Léonor fini!
Une grande dame, un monde à fleur de peau, à fleur de femme, à fleur de chat...
Un univers sensuel et onirique...
Certains font la fine bouche devant son oeuvre et il est vrai qu'elle cède parfois à la facilité et au cliché symbolico-érotique, mais si l'on est soi même un peu rêveur et féminin, un peu mélancolique et félin, on ne peut que se laisser attirer dans sa toile ....
Voici quelques unes de ses oeuvres où le chat est seigneur... voici quelques libres rêveries...
Dimanche après-midi. Huile sur toile. 1980.
Le titre de la toile est tout un programme. Le dimanche, l'interminable dimanche quand on est enfant et que l'on reste à la maison. Les heures s'étagent comme les rayonnages. On somnole, on rêve. Et à quoi peut rêver une fillette bien élevée?
A la douceur inquiétante, attirante des caresses, à un double féminin, une compagne de traversée, à la nuit qui viendra mettre un terme à l'ennui...
A l'étage du haut, on se réveille. Le corps sortant de la chemise légère comme d'une eau tiède, les yeux ouverts sur le jour. Un chat gris, couleur de la nuit est posé sans peser sur la cuisse qui s'écarte.
A l'étage du milieu, c'est l'après-midi. On n'est plus seule. On est habillées de collants et de robes à volants.
Le chat roux de midi, couleur des chevelures est au centre de la journée. On le touche. On est contre lui. Les pieds dans sa fourrure.... le regard vers l'amie du jour....
L'amie dont le bras sort de la corolle appuyée sur le chat...
A l'étage inférieur l'après-midi s'achève... On est seule de nouveau. On a revêtu la chemise de voile.
Les yeux se ferment. On rêve. Le chat aux yeux d'or veille sur vous, pattes aux griffes rentrées contre votre peau.
Tandis que l'amie jette un dernier regard avant de saisir le chat de midi pour l'emporter avec elle.
Les chats, à chaque étage, sont tournés vers l'extérieur, vers le spectateur, ils sont les sphinx aux portes du temple. Ils sont les gardiens des secrets.
L'Instant fatal. Huile sur toile. 1974.
Le vase précieux n'a plus que deux secondes à vivre!
Le chat noir n'a pas l'air content. Il a été tiré de son sommeil heureux. Il a été dérangé par un être d'une autre espèce : un homme!
Il se redresse vivement, la queue remuée. Il s'appuie contre le vase qui malgré le geste et le regard de l'homme vacille...
Instant fatal pour le vase et pour l'homme qui voudrait garder pour l'éternité les objets précieux qu'il croit posséder.
"Ceux qui n'aiment pas les chats sont les promoteurs d'une certaine espèce d'ordre, instinct de propriété mise en péril ou faiblesse d'être trop attaché aux objets ("mes rideaux, mon fauteuil, mon vase, ma côtelette")" . Léonor Fini.
Psyché. Huile sur toile. 1975.
C'est une des plus belles oeuvres de Léonor Fini. Une des plus pleines, des plus sensuelles. Parfaite comme un oeuf!
Psyché était si belle que tous ses admirateurs la vénéraient comme une divinité. Aphrodite, jalouse, la plongea dans le sommeil. Eros séduit par sa beauté, tomba amoureux d'elle et la réveilla de son baiser. Eros et Psyché eurent une fille nommée Volupté.
Psyché est ici un chat. N'oublions pas que le chat pour Léonor Fini et pour tous ses amoureux, est du genre féminin. "'Die Katze" comme l'appelllent les allemands.
Eros, l'amour, lui aussi est une femme...
Eros réveille Psyché... La femme rencontre la femme. Le corps et l'âme sont féminins. Tant pis pour les malheureux hommes que nous sommes!
Acceptons le mystère ou éloignons-nous sur la pointe des pieds!
A suivre...
Léonor Fini. Chats. Tableaux. (2)
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