Rue Lepic (en face) et sur le boulevard (à droite de la photo) le bâtiment de l'ancien Café Coquet où Gen Paul venait peindre filles et souteneurs.
Restaurant boudard-Coquet (1889)
La rue Lepic est une des rues les plus connues de Montmartre...
Elle part de la place Blanche, non loin du Moulin Rouge et monte à l'assaut de la Butte, passe devant les moulins et se termine place Jean-Baptiste Clément au coeur du village touristique.
Au début du XIXème, il n'y avait à son emplacement qu'un sentier boueux. La légende ou l'histoire veut que Napoléon Ier, curieux de voir le télégraphe Chappe installé sur le clocher de l'église Saint-Pierre, emprunta, un matin de 1809 le Chemin Vieux (actuelle rue Ravignan) qui permettait alors l'ascension la plus directe.
Le télégraphe Chappe sur l'église St-Pierre
La pente était raide et malaisée et comme il avait plu, l'Empereur dut descendre de cheval, à la hauteur de l'actuelle place Emile Goudeau et terminer à pied. Cette mésaventure aurait été à l'origine de la décision d'aménager un accès sur une pente plus douce : le Chemin Neuf.
Angle Lepic et Puget
Ce Chemin Neuf sera appelé en 1852 rue de l'Empereur, puis rue Royale avant d'être baptisé en 1864 rue Lepic, juste retour à la légende napoléonienne et à l'un de ses héros, le général Louis Lepic qui reçut autant de médailles que de blessures : coup de feu à la cuisse (guerre de Vendée), 7 coups de sabre sur la tête, un à l'épaule, un coup de feu au bras (Pastrengo, armée d'Italie), deux coups de baïonnette et deux coups de crosse sur les genoux (Eylau).... et qui néanmoins mourut dans son lit en 1887!
Lepic (Edouard Detaille)
La première partie de la rue monte en ligne droite, de la place Blanche jusqu'à la rue des Abbesses.
A l'angle avec la rue Coustou, la boulangerie est toujours là, comme sur la carte postale de 1901.
Au même carrefour, il y avait un bar-restaurant: A la Croix Blanche...
...Qui est toujours là mais a changé de nom : le Lux Bar. C'est un de ces vieux cafés parisien qui sont restés dans leur jus et ont conservé intacte leur "atmosphère"....
11 rue Lepic...Le Lux-Bar
Le Lux-Bar. Fresque de Gilardoni.
Il a gardé également ses fresques de céramique posées en 1910, oeuvre de Gilardoni (auquel Guimard fit appel pour ses céramiques industrielles). Elles représentent le boulevard de Clichy et le Moulin rouge.
Un des habitués du Lux Bar était Bernard Dimey qui habita quelques années en face, rue Coustou, avant de trouver refuge rue Germain Pilon, non loin de là...
"Les feignants du Lux-Bar, les paumés, les horribles, Tous ceux qui rue Lepic viennent traîner leurs patins, Les rigolos du coin, les connards, les terribles Qui sont déjà chargés à dix heures du matin... Les racines au bistrot, ça va pas jusqu'à Blanche, et même les Abbesses ils ont jamais vu ça! avec dix coups d'rouquin, ils se font leur dimanche, Et je les aime bien, je n'sais pas trop pourquoi!
Carte postale 1962
De l'autre côté de la rue, au n°15, un autre café est devenu célèbre... C'est le café des Deux Moulins que viennent photographier en pélerinage les amoureux d'Amélie Poulain!
Amélie-Audrey dans le café....
Les Deux Moulins
Les Deux Moulins côté rue Cauchois.
Deux autre numéros sont liés à la vie artistique montmartroise : le 11 et le 25...
Au n°11, un club de jazz "Autour de Midi" a trouvé refuge dans des caves voûtées de pierres assez épaisses pour éviter les plaintes des habitants de l'immeuble qui en cas de maux de tête disposent à portée de main d'une pharmacie!
Au 25 il ne subsiste rien de la première "Vache enragée", restaurant-cabaret qui avait pour enseigne une vache étique et non éthylique, s'inspirant du totem des défilés carnavalesques montmartrois, les fameuses vachalcades.
Les murs étaient peints de pierrots qui lutinaient de jolies demoiselles accueillantes, tandis que passait au-dessus de leur tête, la vache ailée dont certains essayaient en vain de saisir la queue.
Il y avait là des artistes, des ouvriers d'art, de jolis modèles montmartrois ... et tout ce monde se nourrissait de bons plats et de bons mots grivois...
Plus tard, en 1921, la Vache Enragée émigrera Place Constantin Pecqueur et accueillera Pierre Dac, Raymond Souplex, Léo mallet... jusqu'en 1930.
Le 8
Quelques petits immeubles datent de la création de la rue et sont typiques de l'ancien village. Ils n'ont rien d'exceptionnel en eux-mêmes mais ils sont d'authentiques témoins de l'habitat montmartrois du XIXème siècle, modeste et populaire.
Le 12
Le 13
Le 14
Le 17
Le 18
Le 22
Le 24
Le 24 représente, lui, l'évolution du quartier au début du XXème siècle, dans ces années où les petits immeubles sont détruits pour laisser place à des constructions opulentes et ostentatoires. Montmartre devient à la mode et s'embourgeoise.
L'immeuble de pierres est dû aux architectes Lesage et Miltgen (1904). Son style n'est pas bien défini. Disons qu'il est "éclectique"!
Un autre commerce, au 26, a gardé son cadre d'origine fin XIXème, du temps où il était une boucherie...
Côté rue Véron
Côté Lepic
C'est l'épicerie du Terroir... à quelques pas de la pâtisserie la plus appréciée des gourmands du quartier...
Les Petits Mitrons!
Quiconque s'approche de la vitrine est perdu!
Enfin, n'oublions pas de jeter un oeil à travers les grilles du Passage Lepic, étroite voie privée qui joue les coquettes et se laisse admirer tout en gardant ses distances...
La rue tourne à angle presque droit....
A droite, c'est la rue des Abbesses...
Et à gauche, notre rue Lepic plus pittoresque et touristique que jamais... et que nous gravirons bientôt!
...à suivre...
En attendant de repartir à l'assaut en passant par les moulins pour aller jusque chez Jean-Baptiste Clément, pourquoi ne pas écouter Bernard Dimey chanter son Lux-Bar?
Liens : Rues de Montmartre. Classement alphabétique.
Montmartre. Place des Abbesses.
Cité du midi. Paris Montmartre (Pigalle).
Funiculaire et Place des Abbesses. Le Lion.