Il a mendié pendant des années dans le métro.
Enfin, c'est beaucoup dire.
Un chat ne mendie jamais.
Il nous autorise à laisser une pièce dans la coupelle qui est devant lui et qui permettra à son amie de survivre.
Un jour, son amie et lui ont quitté le métro et son ciel de faïence.
La vie s'est adoucie.
Ils ont vécu dans un petit studio parisien. C'était bien. Une vie simple pour des coeurs simples.
La vie quoi!
La seule!
Mais il faut croire que c'était trop demander que de vouloir ce simple bonheur-là.
Alors l'amie a commencé à tousser.
Depuis le temps qu'elle fumait, ce n'était pas très étonnant.
Les fumeurs s'habituent à avoir une voix grave, à tousser un peu trop...
Ils ne s'en font pas. Ils sont plus malins que le tabac.
Mais le tabac, il sait y faire.
Il attend calmement, cigarette après cigarette, que la tumeur, maligne, se développe et se prélasse.
Un cancer de l'oesophage.
L'amie ne mange plus.
Elle boit quelques liquides énergétiques.
Elle tient le coup grâce aux patchs de morphine.
N'importe qui serait mort depuis des mois.
Mais elle survit.
Son chat est avec elle.
Il ne la quitte pas du regard et il ne ferme les yeux que lorsqu'elle s'endort enfin.
Dans quelques jours, son amie va retourner dans la maison de soins palliatifs.
Dans quelques jours, le chat va être recueilli.
Dans quelques jours...
Mais qu'elles sont précieuses ces heures où il la regarde et où il pense de toutes ses forces de chat, que rien de mal n'arrivera tant qu'ils seront ensemble.
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lien :poème : le chat du métro