La rue Muller prend naissance rue de Clignancourt et se termine rue Paul Albert. Elle a été amputée de sa partie haute, la plus belle et la plus "montmartroise", rebaptisée en 1963 "Utrillo" (voir Montmartre. Rue Utrillo (ancienne rue Muller).)
Elle doit son nom, une fois de plus, au propriétaire des terrains sur lesquels elle a été construite à partir de 1825, sur le plan cadastral de l'ancienne commune de Montmartre. Etonnant manque d'imagination et de poésie de nos élus municipaux!
Côté impair, il y avait une épicerie, remplacée aujourd'hui par un marchand de vins, un fin connaisseur que je vous recommande.
Côté pair, il y a toujours un café, très animé et fréquenté par les jeunes bobos du quartier, "Au clair de lune"..
Dans la première partie de la rue, cette entreprise a été remplacée par l'atelier Ollier... passementerie et broderie ont supplanté chaudières et tuyaux...
Deux petits immeubles anciens. Le 4 et le 6. Ils datent de la première moitié du XIXème et sont typiques de l'ancien village. j'ai une sympathie particulière pour le 4 où j'ai connu une vieille Arménienne dont les parents avaient fui le génocide turc. Elle m'a raconté que lors des bombardements sur Paris, une bombe avait troué le toit et atterri sans exploser sur le parquet près du lit où elle dormait...
Un immeuble bourgeois caractéristique de l'évolution du quartier à la fin du XIXème. Les immeubles populaires se voyaient remplacer par des édifices de pierre de taille. Le petit peuple était chassé au profit d'une moyenne bourgeoisie qui appréciait la proximité des Galeries Dufayel et des jardins de la Basilique, alors en construction.
Au croisement avec la rue Feutrier (voir Montmartre. Rue Feutrier.) les quatre immeubles à pan coupé, confèrent à ce lieu, l'aspect d'une petite place.
Une brocante "De l'autre côté de la Butte"...
Un café-hôtel "Le Muller", très modeste, sauf pour le prix des chambres où les services sociaux hébergent parfois des gens en grande difficulté...
Le Blue Note...
Dans la deuxième partie de la rue plusieurs immeubles sont répertoriés par le plan de protection patrimoniale de Montmartre. Ils n'ont rien d'exceptionnel mais sont les témoins de ce qu'était le quartier à l'époque de Bruant et des peintres qui en appréciaient l'authenticité et qui y trouvaient des loyers abordables.
Le 9
Le 11
A cette adresse, une maison d'éditions s'est échouée... Baleine....
Après bien des péripéties cette maison qui a rencontré le succès grâce à la série du "Poulpe" a retrouvé un certain dynamisme avec deux nouvelles collections : "Baleine noire" qui donne dans le genre punk ou gothique et "Club van Helsing" qui a pour thème la chasse aux monstres, aussi divers et inattendus qu'ils puissent être...
Faut-il croire le crucifié dont la croix a été remplacée par des cuisses alléchantes : "Des livres dont on ne sort pas indemnes!" ???
Le 15
Le 17
Le 19
Le 21
J'ai une tendresse particulière pour ce petit immeuble. J'y ai vécu quelques années avec la chatte Missou. J'y ai fait vivre un travesti arabe, au rez-de chaussée sur rue, dans mon roman dont l'action se situe dans deux ou trois rues du quartier (voir : Lucie et Nino. Roman. Deux amoureux à Montmartre. )
Le 23
Il y avait là une belle boulangerie au plafond peint. Je suis assez ancien pour l'avoir connue et y avoir acheté ma baguette quotidienne avant qu'elle ne soit remplacée par un restaurant branchouille, "L"Eté en pente douce"... Néanmoins, n'hésitez pas si vous vous installez sur la placette pour y consommer, d'aller à l'intérieur jeter un coup d'oeil au plafond rescapé de la Belle Epoque...
Le 26
Le 30
Le 32 abrite un autre restaurant "le Soleil de la Butte". Le petit immeuble qu'on peut voir sur les vieilles cartes a été rehaussé d'un étage, par l'architecte Julien Vernhet au profit de la veuve Varoche! (précisions capitales données par la protection patrimoniale...)
La placette et l'escalier rebaptisé de la rue Utrillo où le photographe François Gabriel avait son atelier. Les marches qu'il a tant de fois photographiées avec les habitants du quartier et les passants sont devenues emblématiques de Montmartre et font de la figuration dans bien des films...
Photo de François Gabriel (tournage en 1939 du film de Max Ophuls "Sans lendemain")
La placette mise à part, cette rue qui ne frime pas, restitue l'ambiance du Montmartre du XIXème siècle (mieux que bien des rues des Abbesses). Un village où se mêlaient gens du peuple, artistes fauchés et immigrés... Un Montmartre où malgré la vie difficile, on se parlait et on se souriait...
Est-ce encore ainsi aujourd'hui?
...
Lien Montmartre rue Pierre Picard
...