C'est une courte rue de Montmartre en forte pente qui part de la rue Lepic et va jusqu'au cimetière Montmartre (rue Joseph Demaistre) en croisant au passage les bourgeoises rues Caulaincourt et Damrémont.
Si elle n'avait abrité quelques uns des plus grands peintres de la fin du XIXème siècle et du début du XXème siècle, elle serait restée dans l'ombre de la Butte...
Rue Tourlaque. les Carrières.
Elle était à l'origine une simple voie qui permettait l'accès aux carrières de gypse...
N°14
Devant le 12, il fallut des heures pour consolider le plancher et sauver un cheval effrayé.
Elle s'en souviendra quand le 30 octobre 1909, la chaussée devant les n° 14 et 12 actuels s'effondrera sur plus de 17 mètres de profondeur entraînant dans la mort une dame Chevalier, habitant 86 bis Lepic et dont le mari et le petit garçon veillèrent toute la nuit au bord du trou, guettant en vain un appel au secours... un signe de vie...
Revenons au début de la rue (longue de 205 mètres et large de 9,5 mètres) qui prit par un décret de 1863 le nom de Tourlaque, une fois de plus un gras propriétaire des terrains lotis.
au n°1, on trouve l'Atelier d'Art Lepic, maison d'édition et galerie...
Des oeuvres d'Henri Landier y sont souvent exposées. Je ne suis pas fana de ce peintre mais je lui serai éternellement reconnaissant d'avoir peint l'inoubliable Monique Morelli, une des plus grandes voix de la Butte, qui fut ma voisine rue Paul Albert.
Lorsqu'elle répétait avec Léonardi, j'ouvrais mes fenêtres pour ne pas perdre une note, une parole de ses chansons.
N°4
Félix Fénéon par Signac.
Au 4 de la rue a vécu l'écrivain anarchiste Félix Fénéon. C'est là qu'il fut arrêté en 1894, accusé d'être l'auteur de l'attentat contre le restaurant Foyot.
Il sera innocenté et pourra continuer à défendre les vrais artistes de son temps avec plus de coeur et d'intelligence que la critique officielle qui encensait les Pompiers et n'avait que mépris pour les Impressionnistes.
La rue poursuit sa descente abrupte vers les arbres du cimetière Montmartre, comme pressée de parvenir au terminus... et au repos..
Le 7
Le n°7 est célèbre. Toulouse Lautrec y eut son atelier et Suzanne Valadon y posa pour lui. Ce fut le début d'une liaison passionnée qui dura deux ans. Comme chacun sait le peintre avait outre son génie des atouts physiques et virils que ne laissaient pas présager sa petite taille.
Au croisement avec la rue Damrémont, les opulents immeubles qui ont transformé irrémédiablement le Montmartre de la Bohême...
Une petite maison de faubourg a résisté...
Comme a résisté la Cité des Fusains qui abrita comme le Bateau-Lavoir une pléiade de peintres mais qui n'a pas comme lui acquis la même célébrité. Peut-être à cause de son emplacement à l'écart des circuits touristiques...
On voit sur cette gravure les petites maisons de la rue avant la construction des immeubles cossus. C'est sur le terrain vague, à droite, que s'élevera la Cité des Fusains.
Avant la naissance de la Cité, il y avait un hangar où une blanchisserie voisine faisait sécher le linge. Toulouse Lautrec et Renoir l'utilisèrent quelque temps après qu'il eut été désaffecté et avant qu'il ne fût démoli.
La cité construite en partie avec des matériaux récupérés après l'Exposition de 1889 était constituée de nombreux ateliers d'artistes.
Une partie plus récente, à colombages a été édifiée en 1923.
si vous ne connaissez pas un des propriétaires, vous ne pénétrerez pas dans la Cité Interdite!
Vous ne verrez pas entre autres, un puits classé, du début du XVIIème siècle. Il se morfond à l'ombre et regrette le temps où de jolies demoiselles venaient s'appuyer sur la margelle.
A gauche, les bâtiments de la cité des Fusains.
La liste des artistes qui y ont séjourné quelques mois ou quelques années est impressionnante. C'est un catalogue des plus grands peintres de leur temps!
Bonnard y résida à partir de 1913, Arp de 1922 à 1926, Miro en 1927... Joubin y créa en 1929 l'Ecole de Montmartre avec Bonnard, Pascin et Asselin. Cette Ecole ne dura hélas qu'un printemps!
On peut citer encore dans le désordre, Masson, Forain, Magritte, Dali... ou Max Ernst qui y vécut dix ans.
Aucun de ces artistes cependant n'a fait le mur pour s'installer dans le cimetière Montmartre où tant de peintres pourtant passent leur éternité...
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Liens. Rues de Montmartre.
Boulevard de Clichy. Montmartre. Pigalle. (1)
Montmartre: rue des Abbesses (1)
Rue Ravignan (1). Montmartre. Des Abbesses à la place Emile Goudeau.
Rues de Montmartre. Classement alphabétique.
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