlioz, sous un marbre noir et un médaillon académique... Il aurait fallu un facteur Cheval, un sculpteur volcanique pour accueillir cet homme-là. Certainement pas ce marbre obtus dont la seule vertu est d'être assez poli pour refléter le ciel et les arbres. Sur un côté de la tombe, deux autres noms sont gravés côte à côte : Harriet Smithson, Marie Recio. Les deux femmes officielles d'Hector. Au début une passion à l'état brut pour l'interprète d'Ophélie et de Juliette... Elle est l'inspiratrice de la Symphonie Fantastique, la mère du seul enfant du musicien, Louis. Elle est cette femme malheureuse qui sombra dans l'alcool avant la congestion cérébrale qui la paralysa. Son mari fuyait déjà le domicile conjugal avec Marie Recio qu'il épousa quelques mois après la mort d'Harriet. Il ne gagna pas forcément au change, tant elle était possessive et exigeante. Elle tenait à chanter dans les concerts de son mari alors que ce dernier qui parle très peu d'elle dans ses mémoires, prit le temps d'affirmer qu'elle <miaulait comme deux douzaines de chats>!
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Une tombe pas vraiment réussie pour Leo Delibes. la fin du XIXème siècle ne donnait pas souvent dans la légéreté architecturale. Les amoureux de Coppélia, de Sylvia ou de Lakmé ne s'y retrouveront pas. Pas plus les amateurs de la Cour du Roi Pétaud !
Impossible de quitter le cimetière sans rencontrer le plus mélomane des animaux malgré la perfide appréciation de Berlioz!!!

Lien : le cimetière saint Vincent fin d'annee

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Lien :

Cimetière Montmartre. Classement alphabétique. Calvaire et Saint-Vincent.

Les vitraux de Saint Pierre de Montmartre (Max Ingrand)

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