Les enfants du Laos... Ils sont comme leur pays, souriants et doux. Nulle agressivité, aucune mendicité. Ils ne sont pas habitués comme en Inde à poursuivre les touristes et à quémander une pièce. Ils ne sont pas surchargés de bricoles ou de souvenirs à vendre aux étrangers. Je n'en ai pas vu un seul mal réagir au mitraillage photographique. Et pourtant... Nous avions bonne mine avec nos accoutrements d'occidentaux ! Avec nos numériques tenus à bout de bras ! Je crois qu'ils avaient bien conscience que les bêtes curieuses, c'était nous...Au bord du Mékong, ils font penser au Paradis. Ils sont nus dans la chaleur tropicale, ils jouent sur les plages et se plongent dans l'eau tiède. le village est plus haut avec ses maisons sur pilotis, ses ruelles poussiéreuses, ses chiens faméliques. La pauvreté prend de la hauteur, elle s'établit sur les falaises, à l'abri des crues. Au bord du fleuve, on pourrait croire qu'elle n'existe pas.
Un des chapeaux les plus appréciés, c'est la casquette à oreilles. On la trouve plantée sur la tête de nombreux bébés comme si elle préfigurait une future réincarnation.
Les écoles des villages nous ouvrent leurs portes. Nous entrons avec nos gros sabots dans les classes où attentifs et soyeux comme des chats les enfants ouvrent leurs grands yeux sur les intrus.
J'ai vu tant de sourires et tant de gentillesse sur tant de dénuement... Ce petit garçon ne ressemble-t-il pas déjà à Bouddha?
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Dans ce village où cette mère berce un enfant, je n'ai presque pas pris de photos. La misère était telle et notre passage si lourd et si voyeur que j'en ai eu honte. Les villages font partie du circuit "ethnique" comme disent les guides. On vous explique les différents groupes, leur origine, leur culture. et vous numérisez à mort... jusqu'au moment où vous croisez le regard de cette mère. Grave et résigné. Non loin de là des enfants moins rieurs que ceux du Mékong, des enfants saisis de toux, des enfants à peine vêtus de loques. Notre guide nous parle de tuberculose et d'autres maladies.
Notre guide, Somphone, accepte mal mes critiques de ce tourisme là. Elle me dit qu'ils sont contents de nous voir. Elle m'affirme que des touristes de retour chez eux aident ces villages. Peut-être a-telle raison. Peut-être cette mère qui lave sa fillette dans la fontaine du village nous dit-elle l'illusion du bonheur et des richesses et nous rappelle-t-elle l'émerveillement de l'instant, éphémère et amoureux.
Lien : Laos moines et novices