La dernière partie de la rue descend vers la place Emile Goudeau avant de rejoindre la rue Custine qui sert de transition entre le XVIIIème privilégié et celui de l'immigration du quartier Château-rouge.
Le 61
Au 61 se tint le siège de la "Société des Artistes Indépendants", association qui fut fondée en juin 1884 en réaction contre le conformisme du salon officiel.
Rue Caulaincourt (Signac)
Elle compta parmi ses membres Seurat, Signac, Redon, Guillaumin ou le douanier Rousseau...
Au 65, la vieille brasserie "le Cépage Montmartrois" a conservé une partie de son décort des années 20. C'était le restaurant "Chez Manière" très apprécié des artistes et des journalistes. Il comptait parmi ses habitués Poulbot, Mirande, Kupka, Mac Orlan, Dorgelès...
Nous croisons la rue Pierre Dac qui donne sur la station de métro Lamarck- Caulaincourt. Montmartre devait bien cet hommage reconnaissant au chansonnier qui anima ses cabarets (la Vache Enragée, la Lune Rousse...) et qui alors que tant de Parisiens se taisaient pendant l'occupation, fut une des voix du refus de la lâcheté devant la barbarie :
"Radio Paris ment, radio Paris ment, Radio Paris est allemand..."
Le 73 est cher au coeur des Montmartrois. C'est à son emplacement que le cat's cottage de Steinlen (1853-1923) s'élevait, face au maquis.
La rue Caulaincourt pendant sa transformation (au 1er plan la future avenue Junot)
Le cat's cottage était en réalité le pavillon de Bavière remonté rue Caulaincourt après l'exposition de 1900. Steinlen y vécut entouré d'une bande de chats recueillis dans le maquis.
Il les croqua avec une attention et une sympathie inégalées. Il est celui qui les a le mieux représentés, sans conformisme, sans mièvrerie.
Quand le lotissement de la rue Caulaincourt entraîna la destruction du Cat's Cottage, il se réfugia avec ses chats rue Tourlaque avant de retrouver son ancienne adresse quand l'immeuble cossu que nous voyons aujourd'hui s'éleva à la place du cottage.
C'est là qu'il mourut en 1923. Il est enterré à quelques pas dans le cimetière Saint-Vincent. Une dalle brute recouvre sa tombe et quand le soleil la chauffe, il est fréquent d'y voir un chat occupé à y faire la sieste...
On arrive à la confluence de la rue Caulaincourt et de l'avenue Junot. Sur le terre-plein central pompeusement appelé place Constantin Pecqueur, s'élève la statue d'Eugène Carrière.
Le peintre de la "maternité" attaché à la Butte où il vivait, socialement engagé auprès des plus pauvres, compagnon de lutte de Zola, trône aujourd'hui à l'entrée de la plus riche avenue de Montmartre. Sa statue de bronze fondue pendant l'occupation fut remplacée en 1959 par ce bel hommage de pierre, sculpté par son fils.
Les 85 et 87 sont les seuls immeubles qui figurent sur la liste de le protection patrimoniale de la rue Caulaincourt.
Ils sont dans l'esprit des hôtels particuliers qui s'édifient alors dans la Plaine-Monceau et qui plaisent à des propriétaires soucieux d'exposer leur richesse et leur "culture".
Le 85 s'inspire de la Renaissance italienne avec sa façade de briques colorées, son monumental fronton, son médaillon sculpté. Il est aujourd'hui occupé par des médecins spécialistes. Les dépassements d'honoraires permettent toutes les folies!
Le 87 est comme son voisin de style néo Renaissance.
Il a été construit en 1883 et porte le nom de son archtitecte : A. Sauffroy dont on retrouve le nom et la date sur le socle de la statue d'Eugène Carrière. Ce qui est pour moi une énigme puisque la statue a été édifiée 70 ans plus tard!
Léandre eut temporairement son atelier (en 1910) dans cet hôtel.
Devant le 87. A gauche l'avenue Junot.
A l'emplacement du banal immeuble du 93, s'ouvrit en 1909 le Cabaret des Arts qui ne survécut pas au lotissement de la rue.
Croisement avec la rue Lamarck (à droite)
A la hauteur du 116, la rue Patureau vient s'échouer, épuisée par ses escaliers abrupts. Elle porte le nom d'un ancien curé de Saint-Pierre (1853-1930) à qui on doit la sauvegarde de la vieille église qui tombait en ruines et était menacée de destruction.
Au 119, nous rencontrons les derniers lions de la rue. Ils veillent à ce que par le Barbès et la rue Custine n'arrive jusqu'ici une Afrique que pourtant ils devraient aimer, étant eux mêmes immigrés sous notre ciel!
Le café Francoeur au 129 est le terminus de la rue Caulaincourt.
Il a pris la succession du pub "le Froggy's". Sa terrasse est connue et appréciée des dragueurs...
Arrêtons-nous à sa terrasse pour reprendre des forces et tenter l'aventure...
Avant de partir à la découverte de la rue Custine qui commence là...
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Liens : La rue Caulaincourt:
Rue Caulaincourt (1) Père Forest. Lautrec.
Rue Caulaincourt (2) Hippodrome. Gaumont Palace. Bostock.
Rue Caulaincourt. (4). du 1 au 42.
Les articles sur les rues de Montmartre :
Rues de Montmartre. Classement alphabétique.
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