Un goéland posé entre la Salute, la plus belle église de Venise et le campanile de San Marco
Je ne vois qu'une concurrente à mon Montmartre et c'est Venise!
J'aime Istamboul, Ispahan, Luang prabang…
Mais c'est à Venise que j'éprouve le besoin de revenir chaque année, comme on retrouve un premier amour épargné par le temps.
A la Giudecca, avec la Salute pour décor
Mais Venise a tant d'amoureux! Elle a été photographiée par tant de fidèles que tout ce qui la concerne relève du cliché et de l'évidence. Elle est une star qui ne cesse de provoquer de nouvelles passions, toutes plus exclusives, plus définitives les unes que les autres.
Alors… j'ai demandé aux goélands de me guider, de voler, comme le lion de Saint-Marc au dessus des canaux et des îles…. de guider mon regard au-dessus des touristes….
Les goélands aiment le lion de bronze qui est le symbole même de la ville, le lion doux et sauvage, les pattes posées sur l'Evangile, les ailes déployées.
Chaque fois que je suis passé au pied de sa colonne, j'ai vu des goélands. Ou plus exactement UN goéland...
Sur les ailes...
Entre les pattes...
Sur la tête...
La statue date du XIIIème siècle et a sans doute été faite en transformant une sculpture orientale qui représentait un dragon-chimère venu de Perse.
Napoléon qui aimait Venise au point de la piller (comme les Vénitiens aimèrent Constantinople!) a fait transporter ce lion à Paris où il s'est morfondu pendant onze ans sur la fontaine des Invalides avant d'être rapatrié sur son perchoir dans le ciel.
Ce perchoir est une des deux colonnes volées à Constantinople. Attention, ne passez pas entre elles. Soyez prudent comme les Vénitiens qui savent que c'est là, entre le lion et saint Théodore terrassant le dragon qu'avaient lieu les exécutions capitales...
Les lions sont si nombreux à Venise que le goéland a l'embarras du choix!…
Parmi mes préférés, les lions géants de la place de l'Arsenal
Cet extraordinaire lion est grec. Il a été volé par un doge vénitien en 1687 au port du Pirée. Ce même doge qui fit tirer sur le Parthénon occupé par les Turcs, provoquant la destruction d'une partie du temple où étaient entreposées les munitions!
La France rendit à Venise les chevaux de San Marco volés par Napoléon (chevaux déjà volés par les Vénitiens à Constantinople).
Venise devrait rendre au Pirée ce lion majestueux qui donnait son nom au port du Lion.
Voilà un autre lion sur lequel ne se posera aucun goéland! C'est celui que Carpaccio a représenté pour la scuola Dalmata di San Giorgio dans la toile retraçant la vie de saint Jérôme…
Il est si reconnaissant d'avoir été soigné d'une blessure à la patte qu'il se lie à la vie à la mort à celui qui l'a aidé. Le jour où le saint mourra il se laissera à son tour mourir...
Revenons à nos goélands….
Celui-là est à la Giudecca...
… Avec la Salute pour décor
Cet autre se promène sur la place Saint-Marc avec les pigeons et avant l'invasion des hordes barbares armées de smartphones.
Guglie, sur le canal de Canareggio
Sur le Campanile, place San Marco.
Plus rapide que les bateaux. Devant San Giorgio.
Sur la piazzeta, en face du Palais des Doges un véritable palais a été édifié en 1547 pour servir de bibliothèque et recevoir les milliers de manuscrits et d'ouvrages précieux de la Biblioteca Marciana.
Les statues de la façade sont appréciées des goélands qui jouissent sur la tête des divinités grecques d'un point de vue idéal sur la lagune.
D'autres se laissent flotter sur les canaux, regardent passer les gondoles sous les ponts ou se posent sur les toits…
Et moi qui suis de retour à Montmartre, j'aimerais, d'un coup d'aile pouvoir regagner la ville sublime pour m'y poser sur la tête du lion...
… et …redescendre sur le quai des Schiavoni pour siroter un spritz couleur soleil!