Rocamadour fait partie de ces lieux magiques que nous croyons connaître tant ils sont célèbres et qui cependant nous surprennent et nous laissent émerveillés quand nous les découvrons au détour du chemin.
Parmi toutes les beautés qui s'offrent à nous, celle des fresques du XIIème siècle, peintes sur les murs de la chapelle Saint-Michel nous font lever les yeux vers la falaise et vers le ciel.
Elles sont dans un état exceptionnel de conservation, protégées par le rocher du soleil et de la pluie. Elles ont traversé presque neuf siècles pour venir jusqu'à nous
Elles représentent, à gauche, l'Annonciation. Marie est une reine, assise sur un trône. Elle est tournée vers l'ange juvénile et bienveillant qui s'incline à demi devant elle et lui tend le parchemin, le phylactère qui porte les paroles du salut divin.
Elle ouvre les mains, comme elle s'ouvre elle-même à la volonté divine. L'esprit saint vole au-dessus de sa tête.
Remarquable représentation qui diffère de celles qui seront peintes plus tard par les Italiens. L'ange y est moins conventionnel avec son côté bonhomme. Il n'est pas figé par l'importance de sa mission. Il ressemble à un petit facteur qui apporterait une bonne nouvelle et s'en réjouirait avec sa destinataire. Le fond d'azur de la scène nous élève vers le divin et vers le ciel clair des soirs de Rocamadour.
L'autre scène représente la visite de Marie à sa cousine Elisabeth enceinte de Jean-Baptiste. La vie est présente dans cette fresque : le mouvement des deux femmes marchant l'une vers l'autre, leur embrassade, le sourire de leur visage...
Leurs grands yeux ouverts sur l'amour et le mystère... Elisabeth a senti tressaillir son fils dans son ventre:
"Tu es bénie entre toutes les femmes et béni le fruit de ton sein. Dès l'instant où ta salutation a frappé mon oreille, mon enfant a tressailli d'allégresse..."
L'artiste a su rendre à la fois la simplicité de la rencontre heureuse des deux femmes et la grâce à l'oeuvre dans leur vie. Il traduit cette foi du Moyen-Âge qui a les pieds sur la terre et la tête dans les astres. Une foi qui n'est ni celle du charbonnier, ni celle des mystiques mais celle des paysans et des marcheurs de Compostelle.
Une autre fresque sur le mur de la chapelle subsiste en partie. Il s'agit de Saint Christophe, patron des voyageurs en route vers Saint-Jacques.
Il n'y a presque plus de traces colorées mais subsistent l'élégance et la beauté de l'homme qui ressemble à un ange...
Et dont le visage à moitié disparu fait penser aux plus belles icônes, à celles de Roublev par exemple... L'oeil clair, le sourire esquissé, nous touchent et nous font pressentir ce que pouvaient être l'entier visage et le corps retrouvé... ces traces disparues que chacun de nous, avec un peu d'attention et de silence peut retrouver en lui.
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Liens :
Saintes. Eglise Saint-Eutrope. La crypte.
Oléron. Nicolas Greschny. Eglise Saint-Pierre.
Fontevraud. Fresques de Thomas Pot.
Tombeau d'Agnès Sorel. Loches.
La Perroche. Oléron. Le prieuré, chapelle et cloître.
Oléron. Eglise de Saint-Georges.
La lanterne des morts. Saint Pierre, Oléron.