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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places., #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

     La rue de Douai court entre la rue Jean-Baptiste Pigalle et le boulevard de Clichy. Elle s'est formée en plusieurs fois, reliant entre eux trois tronçons distincts.

Rue de Douai (à droite rue Fontaine)

Rue de Douai (à droite rue Fontaine)

Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

    En janvier 1841 elle est ouverte sur 124 mètres entre les rues Fontaine et Blanche et s'appelle rue de l'Aqueduc (allusion aux canalisations qui couraient sous le sol et acheminaient les eaux venues du canal de l'Ourcq vers l'est et le centre de Paris).

Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

     La 2ème partie est ouverte en juin 1841 entre la rue Blanche et le boulevard de Clichy sur une partie des jardins du Nouveau Tivoli, détruits sans état d'âme au profit des spéculateurs. Rappelons que ce nouveau Tivoli s'étendait sur les terrains d'une folie du XVIIIème siècle qui s'était spécialisée dans un sport (!) venu d'Angleterre, le tir aux pigeons vivants. cette activité ravissait le bourgeois qui après avoir tué quelques volatiles, se sentait d'autant plus viril pour se livrer au libertinage dans le parc où les jolies dames attendaient leur pigeon à plumer.

 

En 1846 les deux tronçons sont baptisés d'un nom commun : rue de Douai.

Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....
Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

     Mais là ne s'arrête pas l'histoire de cette rue qui ne choisit pas la facilité! En effet, dix ans plus tard, elle est prolongée entre la rue Pigalle et la rue de la Fontaine St-Georges (ancien nom de la rue Fontaine). Mais elle s'appelle alors dans cette partie rue Pierre Lebrun.

                                          Eglise et léproserie St Lazare

     Les travaux de creusement tombent sur un os. En effet ils mettent au jour des centaines de squelettes, ceux du cimetière d'une ancienne léproserie établie en ces lieux. Les ossements sont emportés, comme ceux de nombreux cimetières parisiens dans les catacombes où ils sont artistiquement disposés pour le plus grand bonheur à venir des touristes et des amateurs de têtes de mort.

 

     La rue Pierre Lebrun nettoyée de ses osseux habitants, étant dans le prolongement de la rue de Douai, prit le même nom et donna à cette artère les 605 mètres qu'elle a toujours aujourd'hui.

Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

     Nous remontons donc la rue en commençant par cette ancienne rue Pierre Lebrun où se trouvent les premiers numéros de la rue de Douai. Inutile de rappeler que le nom lui vient de la ville du Nord de la France célèbre, entre autres, pour ses géants : Gayant, Marie Cagenon et leurs enfants Jacquot, Fillon et Binbin.

                                         Gayant et sa femme.

   

     Côté pair la brasserie "Le sans Souci" fait l'angle avec la rue Jean-Baptiste Pigalle. C'est là que Kessel situe l'action de son roman "La passante du sans Souci". On ne sait pourquoi le réalisateur Jacques Rouffio lui préféra pour cadre de son film, une brasserie du XVème arrondissement!

 

Le 3

Le 3

     Si le 3 est aujourd'hui à l'enseigne de Vénus, il n'en fut pas toujours ainsi. Pendant la Commune, les Versaillais afin de tenter de corrompre les révolutionnaire avaient confié à un triste personnage le soin d'organiser tout un réseau. L'homme s'appelait Georges Vaysset et il s'acquitta de son délicat boulot en louant 7 appartements dans le quartier (rue Frochot, rue Pigalle…) pour y loger ses barbouzes.

                                    Le Général Dombrowski

    Il échoua dans sa noble tache car le Général Dombrowski qu'il devait corrompre, resta fidèle à ses idéaux et finit par mourir sur la barricade de la rue Myrrha.

Dans les derniers jours de la Commune, Vaysset fut arrêté et fusillé sur le Pont Neuf. Son cadavre fut jeté à la Seine.

Le 6

Le 6

   Sur la façade du 6, une plaque rappelle le nom de deux gloires françaises. L'écrivain Edmond About (1828-1885) tout d'abord :

Grand voyageur, il se nourrit de son amour de la Grèce pour écrire "Le Roi de la Montagne", un de ses grands succès.

                   Illustration pour "L'homme à l'oreille cassée".

"L'homme à l'oreille cassée" en fut un autre, porté au cinéma.

Edmond About fut encore journaliste, critique d'art (assez peu clairvoyant pour dénigrer Courbet) et finit académicien, ou presque, puisqu'il mourut à 56 ans quelques jours avant de prononcer son discours devant la docte assemblée!

                  Marthe Gautier (à son côté le professeur Debré)

     L'autre habitant célèbre fut une habitante : Marthe Gautier, principale découvreuse du chromosome de la trisomie 21. Comme souvent, c'est un homme qui faisait partie de l'équipe, Jérôme Lejeune, qui prétendit en être l'inventeur! Mais justice est aujourd'hui rendue à la scientifique….

Le 9

Le 9

   Le 9 garde peut-être le souvenir du peintre le plus emblématique de Montmartre : Toulouse Lautrec. Il est alors, à 33 ans, usé par ses abus d'absinthe mélangée au cognac, cocktail mortifère. Il l'est aussi par la syphilis. Sa mère accourt à Paris où elle loue un appartement dans cet immeuble afin de s'occuper de lui en 1898-1899. Nous sommes alors à deux ans de sa mort. 

Le 15

Le 15

     Le 15 est un immeuble classé. Il a en effet été construit par Violet le Duc en personne!

Le grand architecte, restaurateur un peu vigoureux de Notre-Dame de Paris (entre autres) donne ici un aperçu de son art à la fois simple et soucieux de rendre hommage au passé par des détails ornementaux. 

Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

     Le 16 est un petit hôtel harmonieux. qui a séduit Julien Duvivier puisqu'il y fait habiter la vedette féminine de son film de mâles : "La Belle Equipe" avec Jean Gabin et Charles Vanel. Un film très Front Populaire malgré sa fin remaniée pour éviter trop de pessimisme dans une époque où on ne voulait pas voir monter l'orage.

Jeannot et Gina (Jean Gabin et Viviane Romance) La Belle Equipe de Julien Duvivier.

Le 19 en 1905
Le 19 en 1905

Le 19 en 1905

     La grande teinturerie du 19 a cédé la place aux guitares (la rue de Douai est connue de tous les amateurs de cet instrument).

Le 22

Le 22

     22 v'là le 22! Le plus bel hôtel de la rue, riche de souvenirs et de fantômes vivants.

     Nous l'avons présenté en arpentant la rue Fontaine et donné l'essentiel de son histoire. Rappelons que c'est dans cet hôtel Halévy que Bizet vint, à trente ans, vivre avec son épouse Geneviève Halévy. C'est là, au 2ème étage qu'il composa l'essentiel de Carmen. Il y vécut six ans avant de mourir épuisé et déprimé par l'échec de son œuvre. qui est aujourd'hui l'opéra le plus joué au monde.

 

40 bis

40 bis

42-44

42-44

     Au 40 bis (aujourd'hui 42) ouvrit en 1896 un cabaret qu'apprécièrent Jehan Rictuss, Emile Goudeau et Marcel Legay. Il s'agit de La Roulotte.

 

     Il tiendra la route, bien que, si l'on en croit le carton d'invitation dessiné par Willette, il eût été traîné par un cheval éthique, jusqu'en 1900. Il s'appellera alors Cabaret de la Trique!

                 Carton d'invitation dessiné par Willette. (1896)

     Si le nom de ce cabaret est resté célèbre, ce n'est pas à la rue de Douai mais à la rue Jean-Baptiste Pigalle qu'il le doit, car c'est là au 62 qu'il déménagea pour devenir un bar à prostituées où se produisit un illustre guitariste entre les deux guerres et qui le racheta à Lulu de Montmartre. Il s'agit de Django Reinhardt!

 

Le 45
Le 45

Le 45

     Au 45, le tapissier a disparu au profit d'un commerce mystérieux puisque son rideau baissé m'a empêché de le qualifier! Mais vérification faite, il a plié bagages et c'est dommage car il s'agissait d'un institut de beauté!

50 (bis)

50 (bis)

     Au 50 bis vécut pendant douze ans un des plus grands écrivains russes, Ivan Tourgueniev.

 

 

     Il y était hébergé par ses amis, Louis Viardot et sa femme Pauline.

La passion qu'il eut pour la mezzo soprano Pauline Viardot, sœur de la Malibran, est une des plus grandes passions qui se puisse imaginer. Maupassant n'hésite pas à écrire que ce fut "la plus belle histoire d'amour du XIXème siècle".

 

     Peut-on imaginer qu'il la suivit pendant quarante ans?

     Après le coup de foudre de sa découverte en 1843 à Saint Petersbourg, il n'eut de cesse de vivre aussi près que possible d'elle. A Paris, à Baden Baden où elle vécut en exil après le coup d'état, et enfin rue de Douai dans l'hôtel particulier des Viardot.

 

     Il occupait le 2ème étage et avait fait aménager un passage qui le conduisait au salon de musique de Pauline.

Il s'y rendait et ne se lassait pas de l'entendre répéter.

Cette femme remarquable avait de multiples dons et composait elle-même. Si elle n'avait pas la beauté de sa sœur aînée, la Malibran, morte en 1836, elle ne manquait pas de charme et Saint-Saëns prétend qu'elle était "une irrésistible laide".

Croquis de Georges Sand

Croquis de Georges Sand

Elle plut à Musset et Georges Sand qui fit d'elle un croquis sut mettre fin à cette attirance. 

Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

     Tourgueniev se fit construire également une "datcha" sur le terrain de Bougival où ses amis possédaient une résidence. C'est dans cette datcha qu'il passa les derniers mois de sa vie, avec pour confidente Pauline à qui il dicta sa dernière œuvre prophétique "Un incendie sur la mer".

                                            Pauline Viardot

     On s'étonne presque de ne pas voir le nom d'Ivan Tourgueniev sur le menhir de la tombe de Pauline Viardot au cimetière de Montmartre

 

Le 57

Le 57

     Au 57, dans un hôtel remplacé aujourd'hui par un petit immeuble ingrat, a vécu une partie de sa vie, le peintre Hippolyte Bellangé (1800-1866).

 

     Il fut formé à bonne école, celle de Gros, et il fut fervent admirateur de Géricault, peintre majeur dont il aurait dû s'inspirer! Il se spécialisa dans les scènes militaires et illustra de nombreuses batailles du 2nd Empire avant de se consacrer dans les dernières années à l'épopée napoléonienne.

 

Sa dernière œuvre "La garde meurt" (1866) connut un grand succès. Elle fut prémonitoire car il l'acheva quelques jours avant de mourir.

Fin de la rue vers le boulevard de Clichy.

Fin de la rue vers le boulevard de Clichy.

Le 65

Le 65

     Le 65 a été l'adresse de Pierre Bonnard en 1899. Il avait alors son atelier aux Batignolles.

 

67-69

67-69

     A cette adresse se trouvait le studio Wacker qui fut pendant des années, si l'on en croit Dirk Sanders "la Mecque des danseurs".

Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

     C'est après la révolution russe de 1917 que de nombreux danseurs russes en exil éprouvent le besoin d'avoir un lieu à eux pour se former. L'école ouvre en 1923 au-dessus du magasin de vente de Pianos de Mr Wacker. Elle ne fermera qu'en 1974.

Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

     Dans les premières années c'est une des plus célèbres danseuses russes qui y enseigne. Il s'agit d'Olga Preobrajenska, prima ballerina au théâtre Marinsky en 1900.

Elle marque par sa science et sa pédagogie de nombreux élèves comme Margot Fonteyn ou Nina Vyroubova qui sera danseuse étoile à l'opéra de Paris.

 

                                                 Nina Vyroubova

     Une autre grande danseuse y enseignera, Nora Kiss. Beaucoup ne l'ont jamais oubliée comme Roland Petit, Jean Babilée, Maurice Béjart, Ludmila Tchérina!

                       Nora Kiss et Béjart au studio Wacker

     Après la fermeture de l'école, le conservatoire du 9ème arrondissement occupe les locaux avant d'être délogé par une école de commerce-gestion et une supérette où ce sont les prix qui valsent...

Lycée Jules Ferry

Lycée Jules Ferry

     Bien qu'il ait son adresse principale sur le boulevard, il faut dire quelques mots du lycée Jules Ferry construit en 1914 avec des préoccupations hygiénistes qui privilégiaient les larges baies vitrées, les terrasses et les cours.

Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

    Il fut élevé sur un terrain vague où subsistaient quelques vestiges d'un vieux couvent. En 1934 les derniers murs et salles qui subsistaient furent rasés.

                                                   Paul Birault

C'est ainsi que disparut le local, rue de Douai, qui servait d'imprimerie à un éditeur avant-gardiste passionné de poésie et de peinture: Paul Birault, connu également pour un célèbre canular très montmartrois qui trompa bon nombre de membres de l'Assemblée. (Nous lui consacrerons un article)

Apollinaire (Metzinger)

Apollinaire (Metzinger)

     Apollinaire qui était son ami lui confia l'impression de sa première œuvre "l'Enchanteur pourrissant" et plus tard ses Calligrammes.

 

Paul Birault mourut pendant la guerre en 1918, quelques mois avant le poète, rescapé mais victime de la grippe espagnole.

 

La rue de Douai s'arrête là et se jette dans le boulevard de Clichy comme rivière dans un fleuve. Apollinaire aura le dernier mot, lui qui aima cette ville plus que tout autre.

Lui qui, dans son plus beau poème écrivit :

"Juin ton soleil ardente lyre

Brûle mes doigts endoloris

Triste et mélodieux délire

J'erre à travers mon beau Paris

Sans avoir le cœur d'y mourir"

Rue de Douai. Artistes et personnages. Tourgueniev, About, Apollinaire, Duvivier, Django Reinhardt.....

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #Peintres

 

      Il y avait dans l'atelier de François Gabriel, un tableau étonnant de Marcel Matho, l'artiste qui conçut l'affiche que le photographe utilisait comme enseigne, au 36 rue Muller, aujourd'hui 2 rue Utrillo.

 

         Panneau de Matho qui servait d'enseigne à François Gabriel

   Le tableau représente quatre des gloires de la vie artistique de la fin du XIXème siècle. Elles y sont croquées d'un trait vif et élégant. 

Ces caricatures méritent d'être connues. Elles viennent s'ajouter à des milliers d'autres, mais, étant inédites, elles apportent un regard nouveau sur ces artistes... 

 

      Tout d'abord, Edouard de Max, bien oublié aujourd'hui mais qui fut considéré comme le plus grand acteur lyrique de son temps. Il est né en 1869 en Roumanie et il fit sa carrière à Paris où il connut vite la célébrité. Il a joué aux côtés de Marguerite Moréno, Sarah Bernhardt et Antonin Artaud.

Edouard-de-max-photo.jpg

      Il ne craignait pas de faire scandale en affichant ouvertement son homosexualité et en jouant nu dans le Prométhée de Jean Lorrain dont il fut l'amant.

de Max prométhée 

 Un dessin plus tardif de Cocteau le montre, cou relâché, cheveux teints... mais toujours l'air très satisfait de lui-même! 

 

de Max

Nous découvrons ensuite, dans sa maturité rayonnante, la grande, l'unique, l'irremplaçable Sarah Bernhardt.

      On a du mal à imaginer la passion qu'elle suscitait et les foules qu'elle déplaçait en Europe comme en Amérique...

sarah-bernhardt.jpg

Cette femme exceptionnelle possédait un charisme qui subjuguait les spectateurs. Victor Hugo la surnomma "la voix d'or" et Jean Cocteau inventa pour elle l'expression aujourd'hui galvaudée de "monstre sacré".

 

      sarah-photo.jpg

 

 Elle inspira bien des créateurs de l'Art Nouveau dont Mucha qui devint son affichiste officiel lorsqu'elle reprit le théâtre des Nations qu'elle rebaptisa modestement théâtre Sarah Bernhardt.

 Edmond Rostand  écrivit pour elle "l'Aiglon" et Oscar Wilde répondit à la commande qu'elle lui fit d'une nouvelle "Salomé".

 

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                                                   Affiche de Mucha pour Médée.

 

Elle s'engagea politiquement avec courage en soutenant Emile Zola lors de l'affaire Dreyfus et en prenant fait et cause pour Louise Michel. Enfin, elle milita sans relâche, bien avant Badinter, contre la peine de mort.

 

 

 Edmond Rostand l'appréciait beaucoup et lui dut en grande partie le formidable succès de l'Aiglon. (Quelle Sarah Bernhardt du XXIème siècle serait capable de redonner vie à cette pièce injouable?)

      edmond_rostand-photo.jpg

 Il pose ici en académicien, moustache conquérante et oeil vif! 

      La dernière caricature est celle de Polaire, de son vrai nom Emilie Marie Bouchaud, née à Alger, bien loin de la banquise!

Elle plut beaucoup à Willy et Colette qui lui confièrent le rôle de Claudine au théâtre. Les trois firent la paire, si l'on peut dire, puisqu'ils vécurent un certain temps une relation qui défraya la chronique.

 

polaire photo

polaire-photo.jpg

Polaire avait une voix qui plaisait et qui lui permit de créer des "tubes" comme "tha ma ra boum  di hé" ou "tchique tchique". Elle obtint également un grand succès en interprétant "la prière de la Charlotte" de Rictus que Monique Morelli, une autre chanteuse montmartroise, reprendra plus tard... 

Polaire-photo-2.jpg

      Sa taille de guêpe et sa sensualité sont restées légendaires...

 

Alors quel plaisir de retrouver nos quatre artistes sur ce tableau…

     Remarquons que Marcel Matho n'a pas gâté les hommes mais a traité les femmes avec beaucoup plus de sympathie... Les hommes font la gueule et les femmes sourient, mais tous sont tournés vers le public et attendent les applaudissements…

 Dessin de Matho pour le dernier "Chat Noir" 68 boulevard de Clichy.

 

     Matho est un véritable Montmartrois, bien, que né à Lille (1881), il a vécu l'essentiel de sa vie sur la Butte et il y a été amoureux au point de se marier quatre fois! 

                               Dessin de Matho (Chat Noir, bd de Clichy)

                                              6 rue Paul Albert (adresse de Marcel Matho)

               2 rue Utrillo (atelier et logement de François Gabriel)

En 1914, il habite 6 rue Paul Albert à proximité du studio et de l'appartement de François Gabriel, le photographe qui est aujourd'hui une partie de la mémoire populaire de la Butte.

Photo de François Gabriel dans l'escalier de la rue Muller (aujourd'hui rue Utrillo)

 

     Il est témoin au mariage de celui qui est devenu un ami et il lui offre cette toile de 2 mètres de longueur avec les quatre têtes complices qui semblent tournées vers leur public.

    

                                   Rêverie d'artiste. 1906.

     Il tient une boutique d'antiquaire 91 rue des Martyrs (preuve s'il en était besoin que l'art ne nourrit pas son homme)  lorsqu'il meurt en 1950. Il est grand temps de le redécouvrir et je serais preneur de tout document, de toute reproduction qui le concernerait.  

Lien :  Liste et liens: Peintres et personnages de Montmartre. Classement alphabetique.

 

 

 

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Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités, #MONTMARTRE. Rues et places.
Autoportrait (Carjat)

Autoportrait (Carjat)

Victor Hugo (Carjat)

Victor Hugo (Carjat)

     Etienne Carjat est avec Nadar le plus connu des photographes de la deuxième moitié du XIXème siècle…

                                                    Etienne Carjat (autoportrait)

     Indépendamment de son talent ce sont les hommes et les femmes qu'il a photographiés qui assurent sa célébrité!

                                                              Baudelaire (Carjat)

     Certains des plus grands écrivains, peintres, acteurs, politiciens de ses contemporains figurent sur ses clichés et illustrent nombre de livres, recueils, études…

                                                         Verdi (Carjat)

     Et que dire du plus célèbre et peut-être du plus beau, Arthur Rimbaud dont le visage d'ange et de démon est devenu une icône, à l'égal de Che Guevara de Korda. 

                                                        Rimbaud (Carjat)

Etienne Carjat n'est pas seulement photographe et son arc possède plusieurs cordes, celle de caricaturiste, de journaliste et de poète.

                                                   Berlioz. Caricature de Carjat

Victor Hugo, caricature de Carjat.

Victor Hugo, caricature de Carjat.

     L'homme est né dans l'Ain en 1828, dans un milieu des plus modestes, il "monte" à Paris avec ses parents. Sa mère y est concierge.

Daudet (Carjat)

Daudet (Carjat)

     Il travaille dès l'âge de 13 ans comme dessinateur sur soie et il prend le goût qu'il ne perdra jamais de tout ce qui touche à la production artistique.

Monet (Carjat)

Monet (Carjat)

Ce n'est qu'à 30 ans qu'il découvre la photographie, art alors à la mode et en plein essor. Il apprend le métier dans l'atelier de Pierre Petit.

                                                     Pierre Petit (autoportrait)

     Pierre Petit est un photographe bien en cour qui s'est fait une clientèle en or, celle des prélats catholiques, modestement soucieux d'immortaliser leur dignité. Il est surnommé "le photographe de l'épiscopat"!

                                       Monseigneur Freppel évêque d'Angers (Pierre Petit)

     Il est surtout LE photographe officiel de l'exposition universelle de 1867 dont il tire plus de 12 000 clichés et de celle de 1889.

                                             Nain tartare expo 1867 (Pierre Petit)

 

     Enfin il a pu photographier le chantier de la statue de la Liberté alors que les plaques de cuivre de Bartholdi étaient assemblées sur la structure de Eiffel, dans le XVIIème arrondissement.

Etienne Carjat. Artiste et photographe de Montmartre. Rimbaud.

    Très vite Etienne Carjat égale son maître dont il retient la leçon, notamment pour l'éclairage et la mise en valeur du modèle qu'il fait poser le plus naturellement possible sur un fond neutre et sans décor qui éparpillerait l'attention.

                                                   Sarah Bernhardt (Carjat) 

 

     Il installe son atelier rue Lafitte (56) où il rencontre le succès. Il est lié au monde des arts et ses convictions politiques le rapprochent d'écrivains et de peintres soucieux de justice sociale.

   Le 56 rue Lafitte aujourd'hui. L'immeuble d'assurances construit en 1914 a supprimé l'immeuble où Carjat avait ouvert son atelier.

 

Emile Zola (Carjat)

Emile Zola (Carjat)

     Son amitié avec Courbet  traversera les années. Il partage avec lui le même enthousiasme pendant la Commune et le soutient dans les poursuites injustes qu'il subit après l'écrasement.

Courbet (Carjat)

 

     Il prend plus de dix photos de son ami et dessine plusieurs caricatures qui laissent percevoir son affection admirative

 

                  Courbet (Carjat)

Courbet (Carjat)

En 1866, Etienne Carjat déménage et installe son atelier rue Pigalle (62). 

62 rue Pigalle aujourd'hui. Là encore l'immeuble où Carjat avait ouvert son atelier a disparu au profit de ce vilain bâtiment.

     Il y restera quelques années avant de déménager une dernière fois, toujours dans le quartier de la Nouvelle Athènes, rue Notre-Dame de Lorette (10)

10 rue Notre-Dame de Lorette. Le seul immeuble qui soit toujours tel que Carjat l'a connu.

 

     Parmi les écrivains qu'il fréquente et considère comme des amis figure évidemment Victor Hugo.

                                                            Hugo (Carjat)

Il lui dédie le premier poème de son recueil "Artiste et citoyen".

 

A Victor Hugo

 

Des champs de la pensée, auguste moissonneur,

Quand ta faucille d'or a nivelé les plaines,

A peine reste-t-il pour le pauvre glaneur

Quelques uns des épis dont tes granges sont pleines;

 

Il faut chercher longtemps dans le creux du sillon,

Pour trouver quelque grain oublié sur la terre,

Mais si petit qu'il soit, ce grain est l'embryon

D'où peut jaillir demain le froment salutaire.

Baudelaire (Carjat)

Baudelaire (Carjat)

    Baudelaire fait aussi partie des admirations de Carjat qui le fréquente en voisin de la rue Pigalle où le poète vit avec Jeanne Duval.

Grâce à cette amitié, nous possédons quelques unes des plus belles photos de Baudelaire. 

Etienne Carjat. Artiste et photographe de Montmartre. Rimbaud.

     Mais il est inévitable d'en arriver au plus célèbre des portraits, celui qui a donné de Rimbaud l'image d'un ange inquiétant et fascinant...

 

Rimbaud (Carjat)

Rimbaud (Carjat)

     Etienne Carjat connaît bien Rimbaud car il fait partie avec lui et Verlaine du Club des Vilains bonshommes.

verlaine (Carjat)

verlaine (Carjat)

     Ce club d'inspiration parnassienne compte dans ses rangs Verlaine, Fantin Latour, André Gill, Banville, Mallarmé… et bien d'autres .

"Un coin de table" (Fantin Latour). Une réunion des Vilains Bonshommes. A gauche Verlaine et Rimbaud.

     C'est Verlaine qui y convie  en 1871 Rimbaud qui lit son fameux  Bateau Ivre.

 

     Carjat fait partie de l'assemblée et participe au repas mensuel des bonshommes qui aiment la poésie, le bon vin et l'absinthe!

Place Pigalle. Le Rat Mort (droite) et l'Abbaye de Thélème.

Place Pigalle. Le Rat Mort (droite) et l'Abbaye de Thélème.

     Les repas se terminent souvent sur le trottoir en de mémorables bagarres. C'est au cours de l'une d'elles, devant l'Abbaye de Thélème, place Pigalle, que le jeune Rimbaud blesse à la jambe Etienne Carjat avec une canne-épée.

Pochoir sur une palissade de Raspail (Pedro)

Pochoir sur une palissade de Raspail (Pedro)

     Rimbaud ne reviendra plus dans le club, mais ce qui est regrettable, c'est que Carjat qui avait pris de nombreuses photos du jeune poète, de retour dans son atelier, les eût détruites une à une. Il ne reste par miracle que celle que nous connaissons et qui suffit à la gloire de son auteur.

Etienne Carjat. Artiste et photographe de Montmartre. Rimbaud.

     Nous ne sommes pas certains de l'origine d'une autre photo qui représente Rimbaud plus jeune, bien que des exemplaires aient été publiés sur des cartons signés de Carjat.

Etienne Carjat. Artiste et photographe de Montmartre. Rimbaud.
Etienne Carjat. Artiste et photographe de Montmartre. Rimbaud.

     Les rimbaldiens ont plusieurs hypothèses à ce sujet. La plus vraisemblable serait que Verlaine aurait confié une photo de Rimbaud adolescent à Carjat afin qu'il la restaure.

Etienne Carjat. Artiste et photographe de Montmartre. Rimbaud.

     Il nous reste l'extraordinaire regard de Rimbaud sur la photo dont Carjat est assurément l'auteur. Cette photo est sa Joconde, son chef d'œuvre, dû en grande partie au charisme de son modèle.

 

Caricature de Gounod (Carjat)

Caricature de Gounod (Carjat)

     Quatre ans après cette photo, Carjat privilégiera la caricature en fondant la revue "Boulevard"

                                                    Daumier (Carjat)

     Il est marié et a deux enfants mais ce qui compte le plus pour lui c'est la fréquentation des artiste qu'il admire.

    Il est fidèle à ses idées généreuses et utopistes et garde au cœur "le temps des cerises".

Etienne Carjat. Artiste et photographe de Montmartre. Rimbaud.

     Il meurt le 9 mars 1906, dans la maison Dubois, (Xème arrondissement) l'ancien établissement fondé par Vincent de Paul et qui en 1953 prendra le nom d'hôpital Fernand Widal.

 

    Sans doute ne connaîtrons-nous jamais l'étendue de son génie de photographe, car la plus grande partie de son œuvre a disparu après avoir été vendue à un certain Mr Roth.

Le mime Debureau (Carjat)

Le mime Debureau (Carjat)

     Peut-être un jour réapparaîtra-t-elle, découverte dans un grenier ou dans une cave…

    Peut-être alors découvrirons nous d'autres clichés uniques et connaîtrons-nous d'autres illuminations!

Whistler (Carjat)

Whistler (Carjat)

Le mime Debureau

Le mime Debureau

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Voilà une statue qui fit scandale en son temps et qui aujourd'hui encore susciterait de vives polémiques!

Un soldat allemand et un soldat français dénudés s'enlaçant comme deux amants!

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La statue est l'oeuvre du sculpteur Emile Derré dont nous pouvons voir à Montmartre, dans le square Louise Michel la Grotte de l'Amour et la Fontaine des Innocents.

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                                       La Grotte de l'amour. Square Louise Michel.

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                                     La fontaine des Innocents. Square Louise Michel.

Cet artiste autodicacte, venu d'un milieu populaire et ayant exercé contre son gré le métier de garçon boucher, se forma en assistant aux cours donnés gratuitement dans son quartier.

Il eut la chance d'être employé au service d'un modeleur avec lequel il apprit son métier.

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      Le chapiteau des baisers. L'amour symbolisé par Auguste Blanqui et Louise Michel. (Roubaix)

Profondément attaché au peuple, écoeuré par l'égoïsme bourgeois, anarchiste dans l'âme, cet artiste fraternel aima représenter des hommes et des femmes qu'il admirait : Louise Michel, Elisée Reclus, Zola, Fourier, Ferrer...

Pour la petite histoire, le Chapiteau des Baisers que l'on pouvait voir dans le jardin du Luxembourg fut retiré sur ordre de Mitterand (!) en 1984 et installé à Roubaix en 1990. Décidément notre ancien président avait des problèmes avec le Luxembourg!

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Ayant été marqué douloureusement par la première guerre, Emile Derré était pacifiste de coeur et d'âme. Sa Réconciliation est un manifeste.

Représentée comme une déesse antique, le pied posé sur le glaive, l'humanité drapée de sa toge, porte sur ses genoux un soldat blessé qui est représenté dans une position christique. Il serait seul on pourrait parler de pieta, la mère tenant son fils sur ses genoux et partageant ses souffrances.

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Le soldat allemand est reconnaissable à son  casque. La main gauche de la femme est posée sur sa hanche tandis que la droite est posée sur celle du soldat français. La femme a les yeux fixés sur l'horizon, sur l'avenir qui sera différent et libéré des guerres.

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Ce qui frappe c'est la sensualité des corps masculins, de ce couple  viril enlacé.

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                                                       La Mère Educatrice. N° de janvier 1925

 

La statue fut exposée au salon d'automne de 1923. Dans la revue mensuelle d'éducation populaire,  La Mère Educatrice, elle est présentée comme "le plus grand acte d'amour qui soit".

Ce ne fut pas l'avis des "patriotes revanchards" qui souillèrent de crachats le soldat allemand. La statue fut déplacée près des WC mais le tumulte ne s'apaisa pas. Elle fut donc retirée de l'exposition.

Il fut envisagé de l'installer à l'entrée de la Bourse du Travail mais le préfet de la Seine refusa ce transfert.

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                                                     Mensuel La Mère Educatrice

Toujours dans la Mère Educatrice on peut lire : "Le journal l'Anti-guerrier a bien voulu nous prêter ce cliché qu'il a fait faire de cette belle oeuvre car nous ne pouvons l'ignorer dans nos colonnes. La Mère Educatrice ne peut que demander à toutes les mères de méditer la leçon profonde qui s'en dégage et de la faire méditer à leurs enfants."

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Derré était en avance sur son temps, il le serait encore aujourd'hui. Son couple est une allégorie qui réunit deux frères humains! Caïn et Abel enfin réconciliés sur un champ de bataille jonché de cadavres. Un nouveau commandement, prenant acte des crimes du passé, s'inscrit dans la pierre : "Tu ne tueras plus".

Nouveau commandement qui est en réalité un voeu venu du plus profond du coeur de Derré et de tous les pacifistes, de ceux qui continuent de croire contre vents et marées à la grande réconciliation de tous les hommes, sans diktat politique ou religieux, sans préjugés, sans intégrisme...

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Qui retrouvera le chef d'oeuvre disparu? Qui peut dire où il est?

S'il existe encore et s'il est conservé dans le cimetière lapidaire de la ville à Ivry, le maire ou la future mairesse de Paris aura-t'il l'audace de l'en sortir et d'offrir son message aux passants et aux touristes, entre la Fontaine des Innocents et la Grotte de l'amour? 

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Liens : Derré

La fontaine des innocents. Derré.

Sculpture Fourier. La Quatrième pomme.

 

Listes des liens des monuments et lieux typiques de Montmartre

historique et moderne.

Liste et liens: Peintres et personnages de Montmartre. Classement alphabetique.

Rues de Montmartre. Classement alphabétique.

Cimetière Montmartre. Classement alphabétique. Calvaire et Saint-Vincent.

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                                      Caricature d'Emile Derré par Emmanuel Bouvier

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Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.
Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.

     Comme chacun sait le jour des morts c'est aujourd'hui le 2 novembre. Par chance le soleil vient caresser les tombes du cimetière Montmartre. La lumière est douce et le seul mot de lumière suffit à évoquer le cinéma et à faire passer sur l'écran du ciel des visages inoubliables, des moments gravés non pas dans le marbre mais sur la rétine….

Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.

     J'ai voulu rendre visite à quelques habitants du cimetière qui y sont comme on dit enterrés. Mais ce mot convient mal! On n'enterre pas les étoiles!

Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.

    J'ai commencé par Falconetti, celle qui m'a ouvert en grand les portes de l'émotion quand j'étais adolescent. Je l'ai aimée, j'étais prêt à sauter dans l'écran pour la sauver, j'ai pleuré comme Anna Karina dans Vivre Sa Vie!

 

Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.

    Il y avait sur sa tombe une seule rose blanche et une petite médaille déposée là par un fidèle pour qui elle est à jamais Jeanne d'Arc, la vraie!

Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.
Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.

La tombe de Brialy est beaucoup plus fleurie. Il est vrai qu'il est un jeune mort par rapport à Falconetti. Il a choisi de reposer à côté de la Dame aux Camélias. Il reste pour moi le séducteur du Genou de Claire.

 

Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.
Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.
Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.

     Je suis passé par hasard devant la tombe de Pierre Dux. Elle était veillée par un arbuste aux feuilles d'or.

Je connais mal ce grand résistant, acteur de théâtre et aussi de cinéma puisqu'on le voit chez Costa-Gavras, Deville, Nelly Kaplan, René Clair…

                                       Z de Costa-Gavras

Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.
Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.

     Non loin de là, caché sous les fleurs d'une inhumation familiale récente, Michel Galabru repose dans une tombe qui lui ressemble, à la fois modeste, sans pierre ni monument et pourtant en bordure d'allée. Homme d'apparence bourrue et rustre, homme sensible et délicat… il n'hésitait pas à aller dans les collèges et les lycées rencontrer les jeunes qui se sentaient considérés et respectés…

                          Le juge et l'assassin (Tavernier)

Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.
Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.
Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.

      En bordure d'allée, entre des tombes ostentatoires, celle de Clouzot est simple et grise. Une tombe banale, conventionnelle, qui ne dit rien de son œuvre en contrastes violents et en noirceur abyssale.

Le Corbeau, l'Assassin habite au 21, Quai des Orfèvres, les Diaboliques, la Vérité… Autant de chefs d'œuvre… dédaignés par la Nouvelle Vague.

                                                       La Vérité

    Sa femme Véra Clouzot repose à ses côtés. Elle a tourné avec son mari dans les trois seuls films où elle ait joué: Les Diaboliques, Quai des Orfèvres et Les Espions. On sait moins qu'elle a été co-scénariste de la Vérité et qu'elle est morte d'une crise cardiaque peu de temps après la sortie du film. C'est de la même mort que son mari la fait mourir dans les Diaboliques.

                      Les Diaboliques (Véra Clouzot et Simone Signoret)

Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.

     Pour terminer cette rapide visite en apothéose, comme le bouquet final qui ne serait pas de chrysanthèmes, je me suis rendu à cet endroit du cimetière où à quelques mètres les uns des autres reposent Truffaut, Dominique Laffin, Jeanne Moreau et Jacques Rivette!

 

Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.
Tombe de Truffaut

Tombe de Truffaut

Truffaut et Léaud

Truffaut et Léaud

     A tout seigneur tout honneur, Truffaut est au centre, sous une large dalle de marbre noir. Alors que l'anniversaire de sa mort était le 21 octobre et que la Toussaint est propice aux visites et aux fleurs, il n'y a sur la dalle noire que trois roses. Quelques admirateurs ont laissé un billet de métro ou des tickets de cinéma qu'ils avaient dans leur poche.

Certes pas du Gaumont Palace où se réfugie le jeune Antoine Doisnel. Le somptueux cinéma a disparu et désormais ce sont les fenêtres d'un vilain hôtel qui donnent sur le cimetière.

Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.
Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.

     A quatre mètre de Truffaut, comme pour un rendez-vous, la Catherine de Jules et Jim a pris place. La tombe est en blanc pour la mariée qui était en noir.

La mariée était en noir. Moreau, Brialy.

La mariée était en noir. Moreau, Brialy.

Jeanne Moreau… Son sourire, sa voix sensuelle et harmonieuse comme l'eau sur les cailloux… Combien d'amoureux viennent là, se recueillir et toucher la pierre fermée, comme dans ce poème de Max Jacob :

"Verras-tu dans ton rêve, endormie, celui qui touche à la porte, à cette porte de ta maison?"

Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.
Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.
Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.

     A une tombe de Truffaut repose Dominique Laffin, bien oubliée aujourd'hui. On la voit pourtant dans de beaux films, de Doillon, Miller, Catherine Breillat, Marco Ferreri…

 

     Comme Véra Clouzot, elle meurt d'une crise cardiaque à 33 ans.

                                La femme qui pleure (Doillon)

Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.
Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.

   Entre Truffaut et Dominique Laffin, est agenouillée une femme sans tête. Elle est pour moi l'allégorie de temps ravageur et de la mémoire qui peu à peu s'efface.

Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.
Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.
Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.

     A 20 mètres de Truffaut et Dominique Laffin, un autre cinéaste est venu habiter. Il s'agit de Jacques Rivette.

L'Amour fou (Rivette)

L'Amour fou (Rivette)

     Un créateur unique, bien sûr lié à l'aventure de la Nouvelle Vague et aux Cahiers du Cinéma, mais avant tout en phase avec une jeunesse libre et exigente. Une jeunesse avide de poésie, de hasard et d'amour. Nous étions jeunes et ivres d'absolu quand nous découvrions l'Amour Fou.

Céline et Julie vont en bateau. (Dominique Labourier, Juliet Berto)

Céline et Julie vont en bateau. (Dominique Labourier, Juliet Berto)

    Et quel régal que l'aventure de Céline et Julie vont en bateau, sur cette Butte Montmartre où nous avons cherché en vain la rue du Nadir aux pommes près du Château des Brouillards. Mais la vie est un songe!

Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.
Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.

    J'ai oublié dans ma balade de cinéma dans le cimetière de Montmartre Louis Jouvet, Mary Marquet et quelques autres… mais il m'est impossible d'ignorer Sacha Guitry pour la bonne raison qu'il a choisi une place éminente, immanquable, à l'entrée (qui est aussi la sortie)!

 

Le roman d'un tricheur. (Jacqueline Delubac, Sacha Guitry)

Le roman d'un tricheur. (Jacqueline Delubac, Sacha Guitry)

    Homme d'esprit, acteur, auteur de théâtre, cinéaste… Il n'a pas tourné moins de 36 films parmi lesquels "Le Roman d'un Tricheur" ou "Si Versailles m'était conté". Truffaut parle du "génie de Sacha Guitry". Et pour terminer notre balade sur le plus beau mot de la langue française, il écrit :

"Les héroïnes de Sacha Guitry mentent comme elles respirent, mais elles respirent l'amour".

Cimetière de Montmartre.Tombes de Cinéma 2 novembre 2018.

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Rue Bochart de Saron. Montmartre.

     C'est une rue modeste qui sans se faire remarquer relie la rue Condorcet au boulevard Rochechouart...

Rue Bochart de Saron. Montmartre.

   Elle étonne par son nom que l'on a du mal à mémoriser : Bochart de Saron.

Mais de qui s'agit-il donc?

Guillotine. Robespierre.

Guillotine. Robespierre.

    Un homme né en 1730 dont la tête était bien faite puisqu'il fut un grand mathématicien mais pas assez solide pour résister au couperet de la guillotine qui l'envoya dans la sciure d'un panier d'osier le 20 avril 1794.

Hôtel Bochart de Saron rue de l'Université (aujourd'hui sège des éditions Gallimard)

Hôtel Bochart de Saron rue de l'Université (aujourd'hui sège des éditions Gallimard)

     Il avait le tort d'être riche, de posséder deux châteaux (dont celui de Saron) et surtout d'être le Premier Président du Parlement de Paris, une des plus hautes fonctions sous l'Ancien Régime!

Entre l'avenue Trudaine et le boulevard de Rochechouart

Entre l'avenue Trudaine et le boulevard de Rochechouart

     C'est en 1821, après la tourmente révolutionnaire et l'Empire que la rue fut ouverte entre l'avenue Trudaine et le boulevard de Rochechouart. 

Entre la rue Condorcet et l'avenue Trudaine

Entre la rue Condorcet et l'avenue Trudaine

     Et ce n'est qu'en 1860 que la partie entre la rue Condorcet et l'avenue Trudaine le fut. 

Premiers immeubles sur la rue Condorcet.

Premiers immeubles sur la rue Condorcet.

Rue Bochart de Saron. Montmartre.

     Nous commençons la remontée de la rue à partir de la rue Condorcet. Le côté impair est entièrement occupé par les bâtiments sans grand intérêt d'une école dont  l'adresse est avenue Trudaine .

Rue Bochart de Saron. Montmartre.

     Il s'agit d'une extension construite à la fin du XIXème siécle. Seule la façade mérite d'être mentionnée. Elle est due à l'architecte Juste Lisch qui s'est illustré par ses travaux de restauration de bâtiments célèbres comme le Palais de l'Elysée ou la cathédrale d'Amiens.

L'école côté Bochart de Saron et façade avenue Trudaine.

L'école côté Bochart de Saron et façade avenue Trudaine.

     L'école a été construite à l'emplacement de la première usine à gaz parisienne, "la fabrique pour le gaz hydrogène" créée en 1819.

Rue Bochart de Saron. Montmartre.

     Côté pair, des immeubles  harmonieux se succèdent. Hormis le 12, ils n'ont pas grand chose à nous raconter.

                                                                  Le 2

Le 4

Le 4

Le 6

Le 6

Le 8

Le 8

Le 10

Le 10

Le 12

Le 12

     Le 12 a en effet abrité dans sa cave en 1891 les réunions de l'équipe de rédaction du journal libertaire l'Endehors.

 

     Zo d'Axa (1860-1930) anarchiste, en était l'initiateur et le chef d'orchestre. 

     Cet homme intègre, passionné de justice, s'appelait en réalité Alphonse Gaillaud de la Pérouse. Il avait pour ancêtre le célèbre navigateur. Mais il navigua sur les vagues de la révolte et combattit pour l'abolition des bagnes d'enfants. Il fut dreyfusard par exigence de justice mais devait faire un effort considérable pour défendre un homme qui faisait partie d'une armée qu'il abhorrait comme tout ce qui touchait de près ou de loin au pouvoir militaire. 

 

     Aux élections de 1899, il présenta pour candidat un âne blanc.

     Il était en avance sur les provocations salutaires de Coluche mais il était bien dans l'esprit des canulars montmartrois.

 

     Parmi les collaborateurs de l'Endehors on trouve Octave Mirbeau,Sébastien Faure, Emile Henry, Louise Michel...

Rue Bochart de Saron. Montmartre.

     Le journal continuera plus tard sous la direction d'E. Armand.

     Il existe toujours et il est diffusé en ligne, attaché à ses thèmes de prédilection : l'altermondialisme, l'amour libre et l'anarchie...

Rue Bochart de Saron. Montmartre.

     Il est loin le temps de la cave du 12! Assez confortable si l'on en juge par cette gravure qui nous montre debout Zo d'Axa, Jean Grave, Octave Mirbeau et Bernard Lazare...

Le 14

Le 14

Rue Bochart de Saron. Montmartre.

     Nous traversons l'avenue Trudaine pour rejoindre l'autre partie de la rue. Côté pair les bâtiments austères, du type caserne du 2nd Empire, sont ceux qui ferment à l'ouest le lycée Jacques Decour, ancien collège Rollin.

 

     Ils marquent la limite des abattoirs, sans doute moins effroyables que ceux que nous ont révélés les vidéos pirates mais tout aussi cruels. Ils furent en leur temps (1818) conçus pour remplacer les "tueries" nombreuses dans la ville.

                          Abattoirs de Montmartre peu avant leur destruction

    Ils sont détruits après la création des abattoirs de la Villette. 

    Leur emplacement entre la place d'Anvers et la rue Bochart voient s'élever le collège Rollin.

 

      Il est édifié entre 1867 et 1876 sur les plans de l'architecte Napoléon Alexandre Roger (quels prénoms conquérants!)  dont c'est là la principale réalisation!

L'intérieur soigné et les cours lumineuses atténuent quelque peu l'aspect austère de ce bâtiment typique de la seconde moitié du XIXème siècle.

     En 1944 il change de nom pour rendre hommage à Jacques Decour, le professeur d'allemand qui y enseigna et fut un résistant qui lutta jusqu'à la mort, en 1942, contre le mur des fusillés du Mont-Valérien.

 

    Côté pair, la rue est occupée tout d'abord par un hôtel particulier dont l'adresse est sur l'avenue Trudaine au 14.

 

Rue Bochart de Saron. Montmartre.

     De belle apparence, il fut construit pour lui-même par l'architecte Léon Ohnet (1813-1874). L'homme est connu pour avoir participé avec Violet le Duc à la restauration de monuments en péril et plus encore peut-être pour avoir épousé Claire Blanche (quel joli nom!), fille du psychiatre Esprit Blanche dont les théories et les pratiques rendirent barbares les anciens traitements des "aliénés". Il eut pour patient Gérard de Nerval.

 

     Georges Ohnet (1848-1918) fils de Léon et de Claire, occupa quelques années l'hôtel familial. Cet écrivain à succès est peu lu aujourd'hui bien que son roman le plus célèbre  "le Maître de Forges" ait été adapté au cinéma dans un film dont Gaby Morlay fut l'interprète principale.

 

     Le 3 n'a aucune entrée sur la rue! Ou peut-être faut-il passer par la fenêtre, comme Fantomas dont le créateur vivait à deux cents mètres de là!

 

Rue Bochart de Saron. Montmartre.

    Le 5 est plus traditionnel puisqu'il ouvre sur la rue et fait l'angle avec la rue Cretet.

 

Rue Bochart de Saron. Montmartre.
Rue Bochart de Saron. Montmartre.

     Le dernier immeuble côté impair est le 9. Sa façade principale avec ses ateliers d'artistes donne sur le boulevard de Rochechouart (47)

 

Eugène Lavieille

Eugène Lavieille

     Un numéro qui donne à la rue son âme artistique montmartroise!  C'est ici, en effet que le peintre Eugène Lavieille (1820-1889) eut son atelier.

                                                 Eugène Lavieille. Photo de Carjat.

 

Paysage aux vaches (Eugène Lavieille)

Paysage aux vaches (Eugène Lavieille)

   Oublié aujourd'hui, il fut reconnu en son temps comme virtuose des paysages, surtout hivernaux. Elève de Corot, il était amoureux de la nature et plantait son chevalet dans la campagne ou sur les chemins de douanier le long des côtes.

                                    Dans les champs (Eugène Lavieille)

     Il n'est pas étonnant de le retrouver à Barbizon où il vécut pendant quatre ans. Mais il aimait Montmartre sans éprouver le désir de le peindre et c'est là qu'il vint se fixer. Dans la même quartier vécurent Gautier et Baudelaire qui s'intéressèrent à lui et apprécièrent ses paysages hivernaux qui lui valurent d'être qualifié de "peintre des cieux tristes et de la neige."

                                Barbizon sous la neige (Eugène Lavieille)

     Grâce à ses amis photographes Nadar et Carjat (le photographe de Rimbaud) nous avons gardé son image.

                                                  Eugène Lavieille (Nadar)

Adrien Lavieille

Adrien Lavieille

    Il communiqua sa passion à ses enfants puisque son fils Adrien fut peintre ainsi que sa fille Marie qui occupa le même atelier de la rue Bochart…

              Porte sur jardin (Marie Lavieille). Je n'ai pas trouvé d'autres œuvres d'elle!

     Et comme les chats ne font pas de chiens (et vice versa) sa petite fille Andrée reprit le flambeau, ou plus exactement le pinceau.

Le port de Doelan par Andrée Lavieille

Le port de Doelan par Andrée Lavieille

     Nous quittons la rue en beauté avec ces artistes de talent qui ne demandent qu'à être redécouverts!

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Femme versant de l'eau (Manet 1858)

Femme versant de l'eau (Manet 1858)

    Elle apparaît sur de nombreuses toiles, non pas sous son nom de jeune fille mais sous celui d'épouse, dépossédée de son prénom. Elle est Madame Manet….

Carolus Leenhoff père de Suzanne.

Carolus Leenhoff père de Suzanne.

     Suzanne Leenhoff est née à Delft en 1830. Son père Antonius Leenhoff est un artiste, professeur de musique, carillonneur et organiste à la cathédrale de Zaltbömmel. Dans ce milieu ouvert, elle prend goût à la musique et le piano est son instrument préféré.

Suzanne Manet à son piano. (Manet, 1867)

Suzanne Manet à son piano. (Manet, 1867)

     Quand elle arrive à Paris, elle essaie de gagner sa vie grâce à ce talent reconnu et c'est comme professeur de piano qu'elle entre chez Auguste Manet, le père du peintre, en 1849, pour donner des leçons aux deux fils, Edouard et Eugène.

Portrait d'Auguste et Eugénie Manet (parents d'Edouard). Toile acceptée au salon de 1861.

Portrait d'Auguste et Eugénie Manet (parents d'Edouard). Toile acceptée au salon de 1861.

     Auguste n'est pas insensible aux charmes de Suzanne et ne manque pas de la courtiser.

Trois ans après son arrivée, elle met au monde un garçon qui portera le nom de Léon et qui figurera sur plusieurs toiles du peintre.

Manet. Portrait de Léon.

Manet. Portrait de Léon.

     S'il est vrai qu'Edouard alors qu'il a 20 ans courtise lui aussi Suzanne, il n'en reste pas moins vrai que plane un doute sur le géniteur du garçon. Certains historiens de l'art n'hésitent pas à considérer qu'Auguste est le père de l'enfant.

Madame Manet. Suzanne Leenhoff. Concubine, modèle, épouse.

La nymphe surprise (1859-1861). Suzanne a alors 29 ans.

     Ce qui est sûr, c'est que jamais Edouard ne reconnaîtra cet enfant et qu'il ne se décidera à épouser Suzanne qu'après la mort de son père en 1863.

Les cavaliers espagnols (Manet 1859) Léon en premier plan)

Les cavaliers espagnols (Manet 1859) Léon en premier plan)

     Il n'en assume pas moins son rôle de "parrain" comme l'appelle  Léon et il élève l'enfant comme le sien.

Il le représente sur plusieurs toiles, soit comme sujet principal, soit comme "figurant".

                                       Lenfant à l'épée (1861)  Léon Leenhoff

 

Après l'enfant à l'épée, Léon figure, adolescent, dans Les Bulles de Savon en 1868...

 

Madame Manet. Suzanne Leenhoff. Concubine, modèle, épouse.

Jeune homme pelant une poire (1868)

Nous le voyons également dans "Les Cavaliers Espagnols" où il figure en premier plan :

 

 

Madame Manet. Suzanne Leenhoff. Concubine, modèle, épouse.

Nous le voyons encore, à l'écart, occupé à taquiner le goujon dans la toile de 1863, "La pèche".

 

Madame Manet. Suzanne Leenhoff. Concubine, modèle, épouse.

     Cinq ans plus tard, il est présent dans la lecture, Suzanne étant le sujet principal, son fils apparaissant en arrière plan avec, à la main, le livre qu'il lit pour elle. Toile qui peut prêter à une interprétation psychologique sur cette relation entre la mère dans la lumière et le fils en partie mangé par l'ombre.

 

Le déjeuner dans l'atelier date de la même année.

 

Léon est au premier plan dans la toile peinte à Boulogne sur mer où la famille passait l'été. Le fameux chat noir d'Olympia est sur le fauteuil, à gauche, à côté d'accessoires de théâtre.

Madame Manet. Suzanne Leenhoff. Concubine, modèle, épouse.

     On le retrouve dans une toile peinte en 1871, "Intérieur à Arcachon" où il tient de nouveau compagnie à sa mère vers laquelle il est tourné alors qu'elle a devant elle la fenêtre ouverte et la vue sur le bassin.

La présence fréquente de Léon  est comme une reconnaissance sinon de paternité, du moins d'affection et d'attachement. 

                                                              Léon Leenhoff

Madame Manet. Suzanne Leenhoff. Concubine, modèle, épouse.

     Après son mariage avec Manet, Suzanne qui connaît son homme et son goût pour les rencontres féminines, fait preuve d'une grande tolérance.

Elle-même si réservée et si "sage" se permet une aventure en 1875 avec Jules Armand Hanriot.

La nymphe endormei (Hanriot)

La nymphe endormei (Hanriot)

     Il s'agit d'un jeune peintre sans le sou, de 24 ans plus jeune, qui a été accueilli par Manet sous le toit familial.

Bien sûr le mari si volage et si satisfait de "posséder" une femme aimante et paisible est  furieux quand il surprend sa liaison avec le jeune ingrat!

Nu dans la clairière (Hanriot)

Nu dans la clairière (Hanriot)

     Il menace de le faire passer de vie à trépas malgré les supplications de sa femme. Le salut étant dans la fuite, Hanriot prend ses jambes à son cou et disparaît… On le retrouve à Arcachon et en divers endroits où il continue de peindre des femmes nues comme il les aime et à s'aventurer dans des illustrations pour livres érotiques.

Madame Manet. Suzanne Leenhoff. Concubine, modèle, épouse.

Portrait de Mme Manet (1876)

   Manet continue cependant de prendre sa femme pour modèle. Après ce "drame" digne d'un vaudeville comme il s'en donnait avec succès sur les boulevards, il produit plusieurs toiles où figure sa femme : Mme Manet en 1876, Madame Manet dans la serre en 1879, Madame Manet dans le jardin de Bellevue en 1880.

                                                              

                                                  

Madame Manet dans la serre (1879)

Madame Manet dans la serre (1879)

Madame Manet dans la serre (1879)

Dans ce tableau, Manet représente sa femme venue assister à son travail. Il la fait poser à l'endroit même où se tenait, pour son tableau, le couple mondain, les Guillement. La femme est une parisienne spirituelle et élégante, très appréciée dans le monde des fêtes.

Suzanne ne ressent aucune jalousie et aime ce tableau qu'elle accrochera dans sa chambre après la mort de son mari.

Madame Manet. Suzanne Leenhoff. Concubine, modèle, épouse.

Madame Manet dans le jardin de Bellevue (1880)

Autoportrait à la palette (1879)

Autoportrait à la palette (1879)

    Depuis des années, Manet souffrait d'atteintes qu'il croyait rhumatismales et qui étaient en réalité les manifestations d'une maladie qui faisait un ravage à l'époque : la syphilis. En 1882, il souffre au point de ne pouvoir se déplacer. Il ne peint alors que des natures mortes ou des portraits de visiteuses.

                                                           Les lilas blancs (1882)

    Il rédige un testament dans lequel il lègue tous ses biens à son épouse (Léon serait à son tour légataire après la mort de sa mère)..

                                          Femme au chat (Suzanne Leenhoff) Manet

Il meurt le 30 avril 1883.  Suzanne confie à son fils le soin de s'occuper des toiles et des dessins de son mari. 

Elle meurt 23 ans plus tard, en 1906. Elle a le temps d'assister à la gloire posthume de son mari dont les œuvres sont achetées par les musées. 

Aujourd'hui, celle que l'on appelait Madame Manet est connue de tous ceux qui aiment la peinture sous son véritable nom : Suzanne Leenhoff… Mais c'est avec les yeux de son mari que nous la voyons et c'est comme il l'a vue et aimée qu'elle traverse le temps…

 

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Place Gustave Toudouze. Ancienne place Bréda. Montmartre.
Place Gustave Toudouze. Ancienne place Bréda. Montmartre.

     C'est un des endroits de Paris qui a retrouvé son charme depuis que la place a été agrandie avec la disparition d'une voie le long des immeubles qui ne laissait aux piétons qu'un terre-plein triangulaire, une île entre les voitures!

    Partout où l'on rend la ville aux piétons, la vie revient avec l'envie de flâner ….

Place Gustave Toudouze. Ancienne place Bréda. Montmartre.

     Comme la rue de Navarin, la rue Henry Monnier et la rue Clauzel qui l'encadrent, la place date de l'époque romantique, 1830, quand le "Sieur Bréda" obtint la permission de lotir les terrains qu'il possédait. La place s'appela alors Place Bréda.

Place Gustave Toudouze. Ancienne place Bréda. Montmartre.

    En 1905, elle "disparut" pour faire partie de la rue Henry Monnier. Ce n'est qu'en 1954 qu'elle redevint "place" et qu'elle prit le nom de Gustave Toudouze.

Gustave Toudouze

Gustave Toudouze

Place Gustave Toudouze. Ancienne place Bréda. Montmartre.

     Le prénom "Gustave" a été précisé afin d'éviter la confusion avec un autre Toudouze, Georges, fils du premier, écrivain lui aussi qui a mis de la Bretagne dans de nombreux romans et qui était atteint de bretonite aigue, au point de militer dans le "Framm Ketiek Breizh" mouvement indépendantiste soutenu pendant la guerre par les nazis.

Maison des Goncourt à Auteuil.

Maison des Goncourt à Auteuil.

      Gustave, lui, était très parisien; il avait pour amis Zola et Alexandre Dumas fils et il était assidu aux "dimanches" de Flaubert comme il aimait participer au "grenier" des frères Goncourt après qu'ils eurent quitté la rue Saint-Georges voisine pour s'installer à Auteuil. On sait que dans ce "grenier" aménagé pour recevoir les amis écrivains, est née la future Académie qui porte leur nom.

      

Camaret. Quai Gustave Toudouze.

Camaret. Quai Gustave Toudouze.

… Gustave quittait parfois Paris pour passer des vacances à Camaret, charmant port de pêche dont le curé est resté fort célèbre .

Place Gustave Toudouze. Ancienne place Bréda. Montmartre.

     La numérotation de la place comptait 4 numéros, du 2 au 8. On constate qu'elle s'est inversée, le 8 faisant aujourd'hui partie du 2 comme on peut le voir sur cette photo de bougnat. Le commerce faisait transition sur un pan coupé, entre la rue Clauzel et la place.

 

     Aujourd'hui, le no stress l'a remplacé et a effacé le petit Africain de ses panneaux qui n'est pas sans rappeler le "Y'a bon Banania" de la publicité de l'époque.

 

Le 2.

Le 2.

     Le 4, seul immeuble classé, représentatif de la belle architecture de la première moitié du XIXème siècle (1839) est aussi le seul à nous raconter une histoire.

 

     Celle  des 400 coups, le film de Truffaut où le jeune Antoine vit chez sa mère et son beau père dans cet immeuble.

 

     Les liens de Truffaut avec le quartier sont étroits. Il passa une partie de sa jeunesse, à 50 mètres de la place, 33 rue de Navarin.

                                                      33 rue de Navarin  

         Ses grands- parents Jean et Geneviève de Montferrand habitaient rue Henry Monnier… au 21

                                                 21 rue Henry Monnier

Le jeune Antoine (Léaud) et sa mère (Claire Maurier). Les 400 coups.

Le jeune Antoine (Léaud) et sa mère (Claire Maurier). Les 400 coups.

     Le dernier immeuble qui a pour adresse la place Toudouze est le 6.

 

     Il n'y a, du 2 au 6 que des restaurants adaptés à ce quartier recherché pour son image culturelle et branchée…

Place Gustave Toudouze. Ancienne place Bréda. Montmartre.

      Il convient de mentionner la fontaine Wallace et son filet d'eau fraîche qui coule entre les cariatides de bronze. On sait que ces fontaines sont un don de Richard Wallace, Anglais amoureux de Paris, horrifié par la condition des habitants de Montmartre privés d'eau pendant le siège de Paris et la Commune.

                                       Richard Wallace en fontaine. Caricature de Lafosse.

Place Gustave Toudouze. Ancienne place Bréda. Montmartre.

     D'autres enfants jouent sur la place comme le fit sans doute le jeune François Truffaut. Souhaitons qu'il y ait parmi eux un futur cinéaste de son acabit!

Liens

La rue Henry Monnier

La rue de Navarin

La rue Clauzel

Liste des rues de Montmartre

                                                       

 

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Premier portrait de Victorine Meurent par Manet (1862). Museum of fine arts, Boston.

Premier portrait de Victorine Meurent par Manet (1862). Museum of fine arts, Boston.

     Elle a vécu dans le quartier de la Nouvelle Athènes, rue Bréda (aujourd'hui Henry Monnier) où elle inspira quelques grands peintres avant de réaliser son rêve d'adolescente : devenir peintre elle-même dans un monde qui laissait peu de place aux femmes.

Victorine Meurent. Modèle et peintre. Femme libre et artiste. Manet, Stevens...

     Victorine Louise Meurent (1844-1927) est connue dans le monde entier grâce à deux chefs d'œuvre qui ont marqué l'histoire de l'art : "Le Déjeuner sur l'Herbe" et "Olympia" de Manet. Deux tableaux où elle posa nue et qui eurent un retentissant succès de scandale!

 

     Les réactions outrées devant le "Déjeuner sur 'herbe" amusent aujourd'hui et prouvent que Manet avait vu juste en reprenant un thème classique et le modernisant. Il était sûr alors de choquer le bourgeois qui se repaissait de nus mythologiques grâce à  l'alibi culturel!

 

     Victorine Meurent est assise, nue, et regarde avec aplomb le spectateur tandis qu'à l'arrière-plan, un autre modèle, Alexandrine-Gabrielle Meley, représente une femme qui s'apprête à se soulager. Cette Alexandrine deviendra Madame Zola, épouse fidèle et tolérante de son écrivain de mari.

Olympia (Manet)

Olympia (Manet)

      Avec Olympia, tableau peint la même année mais exposé en 1865, le scandale fut plus grand encore. Les critiques ne reconnurent pas, comme pour le Déjeuner l'œuvre dont Manet s'était inspiré. Ils ne virent qu'une prostituée prête à recevoir l'homme qui lui envoie des fleurs. "Elle n'est pas jolie" dirent-ils! "C'est une cocotte dans toute sa vulgarité." Eh oui! pas d'alibi mythologique ou historique mais une femme de chair et d'os, une femme réelle qui a un nom réel : Victorine Meurent!

 

     Bien que la vie du célèbre modèle ait été romancée par des écrivains, américains pour la plupart, on ne connaît pas grand chose de sa jeunesse, sinon qu'elle est née à Paris dans une famille modeste, son père étant brunisseur de bronze et sa mère modéliste. 

Etude de Victorine Meurent (Stevens)

Etude de Victorine Meurent (Stevens)

    A 16 ans, elle travaille comme modèle dans l'atelier de Thomas Couture puis dans celui d'Alfred Stevens qui aurait été son amant. Le peintre belge la représente à plusieurs reprises.

Victorine Meurent. Modèle et peintre. Femme libre et artiste. Manet, Stevens...

                                  Le sphinx parisien (Stevens) 1867

     Deux de ses tableaux sont connus sous le même nom de "sphinx parisien". Le premier est peint en 1867 et le second en 1870 pendant la Commune de Paris. 

                                             Le sphinx parisien (Stevens 1870)

 

     Peu importe qu'elle ait été ou non la maîtresse de Stevens, comme on prétend qu'elle le fut de Manet, il y eut en réalité entre elle et lui une forte relation qui resta amicale et attentive bien après que Victorine eut cessé de poser.

                                                                Alfred Stevens

 

     Le peintre habitait un petit hôtel particulier rue Victor Massé, immeuble qui allait devenir célèbre en abritant le 2ème Chat Noir.

                                                 12 rue Victor Massé  

     Victorine vivait à deux cents mètres de là, 25 rue Bréda dans un petit immeuble qui a été détruit pour être remplacé par un opulent immeuble de style 1900 bourgeois, orné d'amours joueurs.

 25 rue Henry Monnier (emplacement du 25 rue Bréda où vécut Victorine Meurent)

 

    On admet en général que c'est dans l'atelier de Stevens qu'elle rencontra Manet et que le peintre belge proposa à son ami de la choisir pour modèle. Ce qui convenait à Manet à la recherche de figures féminines naturelles et non stéréotypées. Il ne fut pas arrêté par sa petite taille et son manque de rondeurs qui lui valurent d'être surnommée 'la crevette".

                                           Edouard Manet

Edouard Manet

    Manet l'apprécia et la représenta sur plusieurs toiles (outre le Déjeuner et Olympia). La première toile où elle apparaît, elle pose pour lui dans l'atelier de Stevens costumée avec des déguisements entreposés là par une troupe de théâtre madrilène de passage à Paris. Il s'agit de "Mlle V. en costume d'Espada" (1862).

Etrange tableau où la femme est tournée vers le spectateur, son épée pointée vers le vide, alors que le combat se déroule à l'arrière-plan. Elle attend le moment où le picador aura fait son sale boulot et affaibli la bête que le torero n'aura plus qu'à exciter une dernière fois avec sa muleta et à achever avec son épée.

Vous voulez du sang, vous allez en avoir! C'est ce que semble dire la femme en noir, comme pour inviter le spectateur à prendre la place du taureau!

 

La chanteuse de rue. (Musée des Beaux Arts de Boston)

La chanteuse de rue. (Musée des Beaux Arts de Boston)

     La même année 1862, toujours chez Stevens, Manet peint "La chanteuse de rue". Il aurait eu l'intention de faire poser une artiste de cabaret qu'il avait croisée quittant la nuit l'établissement où elle travaillait. Elle aurait refusé sa proposition et il se serait écrié, cachant sa déconvenue :  "Peu importe, j'ai Victorine!"

Victorine Meurent. Modèle et peintre. Femme libre et artiste. Manet, Stevens...

     C'est une œuvre forte, un moment de vie, un mouvement saisi et arrêté… La femme sort du cabaret, la guitare sous le bras, des cerises tenues dans l'angle du coude. Son visage est blanc, inexpressif. Il fait penser à un visage de madone qui tiendrait non pas un enfant mais une guitare et des cerises. La figure est à la fois hiératique et instable, la robe soulevée laissant apparaître le jupon. 

Victorine Meurent. Modèle et peintre. Femme libre et artiste. Manet, Stevens...

     En 1866, Manet peint "la Femme au perroquet", une de ses plus belles œuvres. Victorine Meurent dans un déshabillé rose se tient debout, hiératique et triste à côté d'un perroquet gris sur un perchoir.

Une fois encore la référence à la Vierge est présente. On songe à la Vierge de Van Eyck qui tient, comme le modèle de Manet un bouquet de violettes à côté d'un perroquet.

                                                    Détail de Van Eyck.

La lecture. Manet (1865). Suzanne Manet (Leenhof).

La lecture. Manet (1865). Suzanne Manet (Leenhof).

  Dans les mêmes années, Manet travaille avec d'autres modèles, et l'un d'eux, Suzanne Leenhof devient sa concubine puis son épouse (1863). Comme celle qu' a choisie Zola, elle a toutes les qualités: égalité d'humeur, tolérance, acceptation des infidélités de son mari!

Cependant c'est bien Victorine qui est la principale inspiratrice du peintre dans ces années déterminantes.

                                       Le Chemin de fer (1870)

Le Chemin de fer (1870)

     En 1870, Manet peint pour la dernière fois celle qui a participé à plusieurs de ses chefs d'œuvre. Il s'agit  du "Chemin de fer". C'est un adieu à la femme qui l'a inspiré et qu'il a sans doute aimée. Elle est habillée en bourgeoise et tient sur les genoux un petit chien endormi, bien différent du chat étonné et sensuel d'Olympia. La grille barre le tableau. L'avenir est de l'autre côté, dans la direction des fumées du train que regarde l'enfant. Cet autre côté où va s'éloigner Victorine qui quitte Paris pour vivre quelques années aux Etats-Unis. Son regard une fois encore est tourné vers le spectateur qui est aussi le peintre. Comme sur un quai, on regarde aussi longtemps que possible celui que l'on quitte.

Victorine Meurent. Modèle et peintre. Femme libre et artiste. Manet, Stevens...

    Victorine Meurent passe plusieurs années loin de la France. Il y a peu de traces de son séjour aux Etats Unis et de ce qu'elle y fit. Le mystère qui entoure cet épisode de sa vie a inspiré des écrivains américains qui ont tenté d'imaginer sa biographie. Parmi ces derniers, on peut citer Eurice Lipton, "Alias Olympia" (1992), Debra finerman, "Mademoiselle Victorine" (2007), V.R. Main "A woman with no clothes on" (2008)…. sans oublier l'écrivain irlandais George Moore qui fait d'elle un des personnages de son roman "Memoirs of my dead life" (1906) où elle vit une passion lesbienne avec un courtisane célèbre.

Dans l'atelier du peintre (Etienne Leroy)

Dans l'atelier du peintre (Etienne Leroy)

     De retour à Paris, Victorine qui avait observé pendant des années les peintres qui se servaient d'elles, se lance à son tour dans la peinture. Elle prend des cours à l'Académie Julian, dans l'atelier d'Etienne Leroy et commence à réaliser plusieurs œuvres.

Dans la Serre. (Manet) 1879

Dans la Serre. (Manet) 1879

     Le plus étonnant, elle voit un de ses autoportraits accepté au Salon de 1876 alors que Manet y est refusé!

Elle participera ainsi à quatre salons : en 1879 avec "Une bourgeoise de Nuremberg au XVIème siècle", en même temps que Manet qui est cette fois accepté avec "Dans la serre". Les deux toiles sont dans la même salle, celle des "M".

     Artiste appréciée par la critique, elle prend sa place dans la vie artistique et elle fait partie en 1903 de la "Société des Artistes Français"

Victorine Meurent. Modèle et peintre. Femme libre et artiste. Manet, Stevens...

     Malheureusement il est difficile aujourd'hui d'avoir une idée juste de son talent car la quasi totalité de ses œuvres ont disparu. On sait seulement qu'elle était classique, plus proche d'Ingres que de Manet. La seule toile qui subsiste, "Le jour des Rameaux", est aujourd'hui au musée de Colombes.  

    Si elle cesse de poser pour Manet qui s'est éloignée d'elle, elle le fait pour  Norbert Goeneutte dont l'atelier est situé dans l'immeuble où elle habite, 21 rue Bréda.

                                       Boulevard de Clichy (Norbert Goeneutte)

Victorine Meurent (Norbert Goeneutte) 1884.

Victorine Meurent (Norbert Goeneutte) 1884.

    Elle vit désormais librement ses amours féminines. Sa grande amie au début du XXème siècle est Marie Dufour, professeur de piano. Elles quittent Paris pour habiter dans un pavillon à Colombes. Victorine pour mieux gagner sa vie se spécialise dans la peinture d'animaux de compagnie qui était alors fort prisée de la bourgeoisie. Elle donne également des cours de guitare, instrument qu'elle n'a jamais quitté et dont elle jouait pour ses amis.

     A la mort de Manet, elle écrivit à sa femme afin de réclamer un don que le peintre lui aurait promis. En effet, comme il ne payait pas cher ses séances de pose, il lui aurait dit à plusieurs reprises que si un jour les toiles où elle était présente avaient du succès et se vendaient bien, elle recevrait une juste rétribution en signe de reconnaissance. Elle ne reçut aucune réponse de la veuve...

 

Sans doute voulait-elle en recevant ce cadeau avoir l'impression d'être associée au-delà de la mort, à celui dont le génie avait utilisé son corps, son visage, son regard qui pour toujours nous interpelle.

Liens:

Montmartre: artistes, peintres, célébrités.

Montmartre, les rues.

Hommage moderne à Victorine et Manet, ce portrait de Macnaughton

Sur le conseil d'un lecteur pertinent, je reproduis la signature de Victorine… Qui sait? Un chineur découvrira t-il enfin une de ses toiles?

 

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Rue Henry-Monnier

Rue Henry-Monnier

     Nous retrouvons ici un riche propriétaire dont nous avons déjà cité le nom, le sieur Bréda qui possédait les terrains où sont construites les actuelles rue Clauzel et Henry-Monnier, reliées par la place Toudouze.

                                                 La rue prise de la rue Massé

                                                       La même aujourd'hui

La même aujourd'hui

     En 1830 notre homme retira une somme considérable du lotissement de son terrain et non content de la bonne opération financière, voulut que son nom fût immortalisé en rue Bréda, place Bréda et rue Neuve Bréda! 

Rue Monnier, à droite la rue Clauzel et la place Toudouze (anciennes rue Neuve Bréda et place Bréda)

Rue Monnier, à droite la rue Clauzel et la place Toudouze (anciennes rue Neuve Bréda et place Bréda)

     Cette immortalité fut provisoire puisque la rue Neuve Bréda devint Clauzel en 1864, la place Bréda devint Toudouze en 1954 et la rue Bréda devint Henri Monnier en 1905 puis Henry Monnier avec un "y" en 2003.

Henry Bonaventure Monnier

Henry Bonaventure Monnier

     Henry Monnier (1799-1877) est un caricaturiste et illustrateur qui marqua son époque en dessinant pour les plus grands écrivains, notamment Balzac, et en créant un personnage qui n'a pas fini d'être actuel : Mr Prud'homme.

                                Mr Prud'homme  peint par Henry Monnier

Mr Prud'homme peint par Henry Monnier

     Mr Prud'homme! Un gros bonhomme bourgeois, aisé, sûr de lui, conformiste et pour tout dire stupide, de cette stupidité vaniteuse et satisfaite. Je ne sais pourquoi je pense à Trump, Mr Prud'homme américain, désarmant de certitudes qui vient de déclarer que pour éviter les incendies monstrueux de Californie, qui selon lui n'étaient pas dus à un réchauffement climatique bidon, il fallait déforester!

 

     Balzac dit de ce personnage qu'il est "l'illustre type des bourgeois de Paris". 

Monnier (et non Prud'homme) a servi de modèle à l'auteur de la Comédie Humaine pour un personnage récurrent, Jean-Jacques Bixiou qui fait sa première apparition dans "les Employés". Il est dépeint avec sympathie comme un fonctionnaire caricaturiste, amateur de bons mots.

"Bixiou croquait la femme appuyée sur un parapluie".  (Un Ménage de Garçons. Balzac) dessin de Monnier.

     Notons que Monnier a influencé de nombreux créateurs. Il suffit de citer Sacha Guitry et sa pièce : "Mr Prud'homme a t-il vécu?" ou Franquin, le créateur de Gaston Lagaffe, qui donne au maire de Champignac les traits de Mr Prud'homme.

 

Quelques citations de Monnier-Prud'homme que Coluche aurait pu revendiquer :

"C'est mon opinion et je la partage."

""Je ne connais pas d'endroits où il se passe plus de choses que dans le monde."

"La mer : une telle quantité d'eau frise le ridicule… et encore on n'en voit que le dessus."

"La nature est prévoyante, elle a fait pousser la pomme en Normandie, sachant que c'est dans cette région qu'on boit le plus de cidre."

"Je l'ai toujours dit, les hommes sont égaux. Il n'y a de véritable distinction que la différence qui peut exister entre eux."

                                                         Le 2.

Le 2.

     Le 2 est un des plus anciens immeubles et date du début du lotissement. C'est là que vécut la poétesse, la grande amoureuse Louise Colet (1810-1876).

                                                  Louise Colet (Courbet)          

 

 

     Reconnue en son temps puisqu'elle reçut plusieurs fois le prix de l'Académie, elle tenait un salon littéraire fréquenté par quelques uns des plus grands écrivains de la première moitié du XIXème siècle : Victor Hugo, Vigny, Musset, Baudelaire.

 

     On lui prête beaucoup d'amants parmi cette élite des lettres. Ce qui est sûr c'est que sa fille Henriette n'a pas eu de père officiel puisque le mari de Louise ne l'a pas reconnu, pas plus que son amant Victor Cousin.

                                                           Victor Cousin

     Parmi ses amoureux les plus célèbres figure le jeune Flaubert qui est en train d'écrire l'Education Sentimentale et dont on peut lire les lettres, nombreuses qu'il écrivit à son amante :

"Ne m'aime pas tant, ne m'aime pas tant, tu me fais mal! Laisse-moi t'aimer, moi; tu ne sais donc pas qu'aimer trop, ça porte malheur à tous deux; c'est comme les enfants que l'on a trop caressés étant petits, ils meurent jeunes; La vie n'est pas faite pour cela; le bonheur est une monstruosité! Punis sont ceux qui le cherchent." (8 août 1846)

 

       C'est dans l'atelier de Pradier non loin de chez elle, rue Bréda qu'elle a fait sa rencontre.

     Après la fin de leur liaison, il ne fut pas très gentleman et dit beaucoup de mal des "qualités" littéraires de celle qu'il avait encensée du temps de ses jeunes amours.

                                                  Louise Colet (Pradier)

    Celle qui reçut au contraire des compliments du premier des poètes, Victor Hugo, eut des années difficiles et fut heureusement aidée par Victor Cousin. Aujourd'hui, après des décennies pendant lesquelles elle fut ignorée, elle connaît un renouveau avec la réédition de certains de ses romans et recueils.

 

  Elle ne devrait plus être oubliée dans les anthologies de la poésie romantique.

"Qui n'a pas un amour sans limites n'aime point" (Lui 1859)

………….

"Ton amour m'a donné comme un second baptême. Ton amour c'est ma foi." (Corinne et Oswald 1829)

…………..

"Le malheur m'a jeté son souffle desséchant

De mes doux sentiments la source s'est tarie

Et mon âme incomprise avant l'heure flétrie

En perdant tout espoir perd tout penser touchant."

Rue Henry-Monnier. Paris. Montmartre.

Le 3. Bel immeuble 1830

                                                              Le 4

Le 4

     Le 4 fut en son temps une adresse bien connue et très fréquentée. C'était le bordel de Louise Brémont dont un des visiteurs les plus illustres fut Emile Zola.

En tout bien tout honneur pourrait-on dire puisque le romancier qui avait besoin de documentation sur le fonctionnement d'une maison close avait jeté son dévolu sur celle-là, dans la quartier que sa Nana sillonne le soir venu.. 

Rue Henry-Monnier. Paris. Montmartre.
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Le 16

Le 16

     Le 16 fut l'adresse d'un restaurant qui avait ses fidèles parmi lesquels Henry Monnier lui-même, Nadar, Mürger, Baudelaire qui habitait le quartier et venait souvent accompagné de Jeanne Duval.

                                           Jeanne Duval (Manet)

     Le restaurant était minuscule et dans son unique pièce tendue de papier rouge velouté recevait une douzaine de personnes autour d'une table unique en fer à cheval où l'on servait une excellente cuisine traditionnelle concoctée par la mère Dinochau.

Les Goncourt

Les Goncourt

     Les Goncourt, toujours vipérins, décrivent les propriétaires : " Le père Dinochau un vieil abruti, la mère Dinochau qui avait de gros yeux saillants comme des tampons de locomotive et le fils devenu célèbre plus tard en voyoucrate intelligent".

Le 20

Le 20

Le 21

Le 21

     Le 21 est un opulent immeuble construit en 1907 par les architectes Guyon et fils et orné de sculptures réalisées par Ardouin. Malgré son harmonie et le sourire des visages de pierre, il écrase un peu les immeubles plus modestes de la première moitié du XIXème siècle.

 

   Il  a été édifié à l'emplacement du premier immeuble qui abritait l'externat de Perot, instituteur socialiste qui habitait à la même adresse et qui reçut Gustave Lefrançais et Pauline Roland avec lesquels il créa l'Association fraternelle des instituteurs socialistes.

Rue Henry-Monnier. Paris. Montmartre.

    On est étonné en lisant aujourd'hui le programme d'enseignement rédigé par Pérot de constater à quel point il était moderne et respectait les enfants. Pauline Roland bien sûr y avait contribué et en féministe convaincue, insisté sur l'importance de l'égalité des sexes et la mise en cause des clichés et des habitudes culturelles concernant les genres.

     Gustave Lefrançais sera un des acteurs de la Commune, ce qui ne sera pas le cas de Pauline Roland, morte trop tôt, en 1851, après un emprisonnement et un exil dans la prison de Bône (Algérie) qui mina sa santé.

                                                              Pauline Roland

Victor Hugo lui a consacré un des beaux poèmes des Châtiments, écrit à Jersey :

"Elle ne connaissait ni l'orgueil ni la haine

Elle aimait, elle était pauvre, simple et sereine."

(…) Tendre, elle visitait, sous leur toit de misère,

Tous ceux que la famine ou la douleur abat,

Les malades pensifs, gisant sur leur grabat,

La mansarde où languit l'indigence morose;

Quand par hasard, moins pauvre, elle avait quelque chose,

Elle le partageait à tous comme une sœur;

Quand elle n'avait rien, elle donnait son coeur." (…)

Rue Henry-Monnier. Paris. Montmartre.

     Toujours au 21, vivaient les grands-parents de François Truffaut, Jean et Geneviève de Monferrand. On sait que le jeune François vint au monde (1932) après la grossesse cachée de sa mère et qu'il fut d'abord confié à une nourrice avant de vivre chez ses grands parents jusqu'en 1942, année de la mort de sa grand-mère. 

Antoine Doisnel entre rue Monnier et place Toudouze.

Antoine Doisnel entre rue Monnier et place Toudouze.

     Ce quartier est vraiment celui du réalisateur puisque c'est l'école de la rue Clauzel qu'il fréquenta, c'est, après la rue Monnier, rue de Navarin qu'il habita, chez sa mère et son père adoptif, c'est au collège Rollin (Jacques Decour) qu'il fut élève …. et ce sont ces lieux et ces rues qu'il filma dans les 400 coups, Antoine Doisnel habitant place Toudouze, à quelques dizaines de mètres de la rue Monnier et de la rue de Navarin!

Le 25

Le 25

Le bel immeuble restauration du 25 a été détruit et à sa place a été édifié le jumeau somptueux du 21, dû aux architectes Guyon et fils et au statuaire Ardouin.

 

     Dans l'immeuble d'origine vécut une grande amoureuse des femmes qui pourtant suscita bien des émotions chez les mâles.

   Elle est la femme nue du déjeuner sur l'herbe de Manet, elle est l'Olympia étendue sur son sofa...

Le déjeuner sur l'herbe

Le déjeuner sur l'herbe

Olympia

Olympia

    Victorine Meurent (1844-1921) qui posa pour Degas et Stevens, fut le modèle favori de Manet pendant presque dix ans. Parmi les chefs d'œuvre qui la représentent, outre les toiles déjà nommées, on peut citer la femme au perroquet, portrait en pied à la fois sensuel et hiératique, l'Espada, le Chemin de fer...

 

   Avant d'aller habiter avec son amie Marie Dufour à Colombes, elle voulut peindre à son tour et obtint un certain succès.

                                                         La femme au perroquet

 

Le 28

Le 28

     Au 28 se trouvait l'atelier de Jules Dupré (1821-1889), peintre de l'école de Barbizon qui en fut l'un des chefs de file et qui partageait avec Théodore Rousseau une grande amitié faite de beau fixe et de tempêtes.

Rue Henry-Monnier. Paris. Montmartre.

     Il donna à ses paysages et à ses marines un relief sombre, quelque chose de tourmenté et pour tout dire romantique. Son admiration pour Courbet qui fit son portrait se ressent dans ses toiles.

                                                     Jules Dupré (Courbet)

     Van Gogh qui le cite plus de dix fois dans ses lettres à Théo le tenait en grande estime et le considérait comme le grand peintre romantique français.

 

     Son premier atelier se situait rue Frochot avant de migrer deux cents mètres plus bas, 28 rue Bréda (Henry Monnier). Il le quitta pour s'installer dans sa ville natale de l'Isle Adam.

Le 30

Le 30

     Un compositeur basque espagnol vécut de 1855 à 1857 dans cet immeuble. Son nom Sebastian Iradier n'est peut-être pas connu de tous mais deux de ses œuvres le sont assurément!

 

     Il s'agit de "La Paloma", un des plus grands tubes internationaux et bien que la paternité ne lui en fût pas attribuée, de la habanera de Carmen : "l'amour est un oiseau rebelle"!

Rue Henry-Monnier. Paris. Montmartre.

     Bizet lorsqu'il reprit cet air au premier acte de son opéra était persuadé qu'il ne pillait personne et reprenait une très ancienne chanson folklorique. En réalité, il s'agissait de "El Arreglito", chanté en 1863 au théâtre italien de Paris et composé par Iradier. C'est aujourd'hui un air mondialement connu.

Le 34

Le 34

     La rue se termine en apothéose avec le magnifiques immeuble du 34 dont l'entrée principale est 27 rue Victor Massé et qui est classé comme ses voisins du 23 et 25.

    Ils ont été construits par Davrange et Durupt entre 1847 et 1850 dans le style Louis-Philippe néo Renaissance. Ils sont parmi les plus "souriants", les plus mélodieux du quartier... 

 

     Au 34 le peintre Théodore Chassériau (1819-1856) eut un atelier dans les dernières années de sa vie qui fut courte.

                                                          Autoportrait

Il habitait alors rue Fléchier, un peu plus bas, dans un immeuble qui donnait sur l'église Notre-Dame de Lorette.

Alice Ozy (Chassériau)

Alice Ozy (Chassériau)

    Il eut pour maîtresse Alice Ozy, célèbre comédienne qui fut courtisée en vain par Victor Hugo à qui pourtant peu de femmes résistaient. Le poète en garda un fort ressentiment envers son rival heureux.

Les deux soeurs (Chassériau 1843)

Les deux soeurs (Chassériau 1843)

Odalisque couchée (Chassériau)

Odalisque couchée (Chassériau)

     Chassériau dont le maître, Ingres, disait qu'il serait "le Napoléon de la peinture" est influencé pour la forme par son professeur et pour la tonalité intense et contrastée par Delacroix. On peut dire qu'il est un romantique classique!

                                         Hero et Léandre (la Poésie et la Sirène)

     C'est avec lui que nous quittons cette courte rue qui n'en finit pas de nous raconter des histoires de poésie, de peinture, d'amour, d'utopie, dans un quartier qui fut une pépinière de création et de rêve.

Fin de la rue Henry Monnier

Fin de la rue Henry Monnier

Place Kaspereit depuis la rue Henry Monnier

Place Kaspereit depuis la rue Henry Monnier

Liens :

Liste des rues de Montmartre

Artistes et célébrités de Montmartre

Vitrail art déco place Kaspereit. Ancien cabaret chinois le Shangaï.

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