Le Grand-Village attire chaque été les amoureux des plages immenses où l'on ne se bat pas pour un mètre carré de serviette et où les surfeurs de tout gabarit s'en donnent à vague joie….
On oublierait qu'à l'origine, il y avait là un hameau, entre marais et forêt. Si modeste qu'il n'avait aucune indépendance et faisait partie de la commune de Saint-Trojan les Bains.
Une fronde des habitants des différents bourgs situés au nord de St-Trojan (Les Allassins, Petit-Village, Grand-village, Trillou, le Maine) entraîna une quasi sécession qui aboutit à l'indépendance, le 14 décembre 1949.
C'est donc la date de naissance officielle de Grand-Village et de ses hameaux environnants.
Passage des îles. Gd Village.
Le magazine de la Communauté de communes de l'île en parle dans son numéro d'août 2018 :
"La légende raconte que , furibarde, la municipalité de Saint-Trojan offrit à Grand-Village en cadeau de rupture un ...corbillard."
le symbole funèbre tomba fans l'eau puisque la population du Grand-Village croît plus vite que celle de St-Trojan et l'égalera bientôt si la tendance persiste (1300 habitants à St Trojan, 1050 au Grand-Village)….
Aujourd'hui la commune est entièrement vouée au tourisme avec terrain de camping, meublés, commerces, concentrés dans la partie "moderne" dont l'architecture n'a rien d'éblouissant ni même d'harmonieux si l'on excepte le musée qui sera inauguré le 15 septembre 2018.
C'est à l'ancien bourg que nous consacrons cette première visite (prochains articles : le centre, la forêt et la plage, Petit-Village, le musée et la maison paysanne.)
Le vieux village était un regroupement modeste de maisons construites, comme presque toujours dans l'île autour d'un lacis de venelles et d'allées.
Si l'on remonte dans le passé, nous trouvons au coeur du vilage quelques maisons typiques avec leur escalier extérieur. Assurément les plus belles.
Les plus vieilles maisons du vieux bourg. Pierres et escalier extérieur.
Une rue (celle où j'habite) porte le nom des saulniers, en souvenir de ceux qui travaillaient dans les marais salants de Saint-Trojan.
Rue des Saulniers.
Notre petite maison et son laurier rouge rue des saulniers.
Une maison pour contes de fées charentaises, rue des saulniers.
Les marais salants s'étendaient de Grand-Village à Saint-Trojan. Nous verrons que pour les touristes, certains ont été recréés au Petit-Village, avec écomusée et vente de sel à la salorge (entrepôt réservé au sel).
D'autres habitants avaient des métiers liés à la vigne, à la silviculture ou à la mer...
Une maison du village, récemment restaurée rappelle la présence d'un résinier qui exploitait la forêt voisine.
On trouvait également quelques viticulteurs et quelques ostréiculteurs:
Un palmier s'épanouit par-dessus les maisons basses. Il est le roi du village , au centre géographique. Il est comme une fontaine végétale, un jeu de palmes qui s'élèvent et retombent avec des éclats de soleil.
Le seul "monument historique" du village, indiqué par un panneau trompeur est la petite chapelle.
Le "monument" en effet n'a pas un poil du XVIIIème!
Le hameau dépendant jadis de Saint-Trojan, c'est l'église de ce village qui servait de clocher aux grands villageois. Mais, par goût de l'indépendance, ces derniers voulurent avoir leur petit clocher bien à eux!
Une chapelle fut donc construite entre bourg et marais au début du XIXème. Elle tomba en ruines et fut reconstruite vaille que vaille mais il fallut attendre la fin du siècle pour qu'elle soit remaniée de fond en comble avec un petit clocher fiérot et la cloche que les enfants n'essayèrent plus d'atteindre avec des cailloux pour la faire tinter. Ce jeu innocent avait provoqué l'effondrement de la toiture sous l'amoncellement des projectiles !
Elle est aujourd'hui bien entretenue et régulièrement restaurée par des habitants du village. Elle n'est plus isolée mais au bord d'une route entre les nouveaux lotissements qui la cernent.
En 1990, un peintre qui habitait rue du Canton la recouvrit de fresques qui représentaient la commune et ses hameaux environnants: les Allassins, Trillou, le Maine, le Chaudron...
Il s'agit d'Elie Murat (1914-1999) qui sans esbrouffe, à sa manière simple et réaliste, réalisa cette œuvre, comme on illustre un livre pour enfants...
Les animaux domestiques ou sauvages parcourent l'espace librement et les goélands s'envolent dans le ciel...
Un ex voto se balance sous les voutes. Il a été offert par un ancien marin qui naviguait sur le porte-missiles, le Duquesne, dans les eaux minées pendant la guerre du golfe et qui vit sauter devant lui un remorqueur américain. A cent mètres près c'est lui qui sautait avec sa cargaison explosive et ses deux cents hommes.
Il a construit cette maquette en souvenir des 2 Américains tués et des 200 Français préservés!
Il y a rue du canton, dans le jardin de la maison qui fut celle d'Elie Murat une fresque de coquillages et de pierres qui témoigne de la créativité et de l'esprit d'enfance du peintre qui repose aujourd'hui dans le petit cimetière de la forêt.
Si vous vous promenez dans le vieux village, vous découvrirez encore quelques jolies rues paisibles comme la rue du Four banal (souvenir du temps où il y avait un four que tous les villageois pouvaient utiliser)
Belle maison rue du Four Banal
D'autres rues sont bordées de maisons qui se ressemblent, comme la rue du puits neuf ou de maisons plus anciennes comme la grande rue où se cache l'ancien four à pain de la vieille boulangerie.
Mais nous aurons vite fait le tour du vieux village qui tourne le dos à la partie plus riche et plus récente de la commune et qui lézarde au soleil avec ses vieilles pierres et ses roses trémières….
à suivre!... Petit Village...
Liens :
Petit village. Marais éco-système...
Oléron les villages, les curiosités
Et en ce qui concerne le Grand Village, plusieurs articles sur la chapelle :
Les animaux sur les fresques d'Elie Murat.