Dans la campagne charentaise, l'abbaye de Trizay dresse ses murs contre le ciel.
Poésie des ruines, poésie des pierres vivantes, elle est si belle dans son dépouillement qu'on pardonnerait presque aux réformés rochelais de s'être acharnés contre elle!
En réalité, il ne s'agit pas d'une abbaye (ce nom lui vient d'une tradition locale qui s'est imposée peu à peu) mais d'un prieuré. Le prieuré Saint Jean l'Evangéliste, construit au XIème siècle.
On raconte qu'un seigneur de Tonnay Charente soucieux d'expier ses crimes avant de rencontrer le Juge Suprême consacra sa fortune à cette construction.
Le prieuré fut d'abord occupé par des bénédictins, "les moines noirs" qui sont remplacés au XIIIème par des moines de l'abbaye de la Chaise Dieu à laquelle il est rattaché.
Plus tard, l'édifice est transformé en place forte, ce qui ne l'empêche pas de souffrir des Guerres de Religion en 1585 et d'être en grande partie saccagé.
Il est abandonné en 1692 et ses ruines sont vendues comme bien national en 1789. Il devient alors une ferme agricole qui poursuit de nos jours ses activités...
En 1920, la beauté de ces ruine émeut les amoureux des vieilles pierres qui obtiennent que le prieuré soit classé monument historique.
Sous le toit de lauzes d'une absidiole, le chat se réjouit de cette bonne nouvelle!
Sculpture d'André Brémant
Derrière le cheval qui galope sur son reflet, on aperçoit le chevet et les absidioles du XIIème siècle.
Après les Guerres de Religion, un mur est construit pour fermer l'abside et en faire un lieu de culte.
Dans les absidioles, des chapiteaux proches de ceux que l'on peut voir à Saint Eutrope de Saintes, représentent des lions au corps lisse et contorsionné. Ce sont les gardiens et protecteurs de l'église.
D'autres chapiteaux ont un décor de fleurs ou d'entrelacs. On y remarque la coquille des pélerins de Saint Jacques qui pouvaient choisir de faire étape à Saint Jean l'Evangéliste.
La clarté, l'harmonie de l'abside laissent imaginer ce que pouvait être l'immense église.
Des vitraux de Richard Texier y ont été installés.
La salle capitulaire est le joyau du prieuré avec ses arcs polylobés en plein cintre.
Ils rythment la façade à laquelle ils donnent un petit air oriental.
L'intérieur restauré est remarquable de légèreté avec ses voûtes à croisées d'ogives du XIIIème.
Les moines étaient assis sur des banquettes de pierres qui faisaient le tour de la salle où ils assistaient aux réunions du chapître.
La salle est ouverte, car en dépit des Evangiles, tous les moines n'étaient pas égaux!
L'intérieur était réservé aux "moines du choeur" tandis que les "convers" préposés aux travaux manuels et culinaires se tenaient à l'extérieur...
Au centre du cloître le puits du XIIème siècle symbolise la Fontaine de Vie métaphore de la Parole divine. Les différents bâtiments (salle capitulaire, réfectoire, cellier, cuisines) s'organisent autour de ce centre de vie.
Le cellier servait d'entrepôt pour les vivres et pour le vin. C'est une belle salle voûtée en berceau brisé avec en son centre un arc doubleau qui retombe sur des chapiteaux décorés de feuilles de vigne.
Sur l'un d'eux ricane, à l'ombre des feuilles, un petit diable qui est là pour rappeler aux moines tentés par les tonneaux entreposés dans le cellier qu'ils risquaient l'îvresse et les feux de l'enfer s'ils se laissaient tenter par la dive boisson!
Nous allons visiter plus en détail ce prieuré et à défaut de boire un petit verre dans le cellier, nous passerons, en attendant, par le petit jardin "Saint Jacques de Compostelle" pour nous enivrer du parfum des plantes aromatiques!
A suivre...
Trizay. Fresques. Le refectoire.
Trizay. Logis du prieur. Fresques.
Richar Texier. Abbaye de Trizay. Vitraux
Modernes. 17
Liens : Charente maritime
Charente Maritime. Classement alphabétique.
Liens.
A suivre... les fresques, le réfectoire,