La rue Caulaincourt est plus que l'avenue Junot, "les champs Elysées" de Montmartre.
Son histoire est foisonnante et les artites qui l'ont habitée sont légion...
A gauche heureusement dissimulé par les arbres le hideux immeuble Castorama,Ibis et Mercure.
Félictations aux architectes et aux élus qui ont permis cette chose!
Commençons par le commencement, le n°1...
Faites un très gros effort d'imagination et effacez l'immeuble de Castorama et des hôtels.
Le maquis rue Caulaincourt (1901)
A l'arrière-plan les immeubles de la rue Caulaincourt, côté impair. Au 1er plan le maquis.
vous êtes en 1885... De petits immeubles et des maisons de village subsistent... Le maquis n'est pas loin...
Le père Forest habite au n°1. Il a laissé son nom à la rue actuelle, le long de l'immeuble innommable.
Photographe de son état, il possède derrière sa maison, à l'angle des rues Forest et Caulaincourt actuelles, un grand jardin avec une bicoque où entreposer du matériel.
Il ouvre son jardin et prête sa bicoque à des artistes et notamment à un jeune peintre qui a élu domicile à Montmartre.
7 rue Tourlaque proche de la rue Caulaincourt (atelier de Lautrec)
Ce peintre a besoin d'espace et de lumière pour peindre en plein air comme les Impressionnistes.
Dans le jardin du Père Forest. On reconnaît le modèle de "La Femme à l'Ombrelle"
Vous l'avez reconnu, c'est Toulouse Lautrec en personne !
Rue Caulaincourt. Le pont au-dessus du cimetière.
Il n'a pas 20 ans quand il débarque à Montmartre. De 1885 à 1897, il occupe l'atelier à l'angle des rues Caulaincourt et Tourlaque, à proximité de la maison du Père Forest (à vue de nez, trois cents mètres... le temps de passer le pont au-dessus du cimetière).
Femme dans le jardin du père Forest.
Influencé par les Impressionnistes, il veut peindre en extérieur, avec les ombres et les lumières.
La Femme aux Gants.
Il profite de l'accueil chaleureux du photographe pour faire poser ses modèles dans le jardin campagnard, rescapé pour quelques années encore de de la spéculation immobilière qui commence à ravager la Butte.
C'est là qu'il peint la célèbre "Femme aux gants". Le modèle qu'il fait poser est Honorine Platzer dont le nom grâce au peintre a traversé le temps...
Remarquable portrait qui semble en mouvement, comme si la femme se tournait vers un paysage qui défilerait par la fenêtre d'un wagon...
Si le fond est impressionniste, il y a déjà dans la nervosité du trait et sa précision, le style de Lautrec...
Il en est de même pour Justine Dieuhl... dont on ne connaît absolument rien, sinon qu'elle est la femme de ce tableau célèbre exposé à Orsay.
La jeune femme "pose" comme pour un photographe. Elle est assise sur le bord d'un pliant, un peu mal à l'aise. elle esquisse un sourire et croise maladroitement les mains sur sa robe. Digne et sérieuse, elle dégage une impression de douceur triste.
La femme à l'ombrelle (voir photo de Lautrec plus haut).
Les autres modèle ne sont connus que par leur prénom, Berthe ou Gabrielle (comme le nom de deux rues de la Butte, au-dessus des Abbesses...)
Nous reconnaissons la femme que Lautrec est occupé à peindre sur la photo publiée plus haut. Il s'agit de Berthe.
Robe légère, ombrelle, chapeau de paille, lumière mauve... Lautrec se veut impressionniste mais il détache plus qu'eux son modèle qu'il cerne et dégage du fond pour le projeter en avant, comme sur une scène de music-hall.
La Danseuse
Gabrielle a la main sur la hanche, elle esquisse un pas de danse. La lumière l'éclaire comme les projecteurs du théâtre.
La femme rousse n'a pas de nom ni de prénom. Elle garde son mystère. Elle tourne la tête, attentive à un événement qui dérange sa tranquillité. Il y a du méditerranéen dans cette toile, dans sa lumière, dans ce contraste entre la robe sombre, la flamboyance de la chevelure et la vivacité de la végétation ontre le mur de pierres.
La femme au chien.
J'aime terminer par ce tableau avec ces palissades en arrière-plan typiques du maquis, avec cette femme qui se redresse dans son transat, à la fois lasse et vigoureuse, triste et ouverte... les mains protégeant le chien minuscule, avec une tendresse qu'elle aimerait peut-être recevoir...
Aujourd'hui il est difficile d'imaginer Lautrec peignant ces toiles dans le jardin du Père Forest au n°1 de la rue Caulaincourt! Et pourtant ces oeuvres célèbres ont saisi quelque chose du lieu, de l'atmosphère, du vent léger qui passait sur les couleurs...
Dans les musées où elles sont exposées, le jardin du Père Forest écrasé par Castorama continue de vivre...
Suite : Rue Caulaincourt (2) Hippodrome. Gaumont Palace. Bostock.
Rue Caulaincourt. (4). du 1 au 42.
Rue Caulaincourt (5) Louis Nucera, André Warnod...
Rue Caulaincourt (6) Dernière
partie.
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Liens : rues de Montmartre
Boulevard de Clichy. Dernière partie. (4)
Boulevard de Rochechouart (1) première partie.
Rues de Montmartre. Classement alphabétique. Liste des liens.
Toulouse Lautrec et Montmartre
La Goulue et Toulouse Lautrec.
Liste et liens. Peintres et personnages de Montmartre. Classement alphabétique.
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