La partie du boulevard que nous allons suivre aujourd'hui se reflète dans la pomme de Charles Fourier...
Le boulevard tourne à angle droit vers la Place Clichy...
Une des sorties du métro se trouve là. C'est un modèle plus rare des fontes de Guimard. L'entourage n'est pas constitué d'écussons mais de cartouches rectangulaires évidés en leur centre.
On peut selon sa fantaisie, imaginer des cygnes autour d'un lac...
C'est un motif à la fois charnel et aérien créé par un artiste décrié en son temps par les "gens de goût" et les critiques qui pour médire d'un art qu'ils ne comprenaient pas le qualifiaient de "style nouille".
Le lycée Jules Ferry occcupe le côté pair du boulevard.
C'est un bâtiment qui, à sa construction en 1914, était à l'avant-garde d'une architecture fonctionnelle et "hygiéniste", avec grandes baies vitrées et terrasses...
Il a été construit par Pierre Paquet; un architecte cher aux aux Arrageois, puisque c'est lui qui reconstitua le beffroi d'Arras détruit par les bombardements...
Le lycée, à l'origine réservé aux "jeunes filles" s'est élevé sur un terrain vague où subsistaient les restes d'un couvent. Ces derniers témoignages de l'histoire religieuse du quartier furent détruits en 1932 quand de nouveaux travaux agrandirent le lycée.
On fit alors appel à Camille Boignard pour concevoir un décor de frises dans les couloirs et les salles.
Ce décor permit d'invidualiser les pièces qui au lieu de porter des numéros comme toutes les bonnes salles de classe qui se respectent se nommèrent salle des roseaux, des méduses, des hirondelles, des lilas, etc... etc...
Emile Robert créa les ferronneries d'art qui sont sans doute les éléments les plus artistiques et les plus originaux du lycée.
L'établissement s'ouvrit aux garçons en 1974... ce qui permit à Diane Kurys d'y tourner en partie son film "Diabolo Menthe".
Contrairement à Jacques Decour, le lycée ne peut s'enorgueillir d'une longue liste de célébrités, anciens élèves ou anciens profs.
A part Lucie Aubrac qui y enseigna après guerre, Christian Jambet que quelques uns ont peut-être lu et Anne-Marie Carrière dont peu se souviennent sans doute...
Attendons.. l'avenir nous réserve des surprises...
Curieusement, après le lycée et la rue de Douai, le boulevard, côté impair cesse de s'appeler boulevard et est promu Place de Clichy, alors qu'en face, côté pair il continue son petit bonhomme de chemin et ne perd son nom qu'après le n°142, le cinéma Pathé Wepler.
L'horrible bâtiment blanc et agressif qu'on aperçoit, à gauche, ne fait pas partie du boulevard mais de la rue Caulaincourt.
Tant pis pour elle!
Ce méchant blockhaus, consternant de laideur satisfaite est occupé par Castorama et les hôtels Ibis et Mercure. Il est un exemple éclatant et déplorable du vandalisme des années 70.
Un vandalisme qui a mis à bas une des plus belles salles de cinéma d'Europe : le Gaumont Palace.
De cette salle art-déco aux proportions idéales, on ne sauva que le célèbre orgue Christie qui alla rejoindre un autre miraculé, le Pavillon baltard remonté à Nogent.
Nous consacrerons une visite plus approfondie à cette salle mythique qui remplaça l'hippodrome de Montmartre construit pour l'exposition universelle de 1900.
Côté pair, bonjour la monotonie... 6 immeubles de 1884, semblables, les 128, bis, ter, 130, bis, ter, s'alignent tristement et portent sans complexe, gravé sur leur façade, le nom répété six fois de leur architecte, un certain A. Franck qui aurait peut-être été plus doué s'il avait tenu un journal!
Le 128
Ils méritent cependant que vous y jetiez un coup d'oeil, non pour l'architecture, mais pour l'histoire du quartier.
Au 128 se trouvait en 1971 le salon de coiffure d'un certain Joseph Joffo, auteur d' Un Sac de Billes. Joffo le succès aidant avait changé de quartier et quitté la rue de Clignancourt où son père avait son salon et où commence l'aventure du roman.
Au 130, le peintre Paul Signac habita quelque temps le 6ème étage...
Il n'eut que quelques pas à faire et à se couvrir d'une bonne pelisse pour peindre en 1886 le boulevard de Clichy sous la neige, à l'endroit où il tourne à angle droit devant le lycée qui n'existait pas encore, pas plus que la station de Guimard ou la statue de Fourier...
Picasso qui à son arrivée à Paris partageait l'appartement du peintre Casagemas, au 49 Rue Gabrielle reprit après le suicide de son ami, l'atelier qui était le sien au 130 ter du boulevard Clichy.
C'est des fenêtres de cet atelier qu'il représenta le boulevard, à l'endroit où il tourne... (décidément c'est une obsession!)
Le boulevard de Clichy s'arrête au 142 avec le Pathé Wepler...
Avant de continuer à pied ou de prendre le métro dont l'entrée est encadrée par les hampes de Guimard qui font penser à d'étranges plantes carnivores (allez savoir pourquoi on les appelle "brins de muguet"!) vous pouvez faire le tour du Monument de la Défense Nationale qui est au centre de la place...
Liens:
Boulevard de Clichy. Montmartre. Pigalle. (1)
Boulevard de Clichy. Montmartre, Blanche (2)
Boulevard de Clichy. De Blanche à la Pomme. (3)
Boulevard de
Clichy, Pigalle et Moulin rouge vus par les peintres. (5)
Boulevard de Rochechouart (1) première partie.
Boulevard de Rochechouart (2) Deuxième partie, numéros pairs.
Boulevard de Rochechouart (3). Deuxième partie n° impairs.
Le Trianon. boulevard de Rochechouart.
L'Elysee Montmartre. boulevard de Rochechouart. Music-Hall.
Rues de Montmartre. Classement alphabétique.
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