Poulbot fait partie de Montmartre comme le moulin de la Galette ou la place du Tertre. Il est devenu lui-même carte postale et les touristes achètent de mièvres imitations
de ses gamins insolents ou tragiques. Il mérite beaucoup mieux que cette notoriété de chromo. Gosse de Saint-Denis, il est venu très jeune avec ses parents instituteurs occuper une de ces
baraques du maquis de Montmartre où vivaient de nombreuses familles incapables de payer les loyers d'un quartier qui commençait à changer, comme le regrette Bruant :
Des maisons d'six étages
ascenseur et chauffage
ont r'couvert les anciens talus....
Ce n'est que plus tard, lorsqu'il rencontrera le succès que Poulbot passera, immobilièrement parlant, du côté des bourgeois. Il achète un hôtel particulier avenue Junot, l'endroit le plus coté de
la butte où habitent de nombreux artistes devenus fortunés. Il décore de frises la façade. On y voit des enfants des rues, ces gosses de montmartre que l'on commence alors à appeler
des "poulbots".
Bruant consacra à ces gosses des rues, ces p'tits loups, une chanson que Poulbot ne pouvait manquer d'illuster
: "Les loupiots"
Les Loupiots
C'est les petits des grandes villes
Les petits aux culs mal lavés
Contingents des guerres civiles
Qui poussent entre les pavés
Sans gâteaux, sans joujoux, sans fringues,
Et quelquefois sans pantalons,
Ils vont, dans de vieilles redingues
Qui leur tombent sur les talons.
Ils traînent dans des philosophes,
leurs petits pieds endoloris,
Serrés dans de vagues étoffes...
Chaussettes russes de Paris!
Ils se réchauffent dans les bouges
Noircis par des quinquets fumeux,
Avec des bandits et des gouges
Qui furent des loupiots comme eux.
Ils naissent au fond des impasses,
Et dorment dans des lits communs
Où les daronnes font des passes
Avec les autres et les uns...
Mais ces chérubins faméliques,
Qui vivent avec ces damnés,
Ont de longs regards angéliques,
Dans leurs grands châsses étonnés.
Et quand ils meurent dans ces fanges,
Ils vont, tout droit, au paradis,
Car ces petits-là sont les anges
Des ruelles et des taudis.
C'est les petits des grandes villes,
Les petits aux culs mal lavés,
Contingents des guerres civiles
Qui poussent entre les pavés.
Lien : Steinlen une chanson de Bruant. A Montmerte.
Liste et liens: Peintres et personnages de Montmartre.
Classement alphabetique.
Un très bel article sur Poulbot : http://www.dixhuitinfo.com/spip.php?article161
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