Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Montmartre secret

Montmartre secret

Pour les Amoureux de Montmartre sans oublier les voyages lointains, l'île d'Oléron, les chats de tous les jours. Pour les amis inconnus et les poètes.

Résultat pour “agent bailly

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places.
Haut de la rue Feutrier.

Haut de la rue Feutrier.

La rue Feutrier part de la rue André Del Sarte pour gravir la Butte dans une grande courbe qui débouche devant le square Louise Michel et l'escalier de la rue Utrillo.

C'est une rue typique du Montmartre populaire du XIXème siècle

Fin de la rue Feutrier dans la rue Paul Albert

Fin de la rue Feutrier dans la rue Paul Albert

Même endroit en 1903

Même endroit en 1903

...Et pourtant cette rue simple et bon enfant a connu comme ses voisines bien des drames!

Début de la rue Feutrier depuis la rue André Del Sarte

Début de la rue Feutrier depuis la rue André Del Sarte

Le 4

Le 4

Le 4.

"Une employée de commerce, Mlle Antoinette Desjardins, demeurant 4 rue Feutrier, s'est suicidée hier en absorbant le contenu d'un flacon de cyanure de potassium. La mort a été foudroyante."

Le journaliste, sans nous donner les sources de son information finit par quelques mots : "Désespoir d'amour".

(Le Gaulois- Décembre 1898)

Le 11

Le 11

Rue Feutrier. Montmartre. Crimes et faits divers de 1880 à 1940.

Le 11

Il y avait à cette adresse un débit de boissons comme il y en avait tant dans les quartiers populaires. Ce n'est pas par hasard que Zola situe son "Assommoir" non loin de là, place Belhomme où le bistro du Père Colombe lui servit de modèle.

Rue Feutrier. Montmartre. Crimes et faits divers de 1880 à 1940.

"Un forcené brisait l'autre nuit vers 23 heures, la devanture du débit de Mme Ladoux, 11 rue Feutrier. Police-Secours fut alerté, mais quand les agents arrivèrent, l'énergumène avait pris la fuite. On le recherche. (Le Gaulois- Août 1928)

Aujourd'hui ce genre "d'incident banal n'aurait pas l'honneur d'un entrefilet!

Le 12

Le 12

Le 12

Non loin du débit de boissons, il y avait, là où s'élève aujourd'hui un triste immeuble, une distillerie!

"Trois individus armés de revolvers et de couteaux, se sont introduits mercredi soir dans la distillerie de Mme veuve Prudhomme, 12 rue Feutrier. Lun d'eux a blessé grièvement d'un coup de couteau au poignet, un des employés de la maison qui résistait. Ils ont pris 60 000 francs dans le coffre-fort qui était ouvert. Puis ils ont disparu?"

(Le Figaro-1919)

60 000 francs de 1929 représenteraient aujourd'hui 130 000 euros.

Croisement Muller-Feutrier.

Croisement Muller-Feutrier.

Le 13

Le 13

Rue Feutrier. Montmartre. Crimes et faits divers de 1880 à 1940.

Le 13.

"Dans la matinée d'hier, une étudiante russe, Mlle Lisa Olga Schreirer, âgée d'une vingtaine d'années, était prise d'une crise de folie furieuse.

De la fenêtre de son logement sis au deuxième étage de la maison portant le n° 13 de la rue Feutrier, elle se mit à jeter sur les passants une grêle de projectiles les plus variés. Bientôt un enfant de six ans, Louis Dulot, dont les parents demeurent rue Muller, qui passait inconscient du danger, fut renversé par un litre vide qui lui ouvrit le crâne. Le pauvre petit a dû être transporté à l'hôpital Bretonneau, après avoir reçu des soins dans une pharmacie. Pour l'étudiante russe, elle a été appréhendée et transférée à l'infirmerie spéciale de la préfecture de police."

(Le Radical. Août 1932.)

Par bonheur Lisa Olga avait vidé la bouteille avant de la jeter sur le gamin!

Le 15

Le 15

Rue Feutrier. Montmartre. Crimes et faits divers de 1880 à 1940.

A la fin du XIXème siècle, les crises de folie provoquées par "la fée verte" n'étaient pas rares. Parfois la liqueur des pauvres et des artistes avait de plus redoutables effets!

"Vers midi, monsieur Alexandre Noblemaire, âgé de 67 ans, demeurant 15 rue Feutrier, s'est donné la mort à son domicile en absorbant le contenu d'un litre d'absinthe. La mort a été instantanée" (La Presse. Avril 1898)

Le 19

Le 19

Le 19

"Hier matin, une jeune femme, Mme Henriette Perrot, âgée de 29 ans, demeurant 19 rue Feutrier, a été assaillie et frappée d'un coup de rasoir par son ancien ami Lucien Kaintz, 23 ans, actuellement au chômage.

Tandis que l'on conduisait la malheureuse à l'hôpital Lariboisière, dans un état assez grave, son agresseur était arrêté après une sérieuse poursuite. Interrogé, il a déclaré avoir agi par dépit de se voir abandonné par son ancienne maîtresse."

(Le Populaire; Juin 1935)

A gauche le 21

A gauche le 21

Ce désir machiste de posséder la femme aurait sans doute ému Rosa Luxembourg qui quelques années plus tôt vécut dans l'immeuble voisin, le 21 !

Rue Feutrier. Montmartre. Crimes et faits divers de 1880 à 1940.
Rue Feutrier. Montmartre. Crimes et faits divers de 1880 à 1940.
Le 26

Le 26

Rue Feutrier. Montmartre. Crimes et faits divers de 1880 à 1940.

Le modeste 26 a connu une tentative de suicide qui a ému les Montmartrois.

M. Hector Palaboz, âgé de soixante-quatre ans, marchand des quatre saisons, étant tombé malade, dut garder la chambre et renoncer à son activité. Ses pauvres économies furent englouties dans les visites du médecin et l'achat des médicaments. Il ne supporta pas d'être à la charge de sa femme qui elle même n'avait qu'un modeste revenu. Il se sentit si humilié et si blessé d'être une charge pour sa famille qu'il décida de mettre fin à ses jours.

"Hier après-midi, après le déjeuner pris en commun, Mme Palaboz quitta son mari pour aller vaquer à ses occupations de femme de ménage. La petite Yvonne resta auprès de son père. Que se passa-t-il alors? C'est ce que l'on ne sait pas encore d'une façon absolument exacte...

Le 26

Le 26

...Il est probable que le marchand des quatre saisons dut faire part à l'enfant de son désir d'en finir avec l'existence, et l'engager à mourir avec lui. Il alluma le réchaud à charbon. La petite Yvonne aida son père à calfeutrer hermétiquement toutes les ouvertures.

C'est grâce à la prompte intervention de la concierge que le père et l'enfant n'ont pas réussi dans leur triste tentative." (Le Petit Parisien. Novembre 1904).

Il faut donc admettre que la mauvaise réputation des bignoles, œil de lynx et langue de vipère, n'est pas toujours justifiée!

Le 36

Le 36

Un autre drame eut pour adresse le 36.

Dans un petit appartement du 2ème étage, vivait Christian Chaumel, "chauffeur automobile" et sa maîtresse, "une fort jolie fille de 20 ans, Carmen Tahoreau."

"Chaumel était d'une jalouse excessive; son amie rieuse et coquette. Après une courte lune de miel, l'harmonie cessa bientôt de régner dans le faux ménage. Cependant effrayée par les menaces de son amant, la jolie Carmen restait avec lui. Dimanche soir, après une scène plus violente, elle se décida à quitter le brutal, et s'en fut se réfugier chez une amie.

Chaumel finit par connaître l'adresse de la fugitive. Il lui adressa une lettre où il la suppliait de lui accorder un dernier rendez-vous. Carmen eut la faiblesse de céder à cette prière...

Le 26. 2ème étage, appartement de Chaumel.

Le 26. 2ème étage, appartement de Chaumel.

...Hier soir, vers huit heures, elle arrivait rue Feutrier. Le chauffeur, se jetant à ses genoux, la supplia de tout oublier, de reprendre la vie commune.

"À quoi bon insister, répondit-elle simplement. Je resterai ton amie si tu le veux, mais pour rien au monde, je ne me résignerai à reprendre la vie passée."

Blême de colère, le jeune homme se releva et, tirant de sa poche un revolver, fit feu à six reprises, sur son ancienne maîtresse. Quatre projectiles atteignirent l'infortunée, un à l'abdomen et trois à la tête...

Fin de la rue vers le square Louise-Michel

Fin de la rue vers le square Louise-Michel

... Les voisins accoururent. Le meurtrier leur échappa et alla se réfugier dans le square Saint-Pierre. Mais là, plus de deux cents personnes l'entourèrent, et commencèrent à le lyncher. Dix agents eurent grand'peine à l'arracher à leurs coups.

M. Dumas, commissaire du quartier Clignancourt, se transporta sur les lieux. La blessée était mortellement atteinte. Il ne put l'interroger et la fit emmener à l'hôpital Lariboisière, ainsi que Chaumel, dont l'état est des plus graves.

À l'hôpital, on ne croit pas que Mlle Tahoreau passera la nuit. (Le Petit Parisen. Aout 1909)

Rue Feutrier. Montmartre. Crimes et faits divers de 1880 à 1940.

Si l'on en croit bien des faits divers ou criminels du quartier, il était dangereux pour les femmes d'être les maîtresses de ces messieurs!

Coin Muller-Feutrier 1904

Coin Muller-Feutrier 1904

Coin Muller-Feutrier 1952. On reconnaît à droite notre plus célèbre garde champêtre, Anatole!

Coin Muller-Feutrier 1952. On reconnaît à droite notre plus célèbre garde champêtre, Anatole!

Rue Feutrier. Montmartre. Crimes et faits divers de 1880 à 1940.

Liens : Crimes et faits divers dans le quartier :

Crimes et faits divers rue André Del Sarte

Crimes et faits divers square Saint-Pierre (Louise Michel)

Liens : rue Feutrier et rues de Montmartre :

Rue Feutrier

Rosa Luxembourg rue Feutrier

Les informations sont prises dans le livre : "C'est arrivé près d'ici". Editions Baleine, rue Muller.

Rue Feutrier. Montmartre. Crimes et faits divers de 1880 à 1940.

Voir les commentaires

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places., #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
La villa Léandre vue de l'avenue Junot.

La villa Léandre vue de l'avenue Junot.

C'est un coin pittoresque, mi provincial mi londonien, qui se greffe sue l'avenue Junot, à l'emplacement du Maquis misérable et mythique....

Il y eut à son emplacement, au temps où la Butte était une campagne offerte aux vents venus de la plaine, un moulin (le 11ème à Montmartre), construit en 1724 par Nicolas Ménessier, meunier des Batignolles, déjà propriétaire du Boute à Fin, le futur Blute Fin.

Ce moulin fut appelé Moulin des prés, environné qu'il était de terrains herbeux où l'on menait paître quelques vaches. Il était appelé plus communément par les villageois, Moulin de la béquille.

La villa Léandre. Montmartre.

La béquille est une perche de bois fixée sur le corps du moulin qui permettait de le faire pivoter et de l'orienter en fonction des vents. 

Ce moulin, exploité entre 1780  et 1793 par un membre de la célèbre famille des meuniers de Montmartre, Pierre-Charles Debray, cessa d'être exploité au XIXème siècle. Il se dégrada peu à peu avant d'être détruit.

Les terrains vagues où il s'élevait furent rendus aux herbes folles et bien qu'incertains à cause des carrières qui provoquèrent quelques effondrements, se recouvrirent de bicoques hétéroclites peuplés par les pauvres gens et les marginaux du Maquis.

Le maquis avenue Junot

Le maquis avenue Junot

Il faut attendre l'expulsion des maquisards et le lotissement excessif de la Butte pour voir se construire en 1926 des maisons et de petits immeubles sur ce terrain qui reçoit alors le nom de "villa Junot".

 

 

 

La villa Léandre. Montmartre.

Il s'agit en fait d'une impasse qui se haussant du col, se baptisa Villa !

En 1936, la courte artère (69 mètres de long) changea de nom et abandonna Junot au profit de Léandre.

La villa Léandre. Montmartre.

Elle rendait hommage à Charles Léandre, dessinateur, caricaturiste et peintre, né en1862 et mort en 1934, deux ans avant que l'on ne donne son nom à la Villa.

Cet artiste, connu aujourd'hui surtout pour ses caricatures (dans le chat noir, le Rire, le Figaro...) bien que normand, a vécu toute sa vie de peintre à Montmartre. Rue Cauchois où il fréquenta l'atelier d'Emile Bin, rue Houdon, rue Lepic où il eut son premier atelier, rue Caulaincourt enfin, adresse de son dernier atelier dans lequel il rendit l'âme, à deux cents mètres de l'impasse qui porte aujourd'hui son nom.

La villa Léandre. Montmartre.

Une de ses caricatures les plus célèbres et les plus utilisées par les antisémites reste celle de Rotschild. Tous les poncifs du racisme le plus nauséabond y sont rassemblés.  

La villa Léandre. Montmartre.

Il fit partie des anti dreyfusards (bien qu'il caricaturât également Drumont en ogre dévoreur de Juifs) . Il représenta Zola en tâcheron gâteux, occupé à faire des gribouillis sur un rouleau. 

Le petit messager. Charles léandre.

Le petit messager. Charles léandre.

Il est plus inspiré quand il ne prétend pas délivrer des messages politiques douteux. Ses tableaux nostalgiques sont souvent empreints de poésie, bien qu'ils soient indifférents aux grands courants picturaux qui révolutionnaient la peinture, sur cette Butte où il habitait pourtant.

La villa Léandre. Montmartre.

La petite voie qui rappelle son existence et son œuvre est composée, côté pair, de maisonnettes serrées les unes contre les autres pour faire face aux armées de touristes qui les mitraillent, et côté impair, de petits immeubles. L'ensemble est classé, plus pour l'originalité du site que pour la valeur architecturale des bâtiments.

2 villa Léandre

2 villa Léandre

Côté pair, le 2 aurait été habité par Richard Berry. Dans ce quartier, les acteurs célèbres vont et viennent. Parfois ils s'installent vraiment et deviennent Montmartrois. Les gens du quartier respectent alors leur tranquillité et se contentent de les saluer.

On évoque parfois parmi les habitants temporaires célèbres, Jacques Jouanneau ou Olivier Sitruk.

La villa Léandre. Montmartre.

Le 4 villa Léandre

La villa Léandre. Montmartre.

Le 6 villa Léandre

La villa Léandre. Montmartre.

Les 8 et 8 bis Villa Léandre

Le 8 bis est le numéro le plus "historique" de l'impasse. Les beaux parents de Roger Vailland y habitaient et c'est chez eux que l'écrivain-résistant eut son port d'attache parisien de 1934 à la fin de la guerre.

C'est aussi à cette adresse que Roman Czerniawski, alias Armand Borni, alors qu'une petite réception était donnée pour fêter le 1er anniversaire du réseau Interralié dont il était chef, fut arrêté ainsi que Renée Borni qui lui avait donné les papiers d'identité de son défunt mari. 

 

Sur les indications de Renée, les agents de l'Abwher arrêteront également Mathilde Carré, la fameuse "chatte" qui habitait  rue Cortot.

La villa Léandre. Montmartre.

Les 10 et 10 bis villa Léandre

Le 10 fait un clin d'œil au 10 Downing Street, demeure du 1er ministre du Royaume Uni.

Ce qui ne séduisit guère Juliette Gréco qui reçut en cadeau se son mari Michel Piccoli cette maison qui ne lui plut pas et où elle ne vécut jamais, Montmartre étant trop éloigné de St Germain des prés! 

La villa Léandre. Montmartre.

Le 12 villa Léandre

La villa Léandre. Montmartre.

Le 14 villa Léandre

 

Un beau chat y faisait les yeux craintifs et charmeurs. L'impasse est un paradis pour les petits félins qui se souviennent par delà les générations de leur grand ami Steinlen, le peintre amoureux des chats dont le Cat's Cottage était stué un peu plus bas, rue Caulaincourt.

La villa Léandre. Montmartre.

Le 16 villa Léandre.

C'est la maison qui ressemble le plus à une villa balnéaire, avec ses volets bleus. 

15 et 17 villa Léandre.

15 et 17 villa Léandre.

Au fond de l'impasse nous trouvons les numéros impairs.

Les 15 et 17, sur la ligne de crête où se construisaient les moulins, sont à l'emplacement du moulin de la béquille.

Le 13

Le 13

Le 13 a un certain style.

Un chat est perché au-dessus de l'entrée...

La villa Léandre. Montmartre.

... Et quelques décors de céramique et de terre cuite l'agrémentent.

La villa Léandre. Montmartre.

Le 11 villa Léandre.

La villa Léandre. Montmartre.

Le 9 villa Léandre.

La villa Léandre. Montmartre.

Le 7 villa Léandre.

Devant le 7 villa Léandre....

Devant le 7 villa Léandre....

Les autres petits immeubles déclinent à leur manière modeste les codes de l'architecture post art déco. Ils sont à taille humaine, ce qui permet au chien court sur pattes de passer en confiance à leur pied!

La villa Léandre. Montmartre.

 Au moment de quitter l'impasse, je remarque un détail qui m'avait échappé au moment d'y entrer....

Montmartre garde son sens de l'humour...

... et de l'ironie, car il ne doit pas être trop crucifiant d'habiter une telle impasse!

 

 

La villa Léandre. Montmartre.

Voir les commentaires

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE. Rues et places.

 

cortot-021.JPG

La rue Cortot...

Pas étonnant de retrouver le Petit Prince (revu par Johan Sfar) devant la maison qu'ont habitée Renoir, Valadon, Utrillo.... au 12 de la rue...

cortot-040.JPG 

      cortot-utrillo7.jpg

                                           Le 12 rue Cortot. Utrillo.

Utrillo y était enfermé à double tour par sa mère soucieuse de le sevrer de l'alcool dont il avait fait son "lait" quotidien. Valadon retrouvait parfois sur le pavé les toiles, le chevalet et les cartes postales que son fils avait balancés par la fenêtre!

Mais la méthode maternelle se révéla bénéfique et Utrillo y trouva une thérapie à son mal de vivre...

cortot-jardin-de-la-rue-cortot.jpg

                                Valadon. Jardin de la rue Cortot (1928). Musée de Villefranche sur Saône. 

cortot-020.JPG

cortot-maison.jpg

On voit ici le premier étage où habitait utrillo et où il travaillait.

cortot-025.JPG

                                            Rue Cortot vers la rue des Saules.

cortot-utrillo1.jpg

                                      Rue Cortot, croisement rue des Saules. Utrillo.

"Utrillo travaillait jusqu'à l'épuisement, oubliant de manger, oubliant de dormir. Les voisins qui l'épiaient par la fenêtre, le retrouvaient en pleine nuit dans la même position, ployé sur sa chaise ou se dandinant devant son chevalet".  (Lesourd)

cortot-valadon-utrillo-utter.jpg

                          Valadon, Utrillo (à droite) et Utter de 20 ans son cadet qu'elle épousa en 1914 

cortot-utrillo.jpeg

                                                        rue Cortot. utrillo.

cortot4.jpg

Le bâtiment, heureusement sauvegardé, date du XVIIème siècle.  Son propriétaire, Roze de Rosimond était un comédien de la troupe de Molière, à l'Hôtel de Bourgogne.  C'est lui qui après la mort du dramaturge joua les rôles qu'il avait tenus. Et comme Molière, il mourut sur scène en jouant le Malade Imaginaire (le 31 octobre 1686) 

cortot-roze-de-rosimond.jpg

cortot-012.JPG

Le plus célèbre locataire des lieux fut Auguste Renoir qui y eut son atelier en 1875. C'est là qu'il créa quelques-uns de ses chefs d'oeuvre dont Le célébrissime Moulin de la Galette ...

cortot-renoir-galette.jpg

                                         Le Moulin de la Galette. Renoir.

cortot-renoir.jpg

                                                         Jardin rue Cortot. Renoir.

 

cortot emile bernard

                                          Emile Bernard. La moisson (1888) Musée d'Orsay.

De 1906 à 1909, Emile Bernard y eut également son atelier. Il était alors élève de Cormon en même temps que Lautrec. Il est sans doute un des grands peintres de son époque mais, proche de Gauguin, il a été éclipsé par le génie de ce dernier.

D'autres peintres ont habité ce lieu  :

cortot-dufy.jpg

Dufy en 1901. A partir de 1911, il s'installa plus bas, à Pigalle, impasse de Guelma (aujourd'hui Villa Guelma).                                                  

Othon Friesz, ami de Dufy avec qui il assura la décoration du Palais de Chaillot...

Poulbot, Bloy, Reverdy y séjournèrent également...  

 

cortot-043.JPG

Aujourd'hui l'hôtel de Roze de Rosimond abrite le Musée de Montmartre qui a failli disparaître il y a quelques mois. On peut y voir quelques oeuvres exceptionnelles comme le "Parce domine" de Willette, le fameux "Lapin" de Gill ou des oeuvres de Poulbot et Steinlen. 

cortot-049.JPG

cortot-011.JPG

Au 6 de la rue, un autre artiste exceptionnel à vécu pendant huit ans (de 1890 à 1898) et a écrit quelques-unes de ses oeuvres majeures : Erik Satie. 

 Il a fréquenté le Chat Noir où il a rencontré Debussy mais la rencontre la plus bouleversante fut celle de Suzanne Valadon, sa voisine. Après avoir passé une nuit avec elle, il la demanda en mariage, en vain. Pendant cinq mois, Satie vécut un amour passionné, le seul qu'on lui connaisse, et il écrivit pour elle plusieurs pièces, dont les Danses Gothiques.

cortot-valadon-satie.jpg

                             Valadon. Portrait d'Erik Satie (1893) Musée d'Art Moderne. Paris.

Le minuscule logement où il a habité et qu'il appelait "le placard" ne se visite plus depuis quelques années et c'est dommage. On pouvait y mesurer comment vivait un tel artiste, dans quelle pauvreté, à l'époque des industriels triomphants et des banques opulentes.

cortot-032.JPG

                                 Rue Cortot au carrefour avec la rue des Saules.

cortot1.jpg

cortot-034.JPG

A l'angle de la rue Cortot avec la rue des Saules, on peut voir une villa construite à l'emplacement des vieilles maisons montmartroises.

cortot.jpg

Elle ne présente pas beaucoup d'intérêt sinon celui d'avoir été construite à l'emplacement de celle qu'habita Aritide Bruant avant de devenir propriétaire d'un appartement cossu, rue Christiani. Ce qui ne l'a pas empêché de garder toute sa compassion et toute sa sympathie pour le petit peuple montmartrois auquel il a dédié la plupart de ses chansons !

On peut voir sur cette carte postale de 1902, une annonce qui date des années où Bruant habitait encore rue Cortot : "Maison à vendre"... 

cortot2

Deux vieux montmartrois et leur toutou à l'endroit où s'élève aujourd'hui la lourde maison.

cortot-le-triomphe-de-1810.jpg

Mais au fait, qui était ce Cortot dont la rue pittoresque porte le nom?

Ce n'est pas Alfred, le grand pianiste suisse et sinistre personnage, pétainiste zélé, haut-commissaire aux Beaux-Arts de Vichy, indifférent au sort des artistes menacés et poursuivis... Non! Il s'agit de Jean-Pierre Cortot, sculpteur dont chacun connaît sans le savoir quelques unes des réalisations, comme ce "Triomphe de 1810" éclipsé par la Marseillaise de Rude, sur l'Arc de Triomphe...

cortot-assemblee-nationale.jpg

Ou ce fronton un peu raide de notre Assemblée Nationale...

cortot-marathon.jpg

Ou encore ce soldat de Marathon annonçant la victoire (Louvre).

cortot-mathilde-carre.jpg

Un peu avant l'époque où l'autre Cortot, Alfred, allait s'illustrer comme on sait, Mathilde Carré est venue habiter cette rue...

cortot-la-chatte.jpg

Cette célèbre espionne, agent double et même triple, est plus connue sous le nom de "la chatte".


cortot-007.JPG

                                                     Maisons Restaurations (4 au 6)

Quelques photos de la rue prises samedi 26 mars...

cortot-013.JPG

                                                                       Le musée

cortot-026.JPG

                  Les grosses villas qui ont écrasé les vieilles maisons paysannes (vers la rue des Saules)

 

cortot 039

                                         Vers le carrefour avec la rue des Saules

cortot-050.JPG

                             Début de la rue cortot à hauteur de la rue du Mont-Cenis.

cortot-015.JPG

cortot-016.JPG

                                     Les foulées de Montmartre, le 26 mars.

Bernhardt 123

Et... Mathilde Carré serait-elle revenue espionner dans la rue Cortot après avoir pris un peu d'embompoint ?


 

 

Liens : 

Rues de Montmartre. Classement alphabétique.

Montmartre. Rue de la Bonne.

Montmartre. Place des Abbesses.

Montmartre. Le Passage Cottin.

Montmartre. Rue du Mont Cenis. Maison de Mimi Pinson.

Montmartre. Rue du Mont Cenis. Maison de Berlioz.

Montmartre. Rue Saint Rustique.

Montmartre. Rue Norvins.

Montmartre. Impasse Traînée. Rue Poulbot.

Montmartre. Place du Tertre.

Montmartre. Square Saint pierre. Square Louise Michel.

Montmartre. Place Saint Pierre.

Montmartre. Rue Muller.

Montmartre rue Pierre Picard

Montmartre: rue Foyatier.

Montmartre. Rue Utrillo (ancienne rue Muller).

Montmartre. Rue Chappe.

Montmartre. Rue Barsacq.

Montmartre.La rue Andre Del Sarte (rue Saint-André) au 19ème siècle.

rue Ronsard Montmartre.




 

Voir les commentaires

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Louise Michel. Oppozit.fr

Louise Michel. Oppozit.fr

Louise Michel, la Vierge Rouge, la révoltée au cœur immense...

Il faudrait des volumes et des volumes pour lui rendre justice...

 

Je suis allé au cimetière de Levallois déposer des œillets rouges sur sa tombe.

Mais Louise Michel n'y était pas!

Elle n'aime pas les cimetières où elle a vu porter en terre tant et tant de ses compagnons et compagnes de lutte.

 

Louise Michel à Montmartre.

 

Elle est toujours présente sur la Butte où ses admirateurs et ses amoureux vont à sa recherche.

J'ai essayé d'aller à sa rencontre là où elle a vécu, lutté, écrit... dans ce Montmartre qu'elle a aimé et qui a été en partie détruit...

Louise Michel à Montmartre.

 

Ce n'est qu'un survol (incomplet à coup sûr) de sa grande vie, limitée à notre quartier ... aux lieux qu'elle y a fréquentés...

D'autant plus incomplet que bien des maisons et des immeubles où elle est passée ont disparu....

Louise Michel à Montmartre.

C'est en 1856 qu'elle arrive à Paris laissant avec peine sa mère tant aimée, Marianne (déjà la République!) Michel

Elle a 26 ans et est habitée par la passion d'écrire. Elle admire le grand homme de la littérature, Victor Hugo avec qui elle échangera quelques lettres et qu'elle rencontrera plusieurs fois après son retour d'exil.

La Commune vue par Tardi

La Commune vue par Tardi

Victor Hugo lui dédia des vers incandescents quand au cours de son procès, après la Commune, désespérée d'avoir vu mourir tant de ses compagnons, elle réclama la mort aux juges en s'accusant à tort d'être criminelle :

.

Ayant vu le massacre immense, le combat,

Le peuple sur sa croix, Paris sur son grabat

La pitié formidable était dans tes paroles.

Tu faisais ce que font les grandes âmes folles

Et, lasse de lutter, de rêver de souffrir,

Tu disais : "J'ai tué!" car tu voulais mourir.

 

 

Louise Michel à Montmartre.

Les "grandes âmes folles"

La plus belle description de ce qu'était Louise Michel!

Elle ne croyait pas en Dieu, elle revendiquait la liberté de penser et de ne pas croire... et pourtant Hugo emploie ce mot "âme" car il sait qu'il y a une âme là où il y a le sens du sacré. Le sacré pour Louise Michel, c'est la vie, la plus infime, la plus misérable, la plus menacée...

La vie des rejetés, des exploités, la vie des femmes réduites à un rôle subalterne...

La vie des bêtes aussi...

Louise Michel à Montmartre.

Des mots d'une troublante actualité pour notre temps où les images volées dans les abattoirs font honte à notre humanité qui pour le profit est capable d'une cruauté inouïe.

"Plus l'homme est féroce avec les bêtes, plus il est rampant devant les hommes qui le dominent"

Boulevard des Batignolles

Boulevard des Batignolles

Rue du Château d'eau...

Rue du Château d'eau...

Sa première adresse n'est pas montmartroise mais proche de la Butte ... boulevard des Batignolles, au 88.

Son premier poste d'institutrice (on dit alors sous-maîtresse) est dans la pension de Madame Vollier, en 1857, 14 rue du Château d'eau...

Rue des Cloÿs, à droite.

Rue des Cloÿs, à droite.

 

Sa mère vend quelques champs qui lui restent pour acheter à sa fille en 1865 un externat rue des Cloÿs, au 5.

Ici commence la vie vraiment montmartroise de Louise Michel!

5 rue des Cloÿs...

5 rue des Cloÿs...

Il ne reste rien du petit immeuble crayeux où elle enseigna... Un complexe de bureaux d'expertise comptable et une association créée par des avocats pour des avocats... qui n'auraient pas défendu les communards vite jugés, car ce sont des fiscalistes!

Rue Championnet

Rue Championnet

Au 24 rue Championnet, (anciennement rue Oudot) elle ouvre ensuite un cours pour 60 élèves. Elle est une passionnée de l'enseignement, de la transmission du savoir... elle croit, comme Victor Hugo qu'ouvrir une école c'est fermer une prison...

Emplacement du 24 rue Championnet

Emplacement du 24 rue Championnet

L'immeuble lui aussi a disparu, remplacé par un centre médical réservé aux agents de la RATP!

Louise Michel à Montmartre.

Elle sait qu'il est urgent de changer la condition des femmes. Aux jeunes filles qu'elle éduque, elle donne les armes de la révolte pour l'égalité...

"Les Anglais font des races d'animaux pour la boucherie; les gens civilisés préparent les jeunes filles pour être trompées, ensuite ils leur en font un crime et un presque honneur au séducteur."

Statue de Derré.

Statue de Derré.

"Partout l'homme souffre dans la société maudite; mais nulle douleur n'est comparable à celle de la femme. Dans la rue elle est une marchandise. Dans les couvents elle se cache comme dans une tombe. (...) Dans son ménage le fardeau l'écrase; l'homme tient à ce qu'elle reste ainsi pour être sûr qu'elle n'empiètera pas sur ses fonctions, ni sur ses titres.

(...) Ce que nous voulons c'est la science et la liberté."

Immeuble à l'emplacement du 24 où aurait été l'école de Louise Michel

Immeuble à l'emplacement du 24 où aurait été l'école de Louise Michel

Pendant les interrogatoires que subira Louise Michel en 1871,  une erreur typographique entraînera la confusion entre le 24 rue Oudot et le 24 rue Houdon.

Bien des biographies ont retransmis cette erreur. Des lecteurs attentifs m'ont averti et j'ai pu corriger cette erreur que j'avais moi-même commise. Il n'y eut pas d'école dirigée par Louise Michel rue Houdon. (voir les commentaires )

 

Louise Michel à Montmartre.

Quand survient la chute du Second Empire, l'espoir d'en finir avec un gouvernement honni habite corps et âme Louise Michel. C'est pendant ces années 1870-1871 qu'on peut le mieux suivre ses pas sur la Butte!

Louise Michel à Montmartre.

Au 82-90 boulevard de Clichy, à l'emplacement de l'actuel Moulin Rouge, au Bal de la Reine Blanche, on la voit au Club du même nom, avec Clémenceau tenir une réunion publique. Le "club rouge de la Reine Blanche" était un des plus actifs des clubs révolutionnaires. On s'y réunissait tous les soirs à 20 heures.

 

 

41 rue de Clignancourt

41 rue de Clignancourt

Quand elle fait partie du Comité de Vigilance du 18ème, elle se rend  41 rue de Clignancourt. C'est là qu'habite Théo Ferré, un compagnon de lutte et d'idéal.

"Les comités de vigilance de Montmartre ne laissaient personne sans asile, personne sans pain"

42-54 rue de Clignancourt. Emplacement du Château Rouge.

42-54 rue de Clignancourt. Emplacement du Château Rouge.

En 1871, le Comité de vigilance se réunit un peu plus haut, au Château Rouge, célèbre bal depuis 1847. Le parc et le château ont disparu, avalés par les promoteurs. Des immeubles uniformes et sans grâce les ont remplacés.

 

Les canons de Montmartre.

Les canons de Montmartre.

Quand survient l'épisode fameux des canons de Montmartre, elle est aux avant-postes. Nous sommes le 18 mars 1871. Jour historique du début de la Commune. Thiers qui craint une insurrection du peuple a donné ordre à la troupe de récupérer les canons, payés par souscription populaire pendant le siège.

Louise Michel à Montmartre.
Louise Michel à Montmartre.

Les 171 canons de Montmartre sont disposés, prêts à faire face à l'ennemi prussien sur le flanc de la Butte à l'emplacement actuel de la rue St Eleuthère, du square Nadar, d'une partie des aménagements pour l'accès au Sacré Coeur. Ils sont à peine gardés mais quand les soldats dirigés par le général Lecomte arrivent sur la Butte, le peuple de Montmartre fait face et bientôt de nombreux soldats fraternisent avec lui. Le général Lecomte qui donne l'ordre de tirer sur la foule est arrêté par ses soldats.

 

Exécution des généraux.... (reconstitution)

Exécution des généraux.... (reconstitution)

Emplacement des exécutions.

Emplacement des exécutions.

Dans la soirée, après un jugement sommaire, il sera conduit au 36 rue du Chevalier de la Barre (alors rue des Rosiers, aux 6- 8) et fusillé par ses hommes malgré l'opposition de Clémenceau, avec le général Thomas responsable d'une sauvage répression sanglante en juin 1848.

 L'espoir ce jour-là, malgré l'injuste exécution des généraux, montra le bout de son nez. La troupe et le peuple avaient fraternisé, tenant tête à ceux qui avaient accepté la défaite. Thiers et les Versaillais se montreront d'autant plus cruels qu'ils auront senti ce jour-là que le peuple en révolte pouvait les vaincre...

Le matin du 18 mars Louise Michel est présente et c'est elle qui soigne Turpin, rue des Rosiers, blessé après avoir défendu les canons. L'institutrice se transforme en infirmière...

Eglise Saint-Bernard

Eglise Saint-Bernard

La résistance s'organise et Louise Michel est de toutes les luttes. Elle participe avec Théo Ferré au club de la Révolution, club blanquiste de 3000 membres, église St-Bernard, rue Affre. Cette même église qui plus d'un siècle plus tard  (1996) ouvrira ses portes aux familles de réfugiés.

 

Louise Michel à Montmartre.

Elle fréquente un autre club, celui de la Boule Noire, 120 bd Rochechouart. Elle y milite pour la création d'écoles professionnelles pour les filles.

L'endroit a bien changé; c'est le music-hall "La Cigale" qui l'occupe aujourd'hui. Une petite salle en sous-sol garde la mémoire du vieux bal de la Boule Noire .

 

Parmi les décisions du Conseil de la Commune, on peut citer entre autres : les repas populaires, les pensions accordées aux blessés, aux veuves, aux orphelins, les expériences d'autogestion dans les entreprises, l'union libre, la séparation bien avant 1905 de l'Eglise et de l'Etat!

Louise Michel était partie prenante de toutes ces avancées ...

 

Elle est alors directrice de l'école communale, 26 rue du Mont-Cenis...

Encore un bâtiment disparu... remplacé par l'école actuelle bâtie plusieurs années après la Commune...

Louise Michel à Montmartre.
Tardi

Tardi

Si le 18 mars est le jour de naissance de la Commune, le 23 mai est celui de sa fin.

Le mois de mai, le temps des cerises...

L'armée de Thiers est forte de 130 000 hommes et progresse grâce à l'aide prussienne. Les barricades s'élèvent dans le Paris populaire et Louise Michel est présente sur plusieurs d'entre elles.

Louise Michel à Montmartre.
La place Blanche

La place Blanche

La barricade de la place Blanche

La barricade de la place Blanche

Une des plus héroïques est celle de la place Blanche, connue pour avoir été défendue par les femmes.

"Si la réaction eût autant d'ennemis parmi les femmes qu'elle en avait parmi les hommes, Versailles eût éprouvé plus de peine. La femme, cette prétendue faible de cœur, sait plus que l'homme  dire : Il le faut! Elle se sent déchirée jusqu'aux entrailles, mais elle reste impassible. Sans haine, sans colère, sans pitié pour elle même ni pour les autres, il le faut, que le cœur saigne ou non.

Ainsi furent les femmes de la Commune..."

 

Début de la rue de Clignancourt

Début de la rue de Clignancourt

Non loin de là, Louise Michel apporte son aide aux blessés de la barricade de la Chaussée de Clignancourt ( 1-2 rue de Clignancourt). Elle y est blessée et laissée pour morte.

Louise Michel à Montmartre.

En réalité elle n'est qu'évanouie après avoir été blessée. Alors que les Versaillais pourchassent les résistants, elle se réfugie dans le cimetière Montmartre, avenue Rachel. Elle se cache près de la tombe d'Henri Murger, l'auteur de la Vie de Bohême.

Rien ne reste du village où eurent lieu les événements tragiques

Rien ne reste du village où eurent lieu les événements tragiques

Plus tard, elle retourne sur la Butte, là où se trouve un poste de la Garde Nationale, au 36 rue du Chevalier de la Barre, là où les généraux avaient été fusillés et où seront exécutés de nombreux communards.

 C'est un des endroits où le sang de la Commune ne sèchera jamais, un lieu de fusillades et de massacres.

Aujourd'hui, il ne reste rien du cadre d'alors, des jardins, des petites maisons villageoises. la rue est sans grâce et comme hantée par les souvenirs qu'elle a effacés avec acharnement. Les hauts murs du Carmel, le chevet de la Basilique écrasent ce lieu de mémoire et en font un des endroits sinistres de la Butte.

 

Louise se livre aux Versaillais qui ont arrêté sa mère afin de la contraindre à la reddition. 

Prison des femmes à Versailles (Louise Michel y "séjourne" en août 1871 avant la déportation

Prison des femmes à Versailles (Louise Michel y "séjourne" en août 1871 avant la déportation

Malgré la mauvaise qualité du document, il est possible de reconnaître Louise Michel, dans la prison des Chantiers à Versailles. Elle est debout, bras croisés, sur la droite.

Après un procès où elle impressionnera les juges par sa détermination et son désir de mourir, elle est condamnée à la déportation en Nouvelle Calédonie.

Elle y sera fidèle à elle-même, elle y enseignera, s'intéressera au peuple Kanak dont elle prendra la défense contre les spoliations coloniales. Elle  apprendra leur langue, recueillera les légendes et les poèmes épiques qu'elle publiera plus tard...

Elle hébergera également des chats errants... Elle est de celles qui sentent que toutes les créatures sont unies dans le même mystère de la vie et de la souffrance...

45 boulevard d'Ornano

45 boulevard d'Ornano

Nous la retrouverons en 1880, de retour d'exil.

Elle habite 45 boulevard d'Ornano.

Elle est alors réclamée pour de nombreuses conférences. Elle prend le temps de publier son roman "La Misère" et de prononcer un vibrant plaidoyer contre la peine de mort.

Henri Rochefort caricaturé en Don Quichotte par Gill

Henri Rochefort caricaturé en Don Quichotte par Gill

Nobody is perfect et on regrettera son peu d'engagement dans l'affaire Dreyfus. Il est vrai que son ami Rochefort est violemment antisémite. C'est une ombre jetée sur la grande figure de la Vierge Rouge qui fut pourtant comparée par Victor Hugo à l'héroïne qui tua le monstrueux Holopherne, "Judith, la sombre Juive".

Louise Michel à Montmartre.

Après des années à Londres où elle dirige une école libertaire (elle a fait choix du  drapeau noir, celui du deuil de ses amis et des innocents massacrés) elle revient en 1895 quelques mois avant la mort de sa mère.

"Pauvre mère! Elle eut avec moi bien peu de jours paisibles. Quand elle vint à Montmartre, toute brisée de la mort de ma grand-mère, la Révolution arrivait, je la laissais seule de longues soirées; après ce furent des jours, puis des mois, puis des années. Pauvre mère! Pourtant je l'aimais tant que je ne serai heureuse qu'en allant la retrouver dans la terre où l'on dort."

15 rue d'Orsel.

15 rue d'Orsel.

En 1895 toujours, elle participe au Libertaire, journal fondé par Sébastien Faure, dont le siège est 15 rue d'Orsel.  Le siège est un grand mot pour une cabane de bois dans le cour du petit immeuble...

Les dernières années de sa vie sont consacrées aux conférences et à l'écriture... 

La Commune a été sa vie et sa mort... Elle survit à ces mois d'espoir et de souffrances, avec les fantômes de ses compagnons...

Louise Michel à Montmartre.
Obsèques de Louise Michel

Obsèques de Louise Michel

Ce n'est pas à Montmartre mais à Marseille qu'elle meurt en janvier 1905. Lors de son enterrement  des milliers de Parisiens suivront son convoi de la gare de Lyon au cimetière de Levallois.

Le square Louise Michel

Le square Louise Michel

Aujourd'hui le square qui couvre la Butte au sud, devant le Sacré Cœur de la revanche versaillaise, porte son nom. Des chats y vivent en liberté, nourris par de belles personnes, de vieilles dames que certains traitent de folles...

 

... et que Louise Michel aurait aimées...

Louise Michel..."Grande âme folle" comme l'appela Victor Hugo

"Folle'...... il fallait l'être pour engager la lutte avec les armes du savoir et du rêve contre les forces aveugles du pouvoir et de l'argent...

Louise Michel à Montmartre.

Elle fait partie désormais de notre éternité temporaire, celle des hommes et des femmes qui restent debout, celle de "ceux qui vivent", comme l'écrit Victor Hugo :

"Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent; ce sont

Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front.

Ceux qui d'un grand destin gravissent l'âpre cime.

Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime."

 

 

Photo montage de Féline Harfang

Photo montage de Féline Harfang

"Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange

Un jour de palme un jour de feuillages au front

Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront

Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche"

 

 

(Aragon)

Louise Michel à Montmartre.

Voir les commentaires

Publié le par chriswac
Publié dans : #MONTMARTRE Peintres.Artistes.Clébrités
Robert le Vigan. (Les bas-fonds. Renoir)

Robert le Vigan. (Les bas-fonds. Renoir)

     Robert le Vigan, on souhaiterait l'aimer sans restriction comme on aimerait partager sans arrière-pensée l'avis de Colette : "Acteur saisissant, sans artifices, quasi céleste"

     Hélas, ce Montmartrois s'est compromis pendant les années de l'occupation et il a participé à sa manière à l'œuvre de mort initiée par les Nazis et leurs complices de Vichy.

Rue de la Charbonnière à gauche (où est né Le vigan). A droite rue de la Goutte d'or.

Rue de la Charbonnière à gauche (où est né Le vigan). A droite rue de la Goutte d'or.

     Montmartrois, il l'est puisque c'est au pied de la Butte, dans le quartier de la Goutte d'Or, 42 rue de la Charbonnière qu'il est né le 7 janvier 1900, dans une famille de la classe moyenne, son père étant vétérinaire.

                                                           

     Il se sent très tôt attiré par le théâtre et c'est contre l'avis de son père qu'il entre au conservatoire où il reste un an, assez pour recevoir un 2nd prix de comédie. Il courra par la suite les petits cachets dans les music halls ou les théâtres. Il jouera le Misanthrope ou l'Idiot, des rôles de marginal tourmenté qui  lui conviennent.

Robert le Vigan à Montmartre. Son chat....

     Mais c'est au cinéma qu'il pourra enfin se réaliser, en 1931, où il est choisi par Julien Duvivier pour tenir un rôle dans son film : "Cinq gentlemen maudits". C'est déjà une histoire inquiétante avec morts brutales et sorcier. Le Vigan y est à l'aise et sa prestation est remarquée.

Elle aura son influence sur sa carrière future. Notons qu'il y joue avec un autre Montmartrois, acteur immense, qui repose aujourd'hui dans le vieux cimetière Saint-Vincent : Harry Baur. 

                                         

     En 1934, Julien Duvivier lui fait tenir le rôle du Christ dans son film "Golgotha."

 

    Le Vigan s'investit à plein dans ce rôle. On raconte qu'il se fit arracher quelques dents pour que ses joues soient plus creusées. Si sa prestation est intense, se rapprochant par l'expressivité de la Jeanne d'Arc de Falconetti, le rôle le marquera durablement. Jean Tulard écrira après la mort de l'acteur : "Il ne s'est jamais remis d'avoir incarné Jésus dans le film Golgotha de Duvivier".

 

     C'est en Algérie où se tourne le film qu'il rencontre celle qui sera sa compagne pendant dix ans, Antoinette Lasauce, dite Tinou.

12 rue Girardon. Immeuble où vivaient Le vigan et Tinou

12 rue Girardon. Immeuble où vivaient Le vigan et Tinou

    Il l'épouse en janvier 1936 et vit avec elle au cœur de la Butte, 12 rue Girardon, dans le petit appartement qu'il occupe depuis un an.

     

                                                      Gen Paul

     Gen Paul est son voisin. Son atelier est situé 2 impasse Girardon. On peut voir sur la photo ci-dessous, en arrière plan, les toits de l'immeuble où habite Le Vigan... 

                       Atelier de Gen Paul 2 impasse Girardon

    C'est chez le peintre qu'il rencontre Céline qui vit avec Lucette Almanzor rue Lepic, avant de migrer début 1941, au 4 rue Girardon . Les trois hommes forment une petite bande de machos antisémites sous la conduite charismatique du grand écrivain!

Bardamu-Céline (Gen Paul)

Bardamu-Céline (Gen Paul)

Immeuble où vivaient Céline et Lucette, rue Girardon.

Immeuble où vivaient Céline et Lucette, rue Girardon.

Comme dira plus tard Tinou :

"Céline, c'était Jupiter. Il régnait en maître sur ses amis. Dans cette bande, les femmes n'avaient pas droit à la parole, encore moins Lucette que les autres. Céline l'appelait "la pipe".

                                             Lucette Almanzor

     Son influence sur le Vigan est évidente et si l'acteur avait des tendances racistes, elles se trouvent justifiées et exacerbées par Céline en pleine rédaction de ses pamphlets antisémites ("Les beaux draps" sont écrits rue Girardon) qui jettent pour toujours une ombre sanglante sur l'homme.

Robert le Vigan à Montmartre. Son chat....

    1936, c'est aussi l'année où Le vigan est choisi par Jean Renoir pour tourner dans son film : "Les Bas fonds." 

Curieuse année de grande fraternité et de progrès sociaux avec le Front Populaire et d'exacerbation de mouvements racistes. 

Louis Jouvet, Le Vigan (les Bas-fonds)

Louis Jouvet, Le Vigan (les Bas-fonds)

     "Les Bas-Fonds" sont marqués par l'humanisme de Renoir qui s'engage alors dans la défense du Front Populaire. Le Vigan qui joue le rôle d'un acteur alcoolique, halluciné, rivalise par son charisme avec les deux acteurs principaux: Louis Jouvet et Jean Gabin.

 

     C'est alors qu'il vit rue Girardon avec Tinou que Le Vigan tombe sous le charme d'un chat vendu à la Samaritaine. Sa femme le pousse à l'acheter et le couple rentre à Montmartre avec ce petit félin qui ne savait pas quel destin exceptionnel l'attendait!

Appartement de LeVigan de Tinou et du chat

Appartement de LeVigan de Tinou et du chat

     Tinou reporte son instinct maternel sur l'animal. D'autant plus qu'elle ne peut garder l'enfant dont Le Vigan est le père. Elle confiera que c'est Céline qui aurait poussé Le Vigan à la faire avorter au 5ème mois de grossesse. Céline convainquant son "ami" qu'il n'était pas fait pour être père, la fonction étant réservée aux médiocres et non aux artistes. Il faut avouer aussi que Le Vigan n'avait pas la fibre conjugale et appréciait certaines demoiselles, dont l'une "Pomme" n'avait pas eu de mal à lui faire croquer le fruit défendu!

     Le chat qui s'appelle Chibaroui (Tinou dira qu'elle ne sait pas pourquoi il avait été nommé ainsi) vit en semi liberté et aime explorer les jardins et la petite impasse villageoise qui s'ouvre en face de son immeuble

                          7 rue Girardon. L'impasse villageoise

   Frédéric Witoux a consacré un beau livre à ce chat. Il raconte que le pauvre animal était maltraité par le couple Tinou-Le Vigan. Lucette aurait été apitoyée et aurait convaincu sans mal Céline de l'adopter. On sait que le chat deviendra un personnage à part entière des romans de l'exil et que, dans le délire célinien il représentera la part de réalité, de vérité et pour tout dire d'humanité!

                                           Céline et Bébert

     Certes il est étonnamment présent et attachant, intelligent et malin, fidèle et drôle. Mais il est faux de prétendre qu'il a été mal aimé par ses premiers maîtres. C'est tellement faux que pour l'adopter, Lucette a dû dépenser des trésors de persuasion et d'insistance afin de faire céder Tinou qui aimait son chat et Le Vigan qui le regardait comme un petit bonhomme à part entière. Le chat ne traînait pas dans les rues comme Céline l'a prétendu, mais il connaissait le quartier où on le respectait et où il aimait passer une partie de la journée avant de revenir sur le seuil de son immeuble où Tinou le récupérait.

                                                 Céline et Bébert

     Bref, le chat est cédé à contre-coeur et de Chibaroui se transforme en Bébert, sans doute pour se moquer de son premier maître Robert Le Vigan. Il a gagné au change puisqu'il est devenu par cette adoption le chat le plus célèbre de la littérature!

Robert Le Vigan dans "le quai des brumes".

Robert Le Vigan dans "le quai des brumes".

     En 1938, Marcel Carné fait jouer Le Vigan dans le film qui réunit Gabin et Michèle Morgan "Le Quai des Brumes". Il y incarne un peintre qui tente de représenter, toile après toile, non pas la réalité, mais "les choses derrière les choses".

Robert Le Vigan (essai pour "Les enfants du paradis").

Robert Le Vigan (essai pour "Les enfants du paradis").

     Marcel Carné pensera encore à lui lorsqu'il tournera "Les Enfants du Paradis" en 1943 pour tenir le rôle de Jéricho. Mais il y aura autour de l'acteur, la chute du nazisme approchant, un parfum trop nauséabond. Pourtant le personnage, sinistre mouchard, aurait convenu à un acteur qui lui même avait joué ce rôle sous l'occupation!

Jéricho (Pierre Renoir) et Nathalie (Maria Casarès). "Les enfants du paradis".

Carné tourne un essai avec Le Vigan mais il donne le rôle à son frère  Pierre Renoir (encore un Montmartrois,fils d'Auguste Renoir, qui avait passé une partie de son enfance rue Girardon!)

     Arletty qui est l'inoubliable Garance a regretté Le Vigan qu'elle admirait et dont elle dira  qu'il était  "un acteur halluciné dont le génie un peu fou n'a pas été remplacé"

Robert Le Vigan (Les disparus de Saint Agil)

Robert Le Vigan (Les disparus de Saint Agil)

     Dans la même année 38, Le Vigan tourne dans "Les disparus de Saint Agil" de Christian Jaque. Un film qui remporte un grand succès populaire.

Robert le Vigan à Montmartre. Son chat....

    En 39 il est mobilisé et part pour Oran. L'armistice signé, il revient à Paris où il se compromet en acceptant des rôles dans de petits films de propagande pro nazie et en animant des émissions sur Radio Paris de sinistre mémoire. On se rappelle Pierre Dac, un autre Montmartrois, un résistant celui-là, dénonçant cette radio : "Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est all'mand!"

Hôtel Majestic avenue Kléber, siège de la Propagandastaffel nazie.

Hôtel Majestic avenue Kléber, siège de la Propagandastaffel nazie.

    Non content de participer à ces sinistres émissions, Le Vigan  travaille pour la Propagandastaffel (hôtel Majestic) et donne des informations sur des artistes et des comédiens dans une paranoïa qui lui fait voir des Juifs partout, surtout chez ses rivaux qu'il jalouse. Nul doute que cette obsession antisémite est nourrie chez lui par l'admiration qu'il porte à Céline, infiniment plus compromis que lui.

Céline, lui, a une piètre idée de l'homme mais lui reconnaît du génie comme acteur : "Donnez lui un cheval et une armure et il vous fait Jeanne d'Arc mieux qu'elle!"

Les ignominies céliniennes publiées par Denoël sous Vichy.

Les ignominies céliniennes publiées par Denoël sous Vichy.

     En 1940, Le Vigan se brouille avec Céline. La raison en est obscure et dit beaucoup des manigances de Le Vigan. Le traducteur allemand de l'ignoble pamphlet "Bagatelles pour un massacre" et agent du Service de Renseignement Arthur Pfannstiel avec qui Céline et Le Vigan allaient allègrement au bordel, confie à l'écrivain que l'acteur l'aurait dénoncé comme défaitiste aux Allemands! 

 

Rue Washington

Rue Washington

     Le Vigan réagit avec dépit à la colère de son "ami". Il décide de quitter Montmartre qu'il aime tant. Il vend tout ce qu'il possède et notamment les tableaux de Gen Paul (il a bien fait car ce sont des œuvres mineures), de Dufy (il a eu tort) et il va habiter 36 rue Washington, loin de la Butte.

Robert Le Vigan dans "Le Chien Jaune".

Robert Le Vigan dans "Le Chien Jaune".

     La brouille entre les deux hommes dure presque 2 ans et ce n'est qu'après avoir reçu les excuses de Céline que Le Vigan qui a du mal à se passer du climat de la Butte revient à Montmartre.

Robert le Vigan à Montmartre. Son chat....

    En 1941, Christian Jaque le fait jouer dans "l'assassinat du père Noël" où il retrouve Harry Baur.

Ce qui est étonnant quand on connaît les engagements de ce réalisateur qui sera FFI et Croix de Guerre. Peut-être dut-il subir la pression de l'occupant, le film étant produit par une firme allemande. Toujours est-il que l'oeuvre connut un succès considérable.

L'assassinat du père Noël

L'assassinat du père Noël

     En 1942, la vie conjugale devient orageuse et Tinou ne supporte plus les infidélités et les excès de son mari. Elle a elle même un amant et désire retrouver sa liberté. "Ma vie de couple battait de l'aile. Je fais dresser un constat d'adultère avec mon amant  l'aviateur René Guédon".

         Le divorce est prononcé en avril 1943.

Robert Le Vigan (Goupi mains rouges)

Robert Le Vigan (Goupi mains rouges)

     1943, c'est aussi l'année où Le Vigan tient son dernier grand rôle dans le film de Jacques Becker "Goupi mains rouges". Dans cette sombre histoire de sang et de frustrations dont l'ambiance malsaine est à l'unisson de celle que vit le pays sous l'occupation, Le Vigan joue Tonkin un personnage violent et jaloux. Et comme le dirait Céline, il "vous fait" Tonkin, mieux que lui!  

Robert le Vigan à Montmartre. Son chat....

     1943! C'est encore l'année où il adhère au Parti Populaire Français de Doriot. Drôle d'idée alors que l'on est proche de la défaite nazie, de prendre sa carte dans ce parti fascisant et collaborationniste! Sans doute l'influence de Céline qui a toujours apprécié ce parti (mais s'est bien gardé de s'y inscrire) a t-elle joué une fois de plus.

Le château de Sigmaringen

Le château de Sigmaringen

    1944 c'est la fuite préventive de Céline, Lucette et Bébert vers l'Allemagne. Lucette a des centaines de pièces d'or cousues dans ses vêtements et un véritable magot dissimulé dans le sac qui sert de panière au chat. Le Vigan, désargenté les rejoint à Baden Baden puis à Sigmaringen où Pétain, Laval, son gouvernement d'opérette lugubre et quelques milliers de Français collaborateurs l'ont devancé. Que du beau monde!

                            Céline et Arno Brecker le sculpteur officiel nazi.

     Nous connaissons cette histoire amplifiée, déformée, génialement restituée et arrangée à sa sauce par Céline dans ses trois romans "D'un château l'autre, "Nord" et "Rigodon". Le Vigan , sous le nom de La Vigue, y tient un rôle qui lui échappe et qui dit plus sur l'écrivain que sur l'acteur. 

Robert le Vigan à Montmartre. Son chat....

     La suite de la vie de Le Vigan est sinistre et sans doute méritée bien qu'il ait été infiniment moins "collaborateur" que Céline. Ramené en France, il est jeté en prison, à Fresnes où il reste jusqu'à son procès en 1946.

                        Robert Le Vigan et son avocat

Il a moins de chance que Céline qui, emprisonné au Danemark de 1945 à 1947, échappe au retour en France et au procès qui sans nul doute l'aurait condamné à mort.

Céline humant le parfum des chambres à gaz. Dessin de Dussault pour l'ouvrage "Céline, la race, le juif de Dussault-Taguieff).

Céline humant le parfum des chambres à gaz. Dessin de Dussault pour l'ouvrage "Céline, la race, le juif de Dussault-Taguieff).

     Pendant son procès, Le Vigan qui joue son dernier grand rôle, se montre loyal envers son ami et refuse de témoigner contre lui. Il est condamné à 10 ans de travaux forcés, à l'indignité nationale et à la confiscation de tous ses biens malgré le rapport d'un médecin aliéniste et les témoignages de Jouvet, de Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault qui tentent de le faire passer pour irresponsable et quasi fou.

       Procès : on reconnaît Fernand Ledoux, J.L. Barrault, M. Renaud, Pierre Renoir.

Madeleine Renaud : "Je ne puis dire que je le considère comme un homme parfaitement normal. Il est susceptible de subir des entraînements que rien de sensé ne peut justifier". 

"Il dormait avec une hache et un vélo, prêt à se défendre et s'enfuir".

Le Vigan avec son avocat maître Charpentier

Le Vigan avec son avocat maître Charpentier

     Sa santé se dégrade vite en prison. Il est libéré et réussit à quitter la France pour passer en Espagne où il est emprisonné pour avoir passé en fraude la frontière. Grâce à Duvivier qui a de bons rapports avec Franco, il obtient un permis de travailler comme acteur de cinéma.

Il tourne deux films, Correo del Rey et La orquidea qui n'ont aucun succès et décide de gagner l'Argentine. Il y vit en trouvant de petits boulots comme chauffeur de taxi, speaker dans l'émission en français de "La Voix de l'Argentine, répétiteur, éleveur fermier...

Il est oublié du monde du spectacle, à une exception près, François Truffaut, qui lui propose de revenir en France pour tourner dans un film en 1960. Le Vigan refuse. 

Il se remarie en 1956 et meurt en 1972 à Tandil où il est enterré. Sa femme meurt quatre ans après lui.

Robert le Vigan à Montmartre. Son chat....

     Et maintenant que reste t-il de Le Vigan, homme faible, influençable, "victime de Céline qui l'a utilisé dans ses romans"? 

 

    Il reste le cinéma et ses images qui transmettent la vérité 24 fois par seconde comme dit Godard.

 

Il reste ces mots de Renoir : "Le Vigan n'était pas seulement un grand acteur, il était l'acteur né pour vivre sur les planches. Le Vigan n'était pas un acteur, c'était un poète".

 Il reste la vérité d'un acteur hors pair dont on s'accorde à reconnaître l'immensité du talent. En cela la postérité en fait un petit frère de Céline, célébré comme un des plus grands écrivains français et à jamais marqué comme homme du signe infamant du racisme, de la délation et de la haine.

 

Voir les commentaires

<< < 1 2

Archives

Articles récents

Hébergé par Overblog