Steinlen le "Père des Chats" qui habitait le cat's cottage rue Caulaincourt n'a pas peint que des chats! ( Steinlen. Les affiches et les chats.)
Voici quelques unes de ses affiches pour des spectacles, des romans ou des journaux...
II Les affiches de Steinlen
1 Spectacles
Le Rêve (1890)
Affiche un peu confuse qui annonce un ballet japonisant dans lequel triompha la ballerine représentée au premier plan, Mlle Maury dans le rôle de Daïta. Une oeuvre parfaitement oubliée.
Mothu et Doria (1893)
Un traitement tout différent pour cette affiche remarquable et qui semble avoir été conçue par un autre artiste tant elle est moderne par rapport à la précédente!
Mothu et Doria étaient des chanteurs qui avaient pour répertoire les chansons d'Albert Pajol. La découpe des silhouettes, la vigueur du trait font penser évidemment à Lautrec que Steinlen admirait.
Yvette Guilbert (1894)
On pense encore à Lautrec à qui Yvette Guilbert avait commandé une affiche qui n'eut pas l'heur de lui plaire. Voilà pourquoi, elle s'adressa à Steinlen qui donna une image plus flatteuse de la Dame aux gants noirs.
Hellé (1896)
Encore une oeuvre tombée dans l'oubli comme en produisit tant cette fin de siècle féconde. Au premier plan est représentée Rose Caron, célèbre soprano qui s'illustra notamment en chantant Wagner. Elle fut la compagne de Clémenceau (elle mourut la même année que lui, en 1930).
Conférence sue La Cage de Lucien Descaves (1898)
Auteur au franc-parler et aux opinions tranchées, Descaves est connu aujourd'hui pour avoir été scandalisé par ses colllègues de l'Académie Goncourt (dont il était un des co-fondateurs) qui choisirent pour lauréat en 1932, Mazeline plutôt que Céline!
L'assommoir (1900)
Un drame en 5 actes fut tiré du roman de Zola. L'affiche représente la première scène: Coupeau (Lucien Guitry) fait la cour à Gervaise (Suzanne Desprès). A noter comment Steinlen intègre dans son décor l'affiche du spectacle !
Exposition d'artistes français à Krefeld (1907)
La Maternelle (1920)
Léon Frapié a donné une version théâtrale de son roman qui était déjà très dialogué.
Les illustrations de Poulbot pour "La Maternelle" font partie du meilleur de l'oeuvre du "Père des Gosses". Le dessin de Steinlen montre ce qu'il pouvait y avoir de commun entre les deux artistes : précision du trait, intérêt pour les déshérités... Poulbot avait une admiration sans bornes pour Steinlen qu'il considérait comme son maître.
Iberia (1920) Jenny Hasselqvist. Jean Börlin.
Publicité pour le ballet "Iberia" (musique d'Albeniz, orchestrée par Inghelbrecht, gendre de Steinlen).
Steinlen a conçu les décors et les costumes.
2 les romans
Le Coupable (1896)
Ce ne sont pas des affiches mais des "unes" de journaux entièrement occupées par le dessin de Steinlen.
Le sujet du livre de Coppée : un enfant enfermé dans un bagne, sollicite toute l'attention et le talent de l'artiste.
Paris (Emile Zola) 1897. détail.
Le sujet du livre : les attentats anarchistes des années 1892-94.
Comme Victor Hugo, Zola est persuadé que seuls le progrès, l'éducation et la justice peuvent venir à bout de la misère et de toute la violence qu'elle génère.
Une masse houleuse glisse vers la ville, guidée par la révolte. On aperçoit le Sacré-Coeur en construction, symbole de l'opulence bourgeoise... Il apparaît comme une forteresse contre laquelle va se cogner la foule en colère.
Pour Steinlen comme pour beaucoup de Montmartrois, la basilique fut considérée comme une écrasante manifestation du triomphe des Versaillais sur le peuple de la Commune.
La Traite des Blanches (1899) 1ère version censurée et deuxième version "rhabillée"
"La Traite des Blanches" roman à scandale qui dénonce les proxénètes.
Steinlen sensible au sort réservé aux prostituées conçoit une affiche qui fait scandale, elle aussi. Il est obligé de la modifier et de couvrir la poitrine nue de la femme au deuxième plan.
Le proxénète vulgaire, ventre en avant contraste avec la femme en noir qui se cache le visage.
Les mystères de la Tour Pointue. (1899)
Affiche plus banale, faite pour aguicher le lecteur. Steinlen illustre le premier récit du roman : une femme est accusée d'avoir tué son vieux mari.
On voit ici le véritable assassin : le souteneur de la maîtresse au chapeau emplumé du vieux bourgeois qui refusait de répondre à son chantage!
Le Tunnel (1920)
Il s'agit d'un roman allemand qui eut un grand succès.
Un ingénieur mégalo construit un tunnel entre l'Europe et les Etats-Unis. La casse humaine est considérable : des morts, des blessés...
Steinlen représente ici, dans l'enfer souterrain, un enfant et un cheval, compagnons de misère. Comme dans les mines de charbon, les chevaux restent dans les galeries et ne revoient le jour que pour mourir.
3 les journaux
Cocorico (1899)
"Une" de Cocorico, journal auquel collaborent Willette, Mucha, Léandre, Steinlen.... (excusez du peu!)
Le Petit Sou (1900)
Comme sur l'affiche du "PARIS" de Zola, une femme, poitrine offerte (référence à "la Liberté guidant le peuple" de Delacroix) entraîne la foule et mène la révolte.
Elle brandit les chaînes qu'elle a brisées.
Une nouvelle fois, le Sacré-Coeur, que Steinlen ne portait décidément pas dans son coeur, apparaît à l'horizon. Il abrite le veau d'or, symbole du lucre et de l'intérêt, symbole aussi du catholicisme qui selon Steinlen (et quelques autres) cherche à maintenir le peuple dans la servitude et l'abêtissement.
Remarquable esquisse intitulée "La Libératrice"
(Livre de référence : Steinlen affichiste. Catalogue raisonné de Réjane Bargiel et Christophe Zagrodski. Ed Grand Pont.)
à suivre...
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Liens : Steinlen.(1) Les affiches et les chats.
Steinlen. (3) Les affiches. La Guerre.
Steinlen. (4) Les affiches. La publicité.
Steinlen. Dessins de chats. (5)
Liste et liens:
Peintres et personnages de Montmartre. Classement alphabetique.
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