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Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

voyages...

Publié le par chriswac
Publié dans : #VOYAGES...

 

Dordogne Lot 367

Aux premiers siècles du christianisme, des ermites vécurent dans les grottes qui servirent plus tard de refuge et de dépendances aux moines de l'Abbaye Saint-Pierre de Brantôme. La grotte la plus mystérieuse et la plus impressionnante est celle du jugement Dernier.

Dordogne Lot 351   

Les moines très gourmands et très avisés y avaient creusé des pigeonniers. Ils appréciaient la chair des volatiles dodus chez qui tout était bénéfice puisque leurs fientes étaient vendues pour servir d'engrais. J'espère qu'ils n'ont pas, par inadvertance fait rôtir l'Esprit-Saint... 

 Ce qui retient l'attention, c'est cet immense bas-relief inachevé qui émerge de la pierre... 

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Au sommet est assis sur son trône un personnage barbu et massif, un Dieu en majesté, les yeux ouverts, les bras croisés, pesant de toute son autorité indifférente sur le monde qui s'agite au-dessous de lui.

A sa droite et à sa gauche, deux personnages à peine dessinés, deux fantômes en prière l'adorent, les mains jointes.   

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Sous le trône, jaillit d'une tête couronnée comme d'une boîte, la mort triomphante et rieuse. Elle est comme Dieu, entourée de deux personnages. Ce sont des anges agenouillés dont les trompettes embouchées annoncent le jugement dernier. Ils évoquent les anges de l'Apocalypse, ce texte qui inspira bien des oeuvres du XVème siècle.

Vanité du pouvoir, vanité des honneurs et des richesses... La mort semble jouer entre les créneaux de la couronne royale.

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Un peu plus bas s'alignent des têtes, comme une collection de trophées. Bonnes têtes de bonnes gens, seigneurs et manants, commerçants et paysans. Chaque vivant a sa place prévue sur l'étagère macabre.

Le bas-relief est puissant, sculpté sans fioritures par un géant naïf. Il est bien dans la sensibilité du XVème siècle, obsédé par la mort, les jugements et les danses macabres. "Le mort saisit le vif". "La mort est sergent de Dieu"...

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Sur la paroi de droite, une représentation du XVIème, plus traditionnelle figure la crucifixion. Les acteurs principaux se tiennent autour du crucifié : Marie, Saint-Jean et Marie-Madeleine. A gauche, un moine à genoux et à droite un abbé avec sa crosse et un livre.

 

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A l'extérieur de la grotte du jugement, vous pouvez puiser un peu d'eau dans la fontaine Saint-Sicaire. Elle est censée rendre fécondes les femmes et guérir les enfants. Elle est un lieu de pèlerinage toujours vivant. Elle est, si près du bas-relief du triomphe de la mort, une affirmation de la vie.


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Mais revenons dans le soleil, passons sur le pont coudé (unique en France) et regardons, indifférents à la promesse de Jugement Dernier, les audacieux navigateurs pagayer sur la Dronne dans la lumière de l'été!

 

Liens : Périgord. Saint-Geniès.Chapelle du Cheylard. Fresques médiévales.

Rocamadour. Fresques Annonciation et Visitation.

Chats de Dordogne. Petits poèmes.

 

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Publié le par chriswac
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Saint-Geniès est une de ces petites villes du Périgord Noir qui ont traversé les siècles et vivent à leur rythme indolent entre les pierres dorées de leur église et de leur château...

 

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      Sur une butte à quelques mètres de l'église, se dresse comme posée sur la courbe de la Terre, une petite chapelle gothique du XIVème siècle...

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      Edifiée par Gaubert de Chaminade, elle est modeste et sobre. Pas de sculptures, pas de clocheton, une maison de pierres qui se hausse un peu plus que les maisons civiles vers le ciel clair de Dordogne...

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Poussez la porte de bois vermoulu et entrez dans sa lumière...

La chapelle désaffectée résonne du bruit de vos pas et les murs au fur et à mesure que votre regard s'adapte et s'applique, laissent émerger, venus du Moyen-Âge des fantômes pâlis...    

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La chapelle fut couverte de fresques en 1327. Les fresques ont perdu peu à peu leurs couleurs et leur dessin mais sont encore visibles, comme à travers les vitres embuées du temps.

Saint-Georges, vêtu en chevalier des Croisades terrasse toujours le dragon...   

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      Sainte Catherine d'Alexandrie dont la légende se répandit en Occident à l'occasion des Croisades, est représentée en prière au moment de son supplice ordonné par l'empereur Romain Maximien. Des roues garnies de pointes doivent déchiqueter la Sainte mais elles se brisent sur son corps tandis que les picots de fer crèvent les yeux des tortionnaires.  

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      Saint Marc protégé par son lion lève la main en signe de bénédiction. Est-il là lui aussi pour rappeler que la route des croisés passait de préférence par Venise, à l'ombre du lion perché sur la colonne de la place Saint-Marc?

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Saint François, le poverello, le saint le plus attachant et le plus détaché... celui qui sans doute eût condamné les guerres religieuses. Il est là, mains ouvertes, marquées par les stigmates... Il attend peut-être que s'y perchent les oiseaux du Bon Dieu...

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      Je ne suis pas certain de l'identité de ce Saint guerrier qui brandit son épée. Est-ce Saint Michel, vénéré au Moyen-âge? Il paraît jeune et il se déhanche légèrement à la mode du XIVème siècle et des Vierges élégantes, les marioles, qui donnèrent leur nom à de moins recommandables énergumènes...

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      Saint Pierre brandit la clé du Paradis. Lui aussi se déhanche comme la plupart des personnages représentés sur les murs et qui, si différents de leurs prédécesseurs romans, hiératiques et éternels, semblent esquisser un pas de danse, un pas de "branle" peut-être ou de "tresque"...

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      Les autres peintures sont plus détériorées. On peut deviner ici la pesée des âmes. Un ange tient la balance. Dans les plateaux de petits personnages tentent de se faire aussi légers que possible...

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      Cette fresque figure sans doute le baptême du Christ que Jean le Baptiste bénit, tandis que la colombe de l'Esprit Saint descend à tire d'ailes sur l'homme-Dieu.

Les eaux du Jourdain ont disparu. Ne subsiste qu'un enduit de la couleur des roches. J'aime cette scène, cette Trinité qui me fait penser à l'icône de Roublev.  

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      Sur le mur du fond, la Sainte Cène nous parvient comme à travers un brouillard. 

C'est avec elle et son invitation au partage et à l'amour que je quitte la chapelle du Cheylard. Elle est sur la Terre, une maison préservée, un livre ouvert de poésie dont il manque des mots que vous devrez recréer. Si la Préhistoire a ses grottes peintes, Le XIVème siècle périgourdin a sa Chapelle du Cheylard, ouverte à tous, offerte à tous...


Dordogne Lot 084

Liens: 

Rocamadour. Fresques Annonciation et Visitation.

Chats de Dordogne. Petits poèmes.

Fontevraud. Fresques de Thomas Pot.

 

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Dordogne Lot 183

Rocamadour fait partie de ces lieux magiques que nous croyons connaître tant ils sont célèbres et qui cependant nous surprennent et nous laissent émerveillés quand nous les découvrons au détour du chemin.

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      Parmi toutes les beautés qui s'offrent à nous, celle des fresques du XIIème siècle, peintes sur les murs de la chapelle Saint-Michel nous font lever les yeux vers la falaise et vers le ciel.

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Elles sont dans un état exceptionnel de conservation, protégées par le rocher du soleil et de la pluie. Elles ont traversé presque neuf siècles pour venir jusqu'à nous

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Elles représentent, à gauche, l'Annonciation. Marie est une reine, assise sur un trône. Elle est tournée vers l'ange juvénile et bienveillant qui s'incline à demi devant elle et lui tend le parchemin, le phylactère qui porte les paroles du salut divin.

Elle ouvre les mains, comme elle s'ouvre elle-même à la volonté divine. L'esprit saint vole au-dessus de sa tête. 

      Remarquable représentation qui diffère de celles qui seront peintes plus tard par les Italiens. L'ange y est moins conventionnel avec son côté bonhomme. Il n'est pas figé par l'importance de sa mission. Il ressemble à un petit facteur qui apporterait une bonne nouvelle et s'en réjouirait avec sa destinataire.  Le fond d'azur de la scène nous élève vers le divin et vers le ciel clair des soirs de Rocamadour.

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L'autre scène représente la visite de Marie à sa cousine Elisabeth enceinte de Jean-Baptiste. La vie est présente dans cette fresque : le mouvement des deux femmes marchant l'une vers l'autre, leur embrassade, le sourire de leur visage... 

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Leurs grands yeux ouverts sur l'amour et le mystère... Elisabeth a senti tressaillir son fils dans son ventre:

"Tu es bénie entre toutes les femmes et béni le fruit de ton sein. Dès l'instant où ta salutation a frappé mon oreille, mon enfant a tressailli d'allégresse..."

L'artiste a su rendre à la fois la simplicité de la rencontre heureuse des deux femmes et la grâce à l'oeuvre dans leur vie. Il traduit cette foi du Moyen-Âge qui a les pieds sur la terre et la tête dans les astres. Une foi qui n'est ni celle du charbonnier, ni celle des mystiques mais celle des paysans et des marcheurs de Compostelle.

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Une autre fresque sur le mur de la chapelle subsiste en partie. Il s'agit de Saint Christophe, patron des voyageurs en route vers Saint-Jacques. 

Il n'y a presque plus de traces colorées mais subsistent l'élégance et la beauté de l'homme qui ressemble à un ange...

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Et dont le visage à moitié disparu fait penser aux plus belles icônes, à celles de Roublev par exemple... L'oeil clair, le sourire esquissé, nous touchent et nous font pressentir ce que pouvaient être l'entier visage et le corps retrouvé... ces traces disparues que chacun de nous, avec un peu d'attention et de silence peut retrouver en lui.

 

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Liens :

Saintes. Eglise Saint-Eutrope. La crypte.

Oléron. Nicolas Greschny. Eglise Saint-Pierre.

Fontevraud. Fresques de Thomas Pot.

Tombeau d'Agnès Sorel. Loches.

La Perroche. Oléron. Le prieuré, chapelle et cloître.

Oléron. Eglise de Saint-Georges.

La lanterne des morts. Saint Pierre, Oléron.

 

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           L'abbaye de Fontevraud réserve bien des rencontres et des étonnements.
          La salle capitulaire fait partie de ces surprises qui vous marquent, comme vous marque une rencontre inattendue avec quelqu'un que vous n'oublierez pas....



                                       Eléonore de Bourbon (1575-1611)

     L'abbaye vivait sous le gouvernement des femmes. Les abbesses étaient obéies des moniales et des moines qui y priaient. L'une d'elle, Louise de Bourbon passa commande en 1534, à un peintre angevin, Thomas Pot, de fresques destinées à orner les murs de la salle du Chapître. Elles devaient rappeler, en cette période troublée par les luttes religieuses, la prééminence du catholicisme et la place primordiale de la femme. 

    Cette place est rappelée par les portraits des abbesses devant les scènes de la Passion.
    Seules Renée et louise de Bourbon ont été peintes par Thomas Pot. Les autres ont été rajoutées, génération après génération, jusqu'au couperet de la Révolution et la dernière abbesse. (Julie d'Antin, arrière-arrière petite fille de la Montespan qui s'enfuit, en septembre 1792, déguisée en paysanne.)
 
    Dans ces peintures, les femmes jouent le beau rôle... elles accompagnent le Christ, participent à ses souffrances... alors que les soldats et les traîtres ne sauraient être que des mâles!



                                                  Marie madeleine de Rochechouart (1645-1704),"la reine des abbesses". Soeur de Mme de Montespan et grande érudite, elle était connue pour sa beauté et sa culture. Elle a traduit, entre autres, les trois premiers livres de l'Iliade, et en collaboration avec Racine, le Banquet de Platon.




                          Louise Françoise de Rochechouart (1664-1742) nièce de mme de Montespan.

   L'abbesse agenouillée, à droite, est plus intéressée par le spectateur qui la regarde que par le lavement de pieds qu'elle doit juger un peu prosaïque!


                                                                  La trahison

    Le style du peintre apparaît ici avec force. Les corps sont allongés, les visages individualisés, les yeux en amande...
   Un style maniériste dit-on, tout à fait à la mode du XVIème siècle et de l'Ecole de Fontainebleau. Un mélange de sinuosité et de rigueur, de formes fluides et de visages réalistes.

     Le Christ est immobile devant judas qui l'embrasse et cherche à poser ses lèvres sur les siennes.
     Tout autour, on entend un remuement d'armes et de rumeurs.
     Un soldat au panache blanc (allusion aux troupes prostestantes) saisit vigoureusement la tunique de l'homme dénoncé par le baiser.
     Alors que le cercle de la violence se resserre autour de lui, le Christ reste droit,  visage élevé au-dessus de la brutalité et de la trahison comme une hostie.



    Judas s'est coiffé et parfumé comme un mignon d'Henri III. Il se précipite, corps et visage tendus vers celui qui a compris et détourne les yeux.  


                                                        La crucifixion

                Sur fond de Jérusalem  Renaissance, le Christ est élevé sur la croix. A ses pieds, Jean et les Saintes femmes sont présents, au plus près de la douleur. 





      Madeleine entoure le bois de la croix, délicatement, comme si elle craignait d'ajouter à la souffrance du Christ.
     Ses mains jouent de la harpe,  caresse légère, à peine un effleurement.





   A l'arrière plan, le peintre a eu l'audace de représenter la croix couchée, celle sur laquelle des soldats minuscules clouent l'homme immense.
   Le corps démesuré, les bras démesurés s'étendent pour recouvrir le monde...
   Pour ramasser toutes les douleurs du monde...

   Etonnante scène.
   Audace de la composition.
   Etirement des corps livides qui évoque le Gréco.


                                            Descente de la croix.

         Les femmes sont toujours présentes ainsi que Nicomède et Joseph d'Arimathie.
        Madeleine se penche pour embrasser les pieds décloués.
        Lent glissement du corps vers le sol, vers les bras de ceux qui l'aiment.

        La nuit est tombée sur la terre et dans les coeurs : "C'était presque midi et il y eut des ténèbres sur la terre".


                                                            La mise au tombeau

         Sur le cadavre, se penchent Jean et les femmes.
         Comme pour descendre avec lui dans le tombeau.
         Comme pour se laisser envelopper dans le même linceul.
 
          Il en est ainsi à chaque enterrement.


                                                          Résurrection

       Mais il faut croire à la victoire de l' amour.
       L'amour c'est la résurrection, c'est la tunique rouge et le temps des cerises...
      C'est le disparu qui revient comme dans nos rêves, entouré de lumière et de chaleur.
     Les soldats peuvent s'enfuir. ils sont vaincus. La force brutale est vaincue. 


                                                              Ascension

        Au moment de nous quitter de nouveau, le Christ s'en va comme une fusée...
       Nous ne voyons plus que ses pieds, comme s'il nous rappelait que c'est à nous désormais de continuer le chemin, de péleriner jusqu'au bout de la route, vers notre Cap Canaveral, vers notre Kourou!


                                                    Mort de la vierge

      Et quand Marie arrive au bout de la route, elle s'endort. Elle attend que son fils vienne la porter comme elle l'a elle-même porté.






       En quittant la salle capitulaire et ses fresques, Nicole et moi, nous nous sommes arrêtés au chevet de l'abbatiale, et main dans la main, on s'est dit qu'on avait décollé avec elle et qu'on avait fait un voyage qu'on n'oublierait pas de si tôt.




Lien
Oléron. Eglise de Saint-Georges.  



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Publié le par chriswac
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    Max Ingrand est mort en 1969. Il n'avait que 61 ans. Mais cet artiste de la couleur et de la lumière nous laisse une oeuvre d'importance.
    Après la guerre, bien des vitraux avaient été détruits et le chantier était immense...
    Max ingrand a su redonner leurs couleurs aux églises. 
    Dans la chapelle de Chenonceau, sans essayer de "faire Renaissance", il a  respecté l'architecture claire et élégante, tout en assumant son style vigoureux.

 

    Au centre, la Vierge.
    Il est naturel qu'une femme soit à la place d'honneur dans le château des reines.
    Elle tient son fils comme un petit soleil.
    L'enfant pose la main sur le sein de sa mère dont les bras semblent s'ouvrir à regret.
    Elle pressent que son fils ne lui appartient pas mais doit être donné au monde.




     A sa gauche, Saint-Georges plante sa lance dans le dragon.
     Le chevalier ne tremble pas.
     Ce n'est pas un animal qu'il tue mais ce mal reptilien qui en chacun de nous, souffle son haleine de division et de haine.




     Son écu porte le soleil, si présent dans les représentations de Max Ingrand.
     Son visage se dénude, laisse sur une moitié tomber le casque pour apparaître nu, vulnérable et lumineux, comme celui du Christ.




    Le dragon, à ses pieds, semble très satisfait de son sort!



    A sa droite, la Vierge est veillée par Jean-Baptiste, vêtu de la tunique rouge du martyre et d'une peau de bête. Il annonce la venue du Sauveur du monde. Sous ses pieds nus est représenté l'agneau et la coupe. La lance qu'il tient, levée comme un étendard, est semblable à celle qui perça le coeur du supplicié.







    Saint Antoine de Padoue tient un livre et un bouquet de lys.
    Le compagnon de François d'Assise est souvent représenté avec ce livre qui symbolise la prédication.
    Il alla en effet porter la bonne nouvelle aux hérétiques, notamment dans le sud et le sud-ouest de la France.
    Son iconographie le représente fréquemment avec l'enfant Jésus, debout sur le livre.
   Max Ingrand a préféré poser un bouquet de lys dans la main d'Antoine qui est tourné vers celle que ces fleurs représentent et qui, elle seule,
 porte l'enfant.




     En bas du vitrail, l'ange au poisson rappelle le sermon d'Antoine, à l'embouchure du fleuve, près de Rimini.
     Le saint découragé de n'être pas écouté, se tient devant les eaux et parle aux poissons.
    L'épisode est rapporté dans les Fioretti :


"Ecoutez la parole de Dieu, vous les poissons de la mer. (...)

    Tous se tenaient la tête hors de l'eau et demeuraient attentifs, tournés vers le visage d'Antoine.
Tous en très grande paix, en très grand calme, en très grand ordre. Car au premier rang et plus près de la rive se tenaient les plus petits et derrière eux les moyens, et en arrière encore, où l'eau était plus profonde, le plus grands..."





    Saint Louis trouve naturellement sa place dans la chapelle où prièrent tant de monarques.
   Il rend la justice sous le chêne.
   Le manteau royal, bleu de France, l'isole et le sacre dans cette composition de couleurs franches.
   La main au doigt levé le rapproche des saints prédicateurs de Max ingrand. 
  Importance des mains dans les vitraux du maître... Elles attirent l'attention et parlent, comme celles des Bouddhas de pierre.




     Le bon roi aurait évité de ternir sa gloire en n'imposant pas aux Juifs, en application des préceptes du Concile de Latran, de porter sur leur vêtement, la rouelle, étoffe jaune découpée en disques censés représenter les trente deniers de Judas.
    La pratique, inaugurée au VIIIème siècle dans le monde musulman, devait trouver au XXème siècle la postérité sinistre que l'on sait...




    Un autre vitrail représente un Père de l'église: Thomas d'Aquin.
    Son lourd visage rappelle qu'il souffrait d'hydropisie...
    Ses camarade le surnommaient "le boeuf muet"!
    Un boeuf qui écrivit beaucoup et produisit une Somme théologique considérable que lui seul, à la fin de sa vie assez courte, considérait comme négligeable, de la "paille" qu'il voulait brûler.
    Il est souvent représenté une plume à la main. Elle est remplacée ici par une lance comme si la pensée était une arme blanche...





    Le dernier saint représenté, c'est Hubert.
    Ce fils d'un Duc d'Aquitaine, vécut au VIIème siècle.
    Il menait une vie tumultueuse et s'adonnait à la chasse qui était sa passion. Il tuait, massacrait avec ivresse des animaux innocents.
   Un jour, il vit un cerf magnifique. Il s'approcha et au moment de bander son arc, il vit entre les bois de la bête, un crucifix rayonnant.
   Il comprit soudain que le Christ n'était pas du côté des chasseurs mais des bêtes poursuivies.
   Il comprit que là où était la faiblesse et la vulnérabilité, là était son Seigneur.
   Il décida de ne plus tuer.
   Il devint moine et consacra sa vie à secourir les pauvres et les malades.




    Ce qui est stupéfiant, c'est qu'à son corps défendant, il est devenu le patron des.....chasseurs!!!
   Qu'ont-ils compris au miracle du cerf?
   Est-ce par provocation ou par bêtise qu'ils ont choisi ce saint pour patron?
   Parce que, s'ils veulent lui ressembler, ils n'ont qu'à déposer leurs fusils et autres jouets à tuer.
   Ils n'ont qu'à se consacrer à la défense des animaux et à celle des hommes malheureux. Les deux étant liées...

Le cerf, au-dessus de la porte d'entrée du château, rappelle à tous les visiteurs la fragilité et la beauté de la vie sauvage... 




Un dernier regard à la chapelle qui était en restauration cet été...




Et, juste en-dessous, ces barques vertes rentrées au port, tandis que les vitraux de Max Ingrand accueillent les derniers rayons du soleil...






...Lien : Les vitraux de Saint Pierre de Montmartre (Max Ingrand)


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Publié le par chriswac
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     Un jour du mois d'août, j'ai rencontré à Loches une femme dont le nom me faisait rêver depuis longtemps : Agnès Sorel, dame de Beauté.



    Depuis que je suis enfant, je suis attiré par cette femme dont le sein, rond et blanc jaillit du corsage. Je la savais maîtresse du roi malingre Charles VII.
Je savais que sa beauté était célébrée dans le royaume.
Je savais aussi que sa mort avait été suspecte.
Une telle femme, si belle, si influente, ne pouvait que déchaîner les haines et les rancoeurs



    Je suis donc allé à Loches et j'ai eu un sacré coup de coeur pour cette ville. La lumière, les pierres, la présence vivante du passé... Quel enchantement! 



     Et quelle surprise de voir si peu de visiteurs alors que certains châteaux voisins reçoivent une foule excessive!



    Du donjon roman au château Renaissance en passant par la collégiale Saint-Ours, je me suis promené dans les rues paisibles où mes pas résonnaient...


 


    Dans la collégiale, si particulière avec ses pyramides octogonales en guise de coupoles, je l'ai vue... elle... Agnès Sorel.
    Enfin, j'ai vu le tombeau d'albâtre que le roi a fait sculpter pour elle.
    On me pardonnera la comparaison, mais la blancheur, la douceur, l'élégance, la poésie du monument m'ont fait penser, toutes proportions gardées, à un autre tombeau : le Taj Mahal!
    L'un et l'autre édifiés par un monarque amoureux...
    L'un et l'autre de pierre blanche...
    L'un et l'autre  nous entraînant de l'autre côté du miroir...




           Le tombeau surgit de la nuit dans le bas-côté de l'église.
     Le corps d'albâtre repose sur un socle de marbre noir.
     Sur le marbre ces mots sont gravés :

       "Cy gist noble damoiselle Agnès Seurelle en son vivant dame de Beaulté, de Roqueserrière, d'Issouldun et de Vernon sur Seine, piteuse envers toutes les gens et qui largement donnoit de ses biens aux églyses et aux pauvres. Laquelle trespassa le IXe jour de février de l'an de grâce MCCCCXLIX. Priees Dieu pour lame delle. Amen."





     Aux pieds d'Agnès deux petits boucs rappellent son prénom. Ils se font des caresses tendres. Ils donnent leur chaleur à celle qui les recouvre en partie des plis de sa robe.   




     Deux anges veillent sur le sommeil de la dame de Beauté.
     Car elle n'est pas morte.
     Elle dort.  
     Elle est la belle au tombeau dormant.
     Elle sait peut-être quelle main a préparé les remèdes censés la guérir de son mal.
     Elle sait peut-être pourquoi tant de mercure a été retrouvé dans son corps. Une maîtresse jalouse? Un fils, futur Louis XI, incapable d'accepter l'amour que son père n'aurait dû accorder qu'à son épouse légitime?



Tout cela est si loin...
Le milieu du XVème!
Tout cela est si proche... 




     A la révolution, les insurgés ont cru, en entrant dans la collégiale que le tombeau était celui d'une sainte. Ils s'acharnèrent sur lui, l'ouvrirent. Ils descellèrent le triple cercueil de chêne et de plomb. Ils ne trouvèrent pas le coeur qui avait été conservé dans l'abbaye de Jumièges. Agnès, enceinte d'un quatrième enfant avait rejoint son amant près de Rouen. Elle fut prise "d'un flux de sang" et mourut quelques jours avant l'enfant qu'elle avait mis au monde.



    Le roi voulut qu'elle ait un monument digne d'elle et de leur amour. Il fit sans doute appel au meilleur sculpteur de son temps.
    L'artiste ne signa pas son oeuvre. Etait-il Michel Colombe ou Jacques Morel. S'inspira-t-il des dessins de Jean Fouquet qui sut mieux que quiconque saisir la grâce et l'élégance de cette "reine".

    Elle est représentée avec la couronne de duchesse que lui donna le roi et qu'elle refusa.
   Son surcot est bordé d'hermine.
   Son visage est jeune et serein pour l'éternité.




     Et comment la quitter sans la voir dans sa gloire, peinte par Fouquet en Vierge céleste?  
    Et comment ne pas tendre la main vers ce sein d'albâtre si généreusement offert?

...

lien : Eglise de Saint-Trojan. Oléron.



 

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Publié le par chriswac
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     Après les félins et les chevaux, quelques photos de l'arche dans laquelle se côtoient les herbivores et les carnivores, les domestiques et les sauvages, tous entraînés dans la même course immobile...

 















































...Et quelques créatures fantastiques...






...Parmi lesquelles un Sagittaire dont la partie humaine ne peut que porter un flingue...

 

     Encore merci aux deux collectionneurs-poètes, Fabienne et François Marchal, de nous avoir ouvert les portes de leur domaine où l'on entend, mêlés aux rires des enfants, l'orgue de Barbarie et les cris sauvages...



Lien: 

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Publié le par chriswac
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    Après avoir consacré un article aux chats et aux félins, je ne résiste pas au plaisir de partager d'autres photos de cette arche de Noé étonnante, réfugiée dans l'abbaye de Fontevraud, sous la charpente d'un bateau renversé!
   A tout seigneur tout honneur... Le cheval est le roi du manège... Il galope, il trotte, il vole. Il entraîne petits et grands tout autour de la terre!

Cheval blanc :











Cheval noir :









Chevaux de toutes robes :







     Tous ces chevaux cesseront de piaffer, de ruer, de voler dans le ciel de l'abbaye de Fontevraud, le 9 novembre... Après cette date, l'abbaye retrouvera son splendide sommeil de pierres...




Merci aux deux rêveurs qui ont sauvé tous ces animaux du déluge Fabienne et François Marchal. 


Lien : Chats et art forain.


...




 

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