Il y avait à Saint-Trojan une église romane assez importante puisqu'elle comportait cinq autels. Elle fut en partie saccagée par les réformés et totalement recouverte par les sables qui firent
disparaître le village dont les fondations subsistent sans doute sous les dunes de la maison forestière.
La première pierre de l'église actuelle dont la façade plate s'élève à peine au-dessus des maisons, fut posée en 1660. L'édifice tel que nous le voyons aujourd'hui fut achevé au milieu du
XIXème siècle.
L'intérieur, comme l'extérieur ne vous bouleversera pas... Pourtant, je vous engage à y faire quelques pas. De belles surprises vous y attendent.
Vous y rencontrerez d'abord le patron du lieu, un certain Trojan... On ne sait pas grand chose de lui, sinon qu'il fut évêque de Saintes au VIème siècle et qu'on lui attribue de nombreux
miracles.
La proue d'un navire naufragé, l'Espérance, a été offerte en ex-voto par le capitaine Allard de Toulon et son second, Levilain, sauvés avec deux de leurs matelots le 2 novembre 1863. On peut
avoir une petite pensée pour les autres matelots disparus dans la tempête...
Les vitraux se reflètent sur la vitre qui protège la maquette impressionnante d'un navire ennemi. Il s'agit, non pas, comme on pourrait le penser, d'un ex-voto mais de la reproduction du Vistary
que commanda l'amiral Nelson! La maquette est l'oeuvre d'un saint-trojanais qui y consacra quelques années de sa vie.
Et voilà Une des surprises annoncées... Notre-Dame de la mer. Le tableau est dû à Omer Charlet peintre oléronnais de la deuxième moitié du XIXème.
La vierge semble faire partie des éléments qui lui donnent naissance : la mer qui se confond avec les vagues de sa robe et les nuages qui la voilent. Un naufragé, au premier plan, à droite voit
la main qui lui montre le salut, là-bas, dans un rayon de lumière... ce petit point sur l'océan. La femme sourit doucement et semble porter vers la vie, comme elle porte son enfant, cet
homme qui se croyait perdu.
Cette belle toile se détériore lentement et mériterait que notre Mitterrand, ministre de la culture, apparaisse au-dessus des flots de l'indifférence pour montrer d'un doigt auguste, un petit
point à l'horizon : l'atelier de restauration.
Une autre surprise : cette toile un peu naïve peinte en 1872 par A. Gaboriaux. La tempête apaisée, Jésus marche sur les flots et demande à Pierre de venir vers lui. Pierre se lance mais après
quelques pas, il doute et s'enfonce dans les eaux... Jésus lui saisit la main et le remet debout. Le tableau est étonnant, avec à l'arrière plan, la barque surchargée comme le radeau de la Méduse
et, au premier plan, le Christ bien droit dans la tempête, les cheveux et la tunique dans le vent, devant Pierre, théâtral et excessif, comme il l'est si souvent!
Et maintenant, retour à Grand Village, en passant par le marché derrière l'église et en regrettant un peu le sanctuaire roman enfoui sous les sables!
Lien : autres églises dans l'île d'oléron:
Eglise Notre-Dame Le Château d'Oléron. Le retable.
Le Château. Oléron. Eglise, un peintre inconnu...
La Perroche. Oléron. Le prieuré, chapelle et cloître.
Oléron. Eglise de Saint-Georges.
Eglise Saint-André. Dolus. Oléron.
Eglise Notre-Dame Le Château d'Oléron. Le retable.
Eglise Saint-Pierre. Oléron. Nicolas Greschny.
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