Elle est la plus belle de l'île (je le reconnais, bien que ma préférée soit celle de Saint-Denis) et elle aime qu'on l'admire sous le soleil qui dore ses pierres...
L'église de Saint-Georges est aussi la mieux préservée. En partie mutilée, elle a échappé à la destruction complète qu'ont connue la plupart de ses consoeurs pendant les guerres de religion. La Réforme avait trouvé sur l'île une terre d'élection et il faudra la terrible répression et les dragonnades pour l'en chasser. Bien des réformés émigreront alors pour les Pays-Bas ou l'Angleterre.
Le prieuré bénédictin de Saint-Georges fut fondé avant 1040, date à laquelle Agnès de Poitiers en fit don à l'abbaye de Vendôme (qu'elle avait elle-même créée) ainsi que de toutes ses dépendances qui représentaient près du quart de tout Oléron. L'église fut reconstruite au XIIème. De cette époque datent la nef et le bras sud du transept.
Les proportions de la nef donnent une impression d'espace et de clarté. Une architecture d'harmonie et de recueillement que l'on trouve souvent dans les églises romanes de Saintonge.
La nef a été surhaussée pour abriter un chemin de ronde.
Le bras sud du transept a conservé ses fenêtres romanes ouvragées. Mais allons voir le portail, partie la plus ancienne de l'édifice et, comme pour l'église de Saint-Denis, la plus remarquable :
Deux arcs étroits encadrent la porte. Les chapiteaux et les colonnes sont finement sculptés de décors végétaux et animaliers que le vent et les embruns ont pris plaisir à retravailler à leur manière...
Quatre grosses colonnes adossées rythment la façade. Leurs chapiteaux sont ornés de petites têtes humaines accolées, motifs inhabituels en Saintonge.
Ces pierres racontent l'orient, le fantastique, le spirituel... Elles gardent la mémoire des mains de ceux qui les ont métamorphosées, il y a presque 1000 ans!
Au XIIIème, Aliénor d'Aquitaine fait don de l'église à l'Abbaye des Dames de Saintes.
Au XVIème, pendant les guerres dites de religion (étonnante non, cette haine entre adeptes de celui qui a dit "Aimez-vous les uns les autres?") les bandes de Condé, de Sainte-Hermine et de Montluc, s'amusent tour à tour à saccager l'édifice.
Au XVIIème, il est restauré et agrandi, en sauvegardant les parties romanes. Il a juste le temps de souffler avant la Révolution qui, bonne fille, le choisit pour les réunions du Club Révolutionnaire et se contente de mutiler la statue de la Vierge et quelques autres objets religieux.
C'est au XVIIème qu'est construit le chevet plat et ses trois hautes fenêtres.
Dans le choeur, le jour de notre visite, de jeunes musiciens français et allemands répétaient pour le concert qu'ils allaient offrir le soir..
La statue de Notre Dame en l'Isle a retrouvé son bras. Elle est en bois polychrome et date du XVIIIème. Une légende oléronnaise en fait la figure de proue d'un navire danois venu s'échouer avec le prince Darmar qui, pour remercier la Vierge de l'avoir sauvé du naufrage, fit édifier une chapelle dans le village qui porte toujours le nom de Notre Dame en l'Isle.
Un autre rescapé de la Révolution : l'autel Régence avec sa gloire de nuages et de chérubins autour du triangle trinitaire. Il provient comme la statue, de la chapelle Notre Dame en l'Isle, détruite en 1793.
Dans le transept sud, une belle statue de Sainte-Barbe vous sourit. La Sainte est reconnaissable à ses attributs : la tour où elle fut enfermée et suppliciée et l'épée de son martyre. La statue ( elle aussi du XVIIIème) est réellement une ancienne figure de proue.
Un bel ex voto de la "Louise" est exposé dans le transept. Il date sans doute de la deuxième moitié du XIXème.
En quittant l'église, jetons un coup d'oeil (rapide) au cadran solaire qui est aussi scolaire puisqu'il nous fait la leçon :
"Nous passons ici-bas
Comme une ombre légère.
Nous marchons à grands pas
Vers notre heure dernière."
Je vous suggère de lui répondre en mordant la vie à pleines dents et en faisant, comme dit Brassens, "la tombe buissonnière".
Le haïm!
Oléron.Eglise de Saint-Denis.
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